Dès le 31 décembre 1851, Napoléon III décide de prendre la même symbolique que son oncle et utilise des aigles au sommet des hampes de ses drapeaux. Pour ce faire, une nouvelle cérémonie de distribution des aigles est organisée le 10 mai 1852, après le coup d’État du 2 décembre 1851. L’enjeu est majeur car il offre au futur Napoléon III l’opportunité de jauger la fidélité de ses armées. À cette occasion, il fait venir des représentants de toutes les garnisons de France et d’Algérie. Les aigles, réalisées d’après un dessin de Jean-Auguste Barre (1811-1896), puis fondues en bronze doré, ont à nouveau les ailes déployées et le bec davantage ouvert. En tout, trois modèles vont se succéder sous le Second Empire. Suivant de près les progrès technologiques et soucieux du bien-être de son armée, Napoléon III sollicite les fondeurs pour alléger considérablement le poids des aigles. En 1854, une aigle réalisée en galvanoplastie (à savoir l’application d’une couche de métal sur une surface métallique à l’aide d’un procédé électrochimique), est proposée à l’empereur. Enfin, en 1860, le fondeur Marion propose une aigle en aluminium cuivrée, puis dorée. Le poids est réduit, ne dépassant pas un kilo. C’est à ce dernier modèle qu’appartient l’aigle de drapeau présentée ici. L’aluminium cuivré est visible sous le doré, ce qui offre à cette aigle un aspect rosé. L’absence de caisson a permis dans ce cas précis de l’identifier, avec une quasi certitude, comme étant celle du 45e régiment d’infanterie (seule une aigle a été mise en vente à la même période sans son caisson). Pendant le Second Empire, ce régiment participa notamment à la bataille de Magenta le 4 juin 1859.