INFANTERIE DIVISION D'ARTOIS, en uniforme d'essai vers 1788-1789, PIÉTON : FIGURINE PAR CLÉMENCE, Consulat.
Piéton en bois fruitier sculpté puis polychromé par Monsieur Clémence, grenadier à pied de la Garde des Consuls au garde-à-vous.
H de la figurine 16 cm (H avec le fusil 20,3 cm), posée sur un socle en bois de forme ovale, 5,2 cm x 6 cm et de 1,6 cm d’épaisseur.
France.
Révolution.
Bon état de conservation, baïonnette du fusil manquante.
NOTE :
Monsieur Yves Martin, nous a apporter l'information suivante « Cette figurine confirme, même si les couleurs distinctives (bleues) ne sont pas les bonnes, une gouache de Hoffmann (collection privée, ancienne collection Denis).
En 1788, la division d'Artois fit l'essai d'un nouvel uniforme pour l'armée - composée d'un habit veste (qui ressemble beaucoup à celui qui sera adopté en Égypte) avec ce curieux shako-rouleau avec bandeau "peau de panthère". Le régiment Salis-Samade (distinctive jaune) en faisait partie.
Hoffmann a fait plusieurs planches à ce sujet - on en trouve parfois en noir et blanc, et il y en avait toute une série dans la collection de Darmstadt que heureusement Millot fit copier par son épouse et dont nous connaissons les copies dans les archives de La Sabretache.
Sur la place de l'ancienne collection Denis, est indiqué qu'en juillet 1789, le régiment était campé au champ de Mars, ainsi habillé et qu'il envoya 30 hommes et un officier pour renforcer la Bastille le 14 et qu'ils y furent presque tous massacrés.
Clémence qui oeuvrait dans le jardin des Tuileries a certainement vu en 1789 ces hommes et même s'il ne leur a pas mis la bonne distinctive, a fidèlement reproduit ce curieux et unique uniforme. Je pense donc que tu peux clairement dater la statuette de 1788-1789 ! Souvenir des journées de juillet...»
Le musée de Compiègne possède dans ses collections une figurine similaire par Clémence, indiquée comme étant du régiment de Clarke Irlandais, ce qui semble être une erreur d'attribution.
REMERCIEMENT :
Je remercie Yves Martin de m'avoir éclairé des ses connaissances our l'identification de cet uniforme et le prêt de sa planche de Nicolas Hoffmann.
HISTORIQUE :
« On a souvent cité, sans, je crois, les avoir jamais présentés, les curieux soldats de bois qui constituent l’une des plus rares et des plus précieuses suites du Musée de la Figurine de Compiègne. Ils sont l’oeuvre de Clémence (j’en ignore le prénom), artisan né à Paris en 1749, qui acquit très tôt une grande habileté à sculpter dans le bois personnages et soldats de son temps. Tous les jours, il se rendait au Jardin des Tuileries, et s’installant sur un banc habituel, il achevait au canif les petits bonshommes que venaient lui acheter les gens de qualité qui, racontait sous le Second Empire sa plus jeune fille, appréciaient ses œuvres à leur juste valeur.
Il nous reste un ensemble extrêmement varié, de quelque soixante-quinze pièces et deux voitures attelées, qui furent acquises par M. de Mary à l’un des enfants de Clémence, puis offertes par cet amateur avisé au Musée local Vivenel, lequel a bien voulu les mettre en dépôt au Musée de la Figurine. On y voit un très amusant carrosse Louis XV, à six glaces, avec trois laquets en livrée verte, et à l’intérieur du véhicule, un couple ; une voiture, curieusement suspendue, attelée à deux chevaux, conduite par un garde national, qui emmène sa femme à la promenade ; un hussard à cheval, culotte, dolman et pelisse bleus, qui doit appartenir à Bercheny, et deux ou trois autres cavaliers montés ; de nombreux cavaliers à pied dont la taille – comme celle des fantassins, varie de 15 à 20 cm ; grenadiers à cheval, hussards, dragons de l’époque Louis XVI, dont les couleurs distinctives permettent dans beaucoup de cas l’identification ; puis des dragons et chasseurs de la République et de la Convention, des guides du Premier Consul (qui n’eurent pourtant qu’une durée éphémère), et quantité de fantassins tels que sous-officiers et soldats des gardes-françaises, sapeurs et soldats de la Garde suisse, du Régiment irlandais de Clare ; soldats de la Garde constitutionnelle du roi ; la Garde nationale de 1789-1790, des artilleurs, des soldats de l’Infanterie légère, de l’Infanterie de ligne, des grenadiers, des volontaires de 92.
La Révolution ne manque pas d’attirer quelques ennuis au sculpteur qui recrutait sa clientèle parmi les ci-devants. Il lui faut dissimuler tels soldats qui portaient encore la cocarde blanche, et -hélas !- détruire tout un ensemble représentant la place des Victoires, avec au centre l’ancienne statue de Louis XIV, qu’entouraient les Nations enchaînées à ses pieds. Ces petits témoins très touchants de l’armée de Louis XVI et de la Révolution demeurent plein d’intérêt pour nous, en dépit d’une facture parfois un peu malhabile mais toujours sincère, reproduits par un témoin qui, quoi qu’on ait écrit, ne connut jamais la célébrité ni la clientèle royale.
Clémence mourut en 1801, laissant inachevés les personnages d’un cirque dont il avait entrepris l’exécution durant sa dernière maladie. Quelques autres sujets de ce sculpteur existaient encore, voici une cinquantaine d’années à Clermont (Oise), où il vivait avec ses enfants. »
Figurines et soldats de plomb – Marcel Baldet – Éditions d’art Gonthier à Paris, 1961.
« On connaît l’histoire de ce monsieur Clémence (1749-1801) qui, à la fin du règne de Louis XVI et sous la Révolution, s’installe sur un banc du jardin des Tuileries et sous le regard admiratif des passants, sculpte au canif de grandes figurines militaires en bois qu’il peint ensuite avec le plus grand soin. Les modèles de Clémence sont dans la rue, gardes françaises et gardes suisses, dragons du roi, volontaires étrangers, puis gardes nationaux, et enfin soldats de la jeune République ou du Consulat, tous fiers d’arborer l’uniforme d’une armée qui faisait alors trembler l’Europe ». Petits soldats, le guide du collectionneur - Christian Blondieau – Le képi rouge, Paris 1996.
Reference :
23913