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PLAQUE DE COLLIER DE CHIEN ayant appartenu à Mr DESUTTES Garde du Roy, l'un des deux gardes tués lors de l'invention du Château de Versailles le 6 octobre 1789, Ancienne Monarchie.

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PLAQUE DE COLLIER DE CHIEN ayant appartenu à Mr DESUTTES Garde du Roy, l'un des deux gardes tués lors de l'invention du Château de Versailles le 6 octobre 1789, Ancienne Monarchie.

Plaque en laiton gravée « J'APPARTIENS À Mr DESUTTES GARDE DU ROY CAPITAINE DE CAVALERIE À VIC EN CARLADÉS » avec au centre les armes de l'officier, H 3,5 cm, largeur avec sa courbure 11,1 cm, largeur sans sa courbure 10,5 cm.
Étiquette papier avec inscription manuscrite à la plume « Mr Françoisn Pagès Desuttes, Gardes du Corps du Roi, 3e Cie Françoise, tué en défendant la reine à Versailles au matin du 6 octobre 1789 » attachée à la plaque.

France.
Ancienne Monarchie.
Très bon état.

Biographie, Historique :

Les 5 et 6 octobre 1789 font partie des « grandes journées » de la Révolution française et ont abouti au retour définitif et contraint du roi Louis XVI et de sa famille à Paris, capitale du royaume de France.
Initialement, la journée du 5 octobre débute par un rassemblement sur la place de Grève, devant l'hôtel de ville de Paris, pour interpeller la Commune, notamment sur une disette de pain qui touche la capitale. L’Hôtel de Ville est d’ailleurs envahi jusqu’à l’arrivée de la garde nationale parisienne, menée par La Fayette. Puis un appel est lancé afin de faire part de ces revendications directement auprès du roi et de l'Assemblée constituante. C’est ainsi qu’une foule de plusieurs milliers de personnes, majoritairement composée de femmes, se met en marche vers Versailles. Elles sont suivies par d'autres groupes armés, puis plusieurs heures plus tard, par 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale.
Ces demandes étaient autant frumentaires (demande de pain, à laquelle le roi répond favorablement) que politiques : exigence de ratification des décrets relatifs à la Constitution et à la Déclaration des droits, auquel le roi se plie dans la soirée, remplacement des gardes du corps du roi par la garde nationale, exigence de port de la cocarde et, exigence d’installation du roi et de sa famille à Paris.
Sur ce dernier point, le roi se laisse la nuit pour réfléchir. Il accepte toutefois que la surveillance extérieure du château de Versailles et sa sécurité ne soient plus assurées par les gardes suisses mais par la garde nationale, commandée par La Fayette.
Mais le 6 octobre, à l'aube, le château est envahi par un groupe plus revendicatif. La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière (deux des gardes chargés de la protection des appartements de la reine Marie-Antoinette, principalement visée par l’invasion du palais, sont tués Tandis que les deux autres Tardivet du Repaire et Miomandre de Sainte-Marie sauvent la reine). En fin de matinée, le roi et sa famille quittent Versailles pour Paris, escortés par la foule. La famille royale va désormais être installée au palais des Tuileries. L’Assemblée constituante y est appelée quelques jours plus tard : elle siège pour la première fois dans la chapelle de l'archevêché le 19 octobre.
Ces journées ont pour conséquence immédiate le déplacement du centre politique de la France de Versailles à Paris. Elles ont aussi été marquées par la ratification par le roi de la Déclaration des droits de l’homme et du principe de la Constitution. À plus long terme, elles ont contribué à consacrer une certaine volonté populaire dans la Révolution tandis que pour d’autres commentateurs ces journées annoncent la Terreur. Quoi qu’il en soit, elles marquent un nouveau pas dans l’affaiblissement du pouvoir royal.

Au matin du 5 octobre : l'hôtel de ville de Paris...
Au cours de la matinée du 5 octobre, des femmes commencent à se réunir sur la place de l'Hôtel de Ville (la place de Grève) dès sept heures. Cette manifestation est l'expression impromptue d'un mécontentement qui bout depuis le début du mois de septembre (le 5 octobre est le jour où le pain est le plus cher de toute l'année 1789).
Les femmes réunies sur la place sont de plus en plus nombreuses. Elles commencent par réclamer de voir les représentants de la Commune, le maire Bailly, et le général La Fayette. Aucun n'est là, et on refuse de les laisser rentrer. Elles forcent le passage et pénètrent en nombre dans l'Hôtel de Ville. Un arsenal est forcé, et près de six cents armes volées.
La Fayette n'arrive que vers quatorze heures et Bailly, le maire de Paris, pas avant 16 heures. Ils maintiennent un semblant de calme. La Fayette refuse d'emmener la garde nationale parisienne à Versailles sans un ordre légal de la Commune qu'il n'obtiendra pas avant la fin d'après-midi : le Général et ses 10 000 hommes ne quittent Paris qu'à dix-sept heures.

La marche des femmes
Vers dix heures du matin, alors qu'il pleut depuis l'aube, un premier groupe de plusieurs milliers de femmes décident de partir pour Versailles pour aller voir le roi. Leur nombre au départ est inconnu, mais elles sont estimées à plusieurs milliers à l'arrivée ; beaucoup de ces femmes ont été « recrutées » en route. Elles tirent derrière elles une ou deux ou trois pièces de canon qu'elles ont prises sur la place de Grève31. Elles les tirent à mains nues. Il y a environ cinq heures de route à pied entre Paris et Versailles.
Elles suivent les quais jusqu'à la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), puis tournent au niveau des Champs Élysées pour prendre la route de Sèvres par Auteuil. La rumeur semble-t-il les précède, car elles trouvent portes closes à Sèvres, où elles doivent négocier avec les habitants pour obtenir à boire et à manger.
Elles arrivent épuisées à Versailles vers seize heures.

Au soir du 5 octobre : Versailles
Arrivées à Versailles, la majorité de ces femmes épuisées cherchent à se reposer. Elles s'installent sur la Place d'Armes, face au château. Un groupe de femmes rentre dans l'Assemblée Nationale et se met à circuler dans les galeries, entre les bancs et les députés, et certaines s’assoient même sur le siège du Président de l'Assemblée. Elles provoquent la colère des quelques députés qui sont encore là à cette heure qui trouvent l'intrusion du peuple, mais surtout des femmes, inadmissible. Au fur et à mesure que la soirée avance, de nouveaux groupes arrivent de Paris, principalement masculins et armés ; l'Assemblée se remplit de plus en plus.
Vers dix-sept heures, une députation conduite par Mounier part voir le roi pour lui faire signer le décret de subsistances et lui demander des mesures immédiates pour livrer du pain à Paris. Mounier a aussi prévu de profiter de cette visite impromptue au roi pour lui forcer la main et lui faire signer la constitution et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Au cours de cette première entrevue, le roi signe le décret et fait rassembler plusieurs charrettes de pain pour les envoyer à Paris.
La garde nationale de Paris, menée par La Fayette, arrive à vingt-deux heures. Le général se rend directement auprès du roi et lui promet que malgré les échauffourées de la soirée, la nuit se passera sans éclat. Puis La Fayette part se reposer.

Le 6 octobre 1789
Pendant cette dernière nuit de la royauté à Versailles, le pouvoir royal et les modérés dorment alors que le peuple parisien est debout et veille. La Fayette en gardera le surnom de « général Morphée ». Le 6 octobre, vers 6 h du matin, des manifestants, après une nuit très largement arrosée, pénètrent dans la cour du château. Un affrontement a lieu avec les gardes du corps, deux gardes affectés au poste de la grille sont tués : les gardes François Rouph de Varicourt et (page 136) Pagès Desuttes, leurs têtes aussitôt mises au bout d'une pique, les assassins se ruent dans les appartements royaux, ils sont retenus par d'autres gardes du corps dont Tardivet du Repaire et Miomandre de Sainte-Marie.


Dans son ouvrage, Jules Mazé : « Louis XVI et Marie-Antoinette, les journées révolutionnaires d'octobre 1789 », Librairie Hachette 1939, raconte cet épisode :
« ... Un peu avant six heures, du Valmet et Saint-Gerbe perçurent le bruit d'une foule qui paraissait se diriger vers le parc, puis, quelques minutes plus tard, ils entendirent crier, cour des Ministres, en face de la grille : "Au réverbère les gardes du corps ! ". Presque aussitôt, un brigadier, suivi de plusieurs gardes, parut dans la cour pour relever les postes.
alors les cris redoublèrent ; des femmes, véritables furies, hurlaient : "A mort les gueux de garde du roi ! ".
À ce moment, des coups de feu furent tirés de la place d'Armes par une petite troupe de la garde parisienne qui venait de sortir de la Grande Écurie.
Une vile populace, la lie des faubourgs de la capitale, avait, sous menaces de mort, forcé les soldats à décharger leurs armes sur les gardes du corps.
Ce fut beaucoup de bruit pour rien : les soldats, sans être concertés, avaient envoyé leurs balles vers les nuages. La populace se contenta du bruit.
Devant tous les postes, devant toutes les grilles, la foule s'amassait ; on entendait partout les cris de : "A la lanterne les gardes du corps ! A mort Marie-Antoinette ! ".
Des bandes, fortes, chacune de quatre à cinq cents individus, hommes et femmes, avaient pénétré dans la cour des Ministres, d'accès facile, mais s'étaient heurtées à la grille de la cour des Princes, qui formait barrage.
"Y a-t-il ici un forgeron ou un serrurier ?" demanda un chef de bande, de la même voix qu'il eût demandé : "y a-t-il ici un médecin ou un chirurgien ?". On en trouva, mais ils manquaient d'outils. Un marteau fit l'affaire et la porte de la grille s'ouvrit.
Alors, tel un torrent qui vient de rompre ses digues, un fleuve humain s'engouffra dans les cours qui bordaient le château, étalant ensuite sa masse hurlante jusqu'aux murailles. Aussitôt, les bandes se reformèrent à l'appel de leurs chefs, et l'on se divisa la besogne.
Pendant qu'une bande pénétrait dans le palais par le fond de la cour des Princes, d'autres bandes se lançaient à la poursuite des gardes du corps.
C'est alors que fut enlevé, à la grille royale, le garde Pagès-Desuttes, que trois à quatre cents individus entraînèrent, en l'accablant d'injures et en le frappant, jusqu'au-delà de la grille de la cour des Ministres.
Nous dirons, au chapitre suivant, quel fut le sort de ce malheureux ...»

« ... Nous avons dit que le malheureux Pagès-Desuttes avait été enlevé par le peuple à son poste de la Cour royale, et que le jeune de Varicourt, en sentinelle devant la porte des gardes de la reine, sur ce palier de l'escalier de marbre où tant de visiteurs passent aujourd'hui sans se douter du drame qui s'y déroula le matin du 6 octobre, s'était vu traîné dans l'escalier par une populace en délire.
Leurs camarades essayèrent de les secourir. Mais comment y seraient-ils parvenus, ayant contre eux tout un peuple n'énergumènes ?
Guéroult du Valmet et un autre garde, dont nous n'avons pu découvrir le nom, faillirent y laisser la vie et furent sauvés d'étrange façon.
Guéroult du Valmet, qui, par suite d'un oubli de son brigadier, avait monté la garde presque toute la nuit dans la Cour royale et au corridor de la Comédie, venait enfin d'être relevé et s'était retiré, brisé de fatigue, dans la salle des gardes de la reine.
Il allait s'étendre sur un divan lorsqu'un des gardes qui l'avaient relevé entra dans la salle en coup de vent et lui cria : "Viens vite, la foute s'est jetée sur notre camarade de la grille.". Ils se précipitèrent tous deux dans l'escalier, et, arrivés dans la cour, sans réfléchir au danger, bondirent vers la foule. Mais un homme, une sorte de géant vêtu comme un forgeron, les saisit chacun par un bras, et, d'une poigne de fer, les cloua sur place malgré leur résistance et leurs protestations.
Déjà leur camarade Desuttes avait franchi la grille de la cour des Princes. Alors le colosse qui leur avait barré le passage se pencha vers eux et dit à mi-voix : "Malheureux, rentrez vite. Si je ne vous avais pas arrêtés, c'en était fait de vous. J'ai voulu vous sauver en souvenir de mon fils, n beau et brave soldat qui est mort aux armées.".
Les deux gardes comprirent alors leur imprudence et serrèrent avec émotion la main de l'honnête travailleur, qui refusa de leur dire son nom.

Desuttes, au milieu de la foule hurlante qui l'entraînait, faisait penser à un sanglier harcelé par une meute. Il se débattait, luttait avec courage. Mais il était encadré par quatre à cinq cents individus soulevés par une sorte de folie sanguinaire. On criait : "A la lanterne, l'insulteur du peuple !". Devant la grille de la cour des Ministres, épuisé, meurtri, il tomba.
Quelques individus l'empoignèrent pour le porter vers un réverbère de la rue de la Chancellerie. Mais alors, un homme ayant une hache sur l'épaule, vêtu d'une petite redingote crasseuse, coiffé d'un chapeau rond de forme élevée et possesseur d'une barbe longue et très fournie, fendit la foule en disant : "Inutile de l'emmener plus loi, je m'en charge.".
Alors on vit une chose horrible.
L'affreux bonhomme leva sa hache sur Desuttes et l'en frappa jusqu'à ce que la tête fût complètement détachée. Le sang giclait partout. L'homme en avait les mains couvertes ; des gouttelettes rouges perlaient dans sa barbe. Et la populace applaudissait à cette boucherie !
Son abominable besogne terminée, l'homme se redressa, contempla son ouvrage, dont il parut fier, et, sans prendre la peine d'essuyer ni ses mains ni sa hache, alla demander une prise au Suisse de Mme de Talaru, François Dupont, qui se tenait sur la porte du pavillon de sa maîtresse.
Ne voulant pas qu'il plongeât ses doigts sanglants dans la tabatière, Dupont lui mit la prise sur la main ; il la huma avec une évidente satisfaction et dit : "En voilà déjà un .. il ne sera pas le dernier.".
Il paraissait joyeux, constate le Suisse Dupont, en prononçant ces paroles.
D'après le vicomte de Mirabeau, qui déclarait le tenir de François Dupont, l'homme aurait dit encore "qu'on ne serait pas content, qu'il avait manqué le meilleur coup : la Reine".
Desuttes ne fut pas, en effet, la dernière victime du monstre. Dix minutes plus tard, de Varicourt, qu'on fit sortir par la grille de la Cour royale, était amené, dans les mêmes conditions, auprès du cadavre de son camarade, en face des fenêtres de l'appartement de M. de la Luzerne.
L'homme à la barbe, qui se tenait à l'affût, se précipita sur lui et la boucherie recommença.
Détail effrayant, le pauvre de Varicourt était encore vivant lorsqu'il subit l'affreux supplice. Il est probable qu'il en fut de même pour Desuttes, mais nous n'en avons pas la preuve, et nous tenons à ne rien avancer qui ne soit l'exacte vérité.
Pour Varicourt, cette preuve nous est fournie par un témoin de la scène, M. Dupuy de Saint-Martin, cet officier du régiment de Flandre que nous avons eu déjà l'occasion de citer.
"J'ai vu, dit-il passer sous mes yeux un grand jeune homme, garde du roi, et malgré qu'il y eût beaucoup de gardes nationaux dans les environs, un homme à grande barbe lui coupa le col.
"J' ai vu ce jeune homme se débattre comme l'homme à grande barbe l'expédiait."
Qui expliquera jamais les causes de la folie collective qui s'empare parfois des foules ?
Parmi cette populace qui applaudissait au supplice des deux gardes, qui criait de joie en voyant décapiter, vivant le jeune de Varicourt, presque un enfant, il y avait des mères !
Les deux cadavres restèrent longtemps sur place, et des milliers de personnes purent les voir.
M. Louis Sirot, marchand drapier à Versailles, rue Duplessis, officier de la garde nationale, qui sortait de la caserne des gardes françaises, s'arrêta devant les corps. Il dit dans sa déposition, parlant de Varicourt : "La main droite était enveloppée d'un mouchoir blanc, la tête se trouvait près du corps, dans une serviette.". Le mouchoir cachait une horrible blessure fait par la hache, alors qu'en un geste instinctif de protection, le malheureux avait levé la main droite.
Lorsque la foule se fut dispersée, –à la recherche sans doute d'autres distractions,– une jeune femme soigneusement voilée, qui sanglotait sous son voile, sortit du château par la cour des Princes et vint déposer furtivement sur la poitrine de Varicourt un petit bouquet et une croix d'argent.
Ce détail touchant fut révélé plus tard à la marquise de Vilette par un Suisse qui se trouvait dans la cour des Ministres au moment du crime. La hache du hideux personnage vomi par l'enfer révolutionnaire avait probablement mis fin à quelque joli roman d'amour.
Les deux têtes, plantées sur des perches, prirent le chemin de Paris, où leur vue souleva plus d'horreur que d'enthousiasme.
Elles furent, finalement, jetées dans la Seine.

À Versailles, la populace avait voulu connaître le nom de cet homme barbe, qui d'office venait de s'attribuer un premier rôle dans le drame.
On apprit qu'il se nommait Nicolas. Immédiatement, il fut baptisé Nicolas la Grande-Barbe.
La nature semble se plaire, de temps à autre, à fabriquer des monstres, tant dans le domaine physique que dans le domaine moral.
Ces derniers sont souvent les mieux réussis : ils étonnent, épouvantent, puis disparaissent, semblant n'avoir été mis au monde que pour accomplir certains actes anormaux, hideux ou terrifiants. Derrière eux, ils ne laissaient qu'un sillon d'infamie.
Nicolas la Grande-Barbe paraît pouvoir être classé parmi ces monstres.

C'était un pauvre hère qui, jusqu'au 6 octobre, n'avait fait parler de lui ni en bien ni en mal.
Agé de quarante à quarante-cinq ans, d'une taille de cinq pieds quatre à cinq pouces, brun, de corpulence moyenne, assez bien fait, il serait passé partout inaperçu sans sa barbe de fleuve, dont il se montrait très fier.
Cette barbe lui valut d'être assez souvent employé, comme modèle , à l'Académie. Ce fut là son seul emploi sérieux.
Né dans le ruisseau, il y était resté, demandant sa subsistance à de petites métiers de la rue. On le connut décrotteur, chiffonnier, distributeur d'imprimés, commissionnaire, aboyeur à la porte des théâtres.
Un jour, une honnête cuisinière, séduite, sans doute, par sa belle barbe, consentit à l'épouser. La malheureuse ne tarda pas à s'en repentir amèrement. Non seulement le mari n'apportait pas d'argent dans le ménage, mais il entendait vivre sur les gains et les petites économies de sa femme. La cuisinière en eut vite assez et le quitta pour aller occuper une place qui lui était offerte aux Porcherons.
Nicolas vint alors habiter chez Antoine Pouget, logeur en chambres garnies, rue Champfleury, qui tenait son modeste hôtel à l'aide de Madeleine Glain, femme de François Gaillard, garçon de bureau du district de l'Oratoire.
En octobre 1789, Nicolas habitait chez Pouget depuis deux ans, et son logeur déclare "qu'il n'a rien reconnu en lui de contraire à la probité".
Les hauts faits de Nicolas ne furent pas très appréciés dans son quartier, et leur auteur dut trouver ses concitoyens bien ingrats. Ils poussèrent l'ingratitude si loin que, deux jours après son retour de Versailles, Nicolas n'hésita pas, pour essayer de passer inaperçu, à faire couper cette barbe dont il était si fier.
À son logeur, qui s'en étonnait, il déclara que c'était "parce que les enfants la lui tiraient".
Disons tout de suite que, malgré un sacrifice qui dut lui être cruel, il conserva ce surnom de Nicolas la Grande-Barbe, sous lequel il a obtenu, dans l'histoire des Journées d'octobre, une place peu enviable.
Déjà il paraissait prendre conscience de l'horreur qu'inspiraient ses crimes. Il raconte à Antoine Pouget qu'il a été forcé d'aller à Versailles, que ce sont les poissardes qui l'ont obligé à couper la tête du garde du corps (il n'en avoue qu'un à Pouget), lequel, dit-il, était mort. Il ajoute qu'il ne s'est déterminé à cette opération que pour éviter d'être lui-même massacré par les femmes.
Nous savons que tout cela était faux ; il se présenta pour faire ce qu'il désigne par un euphémisme savoureux comme l'opération, et opéra deux fois de suite avec grand plaisir. Madeleine Glain n'hésita pas, du reste, à le traiter de menteur.
Malgré son changement de physionomie, malgré ses explications, qui ne pouvaient tromper personne, les gamins continuèrent à le poursuivre et les habitants du quartier à l'accabler de leur mépris. Nul ne voulait l'employer ; ses camarades de misère eux-mêmes le fuyaient.
Dans un cabaret, une servante, la fille Huot, qui l'avait vu opérer à Versailles, refusa de lui verser à boire et le traita d'assassin. Un soir, derrière l'Ecole militaire, il fut rossé d'importance par deux soldats.
N'y pouvant plus tenir, vers le 15 octobre, dit Antoine Pouget, il quitta le quartier sans laisser d'adresse.
Pouget déclarait, un an plus tard, qu'il ne l'avait jamais revu et n'avait plus jamais entendu parler de lui. Sa servante, pourtant, l'avait rencontré, par hasard aux Porcherons. Il rôdait probablement autour de la maison où était employée sa femme, espérant peut$être obtenir de la cuisinière quelques écus ou un peu de nourriture.
Il avait, en effet, paru très misérable à la servante de Pouget. Que devint-il ? On ne sait.
Il est à présumer que le destin vengea Desuttes et Varincourt.
Plus tard, en 1792, on signalait, parmi les massacreurs de la Force, un individu nommé Pierre-Nicolas Régnier, dit le Grand Nicolas, qui portait, lui aussi, une longue barbe. Le Grand Nicolas fut condamné à vingt ans de fer, le 23 floréal an IV, par le Tribunal criminel de laSeine, "pour sa participation aux massacres de Septembre". Il mourut aux galères (1)
Était-ce l'homme de Versailles ? D'aucuns le pensèrent. Nous croyons qu'ils se trompaient.
Nous signalerons aussi que certains auteurs —et non des moindres– ont confondu « Nicolas la Grande-Barbe » et « Jourdan Coupe-Têtes ».
Jourdan ne le cédait certainement en rien, pour la férocité, à Nicolas, mais il opéra d'autre façon, et sur théâtre fort éloigné de Versailles, à la Glacière d'Avignon.... »
(1) Archives nationales, Aa, 56.

Marie-Antoinette, à peine vêtue, se précipite chez le roi. La garde nationale de Paris intervient alors pour protéger les gardes du corps qui protègent la famille royale, La Fayette enfin réveillé intervient et calme les esprits, les gardes du corps et les gardes nationaux fraternisent. La foule dehors veut voir Louis XVI au balcon, il s'exécute accompagné de Marie-Antoinette portant le dauphin dans ses bras, dans la cour la foule crie « À Paris ! À Paris ». Le roi ne peut qu'accepter : « Mes amis, j'irai à Paris avec ma femme et mes enfants ; c'est à l'amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j'ai de plus précieux ». C'est l'enthousiasme dans la foule qui fraternise avec les gardes.
À 11 h l'Assemblée se réunissait, sous la présidence de Mounier, blême d'émotion, et décidait, sur proposition de Mirabeau et Barnave, qu'elle était inséparable du roi et donc qu'elle suivrait Louis XVI à Paris.
À 13 h, le roi quittait Versailles pour Paris accompagné de toute la famille royale. En tête de l'immense cortège de plus de 30 000 hommes des gardes nationaux portant chacun un pain piqué au bout de la baïonnette, puis les femmes escortant des chariots de blé et des canons, puis les gardes du corps et les gardes suisses désarmés, venait alors le carrosse de la famille royale escorté par La Fayette, suivi d'autres voitures qui emmenaient quelques députés puis la majeure partie des gardes nationaux et le reste des manifestants criant : « Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron ! ».
À l'entrée de Paris, Bailly accueillit le roi à 20 h sous les applaudissements de la foule et le carrosse royal n'arriva finalement aux Tuileries, nullement préparées à recevoir la Cour, qu'à 22 h.


Vic-en-Carladès (Vic-sur-Cère) :
Vic-sur-Cère (en occitan, Vic en Carladés) est une commune française, chef-lieu du canton de Vic, située dans le département du Cantal en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle est située dans la vallée de la Cère, bordée en aval par la commune de Polminhac et en amont par celle de Thiézac.

Vic-sur-Cère (Cantal) était la capitale du comté de Carladès érigé par Louis XIII en faveur du prince Honoré II. En effet, en vertu du traité de Péronne du 14 septembre 1641, ce dernier abandonnait le protectorat espagnol pour se placer sous la protection de la France.
L'ancienne vicomté de Carlat ne suffisait pas à produire l'indemnité attribuée à Honoré II, on y adjoignit donc trois châtellenies prises sur la vicomté de Murat ainsi que la baronnie de Calvinet et la seigneurie de La Vinzelle.
Les cérémonies de prise de possession par le comte de Rians (représentant du Prince) eurent lieu à Vic le 14 novembre 1644 puis renouvelées les 17 et 18 respectivement à Carlat et à Mur-de-Barrez. Louis Grimaldi, petit-fils du prince Honoré II reçoit ainsi le titre de comte de Carladès, comme ensuite d'autres membres de la Famille Princière. Louis Carladès sera le pseudonyme adopté par Rainier III lors de sa participation au tour de France automobile de 1953.
Durant la Révolution, la suppression des droits féodaux a anéanti les revenus que le prince tirait de ses domaines en France. En se fondant sur les traités de Péronne et des Pyrenées, Honoré III parvint à établir que sa situation n'était point semblable à celle des seigneurs féodaux ordinaires et que ses droits, résultant d'un engagement international, impliquaient une compensation.
À la restauration, les princes de Monaco reprirent symboliquement les titres liés à leurs anciens fiefs, sans qu'il ne soit plus question d'indemnités.
Reference : 21687
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