INTÉRESSANT COURRIER DU CADET DE MARINE CORNILLON À SES PARENTS, de Corse le 4 pluviôse an 12, 2 janvier 1804.
Adressé depuis la Corse à ses parents « A Monsieur Etienne Cornillon Négt à Jean de Losne Dépt de la côte d'or ».
Lettre très intéressante, le cadet de marine Cornillon décrit à sa manière sa découverte de l'île et de ses habitants.
Orthographe rétablie.
« Cher Papa, très chère Maman,
Concernant votre bonté et votre tendresse pour moi, je ne doute pas que mon silence ne vous ait causé quelques inquiétudes. Je m'empresse de les faire cesser en vous adressant celle-ci.
Notre voyage, qui selon les apparences devait être de peu de durée, a été des plus long et des plus malheureux. Nous avons été 50 jours à faire une traversée de 36 heures toujours contrariés par les ventes contraires, cependant nous n'avons pas perdu notre temps pendant notre croisière, nous avons pris une goëlette anglaise de 12 pièces de canon. Dans le combat, nous n'avons perdu aucun homme, et dans le port, dans l'endroit même où chacun de nous se croyait à l'abri de tout factieux événement, nous venons de recevoir un exemple frappant de la fragilité de l'espèce humaine. Hier, ayant fait monter nos matelots sur la grande vergue, tirant la voile par la garcette qui sert à la serrer, celle-ci se casse, ce malheureux tombe sur le pont et expire. Ce matin, on a assisté à la pompe funèbre de cet infortuné, il y avait deux officiers et mois et un peloton de matelots qui escortaient le cortège, nous avons entendu une grande messe et ensuite nous avons porté le corps dans une église.
Le vilain pays que la Corse. Figurez-vous des montagnes arides, des marécages affreux, un peuple sauvage et voleur, qui ont pour demeures des petites huttes où ils habitent pendant la nuit. Malheur à vous si vous allez dans la campagne, un coup de fusil ou de carabine vous a bientôt couché à terre.
Un corse ne sort jamais sans sa carabine et une espèce de giberne ou une paire de pistolets.
Leur costume annonce bien leur caractère, ils sont vêtus d'une étoffe grossière de laine grise et ils ont pour coiffure un énorme bonnet de poil de chèvre.
Bastia, le Paris de l'île, est cependant une ville fort jolie, elle n'est pas fort grande, mais elle est très régulière; Les maisons sont belles, les rues larges et bien alignées, les promenades sont agréables, d'ailleurs c'est une ville très forte, c'est aussi le lieu de séjour de presque tous les français qui habitent dans l'ile.
Nous avons fini notre mission, nous n'attendons plus que le bon vent pour retourner en France. J'espère trouver de vos lettres en arrivant à Toulon et je désire apprendre que votre santé soit bonne (...).
Signé : Cornillon cadet de marine ».
24 x 18,5 cm. 2 pages 1/2 d'écriture. Lettre avec adresse et marquage postal « 19 BASTIA ».
État moyen, mouillures, déchirure au niveau du cachet, un mot manquant au niveau de la signature.
Reference :
18859-11