Armée du Rhin. LETTRE DU CAPITAINE DES GRENADIERS DEHERLIN, 46ème demi brigade 2ème bataillon 6ème division, à son oncle demeurant à Attain (Pas de Calais), 8 janvier 1800.
Le capitaine Deherlin est en cantonnement à Leuzigen comme il le précise en tête de sa lettre :
« Deherlin, capitaine de grenadiers au 2ème Bon de la 46ème demi brigade 6ème division de l'aile droite de l'Armée du Rhin, cantonnée dans les environs de Soleur en Helvétie, 18 nivôse an 8 ».
Le capitaine Deherlin est sorti de l'hôpital mais pas encore guéri :
« (...) le sternum me gêne beaucoup pour la respiration, il y avait plusieurs côtes à demi fracturées, les chirurgiens m'ont opéré (...) je leur ai dit, eh bien finissez l'ouvrage, ils n'ont pas voulu adhérer à ma demande. Si je souffre encore beaucoup au printemps, j'irai aux eaux de Bourbonne (...).
Deherlin est un républicain convaincu :
« .. Le cantonnement que nous venons de quitter a été occupé par la 67ème demi-brigade. Je croyais voir Gosselin dont vous m'aviez parlé une fois, il était fourrier dans ce corps, il est actuellement sergent. Je me sis informé de lui justement à un sergent major de grenadiers qui est d'Aix, il se nomme Caron, nous avons bu plusieurs bouteilles de vin à la santé de Gosselin que j'aurai bien été flatté de voir, ce sera pour une autre occasion. Dans le moment actuel nous sommes en apparence très tranquilles. Nous espérons que le brave Bonaparte mettra fin à tous nos maux et à tous les factieux. Il est bien temps qu'il arrive pour expulser tous les coquins et scélérats du gouvernement. Au moins actuellement l'on verra régner la classe des hommes désintéressés et faire triompher la république et organiser nos armées malheureuses. Pour qui faisait-on la guerre ? Ce n'était que pour enrichir tous les gredins qui depuis la révolution n'ont fait que tromper la république, mais nous prenons patience comme on va les faire dégorger de toutes les fortunes mal acquises.
Mais comme le brave Bonaparte leur a fait voir qu'ils étaient tous coquins et brigands, et comme il leur a retiré tous leurs pouvoirs dont ils se sont rendus indignes, il y en a quelques-uns qui voulurent faire des difficultés pour sortir de la salle qu'ils souillaient tous les jours par leurs cabales (...) ils ont été mis dehors de la salle en leur disant (...) de foutre le camp. Enfin depuis la Révolution nous ne faisons que commencer à renaître, nos armées sont joyeuses de voir Bonaparte à la tête du gouvernement, nous voyons au moins que les factions n'existeront plus pour les élections, que les ambitieux ne caballeront plus pour aller tromper la bonne foi du peuple.
Il ne nous faut que des hommes propres et dignes de mérite pour être attachés à un si beau gouvernement ».
Il signe « Je suis avec respect votre neveu le républicain Deherlin ».
21 x 16,7 cm. 2 pages de texte. Lettre avec adresse et marque postale « 12e Don ARM. DU DANUBE.
Bon état, mouillures, une déchirure au niveau du cachet, sans manque de texte.
1800.
Reference :
18859-10