Armée du Bas-Rhin, LETTRE DU SOLDAT GASPARD GILBERT À SA SŒUR, devant Manheim le 23 mai 1795.
Le soldat Gaspard GILBERT écrit à sa soeur à l'adresse suivante : « au citoyen Antoine Gilbert, CULTIVATEUR EN LA VILLE DE RIOM, RESTANT DANS LA RUE ST ANTOINE, DISTRICT DE RIOM ».
Lettre avec marque postale ARMEE DU BAS RHIN 2e DIVon.
« Fait ci-devant le siège de Maneme (Manheim) le 23 prairial an 3 de la République française fraternité ou la mort ».
« Je m'attendais à des reproches de votre part pour avoir été plus long que mon ordinaire à vous donner de mes nouvelles mais je me flatte que vous n'aurez pas de peine à me justifier quand je vous aurai notifié mon silence. D'ailleurs l'instant que je prends à ce qui regarde ma famille et ma tendresse envers mes parents sont assez promesse pour que vous n'ayez aucun doute sur mes sentiments qui me portent. (...) notre demi-brigade reçoit à l'instant même des ordres pour changer de position. L'ennemi depuis longtemps avait médité un grand coup et voulait se faire jour à travers les montagnes attenantes au Palatinat pour nous faire faire un second voyage à Landau. (...) L'armée du Rhin et celle de Moselle les tiennent maintenant bloqués devant Mayence. Nous en sommes partis pour aller faire le siège de Manheim. Depuis près de deux mois nous travaillons nuit et jour à rétablir els redoutes devant cette place. Ils s'amusent à tirer quelques coups de canon là où nous travaillons mais cela n'y fait rien. L'ouvrage va toujours à son train et nous espérons que dans peu de temps la carmagnole va commencer. Il doit y avoir 80 bouches à feu qui doivent jouer toutes à la fois. Je vais avec vous faire un détail de tout ce qui se passe de notoire depuis que je ne vous ai plus écrit. Je vous dirai que nous avons un officier un jour qu'il était de garde, il est passé chez l'ennemi, il a emporté le mot d'ordre dont l'ennemi est venu sur trois colonnes de cavalerie dont ils ont égorgé deux de nos postes, ils ont mis le feu à nos baraques ... Nous avons battu en retraite environ sur deux lieues heureusement nous nous sommes trouvés un obusier et un mortier, nos braves canonniers ont tiré plusieurs coups sur eux et nous les avons bien mis à la raison. Je ne peux pas vous dire au sujet de ceux qui ont été tués ou blessés mais chose très sure que leur général prussien a été tué et conduit dans un tombereau, il a été enterré dans une ville appelée (?). Nous avons pris Frankstadt (sic) une forte ville à la Prusse, très riche, très marchande. Nous y sommes entrés dans la ville, l'arme au bras sans tirer aucun coup de fusil. Ils se sont rendus républicains, ils ont fait comme nous ma soeur. Nous avons passé dans un village, ils se sont révoltés contre nous. Nous avons mis à feu et à sang tout le village a brûlé.
Ma soeur, tu me manques. Dans ta lettre si je reçois les 30 l. que tu m'as fait passer, la reconnaissance, mais je ne les ai pas encore reçu, cela a fait que j'ai tant tardé à t'écrire car je sais bien que cela te (...) et j'en ai un grand besoin (...).
3 pages d'écriture serrée. 24 X 19 cm.
Bon état, quelques mouillures.
1795.
Reference :
18860-22