FUSIL D'INFANTERIE CHASSEPOT, MODÈLE 1866 DIT « DU CAMP DE CHÂLONS», SECOND EMPIRE.
Canon rayé de quatre rayures, daté « C 1866 » poinçonné « MI AF », tenon de baïonnette sur le côté droit. Longueur sans la culasse 80 cm, longueur du canon avec la culasse et la queue de culasse 1,01 m. Calibre 11 mm. Guidon sur embase cubique. Culasse en acier trempé sans marquage, elle est mobile et se compose du cylindre forgé d'une pièce avec le levier de manoeuvre, chien coulissant dans un cylindre relié au porte-aiguille par un manchon en T. Monture en noyer avec cachet de réception de la manufacture « MI ... 1866 ». Toutes garnitures en acier bien poinçonnées.
Baguette en acier.
Longueur totale 1,31 m.
Parfait état, infime oxydation d'usage.
France.
Second Empire.
HISTORIQUE :
Le déroulement des guerres en Amérique (guerre de Sécession) ou en Europe entre la Prusse et le Danemark, la Prusse et l'Autriche (victoire de la Prusse à Sadowa, 1866) apportait la preuve de la supériorité des armes à chargement par la culasse et à cartouche amorcée.
Chassepot continua ses recherches et pour utiliser une cartouche amorcée combustible, adapta à son fusil le système à aiguille du fusil autrichien Dreysse. Une commande de 500 fusils Chassepot fut passée à la Manufacture de Châtellerault pour mise en essai concurrentiel avec les fusils Favé et Plumerel au camps de Châlons pendant le séjour de la garde impériale aux manoeuvres de 1866. Apparaissant le meilleur, le fusil Chassepot fut adopté le 30 août 1866 après quelques modifications.
Dérivé du fusil d'infanterie d'essai dit du camp de Châlons, le Chassepot fut adopté le 30 août 1866 sous l'appellation officielle de fusil d'infanterie Mle 1866. Des modifications sont apportés, en particulier sur la queue de détente, les organes de visée et la baguette de nettoyage puis la fabrication en série est lancée. Rompant définitivement avec le chargement par la bouche des systèmes antérieurs, il est le premier système d'arme à culasse mobile ce qui augmentait considérablement la cadence de tir de l'époque. Au printemps de 1867 la toute récente Manufacture Impériale de St-Etienne sortie les premières armes de série.
La première unité à en être doté est le bataillon des Chasseurs à pied de la Garde en septembre 1866 et sa première intervention au combat à lieu en 1867 à Mentana où il y a "fait merveille" selon les propres mots du général de Failly. Il sera encensé par l'Etat-major et nos dirigeants politiques malgré ses défauts (aiguille fragile, encrassement important du à l'utilisation d'une cartouche à poudre noire, ratés de percussion...). Afin de réaliser l'obturation et empêcher les gaz de s'échapper vers l'arrière la tête de culasse comporte un joint en caoutchouc vulcanisé, une première en cette période d'innovation technologique. Le système est fiable mais fragile, il a été adopté précipitamment afin de faire face aux menaces de guerre avec la Prusse et de ce fait le grand pas qu'aurait été l'adoption d'une cartouche metallique n'a pas été possible. Malgré tout il sera l'un des meilleurs fusils de son temps et inaugurera la fabrication en grande série au sein de manufactures d'Etat. Devant les énormes besoins en armes de cette époque l'industrie privée sera également mise à contribution. La firme Cahen Lyon et cie, détentrice du brevet, ne pouvant assurer seule et dans les temps la fourniture de milliers d'armes commandées par l'Etat, fera appel à de nombreux sous-traitants dans toute l'Europe. La firme Potts & Hunts par exemple fournira 2720 chassepot qui seront attribués à la Marine Impériale.
La défaite de 1871 sonne le glas du Chassepot, ses défauts intrinsèques et les énormes pertes en matériels lui ont été fatals. L'adoption du Mauser 1871 par la Prusse accélerera son remplacement par le système gras 1874. Le Chassepot finira ses jours en arme de surplus vendues par St-Etienne. Les derniers utilisateurs militaires seront les marins qui le garderont jusqu'en 1878 date à laquelle lui succède le Kropatschek de marine mle 1878.
source : http://armesfrancaises.free.fr/fusil%20d'infanterie%20Mle%201866.html
LE CAMP DE CHÂLONS :
Le camp de Châlons naît de la volonté impériale. La guerre de Crimée (1853-1856), bien que victorieuse, a révélé des problèmes d’organisation et de coopération interarmes. Pour former les états-majors à la manœuvre des grandes unités, Napoléon III fait aménager un camp fixe de 12 000 hectares assez vaste pour recevoir 25 000 hommes, 12 000 chevaux et pratiquer des tirs d’artillerie. Les travaux débutent en novembre 1856 par la construction des bâtiments en briques et pans de bois, et par le creusement des puits. Les villages de toile sont cantonnés par des poutres auxquelles on attache les chevaux ; les allées reçoivent des noms de généraux et de soldats tués en Crimée. Un chemin de fer à voie unique relie Mourmelon à Châlons situé à 25 km, avant d’être prolongé vers Reims. Dès 1857, l’empereur inaugure le camp qu’il commande lui-même cette année là, puis il y vient chaque année en famille, drainant des invités de marque et un public nombreux. Le camp est équipé progressivement d’un grand quartier impérial, d’un hôpital transformé par la suite en bibliothèque, de l’éclairage au gaz, d’un bureau de poste, d’un télégraphe et d’un jardin, « le parc de l’Impératrice ». Pour les cérémonies religieuses, un autel à baldaquin est élevé sur une plateforme à 4 mètres du sol. On vient de loin pour assister à la messe dominicale avec la famille impériale et on apprécie particulièrement le moment de l’élévation lorsque tous les soldats mettent genou à terre et que tonne le canon. L’été, le village de Mourmelon (500 habitants en 1850) connaît des encombrements de toutes sortes mais offre toutes les distractions dignes d’une grande ville.
Ni ces grandes manœuvres estivales, ni la création des corps d’armée ne permettent de résoudre les problèmes structurels de l’outil militaire du Second Empire.
Le système de conscription, depuis la Restauration, est organisé pour obtenir des soldats professionnels. Les hommes sont solidement encadrés par leurs sous-officiers et les officiers subalternes, le plus souvent sortis du rang. Un chef de corps réussit son inspection, en temps de paix, s’il présente un régiment bien tenu, bien administré et respectueux de la discipline.
Les interventions extérieures, très nombreuses sous le Second Empire, révèlent les compétences de certains chefs et confirment la bravoure et la cohésion des troupes mais ces opérations s’apparentent le plus souvent à de la contre-guérilla. Les officiers généraux, notables choyés du régime, et les officiers d’état-major, recrutés parmi l’élite, montrent dans l’ensemble peu d’intérêt pour l’étude de la tactique. Le commandement a par ailleurs peu d’autorité sur l’Intendance qui reste un corps indépendant. Le camp se réduit donc à des exercices mécaniques. Les grandes manœuvres restent conventionnelles, inspirées le plus souvent des batailles du Premier Empire. Cependant, l’espace et les grands rassemblements du camp de Châlons permettent des expérimentations comme celles du fusil Chassepot, du transport ferroviaire des chevaux, du télégraphe ou encore des conserves de pomme de terre.
La victoire de la Prusse sur l’Autriche à Sadowa (1866) impressionne à juste titre Napoléon III. Il impose la modernisation de l’armement et soutient une nouvelle loi de recrutement (la loi Niel, 1868), inspirée du modèle prussien (avec formation des réservistes) mais celle-ci, même fort édulcorée par rapport aux ambitions initiales, est mal acceptée par les milieux politiques et militaires aussi bien que par l’opinion publique. Le retard accumulé se révèle cruellement, pendant la guerre de 1870-1871, face à une armée prussienne fondée sur un service universel adapté, encadrée par des officiers formés à l’offensive et pouvant compter sur le renfort de réserves instruites en cas de prolongation du conflit.
Article extrait de l'Action pédagogique du musée de l’Armée - hôtel des Invalides / jeunes@musee-armee.fr
source : http://musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-1815-1870/MA_fiche-objet-camp-chalons.pdf
Reference :
9366