Tablier d’apparat pour timbale de la Musique des Guides de la Garde Impériale, Second Empire.
En drap écarlate : hauteur 70 cm, largeur 136 cm.
Au centre, les grandes armes de l'Empire sont richement brodées en fils et cannetilles d'or, fils de soie et draps de velours (32 cm de haut x 28 cm de large).
Dans la partie haute, un phylactère brodé en fils de soie de deux verts porte l'inscription en fils d'or RÉGIMENT DES GUIDES. De part et d’autre des grandes armes, un rameau de chêne et un autre de laurier sont brodés en fils de soie polychrome.
La partie arrondie est bordée d'un galon vert foncé avec des franges en soie verte et en fils d'or à grosses torsades dites « graines d'épinard » (hauteur 6 cm).
France, Paris 1854-1867.
État de conservation : très bon. Quelques infimes trous de mites.
NOTE - Ce tablier est l’un des deux confectionnés pour orner la paire de timbales de la musique des Guides de la Garde Impériale en grande tenue, et le seul connu à ce jour. Les registres du régiment ne mentionnent qu’un seul timbalier : Émile Pessière, incorporé en 1855, musicien de 4e classe en 1860, libéré en mars 1862.
Le Régiment des Guides fut constitué par décret du 23 octobre 1852, soit deux ans avant la création officielle de la Garde Impériale. Composé de 1200 hommes à coloration aristocratique, il était caserné à l’École militaire de Paris. Unité de prédilection de Napoléon III, les Guides étaient présents aux cérémonies de son mariage, et un peloton faisait systématiquement l’avant-garde de l’escorte de l’empereur, lors de ses déplacements. De plus, le régiment assistait l’organisation des chasses impériales en fournissant des rabatteurs et une escorte pour les hôtes de marque. Le plus flamboyant colonel des Guides fut Joachim Joseph Napoléon 4e prince Murat.
La musique du régiment des Guides, créée dès le mois de décembre 1852, fut organisée par Adolphe Sax, célèbre facteur d’instruments de musique de l’époque. Pour rassembler une telle musique, le colonel Fleury réussit à obtenir une subvention de 20.000 francs accordée par l’Empereur. Dès sa création, cette musique fut composée d’artistes de haute valeur, sous la direction du chef Mohr, dont la presque totalité n’était attachée au régiment que comme commissionnés. Avec un effectif initial de 46 instrumentistes, cette musique n’avait donc rien de commun avec celle des régiments de cavalerie de l’époque dotés d’une simple fanfare de 36 trompettes.
Le décret sur la composition des musiques de la Garde Impériale, du 16 août 1854, attribuaient aux régiments à cheval de la Garde une musique formée de : 1 chef de musique (rang de sous-lieutenant), 1 sous-chef de musique (rang d’adjudant sous-officier), 4 musiciens de 1ère classe (rang de maréchal des logis chef), 8 musiciens de 2e classe (rang de maréchal des logis), 8 musiciens de 3e classe (rang de brigadier), 15 soldats élèves musiciens (musiciens de 4e classe à partir du 28 mars 1860) ; soit un ensemble de 37 exécutants. La musique des Guides n’en conserva pas moins, par faveur spéciale, son effectif antérieur considérable de 46 exécutants.
Le 6 février 1867 (Par décret du 4 avril 1867 ?), toutes les musiques des troupes à cheval de l’armée française étaient supprimées. Toutefois, celle des Guides de la Garde Impériale, comprenant alors 62 exécutants, et celle de la Garde de Paris, avec ses 55 instrumentistes, étaient provisoirement maintenues. Leur brillante réputation imposa leur participation au grand concours de musique militaire organisé lors de l’exposition internationale universelle de 1867. La deuxième place revint à la musique du régiment des Guides, comprenant 67 exécutants dirigés par le chef Cressonois, à égalité avec la musique du 1er régiment du roi de Bavière et celle du régiment des chevaliers gardes de l’Empereur de Russie.
Finalement, à la fin de 1867, la musique du régiment des Guides, la plus importante musique militaire du Second Empire, fut supprimée.
Composition de la musique des Guides de la Garde Impériale, en 1853 : 1 petite flûte, 1 grande flûte, 2 hautbois, 2 petites clarinettes, 4 clarinettes en si bémol, 1 saxophone en si bémol soprano, 1 saxophone en mi-bémol, 1 saxophone en si bémol ténor, 1 saxophone en si bémol basse, 2 cornets à piston en si bémol, 2 cors en mi-bémol, 4 trompettes en mi-bémol, 3 trombones, 2 saxhorns soprano en mi-bémol, 4 saxhorns en si bémol, 2 saxhorns en mi-bémol alto, 2 saxhorns en mi-bémol second, 2 barytons, 4 basses à 4 cylindres en mi-bémol, 2 contrebasses en mi-bémol, 2 contrebasses en si bémol, 1 paire de timbales ; soit 46 exécutants.
Composition en 1867 : 2 petites flûtes, 2 grandes flûtes, 3 petites clarinettes, 12 grandes clarinettes, 3 hautbois, 1 saxophone contralto, 2 saxophones altos, 1 saxophone ténor, 1 saxophone baryton, 1 saxophone basse, 4 pistons, 2 saxhorns contraltos en si bémol, 1 saxhorn soprano en mi-bémol, 2 saxotrombas altos en mi-bémol, 3 cors, 3 trompettes, 2 saxotrombas barytons en si bémol, 5 trombones, 6 saxhorns basses en si bémol, 3 saxhorns contrebasses en mi-bémol, 2 saxhorns contrebasses en si bémol, timbales ; soit 62 exécutants.
Bibliographie :
Jean-Marie Haussadis « La musique militaire des origines à la fin du
Second Empire », Carnet de la sabretache n°187, mars 2011, pages 9 à 11.
Reference :
302506