HABIT DE GRAND COSTUME DE DÉPUTÉ RESTAURATION.
Habit français, et dégagé sur les cuisses.
Drap bleu national, doublé de même, boutonné sur la poitrine par seul rang de boutons sur le côté droit . Boutons argent timbré de trois fleurs de lys sous couronne.
Collet et parements de velours noir, brodés en fils cannetilles, paillettes et sequins d'argent, de fleurs de lys héraldiques surmontées des lys naturels bordée dans le haut d'une baguette perlée au collet, aux parements. Bouquets de même composition brodé à la taille.
Parfait état de conservation, un très léger accident à quelques fils de la broderie du col. Trois boutons absents : un au bas du dos et les deux du bas à l'avant de l'habit (toutefois il est possible de récupérer les deux boutons dans les plis des revers des basques), velours usé à l'extrémité des parements.
Cet habit a appartenu M. Auguste, Hilarion DE KÉRATRY (Né le 28/12/1769 à RENNES (ILLE-ET-VILAINE - FRANCE: Décédé le 07/11/1859 à PORT-MARLY (YVELINES - FRANCE).
MANDATS À L'ASSEMBLÉE NATIONALE OU À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
26/10/1818 - 24/12/1823 : Finistère - Opposition/Opposition libérale
17/11/1827 - 16/05/1830 : Vendée - Opposition libérale
23/06/1830 - 28/07/1830 : Vendée - Opposition libérale
05/07/1831 - 25/05/1834 : Finistère - Majorité gouvernementale
21/06/1834 - 03/10/1837 : Finistère - Majorité gouvernementale
13/05/1849 - 02/12/1851 : Finistère - Droite
BIOGRAPHIE extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny) :
Député de 1818 à 1824, de 1827 à 1837, pair de France et représentant en 1849, né à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 28 décembre 1769, mort à Port-Marly (Seine-et-Oise) le 7 novembre 1859, fils de « messire Jean François, chef de nom et d'armes de Kératry, et de dame Catherine-Marie-Guillemette Duhamel de la Bothelière, dame de Kératry, son épouse, » fut destiné à la magistrature par son père, qui avait Présidé la noblesse aux Etats de Bretagne ; il étudia le droit en sortant du collège de Quimper. Partisan très modéré des réformes en 1789, il adressa à l'Assemblée constituante, au moment où il venait de recueillir l'héritage paternel, une pétition en faveur du principe d'égalité dans le partage des successions. Il vint à Paris en 1790, s'y lia avec Legouvé et Bernardin de Saint-Pierre, et publia, à titre d'essai littéraire, un volume de Contes et idylles (1791) inspirés de Gessner.
En 1793, il fut pendant quelques mois, et par deux fois, incarcéré à Rennes et à Quimper, comme suspect, par ordre de Carrier, puis rendu à la liberté sur les réclamations des habitants de sa commune, qui se portèrent caution de son civisme. Depuis cette époque jusqu'à la Restauration, M. de Kératry vécut éloigné des affaires publiques, sauf l'exercice de modestes fonctions municipales, se contentant de faire imprimer, de temps à autre, des aperçus philosophiques et littéraires, tels que : le Voyage de vingt-quatre heures (1800) ; Lusus et Cydippe (1801), roman grec; Mon habit mordoré (1802), roman moderne; Ruth et Noémi (1811); de l'Existence de Dieu et de l'Immortalité de l'âme (1815) ; Inductions morales et philosophiques (1817), ouvrages qui eurent quelque succès. A la première Restauration, il fut nommé conseiller de préfecture à Quimper. Le 26 octobre 1818, M. de Kératry, qui s'était fait connaître en politique comme royaliste constitutionnel, fut élu député du collège de département du Finistére, par 444 voix sur 745 votants et 947 inscrits. Après avoir un instant cherché sa voie, il vint grossir à la Chambre les rangs de l'opposition qui s'appuyait sur la Charte, et parla sur la loi électorale et sur la presse. La Biographie pittoresque des députés, rédigée, sous le voile de l'anonyme, par Henri de Latouche, L.-F. Lheritier et Emile Deschamps, s'exprimait ainsi sur son compte : « M. de Kératry est un petit homme grêle, chafouin, vif, qui pense, parle, agit rapidement. Sa physionomie est spirituelle et offre une enseigne vivante de ses talents : on devine qu'elle appartient à une âme qui sent vivement, qui se livre avec délices aux inspirations enthousiastes et aux émotions surhumaines. Sa tête est meublée d'évangile, de mythologie, d'allégorie, de chevalerie, de romans, d'histoire. Il doit savoir par cœur l'Ecclésiaste et Clarisse Harlowe.
Tous les sujets qui appartiennent à la controverse lui sont familiers : c'est le Charles XII de l'idéologie et l'Alexandre de la métaphysique. Il joue de la philosophie comme Baillot joue du violon. Attaquez-le à l'improviste sur les matières religieuses ramenez-le brusquement au délire amoureux ; faites-le passer sans préparation aux abstractions politiques, il traitera de la même hauteur ces sujets si divers. Ses discours, ses entretiens, auront un commencement, un milieu et une fin ; sa phrase sera ronde, sa période harmonieuse, et pour peu que vous ne soyez ni mathématicien, ni austere logicien, il vous saura convaincre. C'est décidément aux sujets spéculatifs que M. de Kératry est appelé par le genre de son talent; il serait mal à l'aise dans les choses absolues, entravé dans les matières positives.
Avec la vocation qu'il a pour la controverse, il doit être désespéré que deux et deux fassent quatre et que les trois angles d'un triangle égalent 180 degrés. » Si peu révolutionnaire que fût son attitude, il n'en fut pas moins soupçonné d'avoir trempé dans la conspiration militaire de Saumar (1820) ; il fut même désigné comme complice par le procureur général de Poitiers et dut publier, avec le concours de Benjamin Constant, une apologie de sa conduite. Réélu, le 13 novembre 1822, dans le 1er arrondissement du Finistère (Brest), par 181 voix (349 votants, 373 inscrits), contre 160 à M. Vacher, il continua, tant à la Chambre que dans le Courrier français, dont il était un des fondateurs, de prendre part aux luttes du parti libéral contre les ultras. Il s'éleva contre l'intervention en Espagne, contre l'impôt du sel et contre le privilège des maisons de jeux et de la loterie. Le 25 février 1824, les influences ministérielles l'écartèrent momentanément du Palais-Bourbon; il échoua dans deux arrondissements électoraux du Finistère : dans le 1er, avec 186 voix contre 194 à M. Bergevin, élu, et dans le 4e, avec 36 voix contre 148 à M. de Cheffontaine. Au mois de mars 1827, un article du Courrier français intitulé : Mensonges de M. de Villèle, fut attaqué par le procureur du roi. M. de Kératry s'en déclara l'auteur, en accepta la responsabilité, et fut acquitté en première instance, puis en appel.
Le 17 novembre de la même année, le 1er arrondissement du Finistère (Brest) le renvoya à la Chambre, par 211 voix (342 votants, 378 inscrits), contre 123 à l'amiral Baudin, en même temps que le 3e arrondissement de la Vendée (les Sables-d'Olonne) lui donnait 109 voix sur 183 votants. M. de Kératry opta pour la Vendée et fut remplacé à Brest par M. Daunou. Il reprit sa place dans l'opposition et fut un des 221 adversaires du ministère Polignac. Après la dissolution de la Chambre, les électeurs des Sables-d'Olonne lui renouvelèrent son mandat (23 juin 1830) par 147 voix sur 200 votants ; il se mêla activement au mouvement des députés libéraux contre les Ordonnances du 25 juillet, ainsi qu'à tous les actes qui amenèrent l'établissement du nouveau gouvernement. Le 30 juillet, il fut du nombre des quarante signataires de l'acte de nomination du duc d'Orléans comme lieutenant-général du royaume et du nombre des douze qui portèrent cet acte au Palais-Royal. Il participa a la révision de la Charte et insista surtout pour obtenir l'insertion de ces mots : « La religion catholique est professée par la majorité des Français.»
Peu de temps après, M. de Kératry demanda avec ardeur l'abolition de la peine de mort pour délits politiques. Louis-Philippe l'ayant nommé membre du conseil d'Etat, dont il devint plus tard un des vice-présidents, il dut se représenter, le 21 octobre 1830, devant ses électeurs, qui le réélurent par 145 voix (150 votants). Aux élections du 5 juillet 1831, ce fut le 4e collège du Finistère (Morlaix) qui lui donna 116 voix (215 votants, 329 inscrits), 11 prit encore plusieurs fois la parole à la Chambre, s'opposa à ce qu'une décoration spéciale fût créée pour les vainqueurs de juillet, vota pour que la nomination des maires fût laissée au roi, et, lors des troubles de Saint-Germain-l'Auxerrois, se plaignit de l'attitude de la jeunesse des écoles et exprima le regret qu'on eût gratté les fleurs de lis sur les monuments : « Elles re présentaient, dit-il, non la Restauration, mais huit siècles de gloire. » Il soutint ensuite l'hérédité de la pairie. Rapporteur de la proposition Portails pour l'abolition de la cérémonie funèbre du 21 janvier, il développa longuement le dogme de l'inviolabilité royale et fit un pompeux éloge des vertus de Louis XVI. Il se montra opposé à la proposition d'Eusèbe Salverte, tendant à décerner les honneurs du Panthéon à Benjamin Constant, Foy et Manuel, si bien que l'auteur retira sa motion.
A plusieurs reprises, notamment à propos de la liste civile du roi, puis à propos de la loi contre les associations, il insista pour démontrer la nécessité de se rallier autour du trône. Réélu député, le 21 juin 1834, par 122 voix (243 votants, 321 inscrits), contre 87 à M. de Rodellec, il remplit aussi les fonctions de « président de la commission de surveillance des théâtres royaux subventionnés », vota et appuya à la Chambre toutes les mesures conservatrices et répressives, comme les lois de septembre 1835, et fut appelé, le 3 octobre 1837, à la pairie. Au Luxembourg comme au Palais-Bourbon, M. de Kératry se montra le défenseur de la politique de résistance. La révolution de février 1848 l'irrita vivement : il envoya sa démission de conseiller d'Etat et protesta publiquement contre les circulaires adressées par Ledru-Rollin, ministre de l'Intérieur, aux commissaires des départements.
Cette attitude le désigna, lors des élections de l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, aux suffrages des monarchistes du Finistère, et il fut élu par eux représentant de ce département, le 13e et dernier, avec 48,263 suffrages (86,649 votants, 150, 165 inscrits). Doyen d'âge de la nouvelle assemblée, il profita de cette circonstance, qui lui permit de présider d'office à l'ouverture de la session, pour laisser éclater son hostilité contre les institutions républicaines. A la séance du 30 mai, il souleva un incident des plus orageux en assumant la responsabilité du brusque remplacement du colonel Cauvain du Bourguet par M. Forest dans les fonctions de commandant militaire de l'Assemblée. Ledru-Rollin ayant dénoncé cet acte comme « l'infraction la plus flagrante à l'ordre et aux vœux » de la représentation na tionale, le président d'âge lui riposta avec une extrême vivacité. Ledru-Rollin l'accusa à son tour de manquer au premier de ses devoirs, à l'impartialité, et déclara qu'il se retirait de la tribune parce qu'elle n'était pas libre. Puis les secrétaires d'âge, MM. Rolland, Bancel, Commissaire, et autres, parurent successivement à la tribune pour répudier toute solidarité avec le président, et pour dire qu'ils cessaient de faire partie du bureau. En même temps, les représentants de la Montagne réclamaient des excuses.
A la fin, M. de Kératry se décida à prononcer les paroles suivantes : « Je serais fâché d'exciter un orage dans cette assemblée ; telle n'a jamais été mon intention. Je respecte l'Assemblée, et la preuve que je la respecte, c'est que j'ai tenu à honneur de la présider, quoique j'aie dû seulement à mon âge cet avantage-là. Ainsi, si M. Ledru-Rollin a entendu des paroles qui lui déplaisent, j'en suis fâché. » Ledru-Rollin répondit : « Je n'ai point entendu les dernières paroles de M. le président ; on me dit qu'il déclare qu'il retire ses paroles. (Oui!) On comprend que je n'ai vu qu une chose : le représentant attaqué. Du moment où les paroles sont retirées, la tribune est libre, je n'ai plus rien à dire. » Alors les secrétaires qui s'étaient retirés vinrent reprendre leur place, et la discussion continua. M. de Kératry, après la constitution du bureau définitif, siégea sur les bancs de la droite monarchiste, et vota constamment avec elle.
Il ne se rallia pas à la politique particulière de l'Elysée, rentra dans la vie privée au 2 décembre 1851, et mourut âgé de plus de 90 ans. Outre les travaux déjà cités, on a de M. de Kératry un grand nombre d'ou vrages, parmi lesquels : de l'Organisation municipale en France (1821) ; du Beau dans les arts d'imitation (1822) ; le Guide de l'Artiste et de l'Amateur (1823); du Culte en génrale et de son état particulièrement en France (1825) ; Frédéric Styndall, ou la Fatale année (1828); Pièces officielles du procès soutenu par M. Kératry et Me Merilhou, avocat, pour le Courrier français (1827) ; du Mariage des prêtre catholiques (1833); Questions à l'ordre du jour (1837); Une fin de siècle, ou huit ans (1840); Lettre adressée au collège électoral du Finistère (1849) ; Que deviendra la France ? (1851) ; Clarisse (1854). M. de Kératry a collaboré à divers recueils littéraires, à l'Encyclopédie moderne et au Dictionnaire de la conversation.
Référence :
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