COLLECTION PHILIPPE MISSILLIER
HAUTE ÉPOQUE – LIVRES – ARMES À FEU DU XVIIE SIÈCLE
ART CYNÉGÉTIQUE – PHALÉRISTIQUE
ARMES DES XVIIIE ET XIXE SIÈCLE – ART RUSSE
Vendredi 7 mars 2025 - 11h à 12h
AFRIQUE ET OCÉANIE – EXTRÊME-ORIENT
Vendredi 7 mars 2025 - 14h
ART ISLAMIQUE ET INDIEN
Drouot - salles 5-6
EXPOSITION
Mardi 4 mars de 11h à 18h
Mercredi 5 mars de 11h à 18h
Jeudi 6 mars de 11h à 12h
Téléphone pendant l’exposition + 33(0)1 48 00 20 05
GIQUELLO
Alexandre Giquello
Violette Stcherbatcheff
5, rue La Boétie - 75008 Paris
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Lot n° 178 (de la vente)
Important bijou de grand-croix de l’ordre royal de l’Union remis par Louis de Hollande au général Rampon le 16 août 1809
OEuvre de l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais Étoiles en or émaillé blanc à quatre rayons principaux séparés par quatre plus petits, les pointes pommetées, anglés de huit abeilles en or ciselé. Le médaillon en deux parties figure à l’avers le lion zélandais nageant, ceint de la légende sur fond bleu clair opaque DOE WEL EN ZIE NIET OM (fais ce que doit, advienne que pourra), au revers un faisceau de onze flèches liées autour d’un sceptre par un ruban, ceint d’un serpent d’éternité et de la légende EENDRAGT MAAKT MAGT (l’union fait la force). Une couronne royale en or ciselé, partiellement bruni et amati, est fixée à la pointe supérieure par une épaisse charnière tubulaire, au sommet, un large anneau de suspension.
Bon état, sauf de petits éclats aux pointes, le pontet et la pommette inférieure légèrement faussés.
L. 118 mm – l. 83
5 J
60 000/80 000 €
Provenance :
- Antoine-Guillaume Rampon, puis par descendance.
- Ferri, Décoration anciennes, Drouot, Paris, 13 avril 2012, n° 89.
Deux bijoux de grand-croix de l’ordre royal de l’Union sont conservés dans des collections publiques françaises : au château de Fontainebleau,
celui attribué à Napoléon Ier le 5 avril 1810 (inv. N157) ; au musée national de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie celui du baron
de Sénégra, nommé le 12 août 1808 (inv. 03250).
Ultime étape de l’histoire chaotique du premier et ambitieux ordre national néerlandais initié en 1806 par le roi Louis de Hollande contre
l’avis de son frère Napoléon, l’ordre royal de l’Union est organisé par les statuts du 6 février 1808. Son article 4 dispose qu’il comprendra
30 grands-croix, 50 commandeurs et 400 chevaliers, non compris le roi et sa famille, ni les étrangers. L’article 7 en décrit les insignes qui
sont tous fabriqués à Paris dans les ateliers du célèbre Biennais. Son attribution prend fin le 1er juillet 1810 avec l’abdication du roi Louis et
l’annexion du royaume de Hollande à l’Empire français. Il est officiellement aboli par l’article 12 du décret instituant l’ordre de la Réunion le
18 octobre 1811. Cet article précise également que « Les grands-croix, commandeurs et chevaliers dudit ordre, feront partie, dans leurs qualités
respectives, de l’ordre impérial de la Réunion. » Dans les faits, peu de titulaires seront nommés dans l’ordre de la Réunion, ainsi du général
Rampon.
Antoine-Guillaume Rampon (1759-1842), engagé en 1775 à 16 ans comme soldat dans le régiment de Médoc, sous-lieutenant en 1792, il
participe aux premières campagnes de la Révolution où ses exploits contre les Espagnols dans les Pyrénées-Orientales lui font rapidement
gravir les échelons jusqu’au grade d’adjudant-général chef de bataillon (colonel). La campagne d’Italie fait de lui un véritable héros. Le 11
avril 1796, enfermé dans la redoute de Montelegino, dernier retranchement avant Savone, il fait prêter à ses 1.200 soldats le serment de
mourir plutôt que de se rendre, et met en déroute 15.000 Autrichiens. Pour le récompenser, Bonaparte le nomme général de brigade le 25
avril. Il participe ensuite brillamment à l’expédition d’Égypte, combat aux Pyramides et en Syrie où, après la bataille du Mont-Thabor, il est
promu général de division. Nommé sénateur en 1800 par le premier Consul, celui-ci lui décerne, à son retour en France, le 7 juin 1802, un
sabre d’honneur sur lequel est gravé « Le général en chef Bonaparte au général Rampon ; témoignage de satisfaction pour les campagnes
d’Allemagne, d’Italie et d’Égypte ». Admis à la retraite à sa demande en 1802, il est nommé grand officier de la Légion d’honneur le 14 juin
1804 et commandeur de l’ordre de Couronne de Fer le 26 février 1806.
Il conserve des commandements militaires territoriaux jusqu’à la fin de l’Empire dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la
Lys et de la Somme. Comte de l’Empire en 1808, il commande le Camp de Boulogne en 1809. Après le débarquement anglais dans l’ile de
Walcheren, il conduit à Anvers ses gardes nationaux pour les combattre. Commandant des rives de l’Escaut en avril 1809, il est décoré par
le roi Louis de Hollande de l’ordre de l’Union le 16 aout 1809 qui joint à la décoration la lettre suivante :
« Mon cher général Rampon, le peu de temps que j’ai passé avec vous, m’a convaincu de votre zèle, de vos lumières et de votre attachement
pour l’empereur et pour sa famille. Je désire que l’empereur vous permette d’accepter la grande décoration de l’ordre de l’Union. Je vous l’offre
avec une satisfaction véritable, acceptez-la avec plaisir.
Recevez l’assurance de mon estime et de ma considération.
Louis
Capelle, le 16 aout 1809. »
Mais cette nomination n’est pas acceptée par l’Empereur, et les efforts du général Rampon pour obtenir l’ordre de la Réunion en échange
demeureront vains. Pair de France et chevalier de l’ordre de Saint-Louis en juin 1814, il se rallie à l’Empereur pendant les Cent-Jours et se
voit rayé de la liste des pairs de France en juillet 1815, il y est réintégré en mars 1819. Maçon actif et influant, il est initié en 1806 par la loge
la Parfaite Union de Tournon et préside le Grand Orient de France de 1833 à 1835. La Biographie nouvelle des contemporains publiée en
1824, conclut sa notice par ces mots « Le général comte Rampon passait pour un des plus intrépides guerriers de l’ancienne armée. » Le 22
mai 1825, il reçoit le grand cordon de la Légion d’honneur à l’occasion du sacre de Charles X. Son nom est inscrit au côté sud de l’Arc de
Triomphe de l’Étoile.
Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), à l’enseigne du Singe violet, rue Saint-Honoré n°119. Le célèbre orfèvre, tabletier et ébéniste,
fournisseur attitré de l’Empereur dans de très nombreux domaines, excellait dans la fabrication des décorations. De 1806 à 1810, il fut
le fournisseur exclusif de la chancellerie des ordres hollandais. La Bibliothèque Marmottan conserve de lui un album de dessins intitulé
Recueil des ordres Français et étrangers, dans lequel figure le bijou et la plaque de grand-croix de l’ordre royal de l’Union (manuscrit n°3389).
Bibliographie :
- Archives du musée national de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie REU/12/2085.
- MOLLIER, Pierre, PINAUD, François, L’État-major maçonnique de Napoléon, À l’Orient, 2009.
- PAWLY, Ronald, Les Fastes de l’Ordre impérial de la Réunion (1811-1815), Éditions du Léopard d’or, Paris, 2021.
- SANDERS, George, Louis Napoléon Bonaparte et l’Ordre de l’Union, in Louis Napoléon, premier roi de Hollande 1806-1810, Walburg Pers,
Zutphen, 2007.
- SCHUTTE, O. De Ordre van de Unie, Walburg Pers, Zutphen, 1985.
- SIX, Georges, Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l’Empire, Saffroy, Paris 1924.
Référence :
Étudue Giquello, Drouot - salles 5-6, les 6 & 7 mars 2025