PLAQUE DE BAGAGE DU COLONEL TOREL DU 3ème RÉGIMENT DE LANCIERS, Second Empire. 26953
Plaque de forme ovale en laiton gravé « Mr TOREL COLONEL DU 3e DE LANCIERS ». H 5,4 cm, largeur 8 cm. Elle est percée de cinq trous pour la fixation au bagage.
France.
Second Empire.
Très bon état.
HISTORIQUE :
La charge du 3e régiment de lanciers
Le général Frossard donne l'ordre au 3e lanciers de se jeter le premier à la rencontre de l'assaillant, pendant que les cuirassiers appuieront la charge en arrière et à gauche. Le commandant du 2e corps transmet lui-même cet ordre au général du Preuil, qui va diriger le mouvement, en lui recommandant de pousser sa charge jusqu'à l'artillerie prussienne s'il le peut. Le capitaine d'état-major de la Pommeraye apporte au colonel Torel, du 3e lanciers, l'ordre du général Frossard. Immédiatement le régiment monte à cheval et le colonel commande : " Par demi-régiment, changement de front sur l'aile droite, au galop, marche ! "
Par suite de ce mouvement, les 3e et 5e escadrons se trouvent à la droite et les 1er et 2e à gauche. Le régiment s'ébranle : rien de plus martial et de plus coquet tout à la fois que ces schapskas en toile cirée, ces courte tuniques bleues à collet jaune et épaulettes blanches, ces longues lances à flammes blanches et rouges voltigeant de tous côtés au gré du vent.
De nombreux accidents de terrain jettent quelque désordre dans le rang pendant la marche au galop. Cependant le régiment arrive sur la crête et aperçoit enfin l'ennemi avec lequel il va se mesurer, lorsqu'un nouvel officier d'état-major vient arrêter le mouvement. Les lanciers font demi-tour, se reforment, et, sur un nouvel ordre, s'élancent de nouveau.
Au moment où ce brave régiment prend le galop de charge et passe comme un tourbillon à hauteur des réserves de droite du 55e de ligne, on entend une acclamation : " Vivent les lanciers ! " crient les fantassins. Nos cavaliers leur répondent et disparaissent dans la fumée. Ce n'est plus un tourbillon, c'est une véritable trombe de chevaux, courant, galopant à une allure vertigineuse.
Le 1er escadron (capitaine Hydien; lieutenants Cheyton, Raimond; sous-lieutenants Adrian, Laroche), et le 2e escadron (capitaines de Rasac, Brulin; lieutenants Rey, Rossi; sous-lieutenants, Pesson-Maisonneuve et Bergasse), guidés par le lieutenant-colonel Wolbert, le chef d'escadrons d'Yanville, et le capitaine adjudant-major Chelin, suivent le colonel Torel, qui se dirige droit sur l'infanterie ennemie formée en carré.
La charge est vigoureusement menée et poussée à fond aux cris mille fois répétés de : " Vive L'Empereur ! "
Les deux escadrons conservent une grande cohésion, les lances baissées, et présentent un alignement magnifique. Tout fait prévoir que rien ne résistera à cet ouragan discipliné. A soixante mètres seulement, les Prussiens font feu, mais la plupart des projectiles vont frapper les cuirassiers de la garde qui se trouvent en arrière, ce qui explique les pertes énormes que ces derniers ont subies dans cette affaire.
En revanche, l'artillerie cause plus de dommages aux lanciers. Un obus éclate entre le colonel Torel et le front du 1er escadron, en plein milieu du groupe d'officiers qui suivent de près le chef du régiment.
Au travers le nuage de fumée et de poussière soulevé par l'explosion de ce projectile, on voit plusieurs cavaliers rouler à terre avec leurs chevaux. Le capitaine-adjudant-major Chelin a été atteint à la tête, le capitaine Hydien en pleine poitrine.
Le maréchal des logis-trompette Gouvenel est blessé à l'avant-bras droit, le brigadier Paul au talon; le maréchal des logis Coupey a le pouce gauche enlevé. C'est là un noble baptême du feu pour nos lanciers, qui avancent toujours sous une grêle de projectiles ; malheureusement, comme aucun point d'attaque précis n'a été indiqué, la direction change peu à peu : on se jette à droite ; une partie du 2e escadron vient seule donner sur le coin du carré que les Allemands ont formé en voyant accourir la charge. Quelques lanciers dans cette rencontre exécutent avec succès le coup de lance à terre sur un groupe de fantassins ennemis qui se sont jetés à plat ventre pour éviter le choc. Habilement pointées, les pointes bleuâtres de nos longues lances se plantent comme des flèches dans le dos de ces Teutons et les clouent littéralement sur le sol.
Entraînés à toute vitesse, les deux premiers escadrons du 3e lanciers dépassent le carré et sont alors pris de flanc par une fusillade meurtrière qui les force à la retraite. Dans cette charge se distinguent le maréchal des logis Barian; les brigadiers Paul et Claudel; les lanciers Chaillot et Boufil. En ralliant ses hommes, le colonel Torel a son cheval tué sous lui, mais aussitôt le maréchal des logis Bouvier saute à terre et donne le sien à son chef, au risque d'être lui-même pris ou tué.
Les deux premiers escadrons du 3e lanciers ont fourni cette charge brillante avec un entrain parfait et après avoir parcouru environ huit cents mètres avant d'aborder l'ennemi.
Référence :
26953