Chouannerie - LETTRE DE JUST SAPINAUD À SON FRÈRE qui demeure chez le Baron de Suzanet à Londres, 4 mars 1796. 18913-1
« Mon cher ami, après bien des fatigues nous sommes enfin arrivés auprès de Fougère sans accident. Il est impossible de te dépeindre le bon esprit qui règne dans cette province, il n'y manque absolument que des armes et des munitions de guerre et je t'assure que avant 4 jours on aurait plus de trente mille hommes sur pied. Toutes les campagnes sont décidément royalistes et se battent presque tout les jours contre les patriotes qui ont fort grand peur d'eux. Nous avons été conduit de poste en poste jusqu'ici et nous allons repartir demain pour notre destination jusqu'à la Vendée ....
Je suis au comble de la joie d'avoir pris le parti que j'ai pris ... ».
Il invite son frère à venir le rejoindre et à inciter les jeunes à s'engager.
« ... j'attends avec grand impatience le moment où j'arriverai chez moi et une fois arrivé je t'assure que je m'occuperai bien sérieusement de trouver les moyens de te faire passer de l'argent, j'écrirai aussi à ta femme et cela sans la compromettre et je lui dépeindrai la position et sois bien sur que de manière ou d'autre je trouverai les moyens de te direr d'affaire....
L'armée de Charette* est encore de quinze mille hommes et les autres armées sont aussi en fort bon état. J'ai parlé au chevalier de Colbert qui en vient et qui y retourne avec nous ... »
« Je t'assure que je t'aime de toute mon âme, ton frère Just Sapinaud ».
Lettre adressée à « M. Sapinaud chez Mr le Baron de Suzanet, géra street n° 19 Soho, London. »
Double page 23 cm x 18.5 cm.
Bon état.
HISTORIQUE :
La Chouannerie est une guerre civile qui opposa Républicains et Royalistes dans l'ouest de la France, en Bretagne, dans le Maine, l'Anjou et la Normandie, lors de la Révolution française. Elle est étroitement liée à la guerre de Vendée qui se déroula sur la rive gauche de la Loire, au sud, tandis que la Chouannerie se déroula au nord. L'ensemble de ces deux conflits étant parfois connu sous le nom de « guerres de l'Ouest ».
Une première tentative d'insurrection fut menée dès 1791 par l'Association bretonne en vue de défendre la monarchie et de rétablir les lois et coutumes particulières de la Bretagne supprimées en 1789. Mais le soulèvement d'une partie importante de la population de l'Ouest et son basculement dans la contre-révolution est dû principalement à la constitution civile du clergé et à la levée des 300 000 hommes par la Convention.
Les premiers affrontements éclatèrent en 1792 évoluant en jacquerie paysanne, puis en guérilla et enfin en batailles rangées avant de se terminer par la victoire des Républicains en 1800. D'autres soulèvements paysans moins importants et plus brefs eurent lieu dans d'autres départements, notamment dans l'Aveyron et la Lozère, et furent également qualifiés de Chouannerie. Une petite chouannerie éclatera à nouveau en 1815 durant les Cent-Jours et un ultime soulèvement se déroulera lors de l'insurrection légitimiste de 1832.
* LE GÉNÉRAL DE CHARETTE
En mars 1793, les Vendéens se soulèvent contre la levée en masse de 300 000 hommes décidée par la Convention. Elle est considérée comme un trop lourd effort pour défendre les frontières françaises menacées par les puissances européennes. Les mesures prises par le gouvernement en place, la Convention, sont perçues comme une atteinte à leurs libertés. Après trois années de combats acharnés et d'embuscades dans les chemins creux, l'insurrection voit finalement ses derniers instants au printemps 1796.
Le général vendéen François-Athanase Charette de la Contrie a combattu à la tête d’une armée de paysans vendéens lors de grandes batailles, l'opposant à l'armée républicaine. Sa devise était « Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais ».
Le général Charette fut le dernier à affronter la répression entreprise par le régime républicain de la Terreur. À l’issue d’une traque acharnée, celui qui sera nommé « le roi de la Vendée » est capturé dans le bois de la Chabotterie le 23 mars 1796 puis fusillé à Nantes six jours plus tard. Son arrestation et son exécution marquent la fin de la Guerre de Vendée.
Référence :
18913-1