FLORILEGE 2024
Karl Benz vous invite à découvrir la troisième édition de la vente Florilège, un recueil de pièces remarquables, fruit d'une année de quête. Elle seront dispersées dans un écrin éphémère : le château de Quintin.
Samedi 29 juin 2024 à 14h
Karl Benz Commissaire-priseur
12bis Rue Hélène Boucher
22190 Plérin - France
Opérateur de ventes volontaires (OVV)
Date déclaration ou N° agrément : 163-2021
TVA intra : FR77891901183
CONTACT
Karl Benz
02 96 75 03 36
benz@karl-benz.com
https://www.karl-benz.com/fr/lot-45-9023-58_deux_anneaux_fidelite_or_formant_pair?p=7
EXPERT
Bertrand Malvaux, CNES.
Lot n° 58 (de la vente)
DEUX ANNEAUX DE FIDÉLITÉ EN OR DONNÉS À LA CAUSE ROYALE AU Vicomte D'HARDOUINEAU, Restauration.
https://www.interencheres.com/meubles-objets-art/florilege-2024-une-vente-dexception-625980/lot-77362822.html
1er anneau :
Anneau de fidélité à la cause royale donné au Vicomte d’Hardouineau.
Bague en or rose 18 carats creux, de forme chevalière, unie, avec un chaton ovale, en or un peu plus pâle, portant sur le dessus deux épées en croix, avec le cri « Vive le Roi quand même ». Le pourtour du chaton gravé « 24 MAI 1815 ». Anneau gravé à l’avant à gauche du chaton « A DIEU MON AME / MON CŒUR AUX DAMES » et à droite « MA VIE AU ROI / L’HONNEUR A MOI ». À la place correspondante au chaton, un écusson en forme de cœur « Le Vte D’Hardouineau M al de Camp » orné des initiales « L.M.T. / P.A.F. / C. » correspondant aux membres de la famille royale (Louis XVIII, Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême, Charles-Philippe, comte d’Artois, Antoine, duc d’Angoulême, Ferdinand duc de Berry, Caroline, duchesse de Berry.
Taille 73.
France.
Restauration.
Bon état de conservation, chocs et déformations, accident, chaton scellé.
2nd anneau :
Anneau de fidélité à la cause royale donné au Vicomte d’Hardouineau.
Bague en or rose 18 carats creux, de forme chevalière, unie, avec un chaton ovale, en or un peu plus pâle, portant sur le dessus deux épées en croix, avec le cri « Vive le Roi quand même ». Le pourtour du chaton gravé « YPRES 25 MARS 1815 ». Anneau gravé à l’avant à gauche du chaton « A DIEU MON AME / MON CŒUR AUX DAMES » et à droite « MA VIE AU ROI / L’HONNEUR A MOI ». L’intérieur de l’anneau gravé «d’Hardouineau» et d’un cœur orné des initiales « L.M.T.P.A.F.C. » correspondant aux membres de la famille royale (Louis XVIII, Marie-Thérèse duchesse d’Angoulême, Charles-Philippe comte d’Artois, Antoine duc d’Angoulême, Ferdinand duc de Berry, Caroline, duchesse de Berry).
Trace de poinçon d’orfèvre se terminant par un B.
Taille 64.
France.
Restauration.
Bon état usures d’usage.
Estimation : 7 500 € - 8 500 €
BIOGRAPHIE
Vicomte d’HARDOUINEAU : Aide de camp de Louis XVIII (Source : https://librairie-ancienne-clagahe.fr/livre/memoires-secrets-et-inedits-pour-servir-a-lhistoire-contemporaine-sur-lexpedition-degypte-par-m-j-michel-de-niello-sargy-sur-lexpedition-de-russie-par-le-comte-de-beauvollier-sur-lexil/ ). Antoine-Philippe d’Hardouineau a fait la campagne de 1792 dans les gardes-du-corps du roi. Fin 1795, il prit rang dans le 2nd régiment de la cavalerie noble, et fut formé à l’armée de Condé. Puis Louis XVIII fit appel au Vicomte, lors de son arrivée à l’armée de Condé. Il lui sera fidèle et l’accompagnera dans son exil. Chevalier de LH le 26 novembre 1814.
Sources base Leonor et Roglo :
Reçu Garde du Corps du Roi le 3 janvier 1800
Brigadier le 1 nov. 1815
En campagne en 1815 à Gand
• Maréchal des logis des gardes du roi, compagnie du Luxembourg
• Maréchal des Logis des Gardes du Corps du roi
• Né le 14 juillet 1788
• Baptisé le 20 juillet 1788 - Chaingy (Loiret)
• Décédé le 1er mars 1865 - Orléans (Loiret)
• Âge au décès : 76 ans
Chevalier de Saint-Louis, chevalier de la légion d'honneur et de Saint Ferdinand d'Espagne
Garde puis brigadier au Ier régiment de la garde d'honneur de l'Empereur Napoléon Ier de 1813 à 1814. Matricule N°1821
HISTORIQUE
Devant le retour inopiné de l’Empereur en France en février 1815, Louis XVIII quitte Paris pour Gand.
Les anneaux type aux deux épées
Les militaires de l’armée royale qui le suivent en Belgique reçoivent un brevet signé de la main du duc de Berry, constatant qu’ils ont fait partie de cette armée. Les officiers ont résolu de faire faire une bague portant deux épées en croix avec cette devise : “ma vie au roi, mon cœur aux dames” «Cette bague qui vient d’être exécutée renferme aussi les lettres initiales de la famille royale : L, MT, P, A, F, C. (Louis XVIII, Marie-Thérèse duchesse d’Angoulême, Louis-Philippe duc d’Orléans, Antoine duc d’Angoulême, Ferdinand duc de Berry, Charles, comte d’Artois). On y a gravé également le nom de celui pour lequel elle a été faite avec le jour et le lieu où il a passé la frontière. » Parmi les quelques exemplaires connus la devise complète est toujours “à dieu mon âme ma vie au roi, mon cœur aux dames, l’honneur à moi.”
C’est Monsieur Brechemin, bijoutier au Palais-Royal, galerie des Bons-Enfants, n° 128, qui est chargé de leur confection, il tient un registre pour prévenir toute erreur. Ces bagues ne sont faites ou remises que sur le vu du brevet.
• Une bague a appartenu à Jacques Brasseur, conducteur du train d’artillerie dans les compagnies des Gardes du Corps du Roi. Elle porte pour date sur le chaton : Gand, 17 mars 1815, l’intérieur est gravé « Brasseur Jacques conducteur d’artillerie de la Garde royal (sic) » avec un écusson portant les initiales : L, M.T, P, A, F, C, ce conducteur était probablement dans les équipages du train d’artillerie existant ainsi que leurs attelages dans les compagnies des Gardes du corps.
• Un autre exemplaire est daté du 25 mars 1815, le chaton est constitué par une petite boîte ovale à charnière servant de reliquaire ; elle porte l’inscription « Mis de Monpezat, Major officier d’État-major du Mre de la Gre », et à la hauteur du chaton, dans un écusson en forme de cœur, les lettres majuscules L. MT. P. A. F. Tout comme un autre exemplaire de mars 1815, ayant appartenu à Gérard de Contamine d’Arimont, Garde-du-corps du Roi.
Sur une bague du même modèle provenant de la famille de Valles (ou d’Hozier), le chaton forme lui aussi une petite boîte reliquaire, elle est datée à « Ypres 25 mars 1815 ».
• Un exemplaire de l’ancienne collection Thierry Marais attribué à une garde-du-corps du Roi.
• Trois autres exemplaires en collection privée.
• Un exemplaire attribué à G.M.G. Herman, sur le pourtour du chaton "GAND. 3 MAI 1815".
• Un anneau donné à Louis François Xavier Duliège d’Aunis (ou d’Arrest), chevau-léger de la Maison Militaire du Roi, décerné le 24 mai 1815 (collection privée).
• Un anneau donné à Ferdinand de Cacheleu (1784) garde du corps du Roi, à « GAND, 28 MAI 1815 ».
• Un anneau donné au chevalier de Canolle datée « Gand / mars 1815 », orné dans le fond du chaton d’une miniature de Louis XVIII.
• Deux anneaux donnés au Vicomte d’Hardouineau, aide-de-camp de Louis XVIII, Garde-du-Corps du Roi, l’un daté du 24 mai 1815, et l’autre du 25 mai 1815 à Ypres.
Les anneaux type spécifique pour la Maison du Roi
Comme l’écrit Gabriel Cottreau, en 1904 dans un article publié dans la revue La Sabretache : « La Restauration est la seule période de notre histoire où l’on ait vu des militaires porter des bagues rappelant soit leurs services dans un corps, soit leur participation à une campagne. Cet usage prit naissance dans la Maison du Roi et se répandit dans les compagnies de la Maison rouge : gendarmes, chevau-légers et mousquetaires, ainsi que dans la compagnie des grenadiers à cheval, principalement au moment où ces corps furent licenciés. »
Au licenciement de la Maison Rouge de louis XVIII, les officiers des compagnies reçurent, comme signe de ralliement, un anneau en or dont le chaton portait l’insigne distinctif de la compagnie. Ainsi les bagues des Mousquetaires étaient décorées de la croix de chaque Compagnie, avec le numéro 1 ou 2 au centre de la croix ; pour les Gendarmes, le fuseau de Jupiter était agrémenté de la devise de la compagnie “Quo jubet iratus Jupiter” ; pour les Chevau-Légers, le foudre fleurdelisé avec la devise “Sensère Gigantes” et au-dessous, la date de création de la compagnie “1593”; l’anneau pour les Grenadiers à cheval était en argent ou en vermeil avec une grenade enflammée.
Ces bagues sont rares, grâce aux prestigieuses collections Raoul et Jean Brunon, acquises par l’état en 1967, le Musée de l’Armée possède, dans ses collections, une bague des Grenadiers à Cheval (actuellement exposée au château de l’Empéri à Salon de Provence) ; un second exemplaire a été reproduit dans les premiers carnets de la Sabretache (peut-être est-ce le même exemplaire de la collection Brunon ?).
Gabriel Cottreau, dans l’article que nous avons mentionné au début de notre propos, écrit : « Il est de tradition dans notre famille paternelle, où nous eûmes un grand-oncle mousquetaire en 1814 et 1815, que, peu de jours avant de cesser leur service, les mousquetaires furent présentés par leurs chefs à la duchesse d’Angoulême pour lui faire leurs adieux. Au cours de cette audience, cette princesse, après avoir exprimé sa satisfaction de se voir au milieu de vrais chevaliers français, fit apporter des plateaux chargés de bagues en argent et les distribua aux mousquetaires. Mon grand-oncle était de la 2ème compagnie, ce qui expliquerait le métal de la bague qui est encore conservée par ses descendants. L’anneau est uni, avec un chaton en forme d’écu héraldique portant des armoiries de fantaisie dont le sens nous a toujours échappé ».
• Le lieutenant-colonel Titeux, dans son Histoire de la Maison du Roi, donne la description d’une bague ayant appartenu au comte de Baillon, en fait cet exemplaire est identique à la bague présentée dans notre catalogue mais l’intérieur de l’anneau est gravé des initiales « L.M.T.P.A.P. » plus loin « Le comte de Baillon, Mousquetaire Noir ».
• D’autres exemplaires identiques ayant appartenue aux Grenadiers à Cheval : J. Bondele (chaton en argent) et J. Galabert (chaton en vermeil), un anneau ayant appartenu à Louis Mougin Garde-du-Corps du Roi en 1822 (chaton en cuivre).
• Un exemplaire en bronze doré attribué aux grenadiers à cheval, avec chaton circulaire orné d’une grenade enflammée ceinte de la devise de ce corps “Undique Terror, Undique Letum” (partout la terreur, partout la mort), entouré de deux cartouches sur lesquels sont gravés “Honneur” et “ Fidélité”, l’intérieur orné d’une foi en relief, provenant de la famille de Canolle.
SOURCES
• Histoire de la Maison Militaire du Roi, Eugène Titeux, Paris, 1890.
• Bagues militaires de 1815 et 1824, Gabriel Cottreau, Carnets de la Sabretache, Paris, mars 1904.
• La bague en France à travers l’histoire, Maximin Deloche, Librairie de Paris, Firmin-Didot et Cie, 56 rue Jacob.
Référence :