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SABRE DE BATAILLE, signé de la Manufacture de Versailles, œuvre de Nicolas BOUTET. ATTRIBUÉE AU GRAND AMIRAL DE FRANCE, Joachim MURAT, beau-frère de NAPOLÉON, Premier Empire, (1805) vente publique : TENTATION° 2 Jeudi 30 mai 2024 - 18h Drouot - salle 9 : Giquello et associés

Vendu
TENTATION° 2
Jeudi 30 mai 2024 - 18h
Drouot - salle 9


EXPOSITION
Mardi 28 et mercredi 29 mai de 11h à 18h
et jeudi 30 mai de 11h à 16h
Téléphone pendant l’exposition + 33(0) 1 48 00 20 09


GIQUELLO
Alexandre Giquello
Violette Stcherbatcheff

5, rue La Boétie - 75008 Paris
+33 (0)1 47 42 78 01 - info@giquello.net
o.v.v. agrément
n°2002 389

CONTACT
Arthur Calcet
+33 (0)6 85 91 45 64
a.calcet@giquello.net

EXPERT
Bertrand Malvaux, CNES.

Lot n° 6 (de la vente)
SABRE DE BATAILLE, signé de la Manufacture de Versailles, œuvre de Nicolas BOUTET.
ATTRIBUÉE AU GRAND AMIRAL DE FRANCE, Joachim MURAT, beau-frère de NAPOLÉON, Premier Empire, (1805).



Monture est en acier bleui et doré.
Garde à deux blanches : une branche principale et une branche secondaire.
La branche principale est en bronze doré en forme de palmier maintenu, à sa base, par une virole en or. Au sommet, elle est reliée au pommeau par une pièce en acier bleui en forme de feuilles d’eau (près du pommeau) terminée par un chapiteau de forme ronde recouvrant la tête du palmier à bordure saillante dorée ; ce chapiteau est décoré de la tête du Dieu Mars, au casque ceint de lauriers, elle est en bronze doré rapportée.
La blanche secondaire est rattachée en partie haute de la branche principale. Elle représente une palme s’enroulant sur elle-même d’où sort une hydre à quatre têtes aux corps ondulants et lovés formant un panier ; deux ont le corps bleui tandis que celui des deux autres est doré ; leurs quatre têtes grimaçantes sont appliquées d'or ciselé. L'une crache le trident de Neptune, pointes en bas. Une autre mord la bordure supérieure du bouclier central portant en applique doré la tête d'Apollon ceint d'une large couronne de lauriers, aux cheveux longs liés sur la tête et avec deux tresses nouées sous le menton. De part et d'autre du dieu sont placés, à gauche, un rameau de laurier, symbole d'Apollon et des honneurs, et, à droite, une palme, symbole d'immortalité. Les deux rameaux sont liés par un ruban. À droite du bouclier est appliqué un dauphin dressé. L'intérieur du panier et du plateau de garde est doré en plein.
Le plateau est assemblé à la garde en panier qui est fixée au haut de la branche de garde par une épingle. Il est formé de deux coquilles dissymétriques, godronnées sur la face externe qui est bleuie et damasquinée d'un décor rayonnant en or. Le quillon incurvé est ajouré.
Le pommeau est décoré d'une rosace et de rinceaux en damasquine d'or. La fusée est en ivoire cannelé avec un filigrane simple en or. Virole inférieure est quadrilobée et damasquinée or d'un décor rayonnant dentelé.

Entre le talon de la lame et le plateau de garde est installé un couvre-chape en bronze doré ciselé.

La lame est droite et à pan creux sur la première moitié ; le dos est gravé « KLINGENTHAL ». Le court talon, gravé de croisillons avec rosettes, est doré en plein. Le pan creux est bleui et orné d'un fin décor doré dans une réserve : un trophée militaire auquel sont suspendus par un cordon, à droite, un faisceau et une hache, et à gauche, une trompette et un sabre. (Longueur : 78,4 cm - largeur : 2,4 cm).

Le fourreau est en bois recouvert de chagrin noir à gros grains, avec une couture médiane externe en rouleaux d'argent doré. Il porte cinq garnitures en or de deux couleurs (jaune et vert), très finement ciselées. Les trois quarts supérieurs de la chape sont unis tandis que la partie inférieure est finement ciselée de feuilles d'eau et tigelles alternées ; sa face externe est munie d'un crochet de suspension ciselé, pour porter la forte-épée dans un baudrier ; sa face interne est gravée « M=Fture / À VERSAILLES / ENTse BOUTET » et, en dessous, sont insculpés trois poinçons pour l'or utilisés de 1798 à 1809 :
- un grand poinçon ovale (profil gauche du coq) de 2e titre (840 0/00) pour les départements.
- un poinçon légèrement ovale de garantie (tête de vieillard) portant le numéro 88 correspondant au département de la Seine-inférieure, Rouen.
- un poinçon de maître orfèvre (Seine-inférieure), J.M dans un losange avec une étoile, en tête, et une grappe, en pointe (ci-contre).
Les deuxième et quatrième garnitures du fourreau sont identiques, à décor de rosaces entre deux bordures godronnées. La troisième garniture, à décor de feuillages, reprend la bordure inférieure de la chape. La bouterolle est entièrement décorée d'ornements végétaux et d'une chaîne à quatre maillons ovales. Elle se termine par un dard mouluré en acier poli.

Longueur totale du sabre : 93,5 cm.

France.

Premier Empire, Versailles vers 1805.

Très bon état de conservation. Une fêlure dans la hauteur et sur un côté de la fusée, et de très légers manques d'ivoire à des cannelures. Poinçons insculpés sur le revers de la chape en partie usés.


Provenance
Famille allemande des environs de Kassel jusqu’en 2006).
Collection Horst Gries, antiquaire en mobilier et objets d'art, à Schwalmstadt (Kassel), Héritiers de Horst Gries 2006-2008.
Collection privée (2008-2024).


La symbolique des décors
Tous les ornements de la monture font référence à la mythologie antique.

Le politique.
L'hydre évoque celle de Lerne tuée par Hercule. Les quatre têtes représentent sans doute la troisième coalition contre la France, conclue dès 1803 entre le Royaume-Uni, l'empire de Russie, l'archiduché d'Autriche et la Suède. Les représentations de l’hydre de Lerne varient quant au nombre de têtes.

La guerre.
Apollon était d'une force extraordinaire et d'une grande beauté, le dieu de la lumière doté de multiples qualités : pur, protecteur, vengeur, guérisseur, divinateur...
Le dieu Mars, dieu de la Guerre, était identifié à la bravoure et la jeunesse.
Le masque d'Apollon, appliqué sur le bouclier au centre de la garde, fut le motif du projet de l'insigne de la Légion d'honneur proposé, en 1803, par Mathieu Dumas avec un dessin de Jean-Baptiste Challiot, et pris en considération par le Premier Consul (WODEY Laurence : L'insigne de l'Honneur - de la Légion à l'étoile, 1802-1815, Société des amis du MNLHOC 2005, pp. 29-46, ill. p. 38).

La marine.
Le trident objet symbolique associé aux légendes des eaux. Poséidon (dieu des Mers de la mythologie grecque) possède un trident, fabriqué par les Cyclopes et symbole de sa domination des mers. Il a le pouvoir à la fois de créateur (l'eau, les chevaux), capable de préserver (il calme les flots de la mer et préserve les plantes) tout comme il est destructeur (les tremblements de terre).
Le dauphin était l'animal favori de Neptune et l'incarnation du dieu solaire Apollon, c’est le symbole par excellence du marin.

L’exotisme.
Le palmier évoque la fécondité et la longévité, voire l'éternité.


NOTES


Nicolas-Noël Boutet et la Manufacture de Versailles

La Manufacture d'armes de Versailles est une fabrique française d'armement - en particulier d'armes à feu - établie à Versailles en août 1793 et qui cesse ses activités en août 1818. Le célèbre armurier Nicolas-Noël Boutet en sera nommé « directeur-artiste » par décret du 23 août 1792, dans le cadre d'une réorganisation de la production nationale d'armement décidée par l'Assemblée Législative le 19, et en conservera l'administration sous le Directoire. Sous le Consulat et à l'époque impériale, la manufacture impériale de Versailles, qui produisait à l'origine des armes de guerre, se spécialisera dans la production d'armes de luxe, destinées surtout à la récompense d'officiers distingués » et en particulier d'armes d'honneur et des sabres d'apparat, la manufacture employant plus de 400 ouvriers.

Le 22 juillet 1792, l’Assemblée législative proclame « La Patrie en danger », et les vieilles manufactures créées en 1718 par la monarchie, ne peuvent suffire à la fabrication des mille fusils par jour décrétée le 24 août.
Le Comité de Salut Public demande des armes aux réquisitions, et, pour en fabriquer de nouvelles, « fusils, sabres, baïonnettes, au moins une pique pour chaque citoyen », il fait appel à la Nation et institue une commission des armes portatives de la République.
À Versailles, sous l’impulsion du citoyen Bénézech, qui remplit le rôle d’agent comptable, les administrateurs du District réquisitionnent les armes du temps passé, créent des ateliers de réparation, font forger des piques, des baïonnettes et des canons de fusil. La direction de l’atelier principal, que les administrateurs inaugurent dans le Grand-Commun du château de Versailles, est confiée à un homme du métier, un arquebusier, qui, de père en fils, a fourni la Maison de France, le citoyen Boutet. Cet atelier ainsi organisé devient une Manufacture nationale, dotée d’un règlement de travail quasiment militaire, le rythme de la journée de travail étant donné par le tambour et les appels et les désordres étant passibles de la maison d'arrêt.

L’appel de la Convention et le zèle des administrateurs du District, ont fondé une nouvelle industrie ; mais déjà, ce ne sont plus seulement des armes de troupe que forgent les ouvriers de Nicolas-Noël Boutet. Bijoutiers, serruriers, ciseleurs, ornent désormais les sabres que les généraux victorieux achètent. C’est au Grand-Commun que le Directoire va chercher les armes de récompense nationale. C’est là que le Premier Consul commande les armes d’honneur.

La réputation de cette manufacture est très rapidement européenne. Ce sont les armes de Versailles que les conventionnels offrent aux rois qui traitent avec eux. Boutet fournit aux vainqueurs de l’Europe, souvent à crédit, des armes d’un luxe jamais égalé. Sur la poignée de l’épée du Premier Consul, il sertit le Régent, les Guises et les Montmorenci. Il cisèle les glaives d’or de l’Empereur. La fortune de Nicolas-Noël Boutet est considérable, toutefois à la fin de l’Empire, l’Empire ne paye plus ses factures, la manufacture est en proie à d’inextricables difficultés financières. Ni la Restauration, ni les Cent-Jours n’apporteront le redressement de l’établissement.

En 1815, au lendemain de l’entrée des Prussiens à Versailles, l’hôtel de Noailles où Boutet a transféré ses ateliers, est pillé méthodiquement. La comptabilité est dispersée, les modèles volés, les outils brisés, et ce n’est pas tant à la fabrication des armes de nos soldats que le vainqueur en veut, qu’à l’art français qui là, comme ailleurs, s’est manifesté sans rival dans le monde.

La monarchie refuse de payer les dettes de l’Empire. Boutet use dans la procédure ses dernières ressources. En 1818, la concession de 1800 expire.
Boutet vécut assez longtemps pour saluer le retour des trois couleurs et put même espérer, un moment, en 1831, que la manufacture renaisse des ruines dont les alliés avaient jonché l’hôtel de Noailles. Vain espoir : le vieux directeur-artiste, joaillier des armées de la République et de l’Empire, n’a plus, dès lors, qu’à mourir ignoré.

C’est à la manufacture d’armes de Versailles qu’est confiée la fabrication des armes d'honneur, destinées à honorer des actes de bravoure individuels, les premières remises se firent en Italie pendant la campagne de 1796-1797, à l'initiative du général Bonaparte à la suite de la publication d'un ordre du jour daté de Passeriano le 11 fructidor An V. La tradition sera codifiée par un ordre du jour du 14 pluviôse An II et officiellement instituée sous le Consulat par un arrêté du 4 nivôse An VII. Après la loi du 29 floréal An X créant la Légion d'honneur, les armes d'honneur ne seront plus distribuées.
Si la manufacture fournit les armes des hommes de troupe et de la Garde des Consuls puis Impériale, elle restera connue principalement pour ses armes de luxe.
Les armes de Boutet méritent d’être classées parmi les plus belles jamais réalisées par des arquebusiers et fourbisseurs. Ne fallait-il pas au Premier Consul et à ses généraux, le luxe de la guerre dans l’arme, instrument de leur grandeur et symbole de leur gloire !
La Manufacture de Versailles est destinée à devenir une pépinière d’artistes appelés à conserver les traditions et le savoir-faire de l’arquebuserie française, comme celles de Sèvres et des Gobelins, la fabrication de la porcelaine et des tapisseries, orfèvrerie afin d’obtenir des pièces d’une immense élégance tant leurs finitions seront soignées. L’Empereur Napoléon 1er, attaché à ses armées, honorera le travail de cette Manufacture.

Une arme atypique et rare dans la production de Nicolas Boutet : Sabre de bataille avec attributs de marine

Le style de cette arme blanche et tout à fait original et unique dans la production de la Manufacture de Versailles, dirigée par son Directeur Nicolas Boutet.

Sous le Directoire, la production de Nicolas Boutet est d’une variété et d’une richesse incomparable. Toutefois la mode qui domine son art s’illustre dans ses sabres « à la turc » c’est-à-dire un sabre à lame courbe avec une monture constituée d’une croisière à double quillon inversé dit à la « Marengo » reliée à un pommeau représentant une tête de lion, par une chaînette gourmette ciselée, style introduit au retour d’Égypte et particulièrement en vogue à cette époque.
Après la bataille de Marengo, le 14 juin 1800, est commandée une série de sabres à la Manufacture de Versailles destinés à récompenser les généraux victorieux, ces sabres conservent le pommeau à tête de lion mais la croisière devient droite avec un quillon et une branche de garde.
L’auteur Michel Pétard dans son ouvrage « Des sabres et des Épées, troupes à cheval de Louis XIV à l’Empire, tome premier », Éditions du Canonnier 1999, p 171-171, figure 162 décrit ce sabre « Sabre de luxe de dignitaire se rapprochant morphologiquement du sabre à garde de bataille, cet objet fastueux, d’inspiration manifestement exotique, joue avec une grande liberté avec les thèmes orientalisants à la mode : palmier, serpents, lion, qui sont associés à la mythologie antique par la présence d’une tête de Minerve ».

Le sabre dit « de bataille à la Marengo » et celui de Marine sont d'un type surtout utilisé à partir de la fin de l'Ancien Régime jusqu'à la fin du Consulat, d’un modèle qui se situe dans son style entre le sabre et l’épée de cérémonie ou de ville. ; il était dénommé « forte-épée » ou « épée de bataille ». Dans l’état actuel de nos connaissances, ces deux sabres de bataille sont les seuls répertoriés avec ce modèle spécifique de monture, et ce sont les deux seuls, publiés à ce jour, exécutés par Boutet avec une garde en panier en acier bleui et doré, luxueusement décorée. Celui attribué au Grand Amiral, et un second ayant appartenu au prince Eugène de Beauharnais appartenant aux collections impériales du musée de l'Ermitage (Inv. 3.0.2809), de la Fédération de Russie.
Les sabres de Versailles avec garnitures en or sont de la plus grande rareté car leur production fut infime, et peu nous sont parvenus. Il est regrettable que les archives de la manufacture de Versailles aient brûlé et que les correspondances de Duroc et Berthier, relatives à des commandes passées auprès de Boutet, aient probablement disparu.



ATTRIBUTIONS

Bien que ces armes ne soient pas monogrammées ou dédicacées nominativement à leurs propriétaires, plusieurs éléments nous permettent de les attribuer.


Sabre de bataille avec attributs de marine attribué à Joachim Murat, grand amiral

Le second sabre de bataille connu, ne possède pas d’inscription particulière sur la lame, cependant les attributs de marine sur la monture (Trident, Dauphin, monstre marin) sont de précieuses indications permettant d’identifier de manière certaine la destination de cette luxueuse et impériale commande.

L’Empereur ayant lui-même choisi le sabre de bataille pour la commémoration de la bataille de Marengo, et l’ayant offert à son beau-fils, il est difficilement imaginable que le directeur de la manufacture de Versailles pu livrer un sabre presque identique pour une commande ne venant pas de Napoléon lui même.

En commandant à Boutet un second exemplaire du sabre de bataille, Napoléon envisageait certainement d'honorer un autre prince français de sa famille. En effet, selon la Constitution du 18 mai 1804, il y avait six grands dignitaires de l'Empire, avec titre de prince français, dont quatre étaient des membres de la famille de l'Empereur : ses frères Joseph et Louis, son beau-fils Eugène et son beau-frère Murat. En ayant refusé la couronne d'Italie et obligé Napoléon à la ceindre, Joseph et Louis n'étaient l'objet de faveurs particulières de l'Empereur, en février-mars 1805. Eugène étant prévu pour le sabre avec lame marquée des batailles dont « Marengo », le récipiendaire du second exemplaire du sabre impérial se devait d'être Joachim Murat. En effet, il avait été nommé prince français et Grand Amiral de l'Empire, le 1er février 1805. Les attributs de Marine sur la coquille corroborent cette attribution. Comme Murat avait participé à la Bataille de Marengo, Napoléon pouvait ainsi à la fois l'honorer dans sa nouvelle dignité et l'associer à la gloire de cette victoire.

Les deux dépenses citées pour l'année 1805 par la manufacture d’armes de Versailles sont donc la gravure sur la lame du sabre emporté en Italie et un riche sabre de Marine aux garnitures en or. Napoléon avait personnellement sélectionné, parmi les créations de Boutet, cette extraordinaire et somptueuse monture de sabre qui devenait de facto une exclusivité impériale, tout comme la monture d'épée à clavier réalisée par Martin-Guillaume Biennais. Ces deux sabres furent donc commandés par l'Empereur, sans doute simultanément, l'un réservé à son usage personnel, qu'il envisageait temporaire, et l'autre destiné à un présent de distinction honorifique.

Nicolas-Noël Boutet exécuta ainsi une seconde version du nouveau sabre de bataille où l'Empereur avait introduit deux attributs marins : le trident de Neptune et le dauphin. Ce luxueux sabre de Marine, ne pouvait qu'être destiné à Murat, beau-frère de l'Empereur et prince français, pour l'honorer dans sa nouvelle grande dignité de Grand Amiral de l'Empire (1er février 1805). Cette présomption est étayée, d'une part, par la plus grande taille du sabre de Marine (L : 93,5 cm contre 88,5 cm pour le sabre destiné au prince Eugène de Beauharnais) proche d'un autre appartenant à Murat et, d'autre part, par l'absence de sabre de Grand Amiral dans les commandes passées par Murat lui-même, alors qu'il affectionnait d'en porter l'uniforme. L'unique mention d'une arme « de Grand Amiral » se trouve parmi les commandes passées auprès de Boutet par Napoléon, mais seulement en 1813: 1813 Épée du Grand Électeur, fr. 10.000 : or, très riche ; glaive de Connétable, or, très riche, fr. 10.000 ; épée de Grand-Amiral, or, riche, f. 8000 ; douze épées de maréchaux de France (BOTTET Maurice : La Manufacture d'armes de Versailles - Boutet Directeur-Artiste, Leroy Paris 1903, p. 41-En 1813…). Il existe un luxueux sabre de marine en bronze doré à poignée de nacre et lame en damas, fourreau en écaille de tortue dont la chape est signée « Joachim Murat, prince et grand amiral au comte Lepic, 1809 », ce sabre est un cadeau du grand amiral au comte Lepic, il ne peut être confondu avec le sabre de bataille, et il est plus tardif puisque daté de 1809.

Cette épée ou petit glaive était certainement destinée à la représentation de sa grande dignité à Naples où Murat avait fondé une école navale. Il est donc exclu, sachant son goût du faste et des tenues spectaculaires, que Murat put attendre de 1805 à 1813 avant d'arborer une arme d'apparat spécifique lorsqu'il portait son costume de Grand Amiral de l'Empire. Sur le portrait de Joachim Murat représenté en uniforme de grand amiral porté au royaume de Naples, peint en 1814 par Johann Heinrich Schmidt (Reggia du Caserta), il est représenté avec un très large ceinturon en passementerie dorée portant un glaive or, il pourrait sagir de l’arme de grand amiral produit par Nicolas Boutet en 1813,

Selon l'article 34 du Sénatus-consulte organique du 28 floréal An XII (18 mai 1804) : les grandes dignités de l'Empire sont inamovibles. Durant tout le règne de Napoléon, la grande dignité de Grand Amiral de l'Empire ne fut décernée qu'une seule fois et ce fut à Joachim Murat (et la fonction de vice-grand-amiral, crée en 1807 ne fut jamais attribuée). Cette distinction étant purement honorifique, elle n'exigeait le port de son costume qu'à Paris, lors de cérémonies officielles et d'audiences solennelles.

Les trois peintures représentant Murat en uniforme d'amiral : Portrait de Joachim Murat en uniforme de Grand Amiral de l’Empire, portant le collier de la Légion d’honneur décerné au titre de prince français, copie du portrait effectué par le baron Gérard, en 1805, peint par Lefèbvre, en 1835 (château de Versailles et de Trianon MV936, en dépôt au Palais de l’Élysée de puis 2008), soit à Naples (par Antonio Raffaele Calliano, 1813, Museo Nationale di San Martino, Naples), portrait dans un uniforme de grand amiral porté dans son royaume de Naples, peint en 1814 par Johann Heinrich Schmidt (Reggia du Caserta), démontrent son profond attachement à sa grande dignité de Grand Amiral de l'Empire.

Les insignes de Grand Amiral de l'Empire devaient donc être conservés dans la capitale, sans doute au ministère de la Marine ou au palais des Tuileries, à partir d'août 1808, quand Murat n'eut plus de demeure à Paris ; ils n'avaient pas à être déplacés à Naples.

En effet, Joachim Murat eut deux luxueuses résidences parisiennes, l'hôtel Thélusson et le palais de l'Élysée, qu'il céda à l'empereur Napoléon respectivement en 1805 et en 1808. Il dut abandonner toutes ses propriétés en France, dont son château de Neuilly, ainsi que les objets d'art et de collection les meublant lorsqu'il fut nommé roi de Naples, le 15 juillet 1808 (TULARD Jean : Murat, Fayard 1999, p. 233).

Les dernières cérémonies auxquelles Murat put paraître en costume de Grand Amiral de l'Empire furent celles organisées après la naissance du roi de Rome, le 20 mars 1811, et avant son baptême, le 9 juin. En effet, Murat se trouva à Paris entre le 3 avril et le 22 mai. Il fut logé au palais du prince architrésorier, Charles-François Lebrun duc de Plaisance, dans l'ancien hôtel de Noailles de la rue Saint-Honoré. Avant son départ pour Naples, Murat écrivit à l'Empereur : Je laisserai ici mes équipages. Lorsque le moment d'agir sera arrivé, un ordre de Votre Majesté suffira pour me faire voler où elle croira que je puis la servir deux heures après l'arrivée du courrier, je serai en voiture... (MASSON André, Napoléon et sa famille, Albin Michel 1926-30, Vol. VI 1810-1811 : XXII - De la naissance au baptême).

Joachim Murat ne retourna plus à Paris après la défaite de Leipzig, en octobre 1813, et il ne revit plus l'Empereur. Depuis 1812, Marie Annonciade Caroline était complètement établie à Naples, où elle assurait la régence du royaume lorsque son mari partait en campagne : Russie, Pologne, Saxe. Lorsqu'elle dut fuir Naples, Caroline ne pouvait plus retourner en France, et elle perdit tous ses biens dans ces deux pays. C'est en Autriche, où elle était captive, qu'elle apprit l'exécution de Murat à Pizzo, le 13 octobre 1815.

Après la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815, la France et Paris furent occupées par près d'un million de soldats des troupes coalisées. Wellington avait installé son quartier général à Neuilly dans le château Saint-James, le 4 juillet 1815. Le 7 juillet, les troupes prussiennes étaient dans Paris. La quatrième division du général Zieten occupa la Concorde, les Tuileries et le Louvre. Les troupes du feld-maréchal Von Blücher investirent aussi Versailles. Tout le matériel de fabrication de la manufacture d'armes de Versailles et toutes les armes fabriquées furent transportés en Prusse. Le traité de Paris ne fut signé que le 20 novembre 1815 et il imposait à la France une indemnité de guerre de 700 millions de francs. Il est donc vraisemblable que le sabre de Grand Amiral de l'Empire fit partie du butin pris par les Prussiens, lors du considérable pillage de Paris, ce qui expliquerait sa réapparition en Allemagne, près de Kassel. A

Plusieurs armes de Joachim, principalement de la période de son règne à Naples, avaient été déposées en prêt au musée de l'Armée de Paris par la famille Murat, avec des souvenirs provenant des 3ème et 4ème princes Murat. La totalité de ces reliques historiques fut vendue par le 8ème prince Murat, S.A.R. Monseigneur Joachim Louis Napoléon, à la fondation japonaise Fuji, en février 1990. Ainsi, aucune arme de très grand luxe de Joachim Murat, provenant directement de sa famille, ne subsiste désormais dans les musées français. Le musée de l'Armée à Paris conserve un sabre (Inv. 2717 PO ; J PO 2717) attribué à Joachim-Napoléon roi de Naples, provenant de la célèbre collection Georges Pauilhac, qui corrobore l'appartenance du sabre de Marine à Murat. En effet, il s'agit encore d'un sabre de type « forte-épée », extrêmement rare sous le Premier Empire et apparemment unique dans la production de la manufacture de Naples. Aussi, il est d'une longueur (99 cm) supérieure à celle du sabre impérial dit « de Marengo ».


La dignité de Grand Amiral de France

La dignité d’amiral de France (aussi nommée grand amiral de France) est l‘équivalent pour les marins du titre de maréchal de France pour l’armée de terre. Ce n’est pas un grade mais un titre honorifique récompensant des services militaires exceptionnels pour les amiraux de la Marine.
Ce titre reste d’actualité de nos jours, même si aucun militaire ne la porte.

Elle a été créée en 1270 par Louis IX, lors de la huitième croisade. Si sur le papier le grand amiral de France est le chef de la marine royale, il n'a en réalité qu'un pouvoir restreint, à la surveillance des côtes, des navires marchands, l’organisation des corsaires et de l’entretien de la flotte royale et du commerce maritime.
Cette charge a aussi un pouvoir d’ordre juridique, tout comme les constables et maréchaux, ce qui lui donne un aspect lucratif avec la perception des amendes, confiscations, les droits d’épave, d’ancrage de naufrage, une partie des prises de guerre etc…
La plupart des grands amiraux ne sont pas des marins, ils sont issus de la famille ou des proches du pouvoir.
L'amirauté de France est supprimée par le cardinal de Richelieu en 1627, et concentre ainsi l'ensemble du pouvoir naval sous le titre de grand-maître de la navigation. Louis XIV rétablit l'office par l'édit du 12 novembre 1669.
Cette dignité est réservée à la famille royale.
Le premier titulaire en est le fils légitimé du roi et de sa maîtresse Madame de La Vallière : Louis de Bourbon, comte de Vermandois (âgé de 2 ans).
En 1683, son demi-frère, fils légitimé du roi et de Madame de Montespan, Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, prend la charge à la mort de demi-frère (âgé de 5 ans).
Après la mort du comte de Toulouse en 1737, c’est son fils de 12 ans, Louis de Bourbon, duc de Penthièvre, qui est nommé amiral de France jusqu’à la suppression de celle-ci, le 15 mai 1791.

Après avoir été supprimé sous la Révolution française le 22 avril 1791 par le décretAssemblée constitu, la dignité est rétablie par décret impérial du 13 pluviôse an XIII (2 février 1805), dignité prévue au titre V de la Constitution du 18 mai 1804 créant six grandes dignités de l’Empire.

Les grands dignitaires sont nommés à vie par l'Empereur, ils sont inamovibles, ils jouissent des mêmes honneurs que les princes français, ils sont de droit sénateurs et conseillers d’État et jouissent d'une pension confortable. Ils forment le grand conseil de l’Empereur et sont membres du conseil privé. Un décret impérial du 31 mars 1806 portant statut de la famille impériale dispose que, outre l'archichancelier de l’Empire qui en est membre de droit.
Ces dignités restent essentiellement des titres honorifiques bien que certaines fonctions leur soient attachées par la constitution.


Un titre essentiellement « familial »

Sur les six dignités instituée en 1805, deux sont accordées aux anciens Consuls, les quatre autres sont données à des membres de la famille impériale reprenant la pratique royale de l’Ancienne Monarchie :
— l'archichancelier de l’Empire : Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (il est Deuxième consul après le coup d'État du 18 Brumaire).
— l’archichancelier d’État : Eugène de Beauharnais (Fils adoptif de l'Empereur -beau-fils- ; il est le fils de Joséphine et de son premier mari Alexandre de Beauharnais)
— l'architrésorier : Charles-François Lebrun (il est Troisième consul après le coup d'État du 18 Brumaire).
— le grand électeur : Joseph Bonaparte (frère de l'Empereur).
— le connétable : Louis Bonaparte (frère de l'Empereur).
— le grand amiral : Joachim Murat (beau-frère de l'Empereur, époux de Caroline)

Sept dignités supplémentaires sont créées en 1807 puis en 1809 confirmeront cette tradition, deux seront sans attribution, une réservéeà , un ancien Consul, deux à des proches de l’Empereur et deux à des membres de sa famille :
— vice-connétable : Louis-Alexandre Berthier
— vice-grand-électeur : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
— vice-grand-amiral : titre jamais attribué.
— gouverneur général des départements au-delà des Alpes : Camille Borghese (beau-frère de l'Empereur, époux de Pauline).
— gouverneur général des départements de Hollande : Charles-François Lebrun (il est Troisième consul après le coup d'État du 18 Brumaire).
— grande-duchesse de Toscane : Elisa Bonaparte (sœur de l’Empereur)
— gouverneur général des départements de Rome et du Trasimène : dignité créée à cette date mais personne n'y fut nommé.
Joachim Murat sera le seul titulaire du titre de grand amiral de 1805 jusqu’à 1814.
Son successeur sous la première et la seconde Restauration sera Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême de 1814 à 1830, c’est le fils du comte d’Artois (frère de Louis XVI, Roi de France sous le nom de Charles X).


Joachim Murat Grand Amiral

l’Empereur confie la dignité de grand amiral au maréchal Joachim Murat, il l’annonce au Sénat le 12 pluviôse an XIII (1er février 1805). Cette fonction n donne aucun rôle sur la direction de la flotte française. Le grand amiral se contente de présenter les amiraux, vice-amiraux, contre-amiraux et capitaines de vaisseau au serment qu’ils prêtent à l’Empereur ; il reçoit le serment des capitaines de frégate et des membres du Conseil des prises. Il préside la cour martiale qui doit juger un amiral, vice-amiral ou contre-amiral. Il est présent à la réunion annuelle lors de laquelle le ministre de la Marine rend compte à l’Empereur de l’état des constructions navales, des arsenaux et des approvisionnements.

« SÉNATEURS,
Nous avons nommé grand amiral de l'Empire notre beau-frère le maréchal Murat. Nous avons voulu non seulement reconnoître les services qu'il a rendus à la patrie, et l'attachement particulier qu'il a montré à notre personne dans toutes les circon tances de sa vie, mais rendre aussi ce qui est dû à l'éclat et à la dignité de notre couronne, en élevant au rang de Prince une personne qui nous est de si près attachée par les liens du sang.
Au Palais des Tuileries, le 12 pluviose an 13. Signé NAPOLÉON.

Par l'Empereur, Le secrétaire d'état, signé H.-B. MARET. »

Joachim Murat (Labastide-Fortunière, 25 mars 1767 Pizzo, 13 octobre 1815) fut nommé gouverneur militaire de Paris, le 15 janvier 1804, puis maréchal d'Empire, le 19 mai. Il porta la couronne de l'impératrice lors de la cérémonie du sacre, le 2 décembre 1804, à Notre-Dame de Paris. Par décret du 1er février 1805, il reçut le titre de prince français, comme membre de la famille impériale, et la dignité de Grand Amiral de l'Empire. Le 2 février 1805, il fut élevé à la dignité de Grand Aigle de la Légion d'honneur. L'Empereur le fit grand-duc de Berg et de Clèves, le 15 mars 1806, puis le nomma roi de Naples, par décret du 15 juillet 1808, sous le nom de Joachim-Napoléon Ier.

La fonction de Grand Amiral de l'Empire était essentiellement honorifique ; Murat l'avait très bien compris et il respecta scrupuleusement cette règle. Il se contentait de recevoir les officiers de marine dans son beau palais de l'Élysée, avec beaucoup de faste et de bienveillance grâce à la dotation annuelle de 333.000 francs (TULARD Jean : Murat, Fayard 1999, p. 127).

Toutefois, il présidait la cour martiale qui jugeait les officiers de la Marine ; il assistait le ministre de la Marine dans le travail qu'il exposait annuellement à l'Empereur ; il présentait les officiers généraux et supérieurs au serment qu'ils devaient prêter entre les mains de l'Empereur ; il recevait lui-même le serment des membres du Conseil des prises et des capitaines de frégate ; il signait les brevets des officiers de l'armée navale et ceux des marins pensionnaires de l'état ; il recevait et présentait à l'Empereur les comptes annuels de la Caisse des invalides de la Marine. Devenu souverain, grand-duc de Berg puis roi de Naples, Murat conserva le titre de Grand Amiral de l'Empire avec tous les honneurs et avantages qui y étaient attachés. Ses armoiries successives conservèrent une ancre de marine double, emblème de sa grande dignité.

Le blason de Murat comme prince français et grand-duc de Berg et de Clèves présentant les insignes des trois dignités décernées par l'Empereur : Maréchal d'Empire, Grand Aigle de la Légion d'honneur et Grand Amiral de l'Empire. Dans les grandes armes de Joachim-Napoléon Ier, roi de Naples, sur le tout, se trouve toujours le blason attribué à Murat comme prince français et Grand Amiral de l'Empire, avec l'ancre à quadruple crochet et le jas en bâton d'amiral.

Sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII - 18 mai 1804

Article 7.
- A défaut d'héritier naturel et légitime et d'héritier adoptif de Napoléon Bonaparte ;
- A défaut d'héritiers naturels et légitimes de Joseph Bonaparte et de ses descendants mâles ;
- De Louis Bonaparte et de ses descendants mâles ;
- Un sénatus-consulte organique, proposé au Sénat par les titulaires des grandes dignités de l'Empire, et soumis à l'acceptation du peuple, nomme l'Empereur, et règle dans sa famille l'ordre de l'hérédité, de mâle en måle, à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance.

Article 19.
- l’Empereur désigne le régent parmi les princes français, avant l'âge exigé par l'article précédent et à leur défaut, parmi les titulaires des grandes dignités de l'Empire.

Article 21.
- Si, l'Empereur n'ayant pas désigné le régent, aucun des princes français n'est âgé de vingt-cinq ans accomplis, le Sénat élit le régent parmi les titulaires des grandes dignités de l'Empire.

Titre V-

Des grandes dignités de l'Empire

Article 32.
- Les grandes dignités de l'Empire sont celles,
- De grand-électeur,
- D'archichancelier de l'Empire,
- D'archichancelier d'Etat,
- D'architrésorier,
- De connétable.
- De grand-amiral.

Article 33.
- Les titulaires des grandes dignités de l'Empire sont nommés par l'Empereur.
- Ils jouissent des mêmes honneurs que les princes français, et prennent rang immédiatement après eux.
- L'époque de leur réception détermine le rang qu'ils occupent respectivement.

Article 34.
- Les grandes dignités de l'Empire sont inamovibles. +

Article 35.
- Les titulaires des grandes dignités de l'Empire sont sénateurs et conseillers d'Etat.

Article 36.
- Ils forment le grand conseil de l'Empereur ;
- Ils sont membres du conseil privé ; Ils composent le grand conseil de la Légion d'honneur.

Article 37.
- Le Sénat et le Conseil d'Etat sont présidés par l'Empereur.
- Lorsque l'Empereur ne préside pas le Sénat ou le Conseil d'Etat, il désigne celui des titulaires des grandes dignités de l'Empire qui doit présider.

Article 44.
- Le grand-amiral est présent au travail annu el dans lequel le ministre de la marine rend compte à l'Empereur, de l'état des constructions navales, des arsenaux et des approvisionnements.
- Il reçoit annuellement et présente à l'Empereur les comptes de la caisse des invalides de la marine.
- Lorsqu'un amiral, vice-amiral ou contre- amiral commandant en chef une armée navale, est prévenu d'un délit spécifié au code pénal maritime, le grand-amiral peut présider la cour martiale qui doit juger.
- Il présente les amiraux, les vice-amiraux, les contre-amiraux et les capitaines de vaisseau, au serment qu'ils prêtent entre les mains de l'Empereur.
- Il reçoit le serment des membres du conseil des prises et des capitaines de frégate.
- Il présente les amiraux, les vice-amiraux, les contre-amiraux, les capitaines de vaisseau et de frégate, et les membres du conseil des prises, lorsqu'ils sont admis à l'audience de l'Empereur.
- Il signe les brevets des officiers de l'armée navale et ceux des marins pensionnaires de L'Etat.

Article 45.
- Chaque titulaire des grandes dignités de l'Empire préside un collège électoral de département.
- [...]
- Le collège électoral séant à Marseille est présidé par le grand-amiral.

Article 47.
- Un statut de l'Empereur règle les fonctions des titulaires des grandes dignités de l'Empire auprès de l'Empereur, et détermine leur costume dans les grandes cérémonies. Les successeurs de l'Empereur ne peuvent déroger à ce statut que par un sénatus- consulte.

Article 56.
Les titulaires des grandes dignités de l'Empire, les ministres et le secrétaire d'Etat, les grands officiers, les membres du Sénat, du Conseil d'Etat, du Corps législatif, du Tribunat, des collèges électoraux et des assemblées de canton, prêtent serment en ces termes :
-"Je jure obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur."
- Les fonctionnaires publics civils et judiciaires, et les officiers et les soldats de l'armée de terre et de mer, prêtent le même serment.

Titre XIII - De la Haute Cour impériale

Article 101.
- Une Haute Cour impériale connaît,
-1° Des délits personnels commis par des membres de la famille impériale, par des titulaires des grandes dignités de l'Empire, par des ministres et par le secrétaire d'Etat, par de grands officiers, par des sénateurs, par des conseillers d'Etat ; [...]

Article 103.
- Elle est présidée par L'archichancelier de l'Empire.
- S’il est malade, absent ou légitimement empêché, elle est présidée par un autre titulaire d'une grande dignité de l'Empire.

Article 104.
- La Haute Cour impériale est composée des princes, des titulaires des grandes dignités et grands officiers de l'Empire, du grand-juge ministre de la Justice, de soixante sénateurs, des six présidents des sections du Conseil d'Etat, de quatorze conseillers d'Etat et de vingt membres de la Cour de cassation. [...]

Les grands amiraux sous la Révolution et l'Empire

Il n'est pas possible d'attribuer cette arme à un grand amiral autre que le Prince Murat pour les raisons suivantes :

Les décrets des 22 avril et 1er mai 1791 sanctionnés le 15 mai 1791 indiquent que le corps de la marine française entretenu par l’État sera composé de trois amiraux et que la charge d’amiral de France est supprimée.

Le décret du 15 mai 1791 indique que les officiers généraux de la marine seront divisés en trois grades : les amiraux, les vice-amiraux et les contre-amiraux ; le décret du 20 mai 1791 précise que le grade d’amiral correspondra à celui de maréchal de France. Trois amiraux sont nommés à la suite de ces décrets en janvier 1792 : le comte d’Estaing (1729-1794), le comte du Chaffault de Besné (1708-1794) et le duc d’Orléans dit Philippe Égalité (1747-1793). Tous les trois sont condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire, l'amiral du Chaffault meurt en prison, les deux autres sont guillotinés.

Le décret du 25 octobre 1795 sur l’organisation de la marine militaire précise que le titre d’amiral sera temporaire et sera conféré aux officiers généraux de la marine chargés du commandement des armées navales composées de quinze vaisseaux et au-dessus et seulement pendant la durée de la campagne.
Le vice-amiral Bruix (1759-1805) est nommé amiral commandant l’armée navale le 2 mars 1801, embarqué à Brest sur le Foudroyant le 28 mars, il en est débarqué pour cause de maladie le 15 juin 1802. Il est de nouveau nommé amiral commandant la flottille nationale le 15 juillet 1803 puis inspecteur des côtes de l’Océan le 6 juillet 1804.
Le vice-amiral Ganteaume (1755-1818) est nommé amiral commandant l’armée navale de l’Océan du 2 juin 1804 au 11 janvier 1806. Il est de nouveau nommé amiral commandant l’armée navale de la Méditerranée du 29 janvier 1808 au 8 juin 1810. Son sabre est connu, passé en vente publique en Grande Bretagne chez Sotheby's à la fin du XX° siècle il est actuellement dans une collection privée européenne.
Le vice-amiral Morard de Galles (1741-1809) est nommé amiral commandant l’expédition d’Irlande du 26 novembre 1796 au 14 janvier 1797.
Le vice-amiral Rosily-Mesros (1748-1832) est nommé amiral commandant la flotte combinée de France et d’Espagne réunie à Cadix le 23 septembre 1805 jusqu’au 14 juin 1808. Il reprend ensuite ses fonctions de directeur du dépôt des cartes et plans de la marine où il avait été nommé en août 1795.
Le vice-amiral Truguet (1752-1839) est nommé le 25 juin 1801 amiral de la Méditerranée commandant l’armée navale réunie à Cadix pour aller porter secours à l’armée d’Égypte. La capitulation de Menou en août 1801 annule le projet. Il est de nouveau nommé le 2 mars 1804 amiral commandant l’armée navale réunie à Brest puis tombe en disgrâce à la proclamation de l’Empire auquel il était hostile.

Il faut attendre l'ordonnance du 13 août 1830 qui établit de façon permanente trois places d'amiraux en précisant que le grade d'amiral sera assimilé en tout point à celui de maréchal de France.


Sabre de bataille, dit « de Marengo » de l’Empereur Napoléon Bonaparte, offert au prince Eugène de Beauhanais, archichancelier d’État

La forte-épée de l’Empereur Napoléon Bonaparte offerte à Eugène de Beauharnais diffère de l’exemplaire attribué à Joachim Murat que par de légères variantes dans les décors.
La composition de la monture est identique, seuls les symboles changent, les têtes de reptiles aquatiques sont remplacées par des têtes de dragons et de lion crachant des flammes, le trident est remplacé par une hache, le Dauphin fait place à un rameau de chêne.
Les deux fusées sont en ivoire, sur l’exemplaire d’Eugène de Beauharnais le filigrane or est double et tressé.
La lame qui porte en lettres cursives d'or, sur le pan creux droit : Sabre que portait l'Empereur à la bataille de Lodi, 21 Flor. [éal] An IV ; de Castiglione 18 Termid.[or] ; d'Arcole 25, 26, 27 Brum.[aire] An V ; et sur le pan creux gauche : de Rivoli 27 Brum.[aire] An V ; Au passage de Tagliamento 26 Pluv.[iôse] ; à la Bataille de Marengo 26 Prair.[ial] An VIII
Les garnitures en or sur le fourreau du sabre de Marine présentent de minimes variantes avec celles du fourreau dit de « Marengo ».
La chape est munie de deux pitons pour anneaux latéraux de suspension (les anneaux sont manquants), et avec un crochet légèrement plus petit ; la bouterolle et le dard, de forme identique, ont un décor légèrement différent, elle est légèrement plus courte sur cet exemplaire, avec dard en acier à moulure perlée.

L’inscription de la lame permet d’identifier l’origine de cette forte-épée, comme étant celle commandée par l’Empereur pour la commémoration de la bataille de Marengo.

Napoléon Ier, sacré Empereur des Français le 2 décembre 1804, accepta d'être roi d'Italie, le 5 février 1805, après le refus de ses frères Joseph et Louis d'en accepter la couronne. Un décret du 17 mars 1805 entérina la décision et la date du sacre à Milan fut arrêtée pour le 23 mai, mais elle dut être reportée au 26 mai.

Le Grand Maréchal du Palais, Géraud-Christophe-Michel Duroc (1772-1813), transmit au maréchal Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), dans une lettre (collection privée) du 25 pluviôse An XIII (14 février 1805), la demande explicite de l'Empereur d'emporter un sabre précis dans ses bagages pour Milan. À défaut de ce sabre, un autre devait être réalisé dans les plus brefs délais, car le départ pour l'Italie était prévu le 31 mars. Le sabre du futur roi d'Italie devait porter le nom de ses principales victoires durant la campagne d'Italie de 1796. Duroc écrivit ainsi à Berthier : « Monsieur le Maréchal, l'Empereur désire avoir avant le voyage qu'il se propose de faire le sabre qu'il portait à la 1ère campagne d'Italie, et si, comme il est probable, ce sabre n'existe plus, je vous prie de donner les ordres nécessaires pour en procurer un autre, dans le plus bref délai qu'il sera possible. Il faudra faire inscrire sur la lame et sur le fourreau "Batailles de Lodi, Rivoli, Castiglione, Arcole". Je vous prie de me faire connaître les ordres que vous aurez donnés pour l'exécution de cette commission, et combien de jours il faudra pour la remplir... ».

Le maréchal Berthier était ministre de la Guerre et chef d'état-major de la Grande Armée dont le Grand Quartier Général impérial comprenait un service de la « Maison de l'Empereur ». En cette qualité, il était habilité à passer la commande du sabre à Nicolas-Noël Boutet, directeur-artiste de la manufacture d'armes de Versailles et le plus prestigieux armurier et fourbisseur de son temps.

Comme à l'ordinaire, des projets furent immédiatement soumis à l'approbation de l'Empereur qui retint un type particulier de sabre, avec un modèle de monture insolite. Aux quatre victoires initialement déterminées, Napoléon fit ajouter celles de Tagliamento et de Marengo en 1800.

Ce sabre fut donc réalisé conformément aux exigences de Napoléon et dans les délais imposés par son départ en Italie. Toutefois, le type de sabre choisi par l'Empereur ne pouvait recevoir l'inscription prévue seulement sur la lame qui porte en lettres cursives d'or, sur le pan creux droit : Sabre que portait l'Empereur à la bataille de Lodi, 21 Flor. [éal] An IV ; de Castiglione 18 Termid.[or] ; d'Arcole 25, 26, 27 Brum.[aire] An V ; et sur le pan creux gauche : de Rivoli 27 Brum.[aire] An V ; Au passage de Tagliamento 26 Pluv.[iôse] ; à la Bataille de Marengo 26 Prair.[ial] An VIII.
Dans son ouvrage sur Nicolas-Noël Boutet et la manufacture de Versailles, le capitaine Maurice Bottet reprit la liste des armes commandées par l'Empereur, d'après le folio 10 de l'annuaire des travaux : An XIII - Sur la lame de l'épée de bataille, gravé en or rasé, toutes ses batailles jusqu'à cette époque, fr. 240 ; un sabre or ciselé riche, marine (BOTTET Maurice : La Manufacture d'armes de Versailles - Boutet Directeur-Artiste, Leroy Paris 1903, p. 41 et 53 n° V – Annuaire de l’An XIII…).

Duroc participa à la première campagne d'Italie de 1796-1797 et fut l'aide de camp du jeune général Bonaparte. Il avait certainement de bonnes raisons d'être convaincu, selon sa lettre au maréchal Berthier, que le sabre demandé par Napoléon n'avait pas été gardé. En effet, une tradition militaire voulait qu'un commandant en chef honore de son sabre l'officier général qui était l'artisan d'une victoire difficile et glorieuse. Ce don spontané était une marque d'estime et un honneur suprême faisant forte impression, et Bonaparte usa de ce geste généreux.

Ainsi Napoléon commanda à Boutet une luxueuse œuvre d'art, commémorative de victoires passées, dans laquelle il introduisait une forte dimension politique : prendre possession du royaume d'Italie en portant le glaive vainqueur et libérateur.

Napoléon intervint dans la conception et la réalisation du sabre qu'il voulait emporter pour son voyage en Italie et porter lors des cérémonies à l'occasion de son couronnement à Milan, dont la reconstitution de la bataille de Marengo, organisée pour le 14 juin 1805. Il est vraisemblable qu'en le commandant à Boutet, Napoléon anticipait de le donner à son beau-fils qu'il nommera vice-roi d'Italie, avant de l'adopter et en faire son héritier présomptif, pour l'assurer et convaincre tout ennemi potentiel du soutien indéfectible du bras armé et victorieux de la France.

La bataille de Marengo se déroula dans le Piémont, le 14 juin 1800. Elle opposa l'armée impériale autrichienne, occupant le Nord de l'Italie, aux troupes françaises commandées par le général Bonaparte, Premier Consul de la République. Après environ douze heures de combats difficiles et alors que les Français battaient en retraite, l'arrivée de la cavalerie de Desaix renversa la situation critique en mettant finalement les Impériaux en déroute. Cette victoire remportée in extremis mettait fin à la Campagne d'Italie de 1800.

Voulant s'imposer à la tête du triumvirat consulaire, Bonaparte utilisa cette victoire pour monter une vaste campagne de propagande, se présentant comme le sauveur de la Patrie et de la République. Les rapports officiels de la bataille furent très enjolivés et romancés, pour glorifier Bonaparte. Le mythe du héros devait être forgé.

En février-mars 1803, le commissaire des guerres Jean Rivaud fit parvenir au Ministère de l'Intérieur son projet pour l'édification ex nihilo de la Napoléone ou la Ville des Victoires, érigée sur le site même de la bataille de Marengo pour célébrer et immortaliser les hauts faits du Premier Consul (Buclon Romain, 1803. Entre République et Empire, la ville des Victoires de Marengo, in Inter-Lignes, 2011, n°7, pp. 97-116, http://www.academia.edu/3293628/1803. Entre R%C3%A9publique et Empire La Ville des Victoires de Marengo). Ce projet utopique témoigne de l'enthousiasme sans borne de la France pour Bonaparte qui pourra ainsi transformer le Consulat en Empire.

En 1804, le maréchal d'Empire Berthier publia la « Relation de la bataille de Marengo, gagnée le 25 prairial an 8 par Napoléon Bonaparte, Premier Consul » (Paris, impr. Impériale, An XIV-1805) dans laquelle il travestit des épisodes, notamment en qualifiant la retraite désordonnée des Français de repli stratégique. Napoléon y est magnifié.

L'Empereur tenait absolument à ce que cette victoire, dont il s'était approprié toute la gloire, ne fût jamais oubliée. Il voulut donc qu'après son couronnement à Milan, le 26 mai 1805, une célébration de la bataille fût organisée in situ le jour anniversaire de sa victoire, le 14 juin. La relation de cette journée figure dans une monographie illustrée, publiée en 1854, s'appuyant le récit de témoins oculaires (Anonyme, Marengo et ses monuments, Paris 1854, chapitre XVI, pp. 40-41).

En 1805, Napoléon, un an après son avènement à l'empire, vint en Italie pour ceindre la couronne de fer. En passant par Turin, il eut la pensée de s'arrêter à Marengo ; il s'y trouva précisément le 14 juin, jour anniversaire de la victoire, et voulut se donner le spectacle du simulacre de cette bataille à laquelle, pour ainsi dire, il devait l'empire. De tous les points de l'Italie, il fit venir des troupes à Marengo, et le 14 juin 1805, il s'y rendit lui-même d'Alexandrie. Joséphine l'accompagnait. Un trône, entouré de drapeaux et d'aigles impériales, attendait Leurs Majestés. Napoléon y conduit l'Impératrice. Puis il revêtit l'uniforme et le chapeau qu'il avait portés, cinq années auparavant, jour pour jour, et qu'il conserva toute sa vie en mémoire des grands événements qui avaient suivi cette journée. Il descendit ensuite de son trône, monta à cheval, et commanda en personne les évolutions des troupes, qui simulèrent, dans tous ses détails et avec toutes ses péripéties, la bataille de Marengo. Après les manœuvres, Napoléon remonta auprès de l'Impératrice, et distribua aux plus braves soldats de l'armée des croix de la Légion d'honneur.

À l'endroit même qu'occupait le trône impérial s'élève aujourd'hui cette petite colline d'où l'œil domine toute la plaine de Marengo, et d'où l'on aperçoit tour à tour le tombeau de Napoléon, le buste de Desaix, la chapelle des braves, le carrefour du Fontanone, le palais, la cité des Victoires...

Les monuments mentionnés dans le dernier paragraphe de cet extrait furent érigés à partir de 1845 par un fervent admirateur de Bonaparte, Giovanni Antonio Delavo, et furent inaugurés le 14 juin 1847.

Couronné roi d'Italie, à Milan le 26 mai 1805, Napoléon ne pouvait participer à une commémoration de la bataille de Marengo qui ne fut grandiose et parfaitement organisée. Il fallait donc faire venir de nombreuses troupes sur les lieux, instruire les officiers des diverses manœuvres à effectuer, procéder à la sortie des aigles de drapeaux, concevoir la tente impériale et se procurer le mobilier approprié, requérir la présence des légionnaires à décorer, fournir des insignes de la Légion d'honneur, etc. Mais le plus délicat à gérer était certainement la participation de l'Empereur à la reconstitution de la bataille. La célébration du 14 juin 1805 nécessitait donc une longue organisation et devait très certainement avoir été planifiée dès le mois de février, lorsque Napoléon fit ajouter « Marengo » sur le sabre commandé à Boutet. Il anticipait de le porter lors de la reconstitution de la bataille. Ainsi le sabre complétait l'uniforme et le chapeau portés à Marengo en 1800, prévus dans les bagages pour le voyage du couronnement en Italie.

L'impératrice Joséphine assista à cette célébration et vit Napoléon caracoler dans sa tenue de général du Consulat arborant ce sabre. C'est pourquoi elle put candidement écrire à son fils Eugène, pour souligner l'importance du présent, « c'est le sabre que portait l'Empereur à la bataille de Marengo ».

Eugène Rose de Beauharnais (Paris, 3 septembre 1781 Munich, 21 février 1824) avait été nommé prince français et archichancelier d'État, le 1er février 1805, grand-aigle de la Légion d'honneur, le 2 février, et vice-roi d'Italie, le 7 juin. Il fut adopté par l'Empereur, le 12 janvier 1806, et il épousa Augusta-Amélie de Bavière, le 14 janvier. Il fut décrété héritier présomptif de la couronne d'Italie à défaut d'héritiers directs de Napoléon, le 16 février 1806, et nommé prince de Venise, le 20 décembre 1807.

Le couple impérial fut de retour à Fontainebleau du voyage du couronnement en Italie, le 12 juillet 1805. L'impératrice Joséphine, par une lettre du 25 février 1806, informait son fils Eugène que l'Empereur, son père, lui remettait le sabre de l'une de ses grandes victoires, en « don de la Gloire et de l'Amitié » (Lettre transcrite dans : Les Beauharnois et l’Empereur - lettres de l’impératrice Joséphine et de la reine Hortense au prince Eugène, préface de Jean Hanoteau, Paris 1936, pp.28-29) :

« Sois bien sûr, mon cher Eugène, que je ne cesse de m'occuper de toi ; tu en trouveras la preuve dans le précieux envoi que je charge Lavalette de te faire parvenir : c'est le sabre que portait l'Empereur à la bataille de Marengo ; il est consacré par une grande victoire, et je désire qu'en servant ton courage, il paraisse un jour n'avoir pas changé de main. L'Empereur a mis dans ce présent une grâce charmante. Comme ce sabre est très beau, j'en cherchais un plus modeste, mais l'Empereur a bien voulu me dire qu'il n'y avait rien de trop beau pour son fils ; je suis sûre, du moins, qu'il n'y a pas de trésor au monde qui put flatter ton cœur autant que celui-là, car c'est le don de la Gloire et de l'Amitié. Adieu, mon cher fils, je t'embrasse tendrement. Joséphine ».

En réalité ce « sabre que portait l'Empereur à la bataille de Marengo », est le sabre que l’Empereur portait à la commémoration de la bataille de Marengo.
Le sabre fut apporté en Italie et remis par Antoine-Marie Chamans, comte de Lavalette, directeur général des Postes (1804-1815) et du « cabinet noir » de l'Empereur (organe du renseignement impérial) ; il était aussi neveu de Napoléon par son mariage avec Émilie de Beauharnais et donc cousin par alliance d'Eugène.

Ce précieux cadeau n'était pas seulement une marque d'affection de père à fils, mais aussi l'assurance ostensible de l'indéfectible soutien de l'Empereur au vice-roi et commandant en chef de l'armée française d'Italie. Eugène conserva pieusement ce sabre qui se trouve aujourd'hui dans les collections impériales du musée de l'Ermitage (Inv. 3.0.2809) à Saint-Pétersbourg avec les autres armes, uniformes, équipements, et souvenirs personnel du prince Eugène, par suite du mariage en 1839 de son second fils Maximilien (1817-1852), 3e duc de Leuchtenberg, avec Maria Nikolaïevna (1819-1876), fille aînée de l'empereur Nicolas Ier de Russie.
Il est reproduit dans les catalogues de deux expositions :
- Catalogue de l’exposition 2003 : Paris - St. Pétersbourg 1800-1830, Moscou Inters 2003, p. 166, n° 171.
- Catalogue de l’exposition 2009 : Napoleon : Feldherr, Kaiser und Genie, Schallaburg 2009, p. 238 n° III.10.

« SÉNATEURS,
Nous avons nommé notre beau-fils Eugêne Beau-harnois archi-chancelier d'état de l'Empire. De tous les actes de notre pouvoir, il n'en est aucun qui soit plus doux à notre cœur.
Elevé par nos soins et sous nos yeux, depuis son enfance, il s'est rendu digne d'imiter, et, avec l'aide de Dieu, de surpasser un jour les exemples et les leçons que nous lui avons donnés.
Quoique jeune encore, nous le considérons dès aujourd'hui, par l'expérience que nous en avons faite dans les plus grandes circonstances, comme un des soutiens de notre trône, et un des plus habiles défenseurs de la patrie.
Au milieu des sollicitudes et des amertumes inséparables du haut rang où nous sommes placés, notre cœur a eu besoin de trouver des affections douces dans la tendresse et la constante amitié de cet enfant de notre adoption ; consolation nécessaire sans doute à tous les hommes, mais plus éminemment à nous, dont tous les instans sont dévoués aux affaires des peuples.

Au Palais des Tuileries, le 12 pluviose an 13.

Signé NAPOLÉON.

Par l'Empereur,
Le secrétaire d'état, signé H.-B. MARET. »





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parfait état de conservation ou exempt de restauration. Les dimensions
et poids des oeuvres sont donnés à titre indicatif. Une exposition ayant
permis un examen préalable des pièces décrites au catalogue, il ne
sera admis aucune réclamation concernant l’état de celles-ci, une fois
l’adjudication prononcée et l’objet remis. Sur demande, un rapport de
condition pourra être fourni pour les lots dont l’estimation est supérieure
à 1 000 €. Les estimations sont fournies à titre purement indicatif. Les
mentions concernant la provenance et/ou l’origine du bien sont fournies
sur indication du vendeur et ne sauraient entraîner la responsabilité de
l’OVV Giquello et associés.

ORDRES D’ACHAT
Tout enchérisseur qui souhaite faire une offre d’achat ou enchérir par
téléphone peut envoyer sa demande par courrier, par mail ou par fax, à
l’O.V.V. Giquello et associés, accompagnée de ses coordonnées bancaires
et postales. Les enchères par téléphone sont un service gracieux rendu
aux clients qui ne peuvent se déplacer. L’O.V.V. Giquello et associés
et ses employés ne pourront être tenus responsables en cas d’erreur
éventuelle ou de problème de liaison téléphonique. Lorsque deux ordres
d’achat sont identiques, la priorité revient au premier ordre reçu. En cas
d’adjudication, le prix à payer sera le prix marteau ainsi que les frais, aux
conditions en vigueur au moment de la vente.
VENTES AUX ENCHÈRES EN LIGNE
Une possibilité d’enchères en ligne est proposée. Elles sont effectuées
sur le site internet www.drouot.com, qui constitue une plateforme
technique permettant de participer à distance par voie électronique
aux ventes aux enchères publiques ayant lieu dans des salles de ventes.
Le partenaire contractuel des utilisateurs du service Drouot.com est la
société Auctionspress. L’utilisateur souhaitant participer à une vente aux
enchères en ligne via la plateforme Drouot Live doit prendre connaissance
et accepter, sans réserve, les conditions d’utilisation de cette plateforme
(consultables sur www.drouot.com), qui sont indépendantes et s’ajoutent
aux présentes conditions générales de vente.

ADJUDICATAIRE
I/L’adjudicataire sera le plus offrant et dernier enchérisseur pourvu que
l’enchère soit égale ou supérieure au prix de réserve éventuel. Dans
l’hypothèse où un prix de réserve aurait été stipulé par le vendeur, l’O.V.V.
Giquello et associés se réserve le droit de porter des enchères pour le
compte du vendeur jusqu’au dernier palier d’enchère avant celle-ci, soit
en portant des enchères successives, soit en portant des enchères en
réponse à d’autres enchérisseurs. En revanche le vendeur ne sera pas
admis à porter lui-même des enchères directement ou par mandataire.
Le coup de marteau matérialisera la fin des enchères et le prononcé du
mot « adjugé » ou tout autre équivalent entraînera la formation du contrat
de vente entre le vendeur et le dernier enchérisseur retenu. En cas de
double enchère reconnue effective par le commissaire-priseur, le lot
sera immédiatement remis en vente, toute personne intéressée pouvant
concourir à la deuxième mise en adjudication. Dès l’adjudication,
les objets sont placés sous l’entière responsabilité de l’acquéreur. Il
appartiendra à l’adjudicataire de faire assurer le lot dès l’adjudication. Il
ne pourra tenir l’O.V.V. Giquello et associés, responsable en cas de perte,
de vol ou de dégradation de son lot.
II/TVA -Régime de la marge- biens non marqués par un symbole :
A/Tous les biens non marqués seront vendus sous le régime de la marge
et le prix d’adjudication ne sera pas majoré de la TVA. La commission
d’achat sera majorée d’un montant tenant lieu de TVA (20 % sauf pour les
livres 5.5%) inclus dans la marge. Cette TVA fait partie de la commission
d’achat et ne sera pas mentionnée séparément sur nos documents.
III/Lots en provenance hors UE sous le régime de l’admission temporaire :
(indiqués par un Ѳ sur le catalogue et/ou annoncés en début de vente).
Aux commissions et taxes indiquées ci-dessus au début des conditions
de ventes, il convient d’ajouter des frais additionnels de 5,5 % H.T. au
prix d’adjudication ou de 20 % H.T. pour les bijoux et montres, les vins et
spiritueux, les multiples et les automobiles, frais additionnels majorés de
la TVA actuellement 20% (5.5% pour les livres).
IV /Conditions de remboursement des frais additionnels et de la TVA (cf :
7e Directive TVA applicable au 01.01.1995)
A/ Si le lot est exporté vers un État tiers à l'Union Européenne Les
frais additionnels ainsi que la TVA sur les commissions et sur les frais
additionnels, peuvent être rétrocédés à l’adjudicataire non résident de
l’Union Européenne sur présentation des justificatifs d’exportation
hors UE pour autant qu’il ait fait parvenir à la sarl Giquello et associés
l’exemplaire n°3 du document douanier d’exportation et que cette
exportation soit intervenue dans un délai de deux mois à compter de la
date de la vente aux enchères (passé ce délai, aucun remboursement ne
sera possible). Giquello et associés sarl devra figurer comme expéditeur
dudit document douanier.
B/ Si le lot est livré dans un État de l’UE La TVA sur les commissions
et sur les frais additionnels peut être rétrocédée à l’adjudicataire de
l’Union Européenne justifiant d’un n° de TVA Intracommunautaire et
d’un document prouvant la livraison dans son état membre sous réserve
de la fourniture de justificatifs du transport de France vers un autre état
membre, dans un délai d’un mois à compter de la date de la vente (passé
ce délai, aucun remboursement ne sera possible).

PAIEMENT
L’adjudicataire a l’obligation de payer comptant et de remettre ses nom
et adresse. Le paiement du lot aura lieu au comptant, pour l’intégralité
du prix, des frais et taxes, même en cas de nécessité d’obtention
d’une licence d’exportation. En application des règles de TRACFIN,
le règlement ne pourra pas venir d’un tiers. En cas de paiement par
chèque non certifié, la délivrance des objets pourra être différée jusqu’à
la garantie de l’encaissement de celui-ci. Un délai de plusieurs semaines
peut être nécessaire. Les acquéreurs ne pourront prendre livraison de
leurs achats qu’après un règlement bancaire. Les chèques tirés sur
une banque étrangère ne seront autorisés qu’après accord préalable de
la Société de Vente. Pour cela il est conseillé aux acheteurs d’obtenir,
avant la vente, une lettre accréditive de leur banque pour une valeur
avoisinant leur intention d’achat, qu’ils transmettront à la Société de
Ventes. Paiement en espèces conformément au décret n°2010-662 du
16 juin 2010 pris pour l'application de l'article L.112-6 du code monétaire
et financier, relatif à l'interdiction du paiement en espèces de certaines
créances. Les bordereaux acquéreurs sont payables à réception. A défaut
de règlement sous 30 jours, l’O.V.V. Giquello et associés pourra exiger de
plein droit et sans relance préalable, le versement d’une indemnité de 40
euros pour frais de recouvrement (Art L 441-3 et Art L 441-6 du Code du
Commerce).

A DÉFAUT DE PAIEMENT
Conformément aux dispositions de l’article L. 321-14 du Code de
Commerce, à défaut de paiement par l’adjudicataire, après mise en
demeure restée infructueuse, le bien sera remis en vente à la demande
du vendeur sur folle enchère de l’adjudicataire défaillant ; si le vendeur
ne formule pas sa demande dans un délai d’un mois à compter de
l’adjudication, il nous donne tout mandat pour agir en son nom et pour
son compte à l’effet, à notre choix, soit de poursuivre l’acheteur en
annulation de la vente trois mois après la vente, soit de le poursuivre en
exécution et paiement de ladite vente, en lui demandant en sus et dans
les deux hypothèses tous dommages et intérêts, frais et autres sommes
qui nous paraitraient souhaitables.

BIENS CULTURELS
L’état français dispose d’un droit de préemption sur les oeuvres d’art
ou les documents privés mis en vente publique. L’exercice de ce droit
intervient immédiatement après le coup de marteau, le représentant
de l’État manifestant alors la volonté de ce dernier de se substituer au
dernier enchérisseur, et devant confirmer la préemption dans les 15 jours.
La société Giquello et associés n’assume aucune responsabilité des
conditions de la préemption par l’État français. L’exportation de certains
biens culturels est soumise à ‘obtention d’un certificat de libre circulation
pour un bien culturel. Les délais d’obtention du dit certificat ne pourront
en aucun cas justifier un différé du règlement. L’O.V.V. Giquello et associés
et/ou le Vendeur ne sauraient en aucun cas être tenus responsables en
cas de refus dudit certificat par les autorités.
Référence : vente publique : TENTATION° 2 Jeudi 30 mai 2024 - 18h Drouot - salle 9 : Giquello et associés
Certificat
Prochaine mise à jour vendredi 22 novembre à 13H30
POUR TOUT ACHAT, PAIEMENT EN PLUSIEURS CHÈQUES POSSIBLE

bertrand.malvaux@wanadoo.fr 06 07 75 74 63

FRAIS DE PORT
Les frais de port ne sont calculés qu'une seule fois par commande pour un ou plusieurs objets, les envois sont tous recommandés, car c'est le seul moyen d'avoir une preuve de l'envoi et de la réception. Pour les colis dont la valeur ne peut être assurée par la Poste, les envois sont confiés à la société DHL ou Fedex avec valeur réelle assurée, le service est de qualité mais le coût est plus élevé.


DROIT DE RETOUR
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AUTHENTICITÉ
La sélection des objets proposés sur ce site me permet de garantir l'authenticité de chacune des pièces qui y sont décrites, tous les objets proposés sont garantis d'époque et authentiques, sauf avis contraire ou restriction dans la description.
Un certificat d'authenticité de l'objet reprenant la description publiée sur le site, l'époque, le prix de vente, accompagné d'une ou plusieurs photographies en couleurs est communiqué automatiquement pour tout objet dont le prix est supérieur à 130 euros. En dessous de ce prix chaque certificat est facturé 5 euros.
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