DOLMAN DE LA CONTRE-GUÉRILLA FRANÇAISE, Campagne du Mexique, vers 1862-1865, Second Empire. 29070
Entièrement en drap garance, fermant droit à l'avant au moyen de 18 boutons demi-grelot en étain frappés des Armes du Mexique. L'avant est garni de 18 tresses en poils de chèvre noirs garnies de trois boutons chacune. Les coutures et les fausses poches sont garnies d'un galon en poils de chèvre noirs passepoilé de chaque côté. À l'avant du dolman sont cousues des chamarrures en grosses soutaches noires s'enroulant sur elles-mêmes de chaque côté, en haut et en bas. Bords du dolman encadrés d'un galon noir. Collet en drap de l'uniforme galonné noir.
Parements en drap garance bordés d'un galon en poils de chèvre noirs formant pointe. Au niveau des parements, arrière de manche ouverte sur une hauteur de 15 cm, avec de part et d'autre de huit boutons en métal argenté petit module s'attachant grâce à la soutache intérieure. Chaque manche est garnie de quatre soutaches noires cousues sur toute la hauteur en forme de noeud hongrois. Arrière du dolman garni de deux galons noirs et très richement décoré de soutaches et de chamarrures dites "papillons". Doublure intérieure en toile noire. Ceinture de taille intérieure en cuir brun.
France.
Campagne du Mexique, vers 1862-1865, Second Empire.
Mauvais état, nombreux accidents et manques aux galons, aux soutaches et aux tresses, manque une partie de la doublure, boutons manquants, trous et léchures de mites avec réparations.
NOTE :
Au Mexique comme autrefois en Espagne, dès l'arrivée des Français, des guérillas ou bandes de partisans s'étaient levées sur tous les points du territoire.
HISTORIQUE :
Campagne du Mexique
Du Pin n'est pas homme à s'apitoyer sur son sort alors que la France se lance dans une expédition au Mexique. Usant de ses relations, il obtient, sur décision ministérielle du 15 août 1862, d'être rappelé à l'activité et détaché auprès du général Almonte, chargé de l'organisation de l'armée impériale mexicaine ; le 25 août, il s'embarque à Cherbourg. Désœuvré du fait du total désintérêt que porte ce général à l'organisation de l'armée, Du Pin fait le siège de ses camarades qui composent l'état-major du général Forey, commandant en chef du corps expéditionnaire, à Orizaba.
Au même moment, la guérilla prend corps et le corps expéditionnaire tient difficilement le terrain entre la côte et le point clé de la route de Mexico que représente Puebla ; une contre-guérilla, d'origine privée et de recrutement international, s'organise et parvient à assurer la sécurité extérieure du port de Veracruz. Ses succès militaires sont pourtant inexploitables par manque de coordination entre son chef, le suisse Charles de Stoëcklin et les officiers français responsables de la région. Cette situation conduit le général Forey à rechercher un officier français capable de développer, d'unifier et de coordonner les différentes contre-guérillas existantes dans le cadre du dispositif de sûreté des approvisionnements du corps expéditionnaire.
Le général Forey est séduit par la personnalité et l'efficacité du colonel Du Pin et lui confie le commandement de la contre-guérilla dans les Terres chaudes (Tierra caliente), zone comprise entre la Soledad (es) à l'Ouest et Veracruz à l'Est avec mission de « poursuivre à outrance les bandits des Terres chaudes et purger le pays ». Le 20 février 1863, Du Pin rejoint son quartier-général à Medellin (es) et prend le commandement de sa troupe, unité semi-régulière comprenant une centaine d'hommes de onze nationalités différentes, équipés et payés par l'armée française. Il la réorganise totalement en faisant passer l'effectif à 650 hommes, ce qui lui permet d'opérer avec deux colonnes mixtes de 250 hommes chacune, tout en assurant la sûreté de son cantonnement.
Cette nouvelle organisation tactique permet à la contre-guérilla, initialement cantonnée dans un rôle de couverture de Veracruz face au Sud, de prendre une part active à la sécurité des convois dans les Terres chaudes. En mars 1863, partant de Medellin avec un escadron mixte, Du Pin parvient à surprendre le centre de guérilla de Tlaliscoya à 80 kilomètres de sa base, après deux jours de marche. Après la destruction de la compagnie Danjou à Camerone le 30 avril 1863, Du Pin tient garnison à la Soledad et relève le régiment étranger dans une partie de sa mission. Implanté dans la zone la plus exposée aux raids des guérillas coordonnés par le colonel Milán et de la garde nationale de Jalapa du colonel Camacho, il parvient même, en juin 1863, à occuper temporairement Huatusco, une des bases des guérillas. Le 28 juin 1863, ses hommes mettent en déroute les troupes mexicaines ayant participé à l’assaut de Camerone et Du Pin est considéré par la Légion comme le « vengeur de Camerone ».
Contre-guérilla - Expédition de Vera Cruz 1864
En décembre 1863 et malgré quelques coups d'éclat comme l'attaque du convoi du colonel Ferrerer, les guérillas mexicaines sont obligées d'abandonner aux troupes françaises ou mexicaines alliées les Terres chaudes de Veracruz. Auréolé de ces premiers succès, Du Pin est nommé, le 6 avril 1864, gouverneur de Tampico et de la province côtière du Tamaulipas. Le 11 avril, il sort de la ville pour affronter les brigades des généraux Pavon et Carvajal, lesquelles fortes de 1 200 hommes mènent le siège de Temapache (es) tenu par le colonel Llorente et ses 300 mexicains alliés de la France. Bien que faible numériquement, la colonne de contre-guérilla par son arrivée pousse Pavon et Carvajal à lever le siège et à se retrancher dans le village de San Antonio. Le 18 avril, Du Pin déloge par un assaut frontal les mexicains et disperse par la force les deux brigades. Ce succès lui vaut d'être cité par le général Bazaine pour sa belle attitude au combat de San Antonio.
La région sud du Tamaulipas pacifiée, Du Pin peut achever la réorganisation de sa contre-guérilla dont il parvient à porter l'effectif à 1 000 hommes et plus de 500 irréguliers. Les troupes de Juarez qui craignent sa redoutable efficacité en surnomment les hommes Los diablos colorados (les diables colorés) en raison de la couleur rouge des dolmans des cavaliers du 1er escadron ou Los camiceros colorados (les bouchers colorés).
Deux mois plus tard, Du Pin monte une nouvelle opération contre les guérillas à l'ouest et au nord de Tampico. Il écrase les guérillas du général Casado et du lieutenant-colonel Perez, ainsi que les débris de la brigade Pavon aux ordres du colonel Mascarenas au cours de deux engagements aux Planteadores le 7 juillet 1864 et à Tantima le 30 juillet. En août, celles du Nord subissent le même sort si bien qu'en quatre mois, il parvient à soumettre et à contrôler un territoire de plus de 10 000 kilomètres carrés avec moins de 1 500 hommes grâce à la légèreté de ses colonnes de plus en plus aguerries.
Pour s'éviter la garde de trop nombreux points permanents, Du Pin complète l'organisation de son unité par le recrutement, ou l'organisation, d'unités mexicaines placées sous son commandement, en marge de sa propre contre-guérilla, auxquelles il confie la garde de ses garnisons successives et dont il emmène les meilleurs éléments dans certaines opérations. Ainsi à Tampico en mai 1864, il confie au colonel mexicain Prieto une contre-guérilla locale forte de deux escadrons et de deux compagnies de 123 hommes chacune.
Au grand dam des généraux, il ne dépend que du commandant en chef qui lui a donné carte blanche. S'estimant libre de son action, il rétablit les circuits économiques et contrôle la route commerciale de la partie centrale du Tamaulipas, ce qui gêne considérablement les affaires illicites de certaines sociétés bordelaises, comme des livraisons de poudres et de capsules de fusils. Une première campagne dans la presse française, conduite à partir de l'été 1864 à l'instigation de sociétés de commerce relayant des accusations déjà portées par la presse mexicaine met en cause son action. Localement maître du terrain, jamais inspecté par aucune autorité pendant tout son temps de commandement à Tampico, Du Pin se laisse aller à son penchant naturel pour l'autonomie, ce qui lui attire des jalousies dans le corps expéditionnaire français.
Contre-guérilleros français - Mexique 1865-1867
Il emploie dans sa troupe comme auxiliaires de nombreux Indiens chargés du « nettoyage » et les exactions de son escadron provoquent l’indignation tant des Mexicains que des Français. Certains de ses hommes sont enterrés vivants, la tête seule dépassant, les Mexicains faisant charger leur cavalerie sur eux. Sa bande de soldats-brigands qui lui sont tout dévoués et lui-même avec sa grande barbe, son uniforme mexicano-hongrois éclatant et bizarre et son pistolet dans la ceinture, sont bientôt connus de toute l'armée, et ses colonnes infernales, redoutées des libéraux. Sur les territoires qu'il contrôle, il signe les décrets « gouverneur Charles Du Pin ».
Ses méthodes sont expéditives. Il multiplie les coups de main, exécute les prisonniers, brûle les villages soupçonnés de connivence avec les juaristes, élimine les civils suspects. Il ne fait pas de quartier et les actes de cruauté ne le rebutent pas. Sa tête est mise à prix pour 100 000 francs, en vain. Dans le même temps, il écrit de tendres lettres à sa nièce qui aurait voulu l'épouser si seulement ses parents y avaient consenti, et il dira lui-même « J'ai fait une guerre atroce ». Mis en cause par l'empereur Maximilien, et par ses pairs, au choix le « monstre des Terres chaudes », le « diable rouge », la « hyène de Tamaulipas » ou encore « le tigre des tropiques », est renvoyé en France en avril 1865, et remplacé un temps par le capitaine Ney d'Elchingen. Il est alors commandeur de la Légion d'honneur depuis le 26 décembre 1864.
Une enquête le lave des accusations de détournements de fonds portées contre lui et il revient au Mexique en janvier 1866. Le général Bazaine refuse cette fois de céder à Maximilien, furieux de son retour, et déclare à l'intéressé « Je serais trop heureux d'avoir beaucoup d'officiers de votre trempe ». Mais le conflit entre l'empereur du Mexique et le colonel fait grand bruit, et met en évidence les conditions pénibles et les moyens discutables de l'intervention. Du Pin finit par être remplacé, définitivement cette fois, à la tête de la contre-guérilla par De Galliffet qui ne change pas de méthode.
Mis en disponibilité le 25 mars 1867, il est nommé en récompense, le 16 août suivant, chef d'état-major de la division de cavalerie du 4e corps, puis, le 27 août, chef d'état-major de la 10e division militaire, à Montpellier (Hérault). Usé par ses campagnes et les excès de toutes sortes, il décède avant ses cinquante-quatre ans, célibataire et dans le dénuement, d'une méningite le 3 octobre 1868 à l'Hôtel-Dieu Saint-Éloi de la ville.
Le général Du Barail, dans Mes Souvenirs, le compare à un « condotiere », c'est-à-dire à un chef de troupes mercenaires. Écrivain, photographe, savant, mondain et guerrier, une vie privée tumultueuse l'a empêché d'accéder aux plus hautes fonctions militaires.
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