SHAKO D'OFFICIER DE HUSSARDS, modèle d'essai type 1872 en usage au 8ème régiment, Troisième République. 27180
Carcasse cylindrique en carton (et non en cuir) gainé d'un manchon en drap garance. Calotte et bourdalou en cuir verni noir. Large bourdalou, H 3,5 cm, en un seul morceau et non deux. Galon tissé « cul de dé » (plus souvent tissé lézard) en passementerie d'argent rayé en son centre, H 3,5 cm (en 1874 il sera réduit à 2,8 cm). Cocarde métallique tricolore fixée au fût au moyen d'un bouton demi-sphérique en métal doré et d'une ganse en passementerie d'argent mélangé. À l'avant du shako, noeud hongrois en tresse d'argent. De chaque côté du fût en partie haute, un aérateur en laiton laqué garance est fixé et en partie basse une tête de lion en laiton doré destinée à attacher la mentonnière. À l'arrière en haut, une troisième tête de lion en laiton doré. Visière en cuir ciré noir doublée de cuir vert et bordée d'un jonc de laiton doré. Coiffe intérieure composée d'un bandeau en cuir verni noir avec coiffe en soie violette. Jugulaire gourmette composée de soixante-dix-neuf anneaux entrelacés en laiton doré, montés sur une mentonnière en cuir doublé de drap garance. Pompon demi-sphérique en bois recouvert de fils d'argent, diamètre 3,5 cm.
H du shako à l'avant 11 cm, à l'arrière 12 cm.
France.
Troisième République.
Très bon état, oxydation d'usage des passementeries, coiffe intérieure portée avec accidents et quelques manques.
HISTORIQUE par Louis Delpérier :
Au début de la Troisième république est adopté en 1872 une nouvelle forme de shako cylindrique, rompant ainsi avec la tradition des shakos tronconique. L'introduction d'un premier modèle, mis à l'essai aux 12e Chasseurs et 8e Hussards, est portée à la connaissance du public par L'Avenir Militaire du 17 mai 1872. D'une hauteur moyenne de 115 mm par devant, il est recouvert de drap garance avec galon supérieur noir (chasseur) ou blanc (hussard). Cor de chasse en cuivre ou nœud hongrois en laine blanche sur le bandeau. Plumet droit de 120 mm, rouge (Chasseurs) ou blanc (Hussards) avec plumes noires à la base. La jugulaire gourmette est celle de l'ancien talpack, la visière cerclée de cuivre, celle de l'ancien czapska des lanciers : ces précisions situent bien l'origine de ces accessoires présents sur le futur modèle 1874. Le même journal apprend dès le 2 octobre qu'on a arrêté la fabrication de ce schako, d'une silhouette jugée ridicule, ce que le général de Cissey confirme à la Chambre le 16 juillet 1873. A cette date, c'est donc le képi qui tient lieu de coiffure d'ordonnance à titre quasi général.
« Lors de la séance du 16 juillet 1873, le général de Cissey révèle l'existence d'un autre modèle, également à l'essai aux 12e Chasseurs et 8e Hussards, et dont ignore tout: on a fait un premier modèle qui a été tourné en ridicule par les petits journaux (Ah! Ah!) et quoiqu'il ait été reconnu très commode, on l'a abandonné (nouvelles exclamations). Pardon, messieurs, quand il s'agit de dépenses de l'Etat, les choses sont sérieuses (Oui ! Parlez !). Deux régiments seulement sont pourvus de cette coiffure ; ils l'usent. On m'en a proposé une autre. J'ai autorisé qu'on admit en service cette coiffure dans deux régiments seulement, et c'est ce qui fait qu'il y a deux modèles de coiffures en ce moment. En province, les régiments n'en ont qu'un, la casquette. Dans le dessin du nœud hongrois, la boucle centrale de tradition est le plus souvent remplacée par deux boucles sur le modèle 1872 ».
C'est à St-Germain puis Fontainebleau que les cavaliers du 8e Hussards dotés du schako modèle 1872 voient leur tournure jugée par le public. Il eût sans doute suffi que le manchon soit de couleur bleu de ciel pour que le schako connaisse davantage de succès. L'engouement pour les coiffures tronconiques finit d'ailleurs par se reporter sur les coiffures cylindriques une quinzaine d'années plus tard comme le montre l'évolution du képi.
Le 24 janvier 1874 le deuxième modèle de shako, celui-là tronconique est adopté il perdurera jusqu'à la première guerre mondiale.
NOTE :
Selon Louis Delpérier dans l'ouvrage «LA CAVALERIE LÉGÈRE DE 1845 À 1915» tome second page 62 illustration n° 915, édition du Canonnier 2007 « Le schako d'essai du type 1872 est encore plus rare dans sa version destinée aux officiers, la plupart d'entre eux n'ayant pas pris le risque de l'acquérir. "Des officiers de Hussards nous prient de dire si le schako sera conservé ou abandonné" (L'Avenir Militaire, 17 juillet 1872). Le 16 juillet 1873, le député Margaine interpelle le général de Cissey qui a pourtant cédé son portefeuille au général du Barail à cette date: "l'autre jour à la revue, vous avez vu défiler nos hussards. Les hommes avaient tous des schakos, les officiers n'en avaient pas. Si la tenue était réellement appréciée par la troupe, il y a longtemps que les officiers l'auraient prise", ce à quoi l'ancien Ministre répond: "quand mon successeur aura trouvé un modèle de coiffure convenable, il en fera donner à tout le monde" ».
Référence :
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