KÉPI D'UN SOUS-OFFICIER DU 16ème BATAILLON DE CHASSEURS À PIED de Toulouse, Second Empire, vers 1860-1870. 27482
Képi de forme identique aux modèles de l'infanterie, mais en drap bleu foncé à passepoils et numéro de corps en drap découpé jonquille, calotte avec noeud hongrois en tresse jonquille. Jugulaire en cuir tenue par deux petits boutons en étain estampés du cor de chasse. Visière rigide de forme carrée en cuir verni noir, doublée d'une basane en maroquin ciré vert sur le dessous, avec bordure extérieure garnie d'un jonc en cuir plié et cousu à cheval sur la bordure extérieure. Coiffe intérieure composée d'un bandeau en cuir verni noir et d'une coiffe en toile fine bordeaux.
France.
Second Empire.
Coiffe portée en très bon état.
HISTORIQUE :
Le 16e Bataillon de chasseurs à pied a été formé à Grenoble le 15 janvier 1854 et son commandement confié au Chef de Bataillon Esmieux.
Du 16 octobre 1855 au 5 juillet 1856, il participe à la campagne de Crimée, tristement célèbre pour les conditions sanitaires déplorables qui furent le lot quotidien du corps expéditionnaire. Charles Ardant du Picq, 2éme chef de corps, décrit sans fard ces tristes conditions dans son livre "Études sur le combat".
Rentré en France, le bataillon prend ses quartiers à Toulouse où il restera jusqu'en 1860.
Le 5 août 1860, embarque à Marseille pour Beyrouth afin de participer à l'expédition de Syrie montée par la France avec d'autres nations européennes. Cette expédition, que l'on qualifierait aujourd'hui d'humanitaire, vise essentiellement à calmer les esprits après les massacres de chrétiens perpétrés par les Druzes dans le mont Liban.
La mission du bataillon consistant, notamment, à protéger les fouilles autour de Djebail puis de Saïda en Syrie, ils en rapporteront le surnom de "16e bataillon de piocheurs".
De retour de Syrie, il reprend ses cantonnements à Toulouse, puis entame un long périple qui le conduit à Vincennes (1861), Paris (1863), Strasbourg (1866) et enfin Besançon (1870), d'où il partira pour la guerre de 1870.
Le 19 juillet 1870, le bataillon appartient à la 2ème division d'infanterie du 1er corps d'armée de l'armée du Rhin. Immédiatement engagé sur la frontière allemande, il se distingue notamment à Wissembourg puis Niederbronn-les-Bains, à quelques kilomètres de sa garnison actuelle, lors de la bataille de Froeschwiller-Woerth.
Après un repli à Châlons, le 2er corps d'armée se dirige vers la frontière des Ardennes où va se livrer la terrible bataille de Sedan qui conduira à la capitulation de Napoléon III. Une partie du bataillon sera assiégé à Bitche.
Comme le reste de l'armée vaincue à Sedan, le 16e part alors en captivité en Allemagne.
A Paris, dès l'annonce de la capitulation des révoltes éclatent, l'empire est déchu et la république est proclamée. Les nouvelles autorités tentent de poursuivre tant bien que mal la lutte, Ainsi le dépôt du 16e à Besançon, reçoit l'ordre de mettre sur pied quatre compagnies provisoires qui constitueront le 16e de marche.
Ce nouveau bataillon rejoint l'armée de la Loire et se bat admirablement à Orléans, puis Beaugency et enfin près du Mans.
Toutefois, le 29 janvier 1871, l'armistice est signée, la guerre se termine par une cuisante défaite : perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, indemnité de guerre de cinq milliards de francs or, isolement diplomatique total.
L'armée impériale, mal entrainée, mal équipée mais aussi bien mal commandée n'a guère tenu plus de trois semaines et celle de la République, quelques mois.
Au mois d'avril 1871, les cadres et chasseurs de l'ancien bataillon reviennent de captivité : comme leurs frères d'arme de l'ancienne armée du Rhin, ils sont aussitôt engagés par la toute jeune 3éme République pour mettre un terme aux mouvements révolutionnaires qui ont éclaté dans les grandes villes. Le 16e participe à la répression des troubles de la Guillotière (quartier de Lyon situé sur la rive gauche du Rhône) jusqu'en juin.
Durant l'été 1871, les différents détachements du 16e (bataillon de marche, prisonniers rentrés de captivité et compagnies de dépôt) sont regroupés au camp de Sathonay et fusionnent pour constituer un nouveau 16e BCP. L'amalgame se termine le 15 septembre, date où le bataillon reçoit ordre de tenir garnison dans Lyon.
Pendant les années d'après-guerre, dans une atmosphère générale toute imprégnée de patriotisme et de militarisme, "L'esprit de revanche", le bataillon va alors connaître une intense période de formation et d'entrainement. Il va aussi régulièrement changer de garnison et se rapprocher de "la ligne bleue des Vosges" chère à Jules Ferry : Clermont-Ferrand (1876-1876), Embrun dans les Hautes-Alpes (1876-1877), Lille et enfin Labry (Meurthe et Moselle), (1913).
Pendant la première guerre mondiale, le 16eBCP à l'instar des autres bataillons de chasseurs et de ses frères d'armes fantassins, va être de toutes les batailles de cet affrontement gigantesque qui va saigner la France et marquer le pays d'une manière indélébile.
Référence :
27482