BRASSARD DE MAÎTRE DE LA « POSTE DU MANOIR DE KERIOLET », Monarchie de Juillet. 26456
Brassard en drap bleu foncé passepoilé écarlate, bordé d'un galon en argent doré.
Plaque de forme ovale en laiton doré, H 9 cm, largeur 7 cm. Elle est gravée d'une couronne comtale surmontant un ruban portant l'inscription « POSTE DE MANOIR DE KERIOLET ».
France.
Restauration - Monarchie de Juillet.
Bon état, oxydation d'usage des galons.
HISTORIQUE :
Château de Kériolet à Concarneau
Kériolet, distant d’un kilomètre environ de l’ancien bourg de Beuzec-Cong, n’était jadis qu’un modeste manoir. Un Jehan de Trévaré, sieur de Kéryollet, est représenté par son fils Herve, archer en brigandine, à la Montre de 1481 de l’Evéché de Cornouaille. En 1536, on trouve un Jehan de Keryollet, sieur de Portzambarz. Au XVIIe siècle, ce sont les Corant qui s’intitulent sieurs de Kéryollet: Christophe... Jean-Louis qui, en 1707, épouse, en la chapelle Notre-Dame du Guéodet à Quimper, demoiselle Marie-Josèphe Pelletier. Puis Kériolet passe a la famille Billette, représentée dans la région de Concarneau et Quimperlé, et qui porte "de sable à trois fasces d’argent". En 1767, Jean-Pierre Billette, sieur de Kérouel, fils d’un notaire royal et procureur à Concarneau, lui-même Conseiller du Roi, "rapporteur au Point d’honneur" à Quimper, époux de Pétronille Rannou, vend le manoir et la terre noble de Kériolet, pour la somme de dix-neuf mille livres, a Jean-Vincent Euzéno de Kersalaun, Lieutenant des Vaisseaux du Roy. Si l'on se réfère aux Chanoines Peyron et Abgrall, c'est dans ce manoir que Messire Claude Marigo, recteur de Beuzec-Conq, écrit sa célébre "Vie des Saints" (Buhez Ar Zent), publiée en 1752 chez Simon Périer, à Quimper et qui pendant près de deux siècles sera lue dans les familles paysannes avant la prière du soir. Toutefois, la tradition orale le verra composant les deux volumes de son ouvrage sur une table de pierre installée sous une tonnelle de laurier, dans le jardin du presbytère.
L’histoire de Kériolet prend un tournant quand, sous le Second Empire, la famille de Trédern, qui en est propriétaire, le vend à la princesse russe Zénaide Narischkine, épouse, en secondes noces, de M. Charles Chauveau, d’origine champenoise. La princesse est, dit-on, la fille d’un richissime maître de forges et propriétaire de mines en Pologne. Elle possède un palais au bord de la Neva, un superbe hôtel, avenue des Princes à Auteuil. Elle est liée d’amitié avec la princesse Mathilde, fille de l’ex-Roi Jérôme. Son premier mari, le Prince Boris Youssoupoff, était allié à la famille impériale de Russie. Avec le Comte de Chauveau, elle entreprend de transformer Kériolet, domaine qui couvre quarante-cinq hectares. L’établissement du plan, la direction des travaux, sont confiés à l'architecte diocésain Bigot. A partir de l’ancien manoir se bâtit le château et, pratiquement pendant une vingtaine d’années, les propriétaires ordonnent l’exécution de nouveaux aménagements ou de remaniements. Le cadre est splendide et le château a fière apparence. Mais il a cédé au style pompeux que les ans et surtout l’Histoire se sont occupé à atténuer, à corriger en quelque sorte. Car les pierres trop riches et trop neuves se voient ennoblies dès qu’elles ont des souvenirs et, ici, elles en ont à conter. Renaissance et gothique, note médiévale d’une tour crénelée dite le donjon, copie de celle du château de Rustéphan, d’échauguettes, d’un portail d’entrée apparenté à celui du prieuré de Locamand en La Forêt-Fouesnant, meneaux et vitraux rappelant ceux de La Trinité en Melgven, et à l’intérieur, salle des gardes, jusqu’à la chambre du Roy, rien ne manque pour l’illusion et l’agrément des yeux. L’ensemble se complété d’une chapelle domestique, cependant que deux statues, celle de la Duchesse Anne et celle de Charles VIII, surgissent d’un parterre. Le Comte de Chauveau, Capitaine de Cavalerie Territoriale et Conseiller Général, a de la prestance : il est aimable et recherche visiblement la popularité. Kériolet a hébergé, on ne sait trop quand, un certain lord Trotter, ami de Napoléon III, qu’il avait aidé, dit-on, sur le chemin du pouvoir, et même auparavant, au moment de son évasion du Fort de Ham.
Le Comte et la Comtesse de Chauveau rassemblent a Kériolet un véritable trésor : remarquable collection de coiffes bretonnes, d’armes et d’armures, de faïences de Rouen, de Strasbourg, de Nevers, de Delft, de tapisseries de Flandres des XVIe et XVIIe siècles, de terres cuites vernissées de Hollande et d’Allemagne, sans parler de manuscrits ; plus de cinq cents allant de 1137 à 1824. Dans le parc on remarque une fontaine de Saint-Budoc (ou Buzeuc), surmontée d’une niche destinée à abriter la statue du saint. Le Comte de Chauveau meurt en 1889 et des complications d’ordre familial conduisent la princesse à léguer le domaine de Kériolet au Département, à charge, pour celui-ci, d’utiliser le château pour l’instruction artistique de la population et des visiteurs et son parc pour la promenade, sans pouvoir dénaturer, en aucune manière, les bâtiments, le mobilier, ou détruire les ombrages. L’acte est passé devant notaire le 10 mai 1891 et, le 20 août suivant, la donation est acceptée par le département qui en prend possession le 28 octobre 1893. Celui-ci devait consacrer à l’entretien du château et du parc les revenus qui pourraient provenir du domaine, à savoir des fermes et des valeurs qu'il renfermait. Ainsi Kériolet devient un musée, que le département enrichit par l’apport d’autres objets d’art. Il intéresse, et pendant soixante années, reçoit de nombreux visiteurs. Son dernier gardien sera Louis Salaün, sympathiquement connu, et qui semblait prédestiné à ce rôle, étant né au château de Kérampuil en Carhaix où son père était jardinier.
Et bientôt, l'histoire de Kériolet occupe toute l’actualité. En effet, la princesse Narischkine, comtesse de Chauveau, avait de son premier mariage, un fils, Nicolas Youssoupoff, qui, lui-méme, resta veuf avec deux filles. L’une mourut jeune et la seconde, Zénaïd, eut deux fils d’un autre Youssoupoff, le Prince Félix. De cette union naquirent encore deux enfants, dont l'un, Félix, du même prénom que son père, épousa Irina, nièce de Nicolas II. Félix Youssoupoff ne perd pas de vue Kériolet. Il accuse, à juste raison, le département du Finistère de n’avoir pas respecté les dispositions testamentaires, en vendant, en 1893, le domaine du Moros, puis, en 1902, une parcelle contiguë, en abattant des arbres, en vendant les remarquables boiseries du premier étage, en disposant du mobilier... En avril 1951, Félix Youssoupoff assigne le Préfet du Finistère, M. Jean Laporte, en révocation de la donation. Il est débouté mais la Cour d’Appel de Rouen infirme cette décision. Mais le Prince Youssoupoff n’est pas attaché à ce château qu’a habité son aïeule. Ainsi le 4 mai 1960, le voyons-nous faire ses adieux à Kériolet. Le château, son parc et sa futaie ont été vendus à M. Guichard, industriel, la ferme à M. Yves Beulze, cultivateur, le jardin à M. Costiou, horticulteur. Le Prince Youssoupoff exprime en partant le regret que la ville de Concarneau n’ait pas donné suite au projet d’acquisition qu’elle avait formé en vue d’y installer un lycée. Toutefois, en 1955, la futaie de Kériolet a été classée site pittoresque, afin que soient préservés ses ombrages.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, la salle de garde avec cheminée, vitraux et parties boisées : inscription par arrêté du 21 décembre 1984.
Château de Kériolet 29900 Concarneau, tél. 02 98 97 36 50, ouvert au public, visite tous les jours de juin à septembre de 10h30 à 13h et de 14h à 18h. Vacances scolaires de Pâques à fin mai.
A la fin des années 1850, sous le Second Empire, Charles Chauveau rencontre la princesse russe Zénaïde Youssoupoff, née Narischkine, à Paris. Zénaïde est devenue princesse Youssoupoff en épousant feu le prince Boris (1794-1849).
La princesse Zénaïde est de plus de vingt-cinq ans l'ainée de Charles Chauveau, et veuve. Elle s'éprend de lui, lui achète deux titres nobiliaires (comte de Chauveau et marquis de Serres), l'épouse le 3 septembre 1860. La nouvelle position sociale du comte lui permet alors d'ambitionner une carrière politique. Un siège de conseiller général se libère à Concarneau, dans le Sud-Finistère. Afin de pouvoir se présenter aux élections, le jeune candidat doit acquérir une résidence dans la circonscription qu'il convoite. Il recherche donc une propriété, est élu en 1860 et achète personnellement, en 1862, le domaine de Kériolet, en Beuzec-Conq (la commune ne sera rattachée à Concarneau qu'en 1945). Remontant au XVe siècle, le manoir, bâtisse relativement modeste, ancienne propriété des Kéryollet, des Trédern, des Kersalaun, est entourée de près de cinquante hectares de terres. L'endroit, proche de l'océan et du Moros, séduit la princesse. Grâce à sa fortune, celle-ci va permettre à son époux de transformer l'endroit à sa guise. Il lui en coûtera la somme d'1,5 million de francs-or. Le manoir du Moros, domaine voisin et ancienne propriété d'Abraham Duquesne, est également acheté par le couple et remanié, dans des proportions bien plus modestes que Kériolet.
Transformations du château
Le couple confie à Joseph Bigot, le soin de transformer le château. Après plusieurs projets non validés par la princesse, dont un château de style élisabéthain, l'architecte parvient enfin à la convaincre de débuter une importante série de transformations sur le vieux manoir, à la condition expresse de ne pas la déranger dans son intérieur. La demeure est alors recouverte par une enveloppe de granit finement travaillé. On bâtit une tour et une nouvelle aile, de style médiéval, pour fermer la cour d'honneur. Les entrepreneurs Martineau et Bonduelle, de Concarneau, vont ensuite rajouter un pavillon comprenant, notamment, une imposante salle des gardes, et puis se lanceront dans la construction de la chapelle.
L'appareilleur sera Jean-Louis Le Naour, dont l'atelier familial se trouvait à Quimper. Il sera l'auteur de nombreux clochers finistériens et participera à la construction du château de Trévarez.
Les travaux vont s'échelonner de 1863 à 1883. Le château comporte des références au Moyen-Age ; le caractère féodal des constructions est accentué notamment par l'ajout de tourelles, donjons, mâchicoulis, douves et armoiries.
C'est ainsi que le « nouveau » château de Kériolet se réfère au château de Blois (statue équestre en bas-relief de Louis XII sur la façade), au château de Rustéphan (tourelle-escalier), au prieuré de Locamand (portail d'entrée). Sur l'aile sud, on peut voir, sculptées, les couronnes de comte et de marquis, des fleurs de lys, des hermines de Bretagne, des étoiles d'inspiration russe, des coquilles Saint-Jacques, les lettres A (pour Anne de Bretagne) et L (pour Louis XII) accolées. Un ours en pierre, le regard tourné vers la Russie, domine du haut de la façade sur le parc, un couple de bretons en habits traditionnels. La devise « Toujours et quand mesme » est sculptée sur un ruban de granit. Des gouttières, ouvragées de feuilles de chêne en relief, ornent la demeure. Les lucarnes à pignon, la balustrade du corps de logis, rappellent celles du château de Josselin, chef-d'oeuvre du gothique flamboyant.
Le parc est agrémenté de statues : une Velléda, copie de celle d'Hippolyte Maindron exposée au musée du Louvre; un Vercingétorix, un Charles VIII, et une Anne de Bretagne, la bonne duchesse si chère au cœur de la princesse, une Jeanne d'Arc, un Bertrand Du Guesclin. Le parc comprend également, à proximité immédiate du château, la Tour de garde, et la Tour Marie-Jeanne (du nom de la cuisinière du comte).
Face à l'entrée de la chapelle se trouve un Christ sur la croix et, penché vers lui, un ange recueille le sang qui coule d'une de ses mains et de ses flancs, dans deux calices (XVIe siècle). La toiture de la chapelle est elle-même ornée, à l'extérieur, d'anges aux trompettes, et porte à son sommet, un archange Saint-Michel terrassant le dragon. La première pierre de la chapelle a été posée le 19 mars 1881 et l'édifice a été consacré au début de l'été 1882. Un autel avec retable est démonté en 1900 de l'église de Névez, puis remonté dans la chapelle du château de Kériolet. Il est à nouveau déplacé en 1956 pour revenir dans l'église de Névez.
À la fin des années 1850, sous le Second Empire, le champenois Charles (ou Henri ?) Chauveau, capitaine d'artillerie territoriale et "courrier diplomatique", chargé de transporter valises et dépêches entre le ministère des Affaires étrangères et l'ambassade de France à Saint-Pétersbourg, rencontra la princesse russe Zénaïde Youssoupoff (de nationalité russe), née Narychkine, immensément riche et veuve.
Elle s'éprend de lui et veut l'épouser ; devant le scandale, le tsar Alexandre II y consent, mais exile la princesse et pose des conditions ; Chauveau est fait comte romain et devient le comte Chauveau; plus tard il s'appropria ou releva les nom et armes ("d'azur à un léopard d'or chargé de trois étoiles de gueules") d'une famille éteinte de la région nantaise, celle des Chauveau de La Mulonnière, anoblie en 1663; il est fait marquis de Serres.
La nouvelle position sociale du comte Chauveau lui permet alors d'ambitionner une carrière politique ; or, un siège de conseiller général se libère à Concarneau, dans le Sud-Finistère.
Afin de pouvoir se présenter aux élections, le jeune candidat doit acquérir une résidence dans la circonscription qu'il convoite, ce qui lui fait chercher une propriété ; élu en 1860, il achète personnellement en 1861 le domaine de Kériolet, en Beuzec-Conq (la commune sera rattachée à Concarneau en 1945).
Référence :
26456