75 Plaque de Grand-Croix de l’Ordre de la Réunion, Second modèle introduit en avril 1813, quatrième type, Premier Empire.
SOUVENIR DE GABRIEL JEAN JOSEPH MOLITOR, MARÉCHAL DE FRANCE
Préemption des Musées Nationaux pour le Musée de la Légion d'Honneur.
Maison de ventes DUPONT & Associés, Morlaix
François DUPONT commissaire-priseur
26, bis Allée Saint-François, 29600 St-Martin-des-Champs
02 98 88 08 39,
Vente le lundi 6 mars 14h30 dirigée par Vente dirigée par Maîtres François DUPONT, Sandrine DUPONT et Paul BREFFEIL
Expositions publiques :
D’une sélection à Paris
27 rue de Tournon du 14 au 21 Février
De 10h à 13 h et de 14 h à 18 h
A Morlaix Hôtel des ventes :
Samedi 4 mars de 10h à 12h et de 14h à 18 h
Dimanche 5 mars de 15 h à 18 h
Lundi 6 mars de 10h à 11h30
Ordres d’achats : contact@dupontassocies.com
Expert : Bertrand Malvaux agrée CNES, membre de la CEDEA : 06 07 75 74 63
Plaque en argent à douze rayons pommetés recouverts d’écailles à bordure moulurée, anglées de six faisceaux de cinq de flèches, maintenus par un ruban ondulé timbré deux fois « A JAMAIS ». Le rayon supérieur de l’étoile est chargé d’une couronne impériale (plus importante que sur les modèles habituellement rencontrés) recouvrant la base les flèches, la base de la couronne porte l’inscription « NAPOLEON F ».
Le centre circulaire dont le champ figure le trône impérial sommé de l’aigle impériale aux ailes déployées. Les symboles des états et royaumes conquis et annexés à l'Empire sur champ rayonnant, ceint de la légende « TOUT POUR L'EMPIRE » avec branches de laurier en partie basse.
Dos à agrafe centrale et double crochet, agrafe acier bleui avec bouton poussoir pour ouvrir le ressort (type Biénnais). Doublé de maroquin vert marqué à l’or « COUDRAY / RUE DU ROULE N°17 / A PARIS / FABRIQUE CROIX / DE TOUS LES / ORDRES ».
Diamètre 8,4 cm.
Royaume de Hollande.
Premier Empire.
Superbe, légère oxydation à l’agrafe en acier bleui.
20 000 à 30 000 €
Note : Cet exemplaire est le seul exemplaire authentique actuellement connu.
Une plaque strictement identique provenant de l’ancienne collection L. Bourdier puis E. Brouwet, est conservé dans les collections royales du musée de l’Armée à Bruxelles (Inv 20009), référence Guy Delpoige : Les Distinctions Honorifiques de la Collection Brouwet au Musée Royal de l’Armée à Bruxelles », Musée Royal de Bruxelles 2006, page 286 et 287, c'est une fabrication du Second Empire, lorsque Coudray qui avait conservé ses matrice sous la Restauration à reproduit des exemplaires.
Historique : Le général Molitor est nommé Grand-Croix le 26 janvier 1813.
Lors de son retour sur le trône de France, le Roi Louis XVIII décide de supprimer l’Ordre de la Réunion. Par ordonnance du 25 juillet 1815, il abolit l’ordre et interdit le port de cette décoration. Le grand chancelier de la Légion d’honneur, le Maréchal Macdonald duc de Tarente, est chargé de collecter les insignes, plaques et bijoux de l’Ordre, et les diplômes, il doit tenir une liste des récipiendaires qui obtempèrent et de ceux qui ne se conforment pas à cette exigence. Parmi les Grands-Croix, trente-quatre ont retourné tout ou partie de leurs insignes. Le 25 janvier 1817, le chef de la division adjoint de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur, dépose à la caisse de la Monnaie de Paris les décorations rendues pour y être fondues, seul quarante plaques dont onze en argent et vingt-neuf en broderie d’argent.
Ronald Pawly « Les Fastes de l’Ordre de la Réunion (1811-1815) “Tout pour l’Empire“ Dictionnaire historique et biographique », Éditions du Léopard d’or 2021, pages 92 à 98.
Provenance : Le 12 avril 1816, le général de division Gabriel-Jean-Joseph Molitor, écrit de Tomblaine près de Nancy au duc de Tarente : « J’adresse à Votre Excellence les décorations de l’ordre de la Réunion qui avaient été envoyées par le grand chancelier dudit ordre et qui consistent dans la grande croix et le grand cordon ». Dans une lettre, il parle des papiers relatifs à l’ordre et de la plaque « Les seuls titres que j’ai reçus comme grand-croix de l’ordre de la Réunion, ils consistent dans une lettre d’envoi de M. le duc de Feltre en date du 6 avril 1813 et dans une lettre de nomination de M. le duc de Cadore, grand chancelier dudit ordre en date du 3 du même mois. Quant à la plaque qui m’a été envoyée à cette époque, elle n’est plus depuis longtemps entre mes mains ; je crois, qu’après avoir été portée et usée, elle aura été laissée et fondue chez le joaillier qui m’en a fait une autre et qui est le sieur Coudray à Paris ».
Ronald Pawly « Les Fastes de l’Ordre de la Réunion (1811-1815) “Tout pour l’Empire“ Dictionnaire historique et biographique », Éditions du Léopard d’or 2021, page 239.
Ordre Impérial de la Réunion
En 1811, l’Empereur Napoléon 1er est maître d’une grande partie de l’Europe. Nombreux sont ses titres et il a placé sur le trône des royaumes conquis et annexés, ses frères ou de proches collaborateurs. Dans tous ces nouveaux états rattachés à l’Empire, c’est l’avènement d’idées nouvelles plus égalitaires, qui sont celles de la révolution française ; mais c’est aussi la suppression des Ordres locaux.
L’Ordre Impérial de la Réunion est créé par décret le 18 octobre 1811, à l’occasion du voyage de l’Empereur en Hollande devant être composé de 10 000 Chevaliers, 1 000 Commandeurs et 200 Grands-croix. L’on nomma le duc de Cadore, Nompère de Champagny, comme Grand chancelier ; le baron Van der Goes Van Dirxland ( ancien chancelier des Ordres du Roi de Hollande, Louis, frère de Napoléon ) comme Grand trésorier et sept Grands-croix. Rue de Grenelle, l’hôtel du Châtelet fut choisi comme siège de la Grande chancellerie de l’Ordre impérial de la Réunion, qui devait devenir par son prestige, le second Ordre de l’Empire.
Le 22 février 1812, il y eut une première promotion de 64 Grands-croix, et le 29 du même mois, une seconde comportant 74 Commandeurs. Ces premières promotions furent faites d’une majorité d’étrangers, des Hollandais notamment.
A partir du décret impérial du 12 mars 1813, les titulaires de l’Ordre purent prendre le titre de Chevalier de l’Empire et obtenir des lettres patentes, sous réserve de justifier de 3 000 francs de revenu. Ils devinrent membres du collège électoral de leur arrondissement ou de leur département de résidence et purent aussi faire admettre leurs filles au sein des maisons d’éducation de la Légion d’honneur.
La création de ce nouvel Ordre fut assez mal vécue par les membres de l’Ordre de la Légion d’honneur, notamment les militaires, et particulièrement par son Grand chancelier, le comte Bernard de Lacépède, qui dans une lettre datée du 27 février 1812, écrivait à l’Empereur son amertume et sa crainte que « l’établissement d’un nouvel Ordre ne diminue la bienveillance dont votre majesté a daigné jusqu’à ce moment honorer sa Légion d’honneur. »
Néanmoins, l’Ordre impérial de la Réunion devait trouver sa place dans le cœur des Français, qui lui accordèrent une faveur certaine, comme second Ordre récompensant les mérites distingués ; à l’image, aujourd’hui, du rôle de l’Ordre national du Mérite.
Au 31 mars 1814, l’on pouvait dénombrer 1 622 titulaires, dont 614 étrangers, répartis dans les grades suivants : 1 364 Chevaliers, 127 Commandeurs et 131 Grands-croix.
Lors de la première Restauration, l’Ordre impérial de la Réunion ne fut plus conféré ( les titulaires étant néanmoins autorisés à porter leurs insignes ) et sa gestion rattachée à la Grande chancellerie de la Légion d’honneur. Mais au retour de Napoléon 1er, durant les Cent-Jours, l’Ordre fut de nouveau attribué.
Lorsque le Roi Louis XVIII remonte sur le trône de France, il fait supprimer définitivement l’Ordre impérial de la Réunion par ordonnance royale, le 28 juillet 1815. Le Grand chancelier de la Légion d’honneur demanda alors, le 2 août 1815, à tous les titulaires français de l’Ordre dissous, le renvoi des brevets, diplômes et des insignes qui devaient être, quant à eux, reversés à la Monnaie pour y être transformés après refonte, en pièces d’or destinées aux caisses de la Légion d’honneur.
A titre de compensation et afin d’éviter le mécontentement des ex-titulaires de l’Ordre impérial de la Réunion, il fut décidé que ces derniers recevraient, en général, la Légion d’honneur.
Référence :
75Plaque de Grand-Croix de l’Ordre de la Réunion, Second modèle introduit en avril 1813, quatrième type, Premier Empire.