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LEGRAND Ernest : JEANNE D'ARC À CHEVAL, BRONZE PATINÉ, début 20° siècle.

Vendu
LEGRAND Ernest : JEANNE D'ARC À CHEVAL, BRONZE PATINÉ, début 20° siècle.

Bronze à patine noire H 1 m, largeur 22 cm, poids 18,25 kg, signé sur la terrasse « E Legrand », sur le bord petite plaque de laiton rivetée et gravée «.JEANNE D'ARC Par Legrand GRAND PRIX DE ROME ».

Jeanne d'Arc est présentée sur son cheval serrant sur son torse avec ses deux bras sa bannière, dans une position rarement représentée.

France.
XXème siècle.
Très bon état.

BIOGRAPHIE D'ERNEST LEGRAND.
Dans son livre « Une manufacture d’art chrétien, la Sainterie de Vendeuvre-sur-barse », édité en 1978, l’abbé J. Durand (prix du Conseil Général de l’Aube), consacre un très petit paragraphe à Ernest Legrand.
Malheureusement, il ne donne que très peu d’explications sur la vie de ce grand sculpteur, et il serait resté presque inconnu des Aubois (sauf, sans aucun doute de mon amie Chantal Rouquet Conservateur des Musées d’Art et d’Histoire), sans madame Colette Robert, sa petite fille, qui, pendant des années, et encore aujourd’hui, avec opiniâtreté, au prix d’innombrable périples, a fait de très nombreuses recherches sur la vie de son grand-père. Elle a donné dans le n° 48 nouvelle série de 2006, de La Vie en Champagne, dans un article sur la Sainterie de Vendeuvre, un rappel sur la carrière de son grand père, et un dans L’Est-Eclair du 24 septembre 2006. Dans « Le Petit Troyen » de 1902, une ligne rappelle aussi que Legrand a été Prix de Rome.

Colette Robert est peintre et professeur bénévole à « La Palette Pradétane ». C’est grâce à ses notes, que je vais faire connaître son grand père à des milliers de personnes.

Ernest, Auguste Legrand, fils d’un cordonnier-sabotier, naît à Lesmont en 1872 et se marie en 1902, avec Berthe Fromont.

Sans doute, le métier de sabotier, qui, avec les mêmes outils est proche de celui de sculpteur, a été à l’origine de la vocation d’Ernest.

Dieudonné Royer, son mécène, l’envoie à l’Ecole de Dessin de Troyes, où Monsieur André, directeur général l’encourage pour aller à la Sainterie de Vendeuvre, créée en 1842, par le sculpteur Léon Moynet.

Il n’a pas 15 ans lorsqu’il fait le « Lion et le Serpent », sujet en terre : « par leur attitude expressive de bêtes féroces, les lions ont tenté bien des sculpteurs ».

Legrand n’a que 16 ans lorsqu’il réalise le buste de son bienfaiteur de Lesmont, M. Hyppolyte Royer, sujet en terre.

Le talent d’Ernest se révèle à la Sainterie de Vendeuvre, par un ange funéraire qui pleure et se dispose à mettre une couronne sur la tombe, ainsi que par la Vierge et saint Jean au pied de la croix.

Legrand habite quelque temps à Brienne-le-Château, où il sculpte une très belle statue marquée au socle : « Ville de Brienne ».

Le Conseil Général de l’Aube lui octroie une bourse pour aller étudier à Paris.

A L’Ecole des Beaux Arts de Paris, il a comme professeurs, Jules Cathelin et J. Thomas. Il expose au Salon des Artistes Français, et côtoie la célèbre sculptrice Camille Claudel. Il travaille à la réfection des sculptures du fronton du Grand palais à Paris, sous la direction de Paul Dubois. Il est promu chef d’atelier de sculpture.

Il est aussi un fidèle de « La Ruche », à Paris, ayant participé à sa création avec le sculpteur Alfred Boucher, lui aussi aubois, né à Nogent-sur-Seine. C’est une sorte de Phalanstère où sont accueillis les artistes débutants et qui les aide à prendre leur élan vers le succès. Léger, Chagall, Soutine, Modigliani… y trouvent asile et soutien, pour un loyer modique.

Ernest Legrand, en plus de sculptures en marbre, bois, cire, bronze… peint aussi des tableaux, des aquarelles.

En juin 1892, Legrand reçoit 3 médailles à Paris, le 1er prix Chenavard de l’Ecole Nationale des Beaux Arts en 1894.

Il reçoit 3 fois le prix de l’Exposition de Saint-Louis, et est ensuite hors concours

Legrand reçoit le prix Trémont..

Il expose au Salon des Arts déco à Paris en 1895, et y reçoit une médaille et une bourse de voyage en exposant « L’orphelin » en marbre. Il va ainsi en Italie, à Milan, Rome, Florence… où il fait de nombreuses aquarelles et ébauches. En 1896, il va à Bruxelles.

Legrand reçoit des 1° et 3° médailles au Salon des Artistes français en 1895, 1896, 1898, 1899.

Il expose à Troyes en 1899 « Le Réveil de la Nymphe », et en 1900 « Le Blessé », et un médaillon.

En 1900, on lui décerne le 1er second prix de Rome, le 1er allant à Landowski, bien qu’ayant été 1er ! Mais, M. Landowski avait un membre de sa famille dans le jury ! L’œuvre de Legrand, David combattant Goliath, est acquise par l’Etat.

Un buste de Fustel de Coulanges lui est commandé par le Ministère de l’Instruction publique, en plâtre en 1904 et en marbre en 1905. Il se trouve au Musée de Versailles.

Son bronze « Joueur de paume » reçoit une médaille d’or en 1906.

Cette même année, il expose à Genève « L’esperanto », et obtient la médaille d’or en 1908 pour cette sculpture.

A Troyes, on lit dans journaux locaux : « Notre compatriote M. Legrand, le statuaire bien connu, vient de créer une œuvre nouvelle : une statuette personnifiant l’Esperanto, qui doit figurer au prochain congrès espérantiste de Genève. La maquette de cette statuette est exposée actuellement dans les vitrines de MM. Blanchard et La Planche. Nous la signalons spécialement aux fervents de la langue universelle, qui la verront avec plaisir, ainsi qu’à tous les amateurs d’art, qui retrouveront dans cette œuvre, avec plus de grâce peut-être encore, la pureté de lignes que l’on remarque dans toutes les créations de M. Legrand ».

Avec son compatriote Alfred Boucher, il teste un nouveau matériau, du grès cérame, et fait avec, des vases, médaillons et sujets en biscuit, selon ses commandes. Il travaille ainsi pour la Manufacture de Sèvres.

Monsieur Legrand sait faire plaisir. Il n’hésite pas à travailler pour les autres pour une bouchée de pain, quand il trouve dans ce travail une bonne action à faire. Par exemple, passant dans une ville du midi, il apprend que de jeunes élèves se cotisent de quelques piécettes pour faire le cadeau d’un bronze ou d’un marbre à leur si dévouée maîtresse, ce qui est bien insuffisant. Ernest fait pour ces élèves, un joli groupe : « La peinture, la sculpture et la musique », uniquement pour le plaisir de donner de la joie au lycée.

Issu d’une famille pauvre, comme tous les artistes de cette époque, Ernest a des difficultés financières. Il doit faire vivre sa famille (il a 2 enfants Louis en 1904, père de Colette Robert et Renée en 1906), et n’ayant pas le temps de penser à sa santé, il décède en 1912, d’une pneumonie mal soignée, il a 39 ans.

Cette mort prématurée ne lui permet pas d’exécuter une très grosse commande qu’il a reçue pour les décors du théâtre Colon de Buenos-Aires.

Joseph Félix Bouchor (1853-1937, il expose ses oeuvres au Musée d'Orsay), le célèbre peintre était très proche d’Ernest Legrand. Il fut d’ailleurs le parrain du père de Colette Robert. En mourant, Ernest lui confie ses enfants.

Au Musée Saint Loup à Troyes, il y a dans une réserve, 10 sculptures de Legrand, qui sont exposées en alternance.
Il est possible que le Conseil Général puisse exposer au château de Vendeuvre des statues d'Ernest Legrand..

A l’entrée des appartements de Monsieur le Préfet de l’Aube, il y a une statue « Le bonheur maternel », achetée par la Ville de Troyes

A Auxon il y a une magnifique statue, 2 hommes se penchant sur un cercueil, dans le cœur de l’église.

Sur le fronton d’une cheminée du château de Pont-sur-Seine, des angelots de Legrand ont disparu durant les ventes successives de ce château qui a appartenu à M. Casimir Perier, Président de la République.

En hommage à M. et Mme Audiffred, Legrand a fait une sculpture qui appartient au Musée de Troyes.

Un avocat Troyen, Me Rougane de Chanteloup, possède une sculpture de Legrand : « L’enfant jouant à la raquette ».

Valérie Alanièce de l’Est-Eclair, possède un plâtre signé Legrand, représentant 2 enfants s’embrassant.

Malgré sa courte vie, Ernest Legrand a eu une création très prolifique. Que d’oeuvres à travers le monde sont signées de ce sculpteur. On trouve chez lui la perfection d’un grand artiste, avec sensibilité et délicatesse.

Il est décoré Officier de l’Instruction Publique en 1901.

Une rue porte son nom à Lesmont.
Référence : 22139
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