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THEUNISSEN CORNEILLE : Bronze patiné « Le Conscrit de 1814 », XXème siècle (1914).

Vendu
THEUNISSEN CORNEILLE : Bronze patiné « Le Conscrit de 1814 », XXème siècle (1914).

Bronze à patine noire H 48 cm, largeur 26 cm, poids 5,4 kg, signé sur la terrasse à l'avant « POUR LA PATRIE / LES SCIENCES / ET LA GLOIRE ». À l'arrière, « Bauduin Trognon pr. 1883 son ami d'enfance. » Bronze numéroté 101, signé « C. Theunissen, statuaire 1914 ». Cachet du fondeur « Montagutelli Paris cire perdue ».

Soldat porte drapeau d'infanterie française en uniforme 1812 brandissant son sabre briquet et serrant le drapeau de son régiment. Il est debout sur un rocher avec un canon Gribeauval en arrière plan.

France.
XXème siècle.
Très bon état, quelques frottements sur le canon et en partie basse.

BIOGRAPHIE DE CORNEILLE THEUNISSEN, statuaire.
Fils de Pierre Ludovic Theunissen, né en 1834 à Malines, en Belgique, et de Henriette Sophie Pernaux, née en 1833, Corneuille Né à Anzin, petite bourgade dans la banlieue de Valenciennes, le 6 novembre 1863, Corneille Theunissen, d’origine belge par son père, cordonnier (Pierre Ludovic, né à Malines), est élevé au cœur du pays noir et passe sa jeunesse au milieu des corons et des usines métallurgiques dont il s’inspira souvent par la suite, tels le monument à Fontaine, ce mineur qui avait inventé le parachute des mines, ou son groupe de 1891 représentant une Famille de Mineurs pendant la grève pour laquelle il obtient au Salon une troisième médaille. Cette œuvre, d’une facture large et sincère, qui inspire une émotion poignante, est acquise par l’État, et envoyée au musée de Valenciennes.
Formé à l’Académie de Valenciennes, et plus particulièrement par l’éminent statuaire et professeur René Fache (1816-1891), il est reçu à l’École des Beaux-Arts, de Paris, en juillet 1882, à l’âge de 19 ans. Il y suit l’enseignement de Jules Cavelier (1814-1894), et obtient grand nombre de médailles, avant de décrocher le second Grand Prix de Rome en 1888, il a alors 25 ans. Au Salon de 1914, il reçoit pour sa statue monumentale, commande de l’École polytechnique, Le Conscrit, une médaille d’or.
Travailleur acharné et minutieux, Corneille Theunissen bénéficie d’une belle réputation amplement méritée. Son atelier de sculpture monumentale parisien est très actif. Et pourtant, aux lendemains de sa mort, survenue suite à une attaque de grippe, au 30 décembre 1918, alors qu’il n’a que 55 ans, l’oubli l’ensevelit tout aussi rapidement, comme bon nombre de ses collègues d’ailleurs, les deux guerres mondiales et leurs indescriptibles destructions ayant plus que surement, accéléré cette tendance.

D’un monument, Le Conscrit de 1814 à sa réduction
L’École polytechnique est créée le 28 septembre 1794 par quelques savants qui vouaient remédier à la pénurie d’ingénieurs faisant suite à la Révolution française. Le décret du 27 messidor an XII (16 juillet 1804) donne à l’École, selon la volonté de l’Empereur Napoléon 1er, ses statuts militaires.
Après la campagne de Russie de 1812, les Européens coalisés franchissent le Rhin en janvier 1814 déclenchant « la bataille de France ». Victoires éphémères, défaites, Napoléon se maintient, mais au soir du 29 mars, les armées coalisées sont aux portes de la capitale. Dans Paris intra-muros, la défense s’organise. La Garde Nationale défend chacune des douze grandes barrières. Les élèves polytechniciens ont été versés dans l’artillerie et tiennent diverses batteries. La bataille fait rage, ils offrent une résistance tellement héroïque qu’ils gagnent le droit de porter sur leur drapeau « Défense de Paris, 1814 ».
Le 8 juillet 1914, un monument à la gloire des élèves polytechniciens, défenseurs de Paris en 1814 est inauguré, en présence du président de la République Raymond Poincaré, dans la cour du Pavillon Boncourt, où se trouve alors l’école.
L’œuvre est commandée au statuaire Corneille Theunissen. Celui-ci conçoit un groupe monumental, « le Conscrit de 1814 » qui présente, dans un mouvement très romantique, un jeune Polytechnicien défendant le drapeau, coiffé du shako à visière, brandissant un sabre devant un canon. Il est vêtu de l’habit de drap noir épais à doublure écarlate sur le pantalon de drap bleu sombre et guêtre de toile noire à boutons demi-boules noirs.
En 1986, le monument est déménagé à Palaiseau où l’École polytechnique est installée depuis 1977.
Une copie de ce groupe est réalisée puis offerte à l’Académie Militaire de West Point (État de New York). Elle est inaugurée le 21 octobre 1919 en présence d’une délégation d’élèves de Polytechnique.
Par la suite, régulièrement, des répliques de ce groupe sont éditées pour être offertes aux sortants de l’École y ayant joué un rôle éminent.

FONDEUR : MONTAGUTELLI Frères (Philippe et Jean)
Dates : vers 1906 ? – 1909, au plus tard 1923
Nationalité : Italiens
Adresse : 54 rue du Maine, Paris XIVe (quartier Plaisance)
Cachets ovales :
– MONTAGUTELLI – Fres – PARIS – CIRE PERDUE
– MONTAGUTELLI Fres – CIRE – PERDUE – PARIS

Les deux frères Philippo et Giovanni Montagutelli, nés à Rome, diront avoir été exilés en France en 1900 à la suite d’une condamnation « pour faits politiques ». Ils étaient auparavant fondeurs à Rome, travaillant pour certains sculpteurs de la Villa Medicis. (Ils sont parfois mentionnés à tort sous le nom de Montacutelli).
Lors du procès qui leur est intenté en 1919, Philippe, l’aîné, né en 1873, déclara vivre en France depuis 1900 et avoir installé une fonderie « à cette époque ». Il ne semble cependant pas qu’ils aient exercé aussi tôt une activité de fondeurs en France. La mémoire familiale garde la version d’une installation de la fonderie en 1906 au plus tôt. Il est plausible que, comme le firent d’autres fondeurs italiens exilés, qu’ils commencèrent, entre 1900 et 1906, comme mouleurs afin d’amasser le pécule pour pouvoir s’installer. Bernaschi déclare en 1919 qu’il présenta aux deux frères quelques artistes formant leur première clientèle. (Bernaschi, employé par les deux frères comme surveillant chargé des fours entre 1908 et 1912 ou 1913 ; ancien marchand de vins, puis peintre en bâtiment, puis courtier, en 1913, avec la réputation de placer essentiellement des faux).
Pour avoir travaillé à la Villa Medicis, les frères devaient avoir leurs propres recommandations.
La trace la plus ancienne actuellement connue de leur activité est un buste de Paulin, Moreau-Nélaton, daté de 1905 qui a pu être fondu en 1906.
En 1911, le calepin cadastral signale une fonderie « de cuivre fondant des objets de petites dimensions » n’employant que deux personnes, un patron et un ouvrier, sans doute les deux frères, donc plus que modeste.
À partir de 1911, l’entreprise remporte rapidement des récompenses : Médailles d’or à Paris en 1919 et 1910, Diplôme d’honneur à l’Exposition internationale de Bruxelles de 1910, Grand Prix à l’Exposition de Saint-Mandé et à l’exposition internationale de Roubaix en 1911, Grande Médaille d’argent à l’Exposition du travail à Paris en 1912, hors-concours membre du jury à l’Exposition internationale de Barcelone en 1913. L’Italie leur décerne la Grande Croix du travail et 1913.
En 1912, ils ont acquis la clientèle de Rodin qui leur passe d’avril 1912 à septembre 1913 de nombreuses commandes. Ils perdront sa clientèle à la suite d’une plainte déposée par le sculpteur pour une affaire de tirages illicites (supposés ?). Étant données les pratiques de l’époque (cf. Lebon, p. 203, col. 1) les affaires des Montagutelli ne semblent pas s’en ressentir. On signale la modestie de Philippe Montagutelli, sa bonne entente avec les artistes, la grande qualité de son travail que le fondeur Rudier lui-même, grand contempteur de la cire perdue et témoin à charge au procès, qualifie d’excellent.

MONTAGUTELLI Frères et ROUQUETTE
Dates : 1913-1921 ( ?)
En novembre 1913, juste après le début de ce premier « procès Rodin », Philippe et Jean s’associe à Louis-Frédéric Rouquette, ouvrier d’art, pour « l’exploitation d’une fonderie artistique à cire perdue » sous cette raison sociale.
La fonderie doit affronter à nouveau en 1919, pour des motifs similaires mais à bien plus grande échelle, un second procès qui a un énorme retentissement et qui reste important car il représente sans doute un tournant dans la révision et l’éclaircissement des droits mutuels des fondeurs et des sculpteurs (détails du procès dans Lebon, p. 203-204).
Ce procès n’empêcha pas les frères Montagutelli de poursuivre leur activité.

MONTAGUTELLI Frères
Dates : août 1921-1922 ou 1923
En août 1921, Philippe et Jean fondent une nouvelle société en nom collectif pour une durée de 30 ans. Elle a pour objet l’exploitation d’une fonderie artistique à cire perdue, ainsi que le montage et la ciselure des œuvres fondues. Il est précisé que Philippe s’occupera uniquement de fonderie, Jean de ciselure et de montage. Mais dès 1922 ou 1923, l’association est rompue. En février ou mars 1922, la fonderie affronte un autre procès, de nouveau pour falsification. L’issue du procès n’a pas été découverte (cf. Lebon, p. 204, col.1). Mais peut-être Philippe a-t-il dû quitter le territoire français. Il part s’installer à Bruxelles.

Montagutelli Philippe à Bruxelles
Cachet ovale : MONTAGUTELLI – CIRE – PERDUE – BRUXELLES
Cette fonderie pourrait être en rapport avec la fonderie « Montague » décrite dans le catalogue de la Sheperd Gallery (1985) comme active à Bruxelles en 1923.
Philippe meurt brutalement à Bruxelles à une date indéterminée.

Montagutelli Jean à Paris
Jean reste seul à la tête de la fonderie avenue du Maine. Il cesse l’activité en 1923 au plus tard. Ciseleur de formation, il entre chez Susse où il exerce jusqu’à sa mort en 1964.

MONTAGUTELLI Amerigo
Dates : 1934-1942 ?
Nationalité : Italien
Adresse : 14 passage du Manège, Montrouge (Hauts-de-Seine)
Fils aîné de Philippe, il naît le 25 avril 1899.
Rappelé en Italie, il y effectue un service militaire de trois ans. Il revient en France en 1918, 6 mois avant que le procès ne s’ouvre. Il se forme à la fonderie en effectuant de menues tâches. Il est accusé à tort d’avoir pratiqué le courtage des faux. Il est possible qu’il y ait suivi son père en Belgique au début des années 20. Mais il finit par revenir en France et installe dans la banlieue parisienne, à Montrouge, une fonderie à cire perdue qui apparaît dans le bottin commercial de 1934 à 1936 et de 1939 à 1942.
Il est mort au Canada à une date inconnue.
Référence : 22140
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