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HABIT DE GRANDE TENUE DE DÉPUTÉ CHAMBELLAN AYANT APPARTENU AU COMTE OLIVIER DE LA POËZE, DE LA MAISON DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III, Second Empire.

Vendu
HABIT DE GRANDE TENUE DE GRANDE TENUE DE DÉPUTÉ CHAMBELLAN AYANT APPARTENU AU COMTE OLIVIER DE LA POËZE, DE LA MAISON DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III, Second Empire.

Habit en drap écarlate fermant droit à l'avant au moyen de quatre agrafes en laiton doré fixées au niveau des quatre boutonnières inférieures. L'avant est garni de neuf fausses boutonnières, chacune garnie d'un bouton demi-grelot en laiton doré (2 cm de diamètre) monté sur étain poli. Ils sont décorés en relief d'une aigle impériale couronnée en laiton doré rapportée.
L'habit est entièrement bordé d'une baguette de fils dorés et de sequins. Le collet (H 3,5 cm), les parements (H 8 cm), la poitrine, les revers et l'écusson de taille sont richement brodés en fils, cannetilles et sequins d'argent doré de branches de palmiers et de branches de laurier. Au niveau du noeud de corps, deux boutons d'uniforme sont cousus ainsi qu'un bouton au bas de chaque basque interne. Sur la gauche du noeud de corps, est cousue une ganse de drap écarlate (H 3,2 cm, largeur 1,8 cm) destinée à recevoir la clé de chambellan.
Doublure intérieure entièrement en soie ivoire.
H de l'habit à l'avant, à partir de la base du collet : 40,4 cm
H de l'habit à l'arrière, à partir de la base du collet : 72,5 cm
Longueur des manches avec le parement : 57 cm.

Housse de protection en toile fine écrue d'origine, aux dimensions de l'habit.

France.
Second Empire.
Parfait état proche du neuf.

Exemplaire connu : un autre habit identique est conservé dans les collections du musée de l'Armée à Paris sous le numéro d'inventaire 14475.

Dans l'organisation de l'Empereur, les chambellans sont organisés ainsi : un sénateur duc grand chambellan, un premier chambellan, dix chambellans ordinaires et 22 chambellans honoraires.

BIOGRAPHIE :
Olivier Charles Marie, comte de La Poëze, est un député français, né le 25 juin 1821 à Nantes et mort le 26 mars 1882 à Tours.
Fils de Charles-Henri-Marie, vicomte de La Poëze (1788-1875), et de Caroline-Prudence de La Ville de Férolles des Dorides, il fut chambellan de Napoléon III. Son épouse, née le 11 février 1853 Staouëli de La Rochelambert, avait connu l'impératrice Eugénie dans une institution en Espagne et en était devenue dame d'honneur ou dame du Palais de l'impératrice le 29 janvier 1855.
En 1858, il est conseiller général de la Vendée pour le canton de Saint Fulgent. Le 1° juin 1863, il est élu député au corps législatif dans la 3° circonscription de la Vendée avec une majorité écrasante (20199 voix sur 20827 votants). Il est réélu le 24 mai 1869. Il s´occupa principalement du port des Sables d´Olonne.
Le 14 août 1866, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Dévoué à l'Empire, La Poëze soutint la politique du gouvernement et vota pour la guerre contre la Prusse (1870). Il quitta la vie publique à la chute de Louis-Napoléon Bonaparte, après le désastre de Sedan.
Héritier du château de Sainte Hermine, en 1877, soit deux ans après le décès de son père, Olivier Charles vend le château à Edouard Michelon. À l'occasion de son mariage, il reçut le château de La Rabatelière. Il partagea ainsi sa vie entre la Vendée (La Rabatellière) et Paris où il résidait 119 avenue des Champs-Elysées.
Il est nommé Chambellan de Napoléon III à une date que nous n'avons pu retrouver mais probablement après son mariage.
« Les Chambellans sont Officiers civils de la Maison de l'Empereur (...). Il y a toujours au Palais un Chambellan de service ; il est relevé tous les huit jours. Il est chargé d'introduire près de Sa Majesté les personnes qui peuvent être admises près d'Elle et auxquelles Elle veut parler. Le Chambellan ne quitte les appartements que quand Sa Majesté est couchée, et il doit y être rendu une heure avant son lever. Le Chambellan suit l'Empereur au Conseil d'État. Il habite le Palais. Toutes les fois que l'Empereur reçoit dans les grands appartements, quatre chambellans sont obligés de s'y trouver et tous ont la faculté de s'y rendre. Sa Majesté désigne particulièrement les Chambellans qui doivent l'accompagner dans ses voyages. »
En général, cette nomination au poste de chambellan précède l'investiture comme candidat officiel.

LES DÉPUTÉS CHAMBELLANS DU SECOND EMPIRE
Auteur : ANCEAU Eric
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/les-deputes-chambellans-du-second-empire/

À l'exception de François Zorn de Bulach et de sa famille dont François Igersheim s'est fait l'historien (1), les députés chambellans du Second Empire sont mal connus. Même les Mémoires d'époque (2) ne font que les évoquer de façon succincte, y compris l'ouvrage du duc de Conegliano, lequel était pourtant concerné au premier chef (3).
Ils sont dix-sept à être députés chambellans sous le Second Empire (4). De plus, trois députés deviennent chambellans après avoir terminé leur mandat. Ils ne relèvent pas de la présente étude (5). En outre, il faut savoir que de nombreux membres du personnel de la Cour impériale, en plus des chambellans, ont fait partie du Corps législatif (6), mais aussi du Sénat ou encore des différents conseils généraux. Pourtant, seuls les députés chambellans ont focalisé l'attention de leurs contemporains. Ils figurent parmi les plus mal aimés (7) d'un régime pour lequel, d'ailleurs, ses successeurs n'ont pas été indulgents. C'est à eux que l'opposition s'en est pris le plus. Pourquoi s'est-on tant acharné sur ces hommes ? Qu'ont-ils fait pour cela ? Qui étaient-ils? Quelle a été leur action comme chambellans et comme députés ? Autant de questions auxquelles nous essaierons d'apporter une réponse.
Le poids des députés chambellans
Il n'y a pas toujours eu autant de chambellans au Corps législatif. Il n'y en a pas dans la session de 1852 puisque l'Empire et donc la Maison de l'Empereur n'existent pas encore. Dans les deux premières législatures, la croissance est continue jusqu'en 1861. On passe, en effet, de deux chambellans lors de la session de 1853 à neuf lors de celles de 1860 et 1861 puis on tombe à sept à la veille des élections générales de 1863 (8). C'est au lendemain de ces dernières, à l'ouverture de la session de 1864, que l'on atteint le chiffre record de dix, puis l'on se maintient dans les sessions suivantes à neuf. Lorsque la Chambre décide de l'incompatibilité entre les fonctions de chambellan et le mandat de député, en novembre 1869, les députés considèrent que les chambellans exercent une fonction publique rémunérée ce qui va à l'encontre du décret du 2 février 1852 (9). Les députés chambellans remettent alors leur démission à l'Empereur qui la refuse. Napoléon III ressent comme une attaque personnelle l'attitude des députés qui ont voté pour l'incompatibilité. Pour lui, cette dernière n'existe pas tout simplement parce que le service dans sa Maison n'est pas une » fonction publique rétribuée « . Mais les ministres ne souhaitent pas défendre ce principe. Ils font valoir à l'Empereur que cela entraînerait huit élections partielles dans des circonstances délicates. Les chambellans démissionnent donc de leur fonctions et l'Empereur les nomme aussitôt chambellans honoraires. Ils resteront fort proches de la Cour (10). À la chute de l'Empire, la Chambre ne comprend plus que sept chambellans honoraires.
Bien sûr ces chiffres sont à comparer au nombre total de chambellans et de députés. Au début de l'Empire, il y a huit chambellans. Trois ans après, ils sont dix puis douze (11). Les députés sont donc nettement majoritaires au sein des chambellans. Être chambellan donne les meilleures chances de siéger un jour au Corps législatif.
Par ailleurs, six cent treize hommes ont été députés du Second Empire. Les députés chambellans ne représentent que 2,77 % de l'ensemble et si l'on ajoute les trois députés qui ont été chambellans après leur mandat, on n'atteint toujours qu'une proportion dérisoire. À l'ouverture de la session de 1864, là où ils sont proportionnellement les plus nombreux, ils ne représentent que 3,57 % de la Chambre. Ceci montre bien qu'il faut relativiser leur importance numérique. Qu'en est-il maintenant de leur poids en terme de présence ? Alors que cinquante-deux députés ont siégé durant tout le Second Empire, un seul député chambellan, Arjuzon, est dans ce cas. La durée moyenne de présence des chambellans au Corps législatif est de huit ans et demi, ce qui ne les singularise pas des autres membres de la majorité gouvernementale. Certains de ces chambellans comme le marquis de Riencourt ou le comte de Belmont siègent très peu (12). Ils ne représentent donc qu'un groupe fort restreint au sein de la Chambre.
Comment et pourquoi devient-on député chambellan ?
En général, la nomination au poste de chambellan précède l'investiture comme candidat officiel (13). En quoi consiste donc cette fonction de chambellan ?
» Les Chambellans sont Officiers civils de la Maison de l'Empereur (…). Il y a toujours au Palais un Chambellan de service ; il est relevé tous les huit jours. Il est chargé d'introduire près de Sa Majesté les personnes qui peuvent être admises près d'Elle et auxquelles Elle veut parler. Le Chambellan ne quitte les appartements que quand Sa Majesté est couchée, et il doit y être rendu une heure avant son lever. Le Chambellan suit l'Empereur au Conseil d'État. Il habite le Palais. Toutes les fois que l'Empereur reçoit dans les grands appartements, quatre chambellans sont obligés de s'y trouver et tous ont la faculté de s'y rendre. Sa Majesté désigne particulièrement les Chambellans qui doivent l'accompagner dans ses voyages. » (14)
Le plus fréquemment, c'est donc après avoir appris à mieux connaître ses chambellans dans leur service aux Tuileries, que l'Empereur leur propose de devenir députés en bénéficiant de l'appui du gouvernement. Tous les députés chambellans ont reçu l'investiture officielle (15). De toute façon, il est évident que pour servir aux Tuileries, il est préférable d'être de la plus stricte orthodoxie bonapartiste. D'Arjuzon a été le compagnon d'enfance de Louis-Napoléon. Quant à Rodolphe d'Ornano, il est devenu son ami un peu plus tard, au cours d'un séjour à Arenenberg. Les autres personnages de notre corpus sont bonapartistes avant l'Empire et même avant la Deuxième République. Il y a, malgré tout, deux exceptions. Tout d'abord, le marquis d'Havrincourt, qui accueille très favorablement la Révolution de 1848, proteste contre le coup d'État du 2 Décembre à la mairie du Xe arrondissement et se retrouve enfermé à Mazas, pour peu de temps, il est vrai (16). La deuxième exception est Zorn de Bulach, fort légitimiste dans ses jeunes années, qui en 1850 encore, rend visite au comte de Chambord à Wiesbaden (17). D'autre part, si tous ont bénéficié de la candidature officielle en tant que chambellans, ils ont pu se présenter précédemment sous une étiquette indépendante. C'est le cas, là encore, d'Havrincourt en 1852 (18). Aux élections générales de 1852 et de 1857, les candidats officiels chambellans ou futurs chambellans sont élus très facilement. Tascher de la Pagerie est, par exemple, élu en 1857 dans la deuxième circonscription du Gard par 99,78 % des votants et 82,48 % des inscrits. L a plupart figurent parmi les mieux élus des deux premiers Corps législatifs avec plus de 90 % des votants (19). Il n'en est plus que rarement de même par la suite. Zorn de Bulach, suite à l'annulation de son élection de 1863, ne parvient pas à se faire réélire en janvier 1864 et doit attendre 1869 pour siéger au Corps législatif. En 1869, Conegliano est battu dans le Doubs et Las Cases dans le Maine-et-Loire. Les temps deviennent durs pour les députés chambellans à l'heure où le régime se libéralise. Ils cumulent en effet deux des méfaits de l'Empire en ses plus beaux jours d'autoritarisme: les faveurs de Cour et la pratique de la pression électorale. Ils ne sont plus systématiquement élus et lorsqu'ils le sont, on leur conteste presque toujours la validité de leur élection.

Si l'Empereur fait si fréquemment de ses chambellans des députés, c'est qu'il y trouve un moyen commode d'être informé de ce qui se passe à la Chambre ou bien d'y faire connaître ses opinions. Les députés chambellans sont donc ses yeux, ses oreilles, parfois sa bouche, auprès d'un Corps législatif qu'il ne voit, en tant que tel, qu'une fois par session, lors de la séance solennelle d'ouverture. Conegliano nous a laissé, à ce sujet, un témoignage qui mérite d'être rapporté : » Lorsque le Chambellan était député, l'Empereur, en sortant, ne manquait jamais de lui dire : « Vous allez à la Chambre ? – Oui, Sire ». C'était un congé, sinon un ordre, il devait rester jusqu'à la fin de la séance si elle présentait quelque intérêt; le soir à dîner, l'Empereur ne manquait jamais de lui demander ce qui s'était passé au Corps législatif ; si le Chambellan répondait d'une manière évasive, ne voulant pas parler devant les serviteurs, Sa Majesté l'interrogeait après dîner. Il devait répondre avec précision, formulant très nettement son jugement et sur les orateurs de l'opposition et sur ceux du gouvernement, indiquant, quelle avait été l'impression produite sur la Chambre par la discussion, il était de rigoureux devoir de parler avec une sincérité absolue ; l'Empereur avait été déjà instruit par une dépêche et par la visite d'un Ministre, mais Sa Majesté tenait à connaître les diverses impressions. » (20) On comprend mieux qu'au Palais-Bourbon, nombre de collègues se méfient des députés chambellans.
Une fois devenu député, le chambellan tire profit de sa proximité de l'Empereur. Il joue un rôle d'intermédiaire privilégié et pas toujours désintéressé, entre ses électeurs et l'État. François Igersheim a bien montré la manière d'agir de Zorn de Bulach. Ce dernier fait nommer ses protégés à des postes de magistrats en Alsace et, en juin 1867, il profite du service de Cour pour demander à l'Empereur une somme de deux millions par an pour l'achèvement de la régularisation du Rhin (21).
Il nous faut maintenant comparer les députés chambellans avec leurs collègues tant du point de vue privé que public, à la ville comme à la Chambre, pour voir s'ils constituent un groupe cohérent ou non.
Portrait de groupe des députés chambellans
Ce qui frappe avant tout, c'est l'homogénéité des âges des députés chambellans puisque entre le plus âgé, Félix d'Arjuzon et le plus jeune, Augustin-Martin d'Ayguesvives, il n'y a que 29 ans (22). Les personnages de notre corpus deviennent en moyenne chambellans à 39 ans et députés à un peu plus de 40 ans soit plus jeunes que leurs collègues. Le benjamin étant Odon de Chaumont-Quitry chambellan à 25 ans en janvier 1853 et député à 26 en juillet 1854 (23) ; le plus âgé, le marquis d'Havrincourt, chambellan à 53 ans et député à 56, mais bien loin des doyens de la Chambre.
Tout naturellement, notre corpus se recrute dans l'aristocratie. Tous les chambellans députés sont nobles. Au moment où ils entrent à la Cour, l'un d'entre eux est duc et prince (Alexandre Macdonald duc de Tarente), cinq sont marquis, sept comtes, deux vicomtes et un baron (le freiherr alsacien François Zorn de Bulach). La plupart appartiennent à la noblesse d'Ancien Régime, fort ancienne pour certains, puisque les Riencourt, par exemple, sont cités dès 1066. La noblesse d'Empire est fort bien représentée avec huit députés chambellans dont le plus jeune des huit enfants du duc de Cadore, le benjamin des quatre enfants du comte de Las Cases, le fils du maréchal Macdonald, et Charles comte Tascher de la Pagerie, petit-cousin de l'Impératrice Joséphine. Charles Thoinnet de la Turmelière fait exception puisqu'il n'est pas titré (24) et que sa noblesse ne remonte qu'à son arrière-grand-père qui a acquis, à la fin de l'Ancien Régime, l'office anoblissant de conseiller-secrétaire du roi.
Par bien des traits, les députés chambellans sont des héritiers, héritiers sociaux, d'une certaine façon de leur fonction de Cour, mais aussi héritiers politiques. Le père du comte d'Arjuzon a été premier chambellan du roi de Hollande, frère de l'Empereur, et, pair de France; sa mère, dame du Palais de la reine Hortense. Le comte est apparenté aux Reiset, Reille et Ségur, députés et sénateurs du Second Empire (25). Odon de Chaumont-Quitry est le fils d'un chambellan de l'Impératrice Joséphine et le cousin germain de Charles Tascher de la Pagerie, lequel est le fils du grand-maître des cérémonies de l'Impératrice Eugénie, appelé par la suite à siéger au Sénat du Second Empire. Belmont est également le fils d'un chambellan, mais de Napoléon Ier cette fois. Jérôme-Paul Nompère de Champagny descend du ministre, sénateur d'Empire et pair de France ; il est frère et oncle d'un pair, d'un chambellan, de députés. Le marquis de Conegliano est petit-fils de député et, par sa mère, du maréchal Moncey, pair de France dont il hérite du nom. Le marquis d'Havrincourt est petit-fils de pair et sénateur, neveu de plusieurs députés, beau-frère de Taillepied de Bondy, pair de France et sénateur, et, est apparenté aux Macdonald, Tascher et Chaumont-Quitry. Le comte Georges de La Bédoyère est le fils du comte Charles, général et pair des Cent Jours, fusillé à 29 ans dans la plaine de Grenelle. Il est parent de nombreux parlementaires, en particulier par sa mère, née Victoire de Chastellux. Le marquis de Las Cases est le fils du chambellan de l'Empereur, député. Son frère aîné est aussi d&eac ute;puté sous la Monarchie de Juillet, puis sénateur du Second Empire. Alexandre Macdonald est fils, beau-frère et cousin de pairs, députés et ministres, tout comme Rodolphe d'Ornano, qui est de plus, le frère utérin du comte Walewski. Olivier de La Poëze est cousin par alliance du marquis de Quinemont, député du Second Empire. Riencourt, de son côté, est le parent d'un autre collègue, Tillette de Clermont-Tonnerre. Quant à Zorn de Bulach, il est le fils d'un député de la Restauration.

Les mariages permettent de consolider les alliances sociales et politiques (26). En 1826, Félix d'Arjuzon prend pour épouse Isabelle Reiset, ce qui en fait le beau-frère de Beurnonville, pair de France et de Jules Reiset, futur député du Second Empire. En 1835, le marquis d'Havrincourt épouse Henriette de Rochechouart-Mortemart, fille du duc, lequel est pair de France et plus tard sénateur du Second Empire. Tascher de la Pagerie est marié, depuis 1838, à la baronne du Saint-Empire Pergler de Perglas, fille d'un chambellan du roi de Bavière. En 1849, Zorn de Bulach épouse une Reinach-Hirtzbach, fille d'un député et pair de France, soeur d'un futur député du Second Empire, belle-soeur du général Salignac-Fénelon, futur sénateur du Second Empire. La Poëze s'allie aux La Rochelambert en 1853, par son mariage avec Fanny, fille du sénateur du Second Empire. Son épouse est nommée dame d'honneur de l'Impératrice et il devient ainsi le beau-frère de LaBédoyère, lequel a épousé en 1849, Clotilde, soeur de Fanny. En 1857, Conegliano épouse Jenny Levavasseur, nièce du député de la Seine-Inférieure.
L'étude des activités professionnelles des députés chambellans révèle une certaine homogénéité. Avant de devenir chambellan, Arjuzon est gentilhomme de la Chambre du roi sous CharlesX puis, propriétaire. Belmont, ancien officier au service de Bavière, est aussi qualifié de propriétaire. Chaumont-Quitry, d'abord officier aux chasseurs d'Afrique, a renoncé à la carrière des armes, suite à la mort de ses deux frères aînés. Halwin de Piennes, Zorn de Bulach, Conegliano, Tarente, La Poëze et La Bédoyère sont également qualifiés de propriétaires. Havrincourt a été lieutenant d'artillerie puis, après sa démission, est devenu propriétaire et raffineur de sucre dans son département. À partir de 1854, Ayguesvives, propriétaire, devient écuyer de l'Empereur, avant d'être nommé chambellan. Le parcours de Riencourt est identique. Tascher de la Pagerie vit en Bavière jusqu'à l'élection présidentielle puis, il vient retrouver son ami d'Arenenberg et occupe des fonctions de Cour à partir du moment où ce dernier devient empereur. Las Cases, après avoir été lieutenant de vaisseau, dirige des mines à Chalonnes-sur-Loire. Ornano débute dans la diplomatie comme attaché à la légation de France à Dresde, puis, à l'ambassade de Londres, mais, en raison de ses liens avec Louis-Napoléon Bonaparte, il est contraint de démissionner. Il devient préfet de l'Yonne peu avant le coup d'État et réprime le soulèvement de Clamecy. En 1853, il est de la première promotion de chambellans puis, le 1er février 1859, devient premier maître des cérémonies de l'Empereur, charge spécialement cré ;ée pour lui et qui est supprimée à sa mort (27). Le profil type du député chambellan du Second Empire est donc celui d'un ancien officier devenu propriétaire, le plus souvent d'ailleurs, grand propriétaire foncier. Ce sont au total quatorze des dix-sept députés chambellans qui sont qualifiés de propriétaires au moment de leur première élection au Corps législatif, proportion très supérieure à celle des propriétaires parmi l'ensemble des députés.
Le député chambellan doit avoir une surface financière certaine dans sa double attribution. En effet, alors que les appointements d'un grand chambellan sont de 40 000 francs et ceux du premier chambellan sont de 30 000 francs, ceux que perçoit un chambellan ordinaire ne s'élèvent qu'à 12 000 francs (28). Rappelons par ailleurs qu'avant le 25 décembre 1852, les députés ne bénéficient pas d'une indemnité parlementaire. À cette date, il leur est accordé qu'une somme de 2 500 francs par mois de session. Le senatus-consulte du 18 juillet 1866 porte cette dernière à 12 500 francs par session (29). Pour tenir son rang, bien occuper des fonctions qui ne sont pas parmi les plus lucratives de l'époque, le député chambellan doit donc avoir des assises solides. La plupart d'entre eux sont, nous l'avons dit, de grands propriétaires fonciers. Ils possèdent presque tous un château et, quelques-uns, un hôtel particulier dans la capitale. Roger de Riencourt laisse à sa mort plus d'un million dans sa déclaration de mutation par décès parisienne. Il dispose de nombreuses propriétés en province et en particulier dans le Pas-de-Calais, mais aussi le somptueux domaine du Plateau près de Dourdan (30). Grâce aux dossiers de conseillers généraux de 1870 (31), et même si cette source est à prendre avec précaution, on peut dresser un tableau des revenus des députés chambellans à ce moment-là. Onze sont encore vivants et nous connaissons les revenus de sept d'entre eux. La moyenne se situe à 55 000 francs et la médiane à 50 000 francs. Avec 100 000 francs, le baron Zorn de Bulach, richement possessionné des deux côtés du Rhin, est le p lus fortuné. Quant au marquis d'Havrincourt, il disposerait de la plus grosse fortune de son département, lui-même parmi les plus riches, sous le Second Empire (32). Au total, le député chambellan est un homme très riche, plus que la moyenne de ses collègues parlementaires.

Le député chambellan a des obligations sociales du fait de sa double appartenance, de sa proximité du pouvoir. Outre les réceptions de la Cour, on le retrouve fréquemment dans les clubs parisiens, hauts lieux de la sociabilité des gens qui comptent, en ce milieu du XIXesiècle. C'est au Cercle impérial que l'on rencontre le plus de députés chambellans et cela n'a rien d'étonnant; ce cercle est aussi le plus proche du gouvernement, siège dans un immeuble qui appartient à l'État, et doit lui stipuler toute modification de son règlement. Certes, on s'y réunit avant tout pour jouer, mais, bien que l'article 25 du règlement indique que toute réunion politique organisée est interdite, on y discute fréquemment des séances du Corps législatif, dans le cabinet de lecture, dans la bibliothèque ou autour du billard. En 1862, ce cercle compte six membres de notre corpus (33) soit, compte tenu de deux décès survenus avant cette date, 40 % des députés chambellans, beaucoup plus que les députés en général et même que les candidats officiels (34). Au Cercle de l'Union, on retrouve, à la même époque, le comte de La Bédoyère et le comte de Riencourt; au Jockey Club, les comtes d'Ayguesvives, de Riencourt et de La Poëze et le marquis de Chaumont-Quitry; au Cercle agricole, le marquis d'Havrincourt, les comtes de La Poëze et de Riencourt.
L'étude des décorations permet de saisir l'un des avantages les plus tangibles que l'on peut tirer du mandat de député et de la fonction de chambellan. Tous les députés chambellans sont décorés de la Légion d'honneur (35). À leur mort, on compte cinq chevaliers, onze officiers et un commandeur, Rodolphe d'Ornano. L'essentiel des promotions s'est fait pendant le passage à la Cour et le mandat de député et, tous sans exception, doivent au moins une promotion à l'un de leurs deux postes. Ne citons que deux exemples : Auguste-Martin d'Ayguesvives devient chevalier de la Légion d'honneur, le 12 août 1859, comme écuyer de l'Empereur et est promu officier, le 14 août 1869, comme chambellan. Quant à Zorn de Bulach, il est chevalier en août 1860, et officier en août 1867, les deux fois comme chambellan (36). En proportion, les députés chambellans sont beaucoup plus décorés que les simples candidats officiels élus qui figurent pourtant eux-mêmes parmi les hommes les plus honorés de leur temps (37). Il est vrai que leur position est doublement privilégiée. Par contre, on ne rencontre parmi eux aucun grand-officier, ni aucun grand-croix. Là, il faut chercher l'explication dans leur relative jeunesse et dans l'arrêt précoce d'un emploi militaire dont on sait qu'il est le principal pourvoyeur de Légions d'honneur. En ce qui concerne les décorations étrangères, treize des dix-sept députés chambellans en possèdent, proportion beaucoup plus forte que pour les autres députés. Pour la plupart, cela s'explique par la position même de chambellan, par le fait de côtoyer à la Cour des princes et dignitaires étrangers. Parce qu'il parle allemand, Zorn de Bulach e st attaché à la personne de Guillaume Ier, lors de la visite de ce dernier à l'Exposition Universelle de 1867 ; il est décoré de la Couronne et de l'Aigle Rouge de Prusse (38).

Malgré les loisirs importants dont disposent ces grands propriétaires, ils ont peu écrit. Ils figurent même parmi les plus improductifs du Corps législatif. La majeure partie se contente de la publication de professions de foi électorales, de discours parlementaires ou bien d'allocutions lors d'inaugurations. Tout juste peut-on noter que Rodolphe d'Ornano s'est essayé avec succès à la poésie dans ses jeunes années et qu'il est l'auteur d'une brochure remarquée, intitulée De l'Administration de l'Empire… parue chez Dentu en 1860. Par ailleurs, c'est à la vocation tardive de Conegliano que l'on doit de si bien connaître la Cour du Second Empire et, en particulier, son personnel. En effet, à la fin de sa vie, il publie un grand in quarto, Le Second Empire, la maison de l'Empereur… rédigé sur le conseil de l'historien Frédéric Masson qui préface l'ouvrage. Après sa mort, sa femme publie la biographie qu'il a rédigée sur son grand-père maternel, le maréchal Moncey, duc de Conegliano. Il est cependant une exception qui mérite d'être relevée ; le marquis d'Havrincourt est l'auteur de nombreuses brochures à caractère agricole, en particulier, sur la question des sucres et sur son propre domaine.
On voit donc que les députés chambellans présentent certains traits communs qui les distinguent de leurs collègues députés. Tous nobles, ils sont de jeunes héritiers sociaux et politiques. Bien plus souvent que la moyenne, anciens officiers et grands propriétaires, ils sont aussi plus fortunés et plus décorés. Ils consacrent enfin la plus grande partie de leurs loisirs au club, et non à l'écriture. Qu'en est-il de leur activité purement politique ?
Le chambellan comme député
Les députés chambellans sont des hommes nouveaux en politique. Il est vrai qu'ils sont jeunes. Un seul a exercé un mandat national avant le coup d'État du 2 Décembre. Il s'agit du marquis d'Havrincourt qui est aussi l'un des plus âgés à ce moment-là puisqu'il a déjà 45 ans. Après avoir échoué à la Constituante en 1848, il est élu à la Législative le huitième sur quinze dans le Pas-de-Calais. Il est aussi conseiller général de son département depuis la fin de la Monarchie de Juillet et maire de son village. Un autre député est conseiller général, Arjuzon. Le doyen des futurs députés chambellans a d'ailleurs refusé la pairie à laquelle son père a renoncé, suite aux Trois Glorieuses. Quand à Rodolphe d'Ornano, il a été porté candidat aux législatives de 1848 mais a fini par se désister au profit du maréchal Bugeaud (39).
En général, le futur député chambellan est bien enraciné dans sa région avant d'en être l'élu. Sans être à proprement parler un notable puisqu'il est jeune et n'a pas encore exercé de mandat national ou local, il a tout pour en devenir un. Dans treize cas, il est, par ses attaches familiales comme par ses propriétés, originaire du département qu'il va être appelé à représenter au Corps législatif. En général, il s'agit d'une origine familiale paternelle, voire des deux parents, mais, dans un cas, l'attache régionale est due uniquement à la mère. C'est par celle-ci, née Jannot de Moncey et fille du maréchal, que Duchesne de Gillevoisin, marquis de Conegliano, se rattache au Doubs. Dans trois cas, le lien avec le département qui est choisi est plus récent, plus ténu. Le marquis de Belmont doit de représenter les Basses-Pyrénées au fait que sa mère se soit remariée en 1819, alors qu'il n'a encore que quatorze ans, au baron de Grouseilhes, béarnais, avocat général à Pau (40). Barthélémy de Las Cases s'installe en Anjou car son frère aîné Emmanuel, y possède les mines de Chalonnes-sur-Loire (41). Quant à Rodolphe d'Ornano, c'est à son court mais efficace passage à la préfecture de l'Yonne qu'il doit d'être désigné pour représenter ce département (42). Dans l'unique cas de Tascher de la Pagerie, élu du Gard, aucun lien ne semble exister avant l'élection (43). En l'absence de toute certitude nous ne pouvons donc qu'émettre une hypothèse, celle d'un candidat imposé depuis Paris, dans une terre difficile. Le succès remporté n'en e st pourtant pas moins net (44).
Sous le Second Empire, onze députés chambellans siègent au conseil général du département qu'ils représentent à la Chambre. Il faut ajouter en outre Odon de Chaumont-Quitry, député de la Sarthe, mais surtout attaché à l'Eure (45) et Havrincourt, qui représente le Nord au Corps législatif, mais, est élu local du Pas-de-Calais. Les six autres mandats municipaux, exercés exclusivement dans des villages ou des gros bourgs, le sont tous dans le département de représentation. Quant aux postes au bureau du conseil général, les députés chambellans y sont bien représentés, avec quatre vice-présidences et deux présidences, celle du marquis d'Havrincourt dans le Pas-de-Calais, et celle du duc de Tarente dans le Loiret.
La plupart des grandes régions du pays ont au moins un député chambellan. Cependant, aucun département n'en a plus d'un. On constate une sur-représentation du grand-ouest (Bretagne, Normandie, pays de la Loire) avec huit députés chambellans sur dix-sept. Il faut sans doute invoquer ici le fort poids de la noblesse dans la représentation de cet ensemble géographique. À l'inverse, le Bassin Parisien est peu représenté et le Massif central, pas du tout.

Les députés chambellans se retrouvent proportionnellement plus fréquemment au bureau du Corps législatif que leurs collègues puisque quatre d'entre eux y occupent une place. Il s'agit toujours de celle de secrétaire, la moins importante et prestigieuse des quatre (46), celle que l'on réserve généralement à de jeunes députés, il est vrai, prometteurs (47). Tarente est secrétaire de 1852 à 1855, Chaumont-Quitry de 1855 à 1858, Thoinnet de la Turmelière en 1866 et Conegliano de 1867 à 1869. Il est donc presque d'usage que la Chambre ait, parmi ses secrétaires, un chambellan, puisqu'en dix-neuf ans, cela a été le cas durant onze ans. Le long intervalle de 1859 à 1865 correspond globalement à la libéralisation du régime et au décret du 24 novembre 1860 quand le Corps législatif retrouve la prérogative d'élire ses secrétaires (48). Les députés chambellans n'ont pas bonne presse parmi leurs collègues. Prenons l'exemple de l'élection de 1865 qui a lieu le 17 février. Au premier tour de scrutin, le premier député chambellan, Thoinnet de la Turmelière, n'arrive qu'en dixième position avec 37 voix alors que le dernier élu, Darimon, opposant rallié, en recueille 114. Certes, il est élu l'année suivante mais au 2e tour et en avant-dernière position. Dans la Chambre de 1870, il n'y a plus de députés chambellans au bureau. À l'heure où le régime devient parlementaire et où leurs collègues ont tout fait pour que les chambellans ne siègent plus, il n'est pas question d'en retrouver au poste de secrétaire.
Quant aux bureaux particuliers du Corps législatif (49), ils ont, à leur tête, un président assisté d'un secrétaire. À l'exception de la première session durant laquelle le plus âgé des députés du bureau est président et le plus jeune, secrétaire, ils sont élus. Les députés chambellans y sont très bien représentés, jamais comme président, mais huit d'entre eux au poste de secrétaire. Les quatre députés qui ont été secrétaires de la Chambre ont été précédemment secrétaires de bureau, ce qui leur a servi, en quelque sorte, d'apprentissage. Il faut noter, malgré tout, que les députés chambellans qui exercent un secrétariat de bureau, ne le font jamais régulièrement puisque, deux d'entre eux seulement le sont six fois (50) : La Poëze et Thoinnet de la Turmelière. Quant à Conegliano, il est cinq fois secrétaire de bureau, Ayguesvives, quatre fois, Chaumont-Quitry et Ornano, trois fois, Las Cases et Tarente, une fois. À ce titre de comparaison Abbatucci est quarante-quatre fois secrétaire !
Les députés chambellans sont, un peu plus fréquemment que leurs collègues, membres de commissions (51). Onze sur dix-sept ont participé à des commissions d'intérêt général et seize à des commissions d'intérêt local. Seuls trois d'entre eux sont régulièrement membres de commissions d'intérêt général : Jérôme-Paul Champagny, Thoinnet de la Turmelière et Las Cases. Le député chambellan est rarement dans des commissions importantes. Par exemple, il n'est jamais dans les commissions de l'Adresse. Un seul entre dans la commission du budget, Havrincourt, et encore n'y siège-t-il qu'une fois, en 1868. Las Cases se cantonne presque uniquement dans les projets de loi concernant la marine militaire. Le député chambellan est souvent présent dans les commissions d'intérêt local et pas toujours, loin s'en faut, dans celles qui concernent sa circonscription. En 1865, par exemple, Conegliano fait partie de onze commissions de ce type. Le député chambellan, de par son assiduité au Corps législatif (52) et sa qualité de grand propriétaire terrien, est à même de postuler pour ces commissions de moindre importance, mais en prise avec la réalité locale.
Dans chaque commission, un membre a 14,15 % de chances d'exercer l'un des trois postes électifs (53) jusqu'en 1861, et 11 % à partir de cette date. Quant au député chambellan, il n'exerce dans les commissions d'intérêt général auquel il participe, jamais le premier, le second dans 20,43 %, et le troisième dans 6,45 % des cas (54). Dans les commissions d'intérêt local, il exerce 0,49 % des présidences des commissions auxquelles il participe (55), 20,04 % des secrétariat s; enfin, il est rapporteur dans 15,84 % des cas. On voit donc, là encore, que le député chambellan n'a pas, aux yeux de ses collègues, suffisamment d'ampleur pour être président. En revanche, il est prédisposé à être secrétaire et, si on lui confie plus rarement que la moyenne les rapports d'intérêt général, il est bien placé pour rapporter les projets de lois d'intérêt local.
Les députés chambellans ne figurent pas parmi les grands orateurs de la Chambre : aucun n'entre dans les 5 % qui interviennent le plus souvent, les ténors de la Chambre, ceux qui prennent systématiquement la parole sur les grandes questions, en plus de leurs domaines particuliers de compétence (56). Dans la catégorie suivante que l'on pourrait appeler celle des orateurs fréquents, on ne retrouve qu'un député chambellan, le marquis d'Havrincourt, qui intervient à toutes les sessions auxquelles il participe, en moyenne huit à neuf fois par session et qui obtient en six ans de présence, l'impression de sept grands discours (57). La catégorie qui suit, celle des orateurs de circonstance, ceux qui n'interviennent que sur leur spécialité, lorsque leur circonscription ou eux-mêmes sont en cause (58), n'est illustrée que par 4 députés chambellans, ce qui, là encore, est inférieur à la moyenne de l'ensemble des députés. En fait, ce sont dans les deux derniers groupes que l'on rencontre l'essentiel de notre corpus. Les chambellans sont surtout présents parmi les orateurs occasionnels qui ne prennent la parole, en une session, que pour lire un rapport, faire une ou deux remarques, lesquelles représentent au mieux un paragraphe du compte-rendu des débats : ils sont huit dans ce cas. On trouve enfin une sur-représentation des députés chambellans parmi les muets, ceux qui, durant toute leur présence au Corps législatif, et, dans le meilleur des cas, n'ont jamais pris la parole sinon pour interrompre un collègue. Quarante-sept députés sur les six cent neuf qui ont effectivement siégé au Corps législatif appartiennent à cette catégorie, soit 7,71 % ; alors que les déput&eacut e;s chambellans sont quatre pour dix-sept (23,52 %), leurs collègues ne sont que quarante-trois pour cinq cent quatre-vingt-douze (7,26 %). Il faut bien évidemment tenir compte aussi du temps de présence de chacun des députés. Mais, s'il permet de fournir des circonstances atténuantes à Belmont qui n'intervient pas (59), on s'explique plus difficilement, en revanche, le silence de La Poëze, député de 1863 à 1870 qui n'a, durant cette période, sollicité que deux congés (60).

On a beaucoup écrit à tort que le député gouvernemental, a fortiori le député chambellan, vote systématiquement pour les projets qui lui sont soumis. Or, il se permet quelquefois de voter contre le gouvernement, y compris sous l'Empire autoritaire. Il s'agit, il est vrai, de votes sur des projets secondaires et dont l'issue favorable est certaine. Sur des projets importants (loi de sûreté générale votée le 19 février 1858, budget…), la voix du député chambellan ne fait en revanche jamais défaut. En ce sens, on peut qualifier les députés chambellans, au moins jusqu'en 1869, de « noyau dur des gouvernementaux « . Il est intéressant de comparer les votes de deux frères qui siègent en même temps et qui tous deux sont gouvernementaux mais dont l'un seulement est chambellan : Jérôme-Paul et Napoléon Champagny. Le deuxième, qui n'est pas chambellan, se sent beaucoup plus libre que son cadet. C'est ainsi, pour ne relever qu'un exemple, qu'il vote contre la validation de l'élection douteuse d'un candidat officiel, Dalmas, alors que son frère vote pour (22 mars 1860). Il est malgré tout un domaine dans lequel les députés chambellans se montrent jaloux de leur indépendance : la religion. Tous sont catholiques et la plupart de fervents pratiquants et, lorsque l'adresse comporte quelques mots blessants pour le Saint Père, deux députés chambellans font partie des quatre-vingt-onze qui votent un amendement pour défendre le Pape : Las Cases et, le fait est significatif, Jérôme-Paul Champagny. En avril 1865, les deux mêmes, auxquels s'ajoute désormais Thoinnet de la Turmelière, réclament au gouvernement, avec quatre-vingt-un de leurs collègues, des garanties pour le maintien de la souveraineté temporelle du Pape. Dans le domaine politique, les députés chambellans se montrent plus sages ; on en retrouve aucun parmi les quarante-deux signataires de l'amendement libéral de mars 1866, aucun non plus ne figure parmi les soixante et un qui le votent. Sur sept députés chambellans dans la Chambre, en juillet 1869, un seul, Thoinnet de la Turmelière signe le projet d'amendement dit des » Cent seize « . Mais la situation évolue durant la suite de l'été, avec la décision prise par l'Empereur d'aller plus avant dans la voie des réformes libérales. Ce sont, cette fois-ci, quatre noms que l'on retrouve début décembre 1869, parmi les cent vingt-quatre signataires du programme du centre-droit, sur lequel Ollivier va s'appuyer, moins d'un mois plus tard, pour former son gouvernement (61). À ce moment, et jusqu'à la chute du régime, seul un député chambellan reste au sein de la droite extrême, refusant l'évolution libérale, La Poëze, cependant que les deux derniers, Arjuzon et de Piennes, semblent plutôt dans l'expectative.
En dépit d'une idée reçue et fort répandue que l'étude des votes dissipe donc, les députés chambellans ne constituent plus à proprement parler un corps à la Chambre à la fin du régime et, en tout cas, pas un groupe politiquement soudé. S'ils en ont jamais constitué un, celui-ci s'est désagrégé avec les réformes libérales. Conegliano le dit lui-même : » il n'y avait parmi les Chambellans aucun esprit de corps. » (62) Du reste, ces derniers se connaissent mal. Même s'ils se voient à la Chambre ou dans les clubs, ce n'est en tout cas pas à la Cour qu'ils peuvent entretenir des relations suivies puisqu'ils sont rarement en poste en même temps et toujours pour une durée très limitée.
Le devenir des députés chambellans
Six de nos dix-sept députés chambellans sont morts avant la chute du Second Empire. Le décès de trois d'entre eux est particulièrement tragique. Belmont est atteint de goutte, mais il met un point d'honneur à exercer son service de chambellan. Il est attaché au service de Victor-Emmanuel, lors du séjour de celui-ci en France et sa santé chancelante n'y résiste pas. Il meurt le 11juillet 1857, dans son château de Quévillon (Seine-Inférieure) (63). Riencourt succombe mystérieusement à un coup de pistolet, le 20 octobre 1862, à Paris (64). Chaumont-Quitry meurt du choléra, le 24 août 1866, dans son château du Landin (Eure) (65). Trois députés chambellans terminent leur carrière politique au Sénat : La Bédoyère nommé en août 1859, Tascher de la Pagerie, en mars 1861, à la suite de son père qui vient de décéder et Macdonald, en mai 1869. Parmi les onze députés qui vivent encore au 4 Septembre, cinq exercent un mandat national par la suite. Ayguesvives est élu en 1876 mais est invalidé en 1877 et ne peut être réélu par la suite. Champagny est élu en 1877, lui aussi est invalidé et ne parvient pas à se faire réélire. Havrincourt, élu député en 1877 après un échec en 1876, ne se représente pas en 1881 et devient sénateur en 1886, siégeant jusqu'en 1891. Thoinnet de la Turmelière est constamment élu député de 1876 à sa mort en 1887. Enfin, Zorn de Bulach qui fait le choix de l'Allemagne, est élu au Reichstag comme candidat de la » protestation » puis finit par se rallier, devient vice-président de la Délégation et membre du Conseil d'État d'Alsace-Lorraine.
Tous restent fidèles au bonapartisme et Havrincourt et Zorn de Bulach sont loin d'être les derniers. Le deuxième fait même le voyage de Chislehurst en mars 1872. À la mort de Napoléon III, il fait dire une messe en son honneur dans la chapelle de son château, comme pour se faire pardonner de n'avoir pu assister aux obsèques car il est surveillé ; il reste en correspondance avec le duc de Bassano, Eugénie et le Prince impérial (66). À son exception, tous les députés chambellans survivants assistent aux funérailles (67). Quant à Havrincourt, il fait à nouveau le voyage d'Angleterre à la mort du Prince impérial et il figure même parmi les officiels qui gardent le catafalque (68). C'est cependant Thoinnet de la Turmelière qui se révèle le plus assidu puisqu'il accomplit tous les ans le pèlerinage de Chislehurst et qu'il continue, après la mort de NapoléonIII, à exercer parfois le rôle de chambellan ; ainsi, lors de l'accession du Prince impérial à la majorité, c'est lui qui introduit les personnalités venues lui rendre visite (69).
Avec Eugène Halwin, marquis de Piennes qui meurt à Vrbovec, en Croatie, le 6 janvier 1911, à 85 ans, s'éteint le dernier des députés chambellans (70).
Globalement, on peut donc dire que les députés chambellans ont constitué un groupe social homogène et ont eu des orientations politiques semblables, même si les divergences, essentiellement de personnalités, ont pu exister. En revanche, il serait hasardeux de les qualifier de groupe politique, terme d'ailleurs anachronique, puisque aucune concertation n'avait lieu entre des hommes qui se connaissaient d'ailleurs assez mal.
À en croire Conegliano, on a critiqué les chambellans pour leur manque d'indépendance mais » le reproche qu'on faisait à ces messieurs était mal fondé, l'Empereur leur laissant et leur voulant même une indépendance absolue. » (71) En fait, sauf pour certains d'entre eux, et seulement sur le terrain religieux, nous l'avons dit, ils ne pouvaient se permettre d'être indépendants, en raison de leur position ambiguë. La manière dont ils étaient désignés pour entrer au Corps législatif, leur présence à la Cour, les avantages dont ils bénéficiaient, les rendaient naturellement dépendants du pouvoir et jalousés. Il était également normal que leurs collègues les tiennent en suspicion puisque les chambellans rapportaient inévitablement au Chef de l'État, les propos tenus à la Chambre, en séance comme dans les couloirs. Ce qui semblait un travers de plus du régime quand l'Empereur contrôlait tout, devenait intolérable aux yeux du plus grand nombre, lorsque les libertés réapparurent. Les journalistes d'opposition firent des députés chambellans les derniers vestiges du régime autoritaire et réclamèrent leur démission ou leur invalidation. N'étaient-ils pas, à la fois, les premiers bénéficiaires des faveurs de Cour et de la pression électorale ? Les députés n'hésitèrent alors pas à sacrifier leurs collègues chambellans, en novembre 1869, en interprétant en leur défaveur un décret vieux pourtant de plus de dix-sept ans !
Liste des députés chambellans du Second Empire
– Félix Jean François Thomas comte d'Arjuzon, chambellan de l'Empereur, député de l'Eure de 1852 à 1870.
– Jacques Auguste Martin comte d'Ayguesvives, chambellan de l'Empereur, député de la Haute-Garonne de 1863 à 1870.
– Marie Louis Gabriel Alfred Ladislas de Briançon-Vachon, marquis de Belmont, chambellan de l'Empereur, député des Basses-Pyrénées d'août 1855 à juillet 1857.
– Jérôme-Paul Marie Jean Baptiste Nompère, comte de Champagny, chambellan de l'Empereur, député des Côtes-du-Nord de septembre 1853 à 1870.
– Odon Charles Joseph marquis de Chaumont-Quitry, chambellan de l'Empereur, député de la Sarthe de juillet 1854 à 1863.
– Charles Adrien Gustave Duchesne de Gillevoisin, marquis de Conégliano, chambellan de l'Empereur, député du Doubs de 1857 à 1869.
– Alphonse Pierre de Cardevac, marquis d'Havrincourt, chambellan de l'Impératrice puis de l'Empereur, député du Nord de 1863 à 1869.
– Georges César Raphaël Huchet, comte de La Bédoyère, chambellan de l'Empereur, député de Seine-Inférieure d'avril 1856 à août 1859.
– Olivier Charles Marie comte de La Poëze, chambellan de l'Empereur, député de la Vendée de 1863 à 1870.
– Charles Auguste Joséphine Pons Barthélémy marquis de Las Cases, chambellan de l'Empereur, député du Maine-et-Loire de 1857 à 1869.
– Rodolphe Auguste comte d'Ornano, chambellan de l'Empereur, député de l'Yonne de septembre 1853 à octobre 1865.
– Eugène Emmanuel Ernest Halwin, marquis de Piennes, chambellan de l'Impératrice, député de la Manche de novembre 1868 à 1870.
– Adrien Roger comte de Riencourt, chambellan de l'Empereur, député de la Somme de janvier 1860 à octobre 1862.
– Louis Marie Alexandre Mac Donald, duc de Tarente, chambellan de l'Empereur, député du Loiret de 1852 à 1869.
– Charles Joseph Louis Robert Philippe comte de Tascher de la Pagerie, chambellan de l'Impératrice, député du Gard de 1857 à mars 1861.
– Charles Célestin Joseph Thoinnet de la Turmelière, chambellan de l'Empereur, député de la Loire-Inférieure de 1857 à 1870.
– François Antoine Philippe Henri dit Franz Zorn de Bulach, chambellan de l'Empereur, député du Bas-Rhin de 1863 à janvier 1864 et en 1869-1870.

Notes :
(1) Politique et administration dans le Bas-Rhin (1814-1870). P.U. de Strasbourg, 831p.
(2) Cf. Comte Fleury et Louis Sonolet: La société du Second Empire. Paris ; Bicknell (Anna L.) : Life in the Tuileries under the Second Empire, Paris 1895 ; Tascher de la Pagerie (Stéphanie) : Mon séjour aux Tuileries, Paris 1893-1895 ; Mme Carette née Bouvet : Souvenirs intimes de la Cour des Tuileries.
(3) Le Second Empire, la maison de l'Empereur. Paris, C. Lévy 1897, Gr. in 4° XX-395p., pl. Cet ouvrage n'en demeure pas moins l'une des sources fondamentales pour la connaissance des députés chambellans.
(4) Quatorze chambellans de l'Empereur, deux de l'Impératrice et un de l'Impératrice puis de l'Empereur. Cf. liste en annexe.
(5) Il s'agit de Corberon, député de l'Oise de 1853 à 1869, de Mariani, député de la Corse de 1857 à 1863 et de Thierion, député de la Gironde de 1852 à 1863.
(6) On peut relever par exemple les noms du docteur Conneau, premier médecin de la Maison de l'Empereur, député de la Somme de 1852 à 1867 puis sénateur, du baron de Pierres, premier écuyer de l'Impératrice et député de la Mayenne de 1853 à 1870 ou encore de César-Florimond de Faÿ marquis de Latour-Maubourg, premier lieutenant de la vénerie impériale et député de la Haute-Loire pendant tout le Second Empire.
(7) Ollivier (Journal t. I, p. 447) nous présente les chambellans comme des députés fort timorés et fort peu estimables. Il les surnomme " les plats de la Chambre ". À en croire Latour-Dumoulin avec qui il s'est entretenu, ils désirent une dissolution de la Chambre après le décret libéral de novembre 1860. En effet, en votant de suite, une Chambre conservatrice peut être élue pour six ans et ils ont toutes les chances d'en faire partie. Dans le cas contraire, avec les nouvelles libertés dont profiteraient les " Cinq " pour parler encore deux ans et demi et cette fois avec un écho dans le pays entier, qui sait ce qui arriverait ? En tout cas leur réélection serait plus difficile. Sur le " groupe des Cinq " cf. notre article dans le Dictionnaire du Second Empire (dir. J. Tulard), dictionnaire publié en 1995 aux éditions Fayard.
(8) Du fait de la nomination de Tascher de la Pagerie au Sénat et du décès de Riencourt.
(9) En particulier de l'article 29, du titre III de ce décret organique. Cf. Bulletin des lois de la République française  n°488.
(10) Cf. pour l'exemple de Zorn de Bulach, Igersheim (F.) op. cit. p.523.
(11) Conegliano (duc de) op. cit. p.95.
(12) Ils décèdent en cours de mandat.
(13) C'est le cas pour onze des dix-sept membres de notre corpus (64,70 %). Zorn de Bulach, par exemple, aurait bien aimé être candidat officiel dès le printemps 1857 mais il n'a pas été retenu. Il est par compensation nommé chambellan en octobre suivant et il devient candidat officiel pour les élections générales de 1863 (Cf. Igersheim (F.) op. cit. p.509 et sqq.). Pour les six autres, en revanche, le mandat a précédé la nomination au poste de Cour, mais pour deux d'entre eux, Félix d'Arjuzon et le duc de Tarente, l'Empire n'existait pas encore au moment où ils ont été élus et donc la Maison de l'Empereur non plus. L'écart entre les deux promotions est presque toujours faible puisqu'il n'excède jamais six ans. Dans quinze cas sur dix-sept (88,23 %), il est inférieur à cinq ans et dans douze cas (70,58 %) inférieur même à trois ans. Alors qu'ils sont députés depuis 1852, Arjuzon et Tarente sont nommés chambellans en janvier 1853, dans la première promotion, de même que Rodolphe d'Ornano, élu lui, en septembre 1853.
(14) Conégliano (duc de) op. cit. p.91 et sqq. Cf. aussi les ouvrages cités précédemment sur la Cour qui fournissent de nombreuses indications sur l'activité des chambellans de même que l'ouvrage de François Igersheim qui en fait la synthèse au travers de l'exemple de Zorn de Bulach.
(15) De plus le candidat chambellan bénéficie pour ainsi dire d'une candidature officielle maximale dans la mesure où il reçoit directement le soutien de l'Empereur et peut en faire usage dans sa profession de foi, par exemple.
(16) Cf. Caron-Deneuféglise (C.) : " Le personnel politique bonapartiste du Pas-de-Calais sous le Second Empire " dans la Revue du Nord, t.LXXV juillet-septembre 1993.
(17) Igersheim (F.) op. cit. p.44 et sqq.
(18) Il est battu dans la première circonscription du Pas-de-Calais par le candidat officiel Wartelle d'Herlincourt.
(19) Il faut toutefois relativiser ces chiffres car la participation est parfois faible et il n'est pas rare que le score des inscrits soit de 40 points inférieur à celui des votants. Cf. A.N. C1336 à 1378 dont C1341 Gard pour Tascher de la Pagerie.
(20) Conegliano (duc de) op. cit. pp.105-6. Cf. aussi Carette (Madame) : Souvenirs intimes de la Cour des Tuileries, p.204.
(21) Igersheim (F.) op. cit. p.604 et sqq.
(22) Le premier est né à Paris le 7 floréal an VIII soit le 27 avril 1800 et le second est né à Toulouse le 25 mai 1829 ; actes de naissance A.N. C1341 : Eure et A.N. C1350 : Haute-Garonne.
(23) L'âge requis pour être député est alors de 25 ans et le plus jeune député de tout le Second Empire est Louis Cambacérès, élu en 1857, dans la deuxième circonscription de l'Aisne alors qu'il n'a pas encore vingt-cinq ans. L'élection est invalidée mais il est réélu peu après.
(24) Cependant, après le Second Empire, lors d'un voyage en Italie, il reçoit le titre de comte romain (le bref papal est daté de septembre 1873). Cf. Wodzinski (comte Antoine) : Le comte Thoinnet de la Turmelière, Nancy Imp. Berger-Levrault, 1888, grand in-8° VIII-282p.
(25) Son fils Georges lui succédera comme chambellan.
(26) Riencourt est le seul célibataire de notre corpus.
(27) Les trois derniers députés chambellans se singularisent de leurs collègues. Las Cases, ancien lieutenant de vaisseau, dirige des mines à Chalonnes/Loire. Champigny exerce la profession d'avocat. Thoinnet de la Turmelière est aussi avocat de formation, mais, très tôt, il est employé à la préfecture de la Loire-Inférieure comme surnuméraire, devient par la suite secrétaire du préfet, chef de cabinet, puis conseiller de préfecture de 1848 à 1857, époque à laquelle il démissionne pour se présenter au Corps législatif.
(28) Conegliano (duc de) op. cit. p.100.
(29) Dès l'origine les sénateurs reçoivent une dotation annuelle et viagère de 30000 F et les conseillers d'État un salaire annuel de 25 000 francs.
(30) A.D. Paris DQ7/10585.
(31) A.N. F/1 b I/230 (1 à 21).
(32) Cf. Caron-Deneuféglise (C.) : " Le personnel politique bonapartiste du Pas-de-Calais sous le Second Empire " dans la Revue du Nord, t.LXXV juillet-septembre 1993.
(33) Il s'agit des comtes d'Arjuzon, d'Ayguesvives et La Bédoyère, du marquis de Chaumont-Quitry, du marquis d'Havrincourt et de Rodolphe d'Ornano. Le président honoraire du Cercle n'est autre que le père de ce dernier, le maréchal d'Ornano.
(34) Cf. Cercle Impérial. Règlement et liste alphabétique de MM. les Membres du Cercle. Année 1862. B.N. 8eZ Le Senne 3238.
(35) A.N. L.H. 1 à 2793.
(36) A.N. O/5/120.
(37) Cf. Lagoueyte (Patrick) : " Candidature officielle et pratiques électorales sous le Second Empire (1852-1870) ", thèse Paris I sous la direction de M.Agulhon 1911, 1129 et 1622 p. et en particulier le chapitre intitulé " Caractéristiques des candidats officiels ".
(38) Sitzmann (E.) : Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace, Rixheim 1910, t. II.
(39) Cf. Tisseron (L.) : Le Corps législatif, 1864.
(40) Par la suite, ministre du cabinet Baroche (1851) et sénateur de l'Empire. Cf. Woelmont de Brumagne (Henry de) : Notices généalogiques, t. I.
(41) Tisseron (L.) : Le Corps législatif, 1864.
(42) A.N. F/1 b I/169 (3).
(43) Malheureusement sa profession de foi n'a pu être retrouvée en particulier en A.N. C 1341 Gard.
(44) Cf. supra.
(45) Il y est conseiller général et maire.
(46) Présidence, vice-présidence, questure et secrétariat.
(47) Rappelons que les députés chambellans sont en moyenne plus jeunes que les autres députés.
(48) Avant ils étaient nommés par décret comme l'ensemble du bureau.
(49) Ils sont sept jusqu'en 1861 puis neuf par la suite. Ils sont surtout chargés de nommer les commissions qui étudient et rapportent les projets de lois.
(50) Soit six mois car sauf au tout début du régime, on est élu pour un mois.
(51) Un seul n'a fait partie d'aucune commission : La Bédoyère.
(52) Rappelons que l'Empereur lui-même encourage les députés à privilégier leur mandat au Corps législatif. Conegliano et Ornano qui siègent une douzaine d'années chacun ne demandent qu'un congé...
(53) Président, secrétaire et rapporteur.
(54) Il est à signaler que c'est Thoinnet de la Turmelière qui exerce à lui seul la moitié des secrétariats et des rapports des députés chambellans.
(55) Il s'agit de deux présidences exercées par Ornano.
(56) Un groupe de trente députés que nous avons isolé.
(57) Son discours le plus célèbre date du 29 mars 1865. Il y exhorte l'Empereur à rester ferme, à ne pas céder, en particulier à ceux qui réclament trop de libertés. Il y décrit l'anarchie qui régnait après février 1848 et affirme : " Le 2 décembre est arrivé, et tout le pays l'attendait ", provoquant la réplique de Picard : " Le 2 décembre est un crime ", première critique publique du coup d'État, entraînant un long incident de séance.
(58) C'est ainsi que Thoinnet de la Turmelière qui appartient à ce groupe, prend la parole pour protester contre la théorie énoncée par Kervéguen sur les incompatibilités morales qui existent entre le mandat de député et la position de chambellan.
(59) Il est présent à deux sessions ordinaires seulement, et est novice en politique.
(60) A.N. C 1119 et C 1129 et Tables analytiques, Moniteur Universel puis Journal Officiel de l'Empire français.
(61) Ces quatre députés chambellans sont Ayguesvives, J.-P. Champagny, Thoinnet de la Turmelière et Zorn de Bulach.
(62) Conegliano (duc de) op. cit. p.97.
(63) Conégliano op. cit. p.96 et Archives Municipales de Quévillon.
(64) A.D. Paris V 4 E 888 et Woelmont de Brumagne (H. de) : Notices généalogiques, t. 2.
(65) A.M. du Landin.
(66) Igersheim (F.) op. cit. p.509 et sqq. et p. 730 et sqq.
(67) Giraudeau (F.) : La mort et les funérailles de Napoléon III. Paris, Amyot 1873, 68 p.
(68) Caron-Deneuféglise (C.) art. cité.
(69) Wodzinski (comte A.) op. cit. p.63.
(70) B.N. Ln/1/77 (202).
(71) Conegliano (duc de) op. cit. p.179.
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LE MINISTÈRE DU FASTE : LA MAISON DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III
Xavier Mauduit
https://www.cairn.info/revue-parlements1-2008-3-page-69.htm

Dans une société où le pouvoir est identifié au sacré, la proximité avec la personne physique du chef de l’État confère un prestige indéniable. Ainsi, s’agrègent autour du prince, des hommes et des femmes constituant ce qu’il est convenu d’appeler la cour.
Les présidents de la République sont les héritiers de ce système : « De tout exécutif fort, de toute autorité centralisée, on pressent qu’ils doivent s’accompagner d’une renaissance du phénomène curial jusqu’au sein de nos sociétés démocratiques. La culture politique de la Ve République en propose le meilleur exemple.
Les polémiques sur l’entourage des présidents de la République font invariablement référence à la cour. Il n’est qu’à citer les cas de Charles de Gaulle ou de François Mitterrand, fréquemment caricaturés en monarque. Le courtisan, par sa proximité avec la personne du prince, par les privilèges et le prestige qu’il peut en tirer, est l’objet de critiques et de jalousies. En effet, l’homme de cour, s’il a une certaine influence sur les dirigeants politiques, n’a aucune légitimité démocratique. Dès lors, assimiler l’entourage d’un chef d’État à une cour a pour but de mettre en question le mode de gouvernement, principalement quand le régime est une république reposant sur les principes de 1789.
Ce qui est un référent négatif sous la République est perçu différemment sous les régimes monarchiques. Les rois et les Empereurs se sont dotés de cours souvent somptueuses, fréquemment qualifiées de « vitrines du régime ». Ces cours sont à la fois des outils politiques chargés de capter une partie des couches supérieures de la société afin de les contrôler, mais ce sont aussi des révélateurs sociaux en ce qu’elles servent de point de référence et de modèle. La cour comptait plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de personnes. Et pour organiser une telle population, une institution complexe fut mise en place par les rois de France, la Maison du souverain, érigée en ministère dès le XVIIe siècle avec pour mission la gestion des biens de la Couronne et l’organisation de la vie du prince au quotidien.
La cour du Second Empire est la dernière, officiellement, qu’ait connue la France. Elle apparut, pour les contemporains, français ou étrangers, mais également par l’image qu’elle a laissée, somptueuse et prestigieuse . À l’opposé, cette cour focalise les critiques portées sur le Second Empire. En effet, parmi les thèmes de la « légende noire », trois sont prégnants : le Second Empire fut un gouffre financier pour la France, les dignitaires de l’Empire ont créé, pour leur confort, un cadre de vie idéal pour la fête et enfin l’Empire fut aux mains d’une bande, d’un clan. Ces trois thèmes récurrents correspondent chacun à un aspect de la Maison de l’Empereur. En effet, la fête émane de cette institution. La liste civile, vue par les républicains comme un détournement des fonds de la nation, est gérée par le ministère de la Maison de l’Empereur. Enfin, les amis proches de Napoléon III, « la bande », se retrouvent en partie dans la Maison de l’Empereur : « La curée commence. La plus grosse portion, la part du lion, revient de droit au chef de la bande […]. Les sénateurs dotés chacun de 30 000 francs de rente s’empressent d’allouer à Louis Bonaparte une liste civile de 25 millions. Ils y ajoutent tout ce qui constitue le domaine de la couronne […]. Dès lors la liste civile dépasse le chiffre de 30 MILLIONS par an, ce qui fait, par mois : 2 500 000 francs par semaine : 600 000 francs par jour : 82 000 francs par heure : 3 400 francs par minute : 57 francs … par chaque seconde qui s’écoule Louis Bonaparte prélève un franc dans le trésor public. » .
Cependant, les critiques ne réussissent pas à effacer l’image fastueuse que Napoléon III a voulu donner de son règne : ses opposants reprochèrent son coût mais durent admettre l’apparence somptueuse du régime. D’ailleurs, « la fête impériale » reste aujourd’hui encore symbolique du Second Empire.
Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la place occupée par la Maison de Napoléon III, cette institution chargée de la représentation du souverain, dans la construction de l’image que le régime s’est donnée et qu’il a voulu laisser. La Maison de l’Empereur est-elle un archaïsme dans le processus de construction de l’État ou participe-t-elle à cette construction, comme outil de pouvoir ?
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