PAUL PERBOYRE (1915) : CHARGE DU 10ème RÉGIMENT DE HUSSARDS, probablement au combat d'Étrœungt, août 1914 : Huile sur toile, Première Guerre Mondiale.
Tableau représentant une charge de hussards contre l'artillerie prussienne. Suite sur toile signée Paul Perboyre et datée 1915 en bas à gauche. H 46,5 cm, largeur 55 cm.
Présenté dans un cadre en bois doré d'époque. H 55 cm, largeur 64,5 cm.
France.
Première Guerre Mondiale.
Très bon état, à nettoyer, cadre en assez bon état avec accidents.
Historique :
Le 10e hussards s'est mobilisé à six escadrons, quatre actifs formant le régiment de cavalerie du 18e C. A., et deux divisionnaires de réserve (5e et 6e) attachés aux 35e et 36e D. I.
L'historique très succinct qui va suivre ne concernera que le régiment actif, sauf quelques faits isolés des 5e et 6e escadrons, méritant une mention spéciale.Il peut se diviser en dix-sept périodes suivant les théâtres d'opérations et la nature de guerre à laquelle le régiment a pris part :
1re période : Lorraine.
2e période : Belgique.
3e période : Retraite de Belgique jusqu'à la retraite de la Marne.
4e période : De la bataille de la Marne à l'arrêt sur le Chemin des Dames.
5e période : Stabilisation sur l'Aisne.
6e période : La Belgique, l'Yser.
7e période : Retour sur l'Aisne.
8e période : Verdun.
ge période : Argonne.
10e période : Instruction au camp de Mailly.
11e période : La Somme.
12e période : Instruction au camp de Crèvecœur.
13e période : Aisne, Craonne.
14e période : Alsace.
15e période : Champagne.
16e période : Mailly-le-Camp.
17e période : Du mois d'avril 1918 à la signature de l'armistice.
Ces périodes ne présentent pas le même intérêt ; aussi seront-elles traitées d'une façon différente, soit pour laisser dans l'ombre les trop longs mois où le régiment n'a pu se rendre utile qu'en employant ses cavaliers à des travaux militaires variés ou en faisant de l'instruction, soit, au contraire, pour mettre en relief la bravoure, l'abnégation et l'intelligente activité de ses officiers, de ses cadres et de ses simples hussards, toutes les fois que l'occasion s'en est présentée.
Un tableau d'honneur termine cet historique. Il contient : 1° la liste des officiers, gradés ou cavaliers tués au champ d'honneur; 20 les citations collectives à l'ordre de l'armée, du corps d'armée, de la division d'infanterie ou du régiment et la liste nominative des officiers, gradés ou cavaliers qui ont été l'objet d'une citation.
Combat d'Étrœungt.
Deuxième période. — Belgique.
Le 20 août 1914 — Le 10e hussards débarque à Avesnes et à Anor pour se rendre à Sivry.
La frontière est traversée gaiement par le régiment qui va, plein d'espérance, porter secours aux Belges dont l'accueil est des plus fraternels. Il pousse une pointe jusqu'à Anderlues, au nord de Thuin, en se gardant par des patrouilles et en envoyant des liaisons avec l'armée anglaise, à gauche, et le corps voisin, à droite.
Aucun incident pendant cette première journée.
Le soir, arrêt à Thuin au bivouac et dans les bateaux du canal. Un officier allemand, prisonnier à la gare, déclare qu'ils sont en Allemagne 8 millions de mobilisés, que, dans trois jours, il sera délivré par les siens. Impudence, évidemment! mais il pouvait le croire; et il est certain qu'à partir du lendemain, le régiment ne devait cesser de battre en rêtraite jusqu'à la Marne.
Le 22 août — Le 10e hussards est envoyé le long de. la Sambre depuis Marchiennes à droite, jusqu'à l'abbaye d'Aulne à gauche, pour arrêter la cavalerie allemande et retarder si possible l'infanterie sans se laisser accrocher par elle.
Les escadrons tiennent les ponts et les passages du canal vers 8h 30 du matin.
Le peloton LEMOYNE, de l'escadron ÉLIE, est détaché aux avant-postes, au nord de Thuin. Le hussard GIRAUDEAU, chargé de porter un renseignement au colonel, a son cheval tué, il continue sa mission à pied. Un civil belge passe à bicyclette fuyant l'envahisseur. L'arrivée du renseignement prime tout. GIRAUDEAU arrête le civil, prend sa bicyclette, et porte le renseignement à destination.
Le lieutenant DU PERRIER DE LARSAN, de l'escadron DE LA SOURCE, est envoyé en reconnaissance avec son peloton au nord de Marchiennes, près de Roux. Il aperçoit un escadron ennemi pied à terre dans un champ. Jugeant le moment favorable, il s'élance en fourrageurs sur les uhlans surpris, qui n'ont pas le temps de monter à cheval, mais tirent affolés en se dispersant. Plusieurs sont sabrés. Ils tuent des chevaux de hussards à coups de feu.
Cependant, le peloton se retire en enlevant au passage quatre chevaux aux Allemands. Un seul hussard est blessé.
C'est DONZENAC, qui a le bras traversé d'une balle. Malgré sa blessure, il tient à rapporter lui-même un renseignement, puisqu'il ne peut en ce moment être aussi utile qu'un de ses camarades valides.
Le cavalier BONNET, démonté de son côté, son cheval ayant été tué, regagnait le peloton à pied comme il pouvait, lorsqu'il entend arriver derrière lui un cavalier allemand.
Il attend derrière un buisson et le tue d'un coup de sabre.
Il saute en voltige sur son cheval et rejoint ses camarades.
Pendant que se livraient ces combats de peloton, les masses allemandes s'approchaient de la Sambre et la bataille de Charleroi commençait. Les escadrons du 10e hussards en disputèrent le passage aux premiers éléments allemands.
La principale rencontre eut lieu à Marchiennes dont les ponts ou passerelles étaient tenus par l'escadron DE LA SOURCE diminué du peloton DU PERRIER, à Roux ce matin-là.
Le pont de pierre est barricadé déjà de sacs à terre et de fils de fer. Les mitrailleuses de la section DE LARY sont en batterie, le peloton DEZÈS à pied les soutient. Les autres pelotons sont plus à l'ouest.
À 9 heures, des renseignements annoncent l'arrivée de cavalerie et d'infanterie en nombre considérable.
Deux cavaliers de pointe allemands se présentent à 250 mètres du pont. Ne voyant rien, ils appellent le pestant du peloton. Le capitaine DE LA SOURCE les laisse avancer à 100 mètres et commande : « Feu ». Mitrailleuses et carah-r es crépitent, les chevaux tombent, d'autres blessés empoitcnt leurs cavaliers et disparaissent au carrefour de la route.
Bientôt l'infanterie allemande arrive à son tour et filtre dans les maisons de la rive nord du canal. La fusillade de- vient plus nourrie, on tire sur quelques Allemands, quand ils traversent la Grand'Rue.
Le 26 août — Au petit jour, les éléments non endivisionnés du 18e C. A. et la 36e D. I. se dirigeaient sur La Capelle, devant franchir à Étrœungt la Petite Helpe, dont les passages devaient être défendus par un bataillon jusqu'après 2 heures.
La 36e D. I. s'échelonnait d'Avesnes vers Le Nouvion.
Deux escadrons du 10e hussards en sûreté éloignée, au nord de la Grande Helpe, prennent le contact de découvertes ennemies auxquelles ils enlèvent des chevaux et un cavalier du 2e uhlans, qui sont emmenés à Sémeries, au régiment, qui fait là une première halte vers 7 heures. Le rendez-vous a été fixé à 9 heures à Fourmanoir où les deux escadrons de sûreté rejoignent..
Le régiment, renseigné sur la présence d'une division de cavalerie allemande venant de Beaumont, atteint la Grande Helpe, vers Avesnes, laisse le 1ER escadron (capitaine DE LA SOURCE) en arrière-garde et gagne Cantraine par Zorées.
Vers 10 heures, il est arrêté face à l'ennemi, aux environs de Cantraine; en (a), l'escadron de LA SOURCE, précédé du peloton SURCHAMP en tête d'arrière-garde; en (b), le 2e escadron (capitaine D'ARISTE), qui fournit une patrouille de combat vers Rainsart et la forêt de Trélon; en (c), l'état-major, le 3e escadron (capitaine DE LA COMBE) et le 4e escadron (capitaine ÉLIE), celui-ci fournissant une patrouille de combat vers Boulogne et la grande route d'Avesnes; en (d), le 5e escadron (capitaine DE SAMPIGNY) divisionnaire de la 36e D. I., tandis que la S. M. a été s'établir en (D) à Étrœungt, enfilant les abords du pont en repli.
À 10h 30, le capitaine DE LA SOURCE fait connaître que le peloton SURCHAMP amuse et attire un premier échelon, paraissant isolé de l'avant-garde de la D. C. ennemie (deux escadrons de cuirassiers). Le commandant GALBRUNER, chef d'escadron du 1er demi-régiment, fait connaître qu'il est en liaison avec l'escadron DE LA SOURCE qui évolue sur la gauche de l'escadron D'ARISTE et qu'il attend l'occasion, avec son demi-régiment, de bondir sur les deux escadrons ennemis lorsqu'ils seront vers Cantraine.
Il demande au colonel de l'appuyer.
Cinq minutes plus tard, le colonel DE RASCAS voit l'escadron D'ARISTE s'engager dans Cantraine se portant à l'attaque. Il prend l'escadron DE LA COMBE et appuie en échelon vers Cantraine, laissant le lieutenant-colonel DE BATZ et le commandant CARRÈRE avec l'escadron ÉLIE en réserve, fournissant un quatrième échelon.
Les charges se poursuivent comme il suit : en (A), l'escadron DE LA SOURCE sur un escadron de cuirassiers se repliant sur Fourmanoir qu'il atteint et disperse mêlé à lui jusqu'à ce qu'ils arrivent au sud de la route d'Avesnes à Chimay où le commandant de l'escadron voit les brigades ennemies rassemblées en ligne, au sud de cette route, en (E); il fait alors un ralliement en arrière sous la protection de l'escadron DE LA COMBE qui est engagé en (b) avec des isolés échappés des mêlées; en (B), l'escadron D'ARISTE, qui a atteint et dispersé avant Zorées un escadron de cuirassiers se repliant sur cette localité dont les lisières et avancées sont garnies par des cyclistes allemands avec des mitrailleuses et des cavaliers pied à terre, estimés à deux escadrons; l'escadron D'ARISTE fait son ralliement en arrière et sur la droite de, l'escadron DE LA COMBE qui est toujours engagé en (c).
L'ensemble des mêlées est sous le feu du 89* allemand venant de la direction de Sains-du-Nord (F). Quelques coups longs tombent seuls dans Cantraine, tandis que la dernière batterie de la colonne d'artillerie du 18e C. A., venant de dépasser Étrœungt au sud, se met en batterie, face au nord, et ouvre le feu à 6.500 mètres dans la direction des hurrah des charges; ses coups portent sur les rassemblements de la division de cavalerie de la Garde allemande qui se trouve être la LRE D. C. du corps de cavalerie VON RICHTOFFEN, la 2E. D. C. se trouvant en ce moment échelonnée vers Avesnes.
Pendant que l'escadron DE LA COMBE évolue à la sortie de Cantraine, recueillant les derniers isolés, qui rallient les escadrons DE LA SOURCE et D'ARISTE jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'objectif, l'escadron ÉLIE en réserve est resté au sud de Cantraine, n'ayant pas eu à s'engager, mais a mis un peloton pied à terre pour interdire à l'ennemi de déboucher de Cantraine, dans le cas où il aurait ramené l'escadron DE LA COMBE.
Il est environ 11 heures, le colonel DE RASCAS, quia donné l'ordre aux escadrons DE LA SOURCE et D'ARISTE de se rassembler sur la rive gauche de la Petite Helpe à l'est d'Étrœungt, ramène les escadrons DE LA COMBE et ÉLIE vers Étroeungt sous la protection du 5e escadron d'arrière-garde.
L'ennemi ne maintient pas le contact; mais vers midi, deux escadrons ennemis venant d'Avesnes viennent s'engager par le feu avec les défenseurs du pont d'Étrœungt; après une vingtaine de minutes, ils rompent le combat et disparaissent vers le nord. # La direction de Cantraine est libre. Un peloton protégeant les cavaliers avec des chevaux de main est envoyé vers Cantraine pour ramener des isolés et des blessés sans que l'ennemi s'y oppose. Les escadrons DE LA SOURCE et D'ARISTE sont envoyés pour se refaire sur Fontenelles tandis que l'étatmajor et les escadrons DE LA COMBE et ËLiE garnissent et défendent les passages de la Petite Helpe jusqu'à 14h 30, libérant le bataillon d'infanterie qui rejoint les arrière-gardes du 18e C. A., lesquelles ont pu s'écouler vers La Capelle et Le Nouvion.
Dans ces combats, le 10e hussards a perdu une quarantaine d'hommes et de chevaux. Il ramène environ 60 chevaux de prise. Il y a dans le rang une vingtaine d'hommes blessés légèrement et une trentaine de chevaux blessés, la plupart de coups de sabre sur l'encolure et la tête. A la suite de ce combat, le corps de VON RICHTOFFEN est resté immobilisé plusieurs heures ayant fait des pertes importantes, dont son chef d'état-major.
Biographie :
Paul-Émile-Léon Perboyre fut un peintre français de scènes militaires. Il est né le 12 juin 1851 à Horbourg (Alsace) dans une famille de militaires - son père commandait un régiment d'artillerie. Il étudia à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, où il fut l'élève de Léon Bonnat et plus tard d’Édouard Detaille, l'un des peintres de thèmes militaires les plus célèbres de l'époque. Il expose régulièrement au Salon de 1881 à 1926 et obtient une mention honorable en 1908. Son œuvre, surtout rattaché au naturalisme et au réalisme, se qualifie par son amour du détail. Perboyre se distingue également par sa peinture de genre, décrivant avec délicatesse la vie parisienne du début du XXe siècle. Il est mort en 1929.
Référence :
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