FUSIL CHASSEPOT D'INFANTERIE, modèle 1866, contrat CAHEN À LYON, fabrication espagnole « Placencia », Manufacture de Tulle, Second Empire.
Canon à quatre pans poinçonné « U 8584 », daté « 1868 », marqué « Épreuve des manufres imples Tulle 1869 Zuazubscar Ysla y Ca Placencia CAHEN LYON et Cie Mle 1866 », longueur sans la culasse 80 cm, longueur totale du fusil 101,5 cm. Tenon de baïonnette sur le côté droit. Guidon sur embase cubique. Culasse en acier trempé, elle est mobile et se compose du cylindre forgé, d'une pièce avec le levier de manoeuvre, chien coulissant dans un cylindre relié au porte-aiguille par un manchon en T matriculé « U 8584 ». Monture en noyer, plaque de couche en acier. Baguette en acier.
France.
Second Empire.
Bon état de conservation, le bois a quelques taches et légère oxydation d'usage aux parties en acier.
NOTE :
Antoine Alphonse CHASSEPOT est né à Mutzig (Bas-Rhin) le 4 mars 1833, fils de Jean-Baptiste Chassepot, réviseur d'armes et d'Hélène Bruder.
En 1851, il rejoint son oncle Pierre-Auguste Chassepot, contrôleur principal à la Manufacture d'armes de Châtellerault puis arrive à Saint-Étienne en 1856.
Le 10 mai 1859, à Châtellerault (Vienne), il épouse sa cousine germaine, Pauline Augustine Chassepot née le 27 février 1840 à Mutzig, fille de Pierre-Auguste et de Françoise Wilhelmine Bonne (décédée à Châtellerault le 27 février 1858), domiciliée chez son père, alors à la retraite. Antoine Alphonse est alors contrôleur de deuxième classe à la Manufacture Impériale d'armes de Saint-Étienne.
Deux enfants naîtront à Saint-Étienne, Marie Alphonsine Hélène en 1860 et Alphonse Auguste Achille en 1862.
Il est l'inventeur du célèbre fusil à aiguille qui porte son nom, breveté le 27 août 1866, ce qui vaudra à Alphonse Chassepot la croix de Chevalier de la Légion d'honneur dès le 30 août 1866 et une indemnité de 30000 F. Capable de tirer à 1200 m, ce fusil fut immédiatement adopté par l'armée française. Commandé en 400 000 exemplaires par l'Empereur pour le 1er janvier 1868, les manufactures de Saint-Étienne, Châtellerault, Mutzig et Tulle le produisent.
Avant même le décret de son brevet, Alphonse Chassepot l'avait cédé à l'entreprise Cahen-Lyon et Cie pour en devenir l'associé. Cette société demande au ministre de la Guerre de lui céder des armes déclassées afin de les transformer en Chassepot et les revendre à l'étranger. Cette demande ayant été acceptée, l'entreprise signe avec Chassepot un droit d'exploitation exclusif de son brevet.
Toutes les manufactures d'armes réunies ont du mal à honorer la commande, l'État fait appel à l'industrie privée mais l'entreprise Cahen-Lyon et Cie fait valoir son droit et devient le seul fournisseur privé. N'ayant pas la capacité industrielle suffisante, cette entreprise se tourne vers la sous-traitance étrangère. On estime à 50000 le nombre de fusils Chassepot fabriqués à l'étranger, Birmingham, Londres, Bescia, Placentia, Liège ou Vienne.
Alphonse Chassepot fut promu Officier de la Légion d'honneur le 12 mars 1970 et son fusil fut le symbole de la guerre de 1870. À Saint-Étienne, on a aussi fabriqué les baïonnettes Chassepot.
Le brevet a été contesté par Jules Manceaux directeur de la Manufacture de Tulle mais la justice a donné raison à Alphonse Chassepot. Cependant, comme il avait cédé ses droits à l'État après le décret de brevet, il entra en conflit avec le ministère de la Guerre ce qui le poussa à intenter un procès à la société Cahen-Lyon et Cie, procès qu'il perdit en 1872 le contraignant à démissionner des fonctions qui le liaient au ministère.
Antoine Alphonse Chassepot est mort Gagny (Seine-Saint-Denis) le 5 février 1905.
Référence :
19572