CASQUE D'OFFICIER DE CUIRASSIERS DE LA GARDE IMPÉRIALE, modèle 1854, Second Empire.
Bombe, visière et couvre-nuque en cuivre plaqué argent avec garnitures en laiton doré. La visière et le couvre-nuque sont cerclés d'un jonc plié à cheval sur la bordure extérieure et doublés tous deux d'une basane cirée noir. H de la bombe 14,5 cm. Bandeau frontal en laiton doré estampé en relief d'une N couronnée posée sur deux branches de laurier sur fond sablé en relief. Cimier composé : de deux ailerons estampés d'une suite de 10 caissons décroissants vers l'arrière à fond sablé et bordés dans le haut de feuilles de laurier, la partie basse est repliée vers l'extérieur découpée en feston et fixée à la bombe (chaque aileron) par 4 vis en laiton doré à tête ronde ; et d'un masque estampé en relief dans le haut d'une tête de méduse, fixé dans le bas par une vis en laiton doré à tête ronde. H des ailerons 12 cm, H du masque 14,5 cm, largeur du masque 4 cm. Ornement de cimier en laiton doré estampé en relief de moulures torsadées sur la douille et l'olive, à la base de la douille est placé un disque dentelé et découpé frappé de feuilles de laurier ; douille garnie d'une aigrette de crins écarlates. H de la houppette 4 cm, H de la douille 3 cm, diamètre de la douille 2,6 cm, diamètre de la lentille 6 cm, H de la lentille 2,6 cm, diamètre du disque denté 3,8 cm. Crinière en crins noirs d'officier montée sur semelle en cuir, avec natte tressée en fils d'argent, longueur environ 70 cm. Jugulaire composée : de deux mentonnières à anneaux en laiton doré ciselé (diamètre de l'anneau le plus large 3,3 cm, du moins large 1,8 cm), moulurés en relief et entrelacés, fixés sur un cuir gainé de velours noir insolé devenu brun ; de deux rosaces rondes en laiton doré, diamètre 5,3 cm, estampées en relief de feuilles de laurier fixées à la bombe au moyen d'une vis en laiton doré. Les jugulaires de la Garde Impériale se différencient du modèle de la ligne, de part le fait que la rosace et le premier anneau de mentonnière sont deux parties distinctes dans la Garde (cuirassiers de la Garde et dragons de l'Impératrice), alors qu'elles ne forment qu'un bloc pour la ligne (cuirassiers et dragons).
Porte plumet en laiton doré de forme ronde et tubulaire décroissante vers le bas, décoré de branches de laurier, H 4,3 cm.
Coiffe intérieure en cuir ciré noir découpé en 8 dents de loup.
H totale du casque 34 cm.
France.
Second Empire.
Bon état, les parties en laiton ont conservé leur dorure, les parties en cuivre argenté ont des frottements avec une réargenture à froid, la base avant de l'aileron de droite est légèrement fendue, la visière avant est légèrement pliée, la coiffe intérieure est portée.
Historique des cuirassiers de la Garde :
Le régiment de cuirassiers de la Garde Impériale est créé le 1/5/1854 à Saint Germain en Laye, par ponction de vingt cavaliers d'élite de chaque régiment de dragon, carabinier et cuirassier de la ligne. Il est passé en revue par l'Empereur le 23/5/1854 qui lui remet son étandard. Le 20/12/1855, un second régiment de cuirassiers de la Garde est créé.
La brigade de cuirassiers participe à la guerre d'Italie, mais sans y subir de pertes, car restés en réserve lors de la bataille de Solférino. Le 20/12/1865, les deux régiments sont fusionnés en un régiment unique.
En 1870, le régiment est embrigadé avec celui des carabiniers de la garde. Rassemblé à Metz le 28 juillet. Le 16 aout 1870, à la bataille de Rezonville, les cuirassiers de la Garde sont placés en réserve au sud de Rezonville, sous les coups de l'artillerie ennemie. Le régiment est engagé dans une charge contre deux régiments d'infanterie prussienne, 152 officiers et soldats y seront blessés ou tués. Le colonel de Sainte Chapelle, alors sous officier du régiment, relate ainsi cette journée mémorable :
"Formé en bataille sur un front de 5 escadrons, le régiment se trouvait aligné au sud et près de Rezonville, plateau 308, un peu en arrière de la route qui mène de ce village à Gorze, face à l'ouest, et sous le feu des batteries prussiennes installées sur le plateau 286 au sud ouest de Vionville. Entre midi et une heure, le 2e corps du général Frossard ayant dû abandonner Vionville et Flavigny, battait en retraite sur Rezonville. Sur la demande de cet officier général, le maréchal Bazaine fit charger les cuirassiers de la Garde dans le but d'arréter la marche de l'ennemi. Les cuirassiers de la Garde partirent au galop de pied ferme, au commandement de leur colonel. mais après un parcours de 200 à 250 metres, ils vinrent buter contre des haies et des clotures de jardin, dépendances de Rezonville et le long du chemin menant à Gorze, qui arrétèrent les trois escadrons de droite. Le commandant Sahuqué, à la tête des deux escadrons de gauche (4e et 6e) continua de se porter en avant, tandis que ceux de droite faisaient pelotons à gauche et se remettaient face en tête par pelotons à droite, dans le sillon tracé par les 4e et 6e. Les escadrons se trouvèrent ainsi répartis en trois échelons : celui de tête formé par les 4e et 6e, les 2e et 3e en deuxième ligne, le 1er en troisième ligne, chaque ligne marchant exactement sur les traces de la première, mais à grande distance, environ 200 metres, en raison du temps perdu pour l'arrêt et la marche de flanc. Après s'être remis en bataille, les deux escadrons de tête avaient repris le galop. Nous ne voyions toujours rien car l'ennemi montaint la contre pente d'un plateau, pendant que nous decsendions celle du plateau précédent. Nous franchîmes le ravin, le ruisseau à sec et gravîmes la côte. En arrivant au sommet, le terrain s'abaissant de l'est à l'ouest, , nous voyons droit devant nous le hameau de Flavigny en flamme à environ 2000 metres et en decà la plaine noire de Prussiens à 1200 metres de nous, sur plusieures lignes irrégulières, mais se suivant d'assez près.
L'infanterie prussienne qui venait déboucher de Flavigny s'était déployée en éventail, précédée de tirailleurs largement espacés. Quand la première ligne de cuirassiers apparut sur le crête 311, à environ 900 metres à l'ouest de Flavigny, les premiers éléments du dispositif prussien firent demi tour et rallièrent à toute vitesse leurs soutiens, tandis que la réserve se portait à la rescousse. Leur réunion hâtive donna lieu à un mélange des unités. Ces mouvements eurent pour résultat d'arréter leurs feu, tandis que la vue des tirailleurs en fuite exaltait l'ardeur de la première ligne des cuirassiers. Les cris de "Chargez et Vive l'Empereur" partirent spontanément, et tous brandissant leurs lames s'élevèrent sur leurs etriers, tout en conservant un alignement superbe.
Le groupe d'infanterie le plus rapproché se trouvait placé exactement sur la direction suivie par le 4e escadron qui le prit comme objectif de la charge, pendant que les Prussiens achevaient de se rallier. Ils se présentaient à nous sur un front sensiblement égal à celui de l'escadron. Les fantassins apprétèrent l'arme, au commandement et très correctement ; à celui de joue, tous les fusils s'abaissèrent et quand la salve éclata, nous étions à moins de cent metres. A cette première salve succéda un feu rapide, à volonté et le groupe disparût à nos yeux, masqué par la fumée. Le centre de l'escadron vint s'écraser sur les baïonnettes. Le commandant Sahuqué, suivi de l'adjudant Fusch, et le sous lieutenant Lecler, chef du 3e pelotons, furent tués. Quelques cavaliers pénétrèrent au milieu du groupe des fantassins. Seul le maréchal des logis Chabert (placé à la droite du 3e peloton) en sortit vivant. Le maréchal des logis Scheffler, son voisin (placé à la gauche du 2e peloton) y fut tué. le capitaine commandant Thomas et le maréchal des logis chef Langlaude, tous deux blessés, mais restés à cheval, purent s'échapper par l'aile droite; tandis que le 6e escadron, placé à la gauche du 4e, donnait dans le vide et pouvait se rallier par l'aile gauche. Il n'eut qu'un officier blessé, le sous lieutenant Bauvin. Le 4e escadron fut pour ainsi dire anéanti. Le capitaine Thomas et le maréchal des logis chef Lanflaude rallièrent 18 cavaliers après la charge; tous les autres officiers et sous officiers restèrent sur place. Tués le lieutenant en premier Bonherbe, les sous lieutenants Lecler et Cornuéjouls, les maréchaux des logis Scheffler et Trotin, brigadier fourrier Roblin. Blessés grièvement sous lieutenant Faralicq, maréchaux des logis Rémond et François. Le lieutenant en deuxième Barreau, les maréchaux des logis Chabert, Garnier, Barillot et le maréchal des logis Saint Chapelle, indemnes, furent ramassés sous les cadavres de leurs chevaux et faits prisonniers.
Le deuxième ligne fut mise en désordre par le feu de l'infanterie prussienne, déployée après la disparition de la première. Les 2e et 3e escadrons eurent un officier tué chacun : le lieutenant Boudeville et le sous lieutenant Michaux. Le chef d'escadrons de Verges et les capitaines commandants Laborde et Barroy, les sous lieutenants Decrouy et de Fromessent furent blessés et démontés.
Enfin le 1e escaron formant la troisième ligne ne put pousser loin, se trouvant entraîné par le retour de la 2e ligne. Le colonel Dupressoir, le Lieutenant Colonel Letourneur, le capitaine Casadavant, le lieutenant Davenne et le sous lieutenant Mégard de Bourjolly furent blessés et démontés. Le maréchal des logis Boiteux fut tué.
Après la charge, le régiment des cuirassiers de la garde rallié à l'est de Rezonville comptait à peine 200 hommes montés. "
C'est le 12e régiment de cuirassiers qui relèvera les traditions des cuirassiers de la Garde en 1871.
cet historique a été repris sur le très bon site consacré aux photographies militaire : www.military-photos.com
Référence :
19779-2