LETTRE DE LOUIS DE MANSUY, chef de Bataillon, commandant la Légion du Cap lors de la capitulation de Santo Domingo à SON EXCELLENCE LE MINISTRE DE LA GUERRE, le 24 avril 1810.
Lettre autographe signée MANSUY écrite à Concarneau le 24 avril 1810.
N° 1742, 18 mai, Secrétariat Particulier.
Avec deux mentions manuscrites en marge gauche du texte : « LAS pour M. Prevost, envoyé le 19 mai 1810 » et « Copie pour M. Tabarié, envoyée le 19 mai 1810.
Mansuy, chef de Bataillon, commandant La Légion du Cap lors de la capitulation de Santo Domingo.
À Son Excellence le Ministre de la guerre,
Monseigneur,
Je m'empresse de rendre compte à votre excellence de mon arrivée à L'Orient sur le bâtiment américain Le Souraroff avec 13 officiers et 9 militaires de diverses armes et notamment 12 officiers cinq militaires de la Légion du Cap que j'avais l'honneur de commander depuis un mois avant la capitulation de Santo Domingo, attendu la suspension de mon colonel ordonnée par le général en chef.
Je ne me permettrai, Monseigneur, aucuns détails sur les malheurs de la colonie, les officiers supérieurs débarqués en France avant moi, n'ont sûrement rien laissé ... à votre excellence mais ce dont je dois l'informer est que si la brave Légion du Cap a péri en grande partie dans les combats sans nombre qu'elle a eu à soutenir, son drapeau dont l'avait fourni Sa Majesté Impériale et Royale est resté sans ... je mets à gloire de pouvoir annoncer à votre Excellence qu'il ne m'a jamais quitté pendant ma captivité et ma traversée et que je suis prêt à en faire la remise d'après ses ordres ainsi que ... grande partie de la comptabilité de la Légion. J'avoue même, Monseigneur, que si à mon arrivé je n'avais reçu la différente d'aller à Paris avant même d'embrasser ma malheureuse et nombreuse famille, qui a souffert tous les privations possibles pendant mon absence de 9 ans, j'aurais été déposer mon Drapeau entre les mains de votre excellence, ou aux pieds de Sa Majesté, s'il m'avait été permis de lui en adresser l'hommage.
Maintenant , Monseigneur, permettez que je rappelle votre bienveillance sur mon sort futur, si ... un an de service effectif dont vingt aux colonies peuvent me permettent de former un désir. J'oserais solliciter de votre excellence un emploi dans mon grade, dans une résidence qui puisse me mettre à même de m'occuper de l'éducation d'une famille de 6 enfants, dont quatre garçons, quelques soient au surplus vos ordres je les attends avec empressement et les recevrai avec soumission.
Je prierai encore Votre Excellence d'avoir égard au remboursement des sommes qui nous sont dues et dont les états ont dû lui être adressés par Monsieur le Préfet Maritime de L'Orient, ou par le général de la 13ème direction militaire.
Daignez agréer, Monseigneur, le profond respect avec lequel j'ai l'honneur de vous saluer.
Signé MANSUY »
1 page recto-verso. 31 x 20,5 cm.
Bon état, brunissures sur le bord de la feuille, petite déchirure au niveau d'une pliure (sans conséquence sur le texte)
LÉGION DU CAP : créée en juin 1798, cette formation a plusieurs fois été anéantie par les combats et maladies et souvent reconstituée. Cette Légion est rétablie en 1804 avec le 2e bataillon du 113e, le 3e bataillon du 3e Helvétique et le 3e bataillon, Déserteurs étrangers. De 1805 à 1809, elle assure la défense de Santo Domingo jusqu'à la capitulation.
MANSUY, Louis de, cadet-gentilhomme, puis sous-lieutenant au régiment du Cap à Saint-Domingue.
Chef de Bataillon à Concarneau, département du Finistère.
Ministre de la Guerre : Jean-Girard ou Jean-Gérard Lacuée, comte de Cessac, né le 4 novembre 1752 au château de Lamassas près de Hautefage-la-Tour dans l'arrondissement d'Agen (Lot-et-Garonne) et mort le 14 juin 1841 à Paris, est un militaire et homme politique français, ministre de l'Administration de la Guerre sous Napoléon et pair de France.
Le 3 janvier 1810, Napoléon le nomme ministre directeur de l'Administration de la Guerre, poste qui lui attire l'inimitié de tous ceux qui auraient voulu lui voir tolérer les dilapidations auxquelles donnaient lieu les fournitures et les dépenses matérielles de l'armée ; il sévit avec rigueur contre les coupables.
Michel Marie Étienne Victor TABARIÉ vicomte, né à Montpellier le 6 juin 1768, mort à Montfort-l'Amaury le 30 juillet 1839, homme politique français.
Sous-secrétaire d'État au département de la Guerre du 9 mai 1816 au 17 septembre 1817 dans le gouvernement Armand du Plessis de Richelieu
Référence :
18874-11