Grande Armée. LETTRE D'UN SOLDAT depuis Berlin le 8 mai 1807.
Lettre avec cachet à l'encre rouge rond « 16 mai 1807 » et marquage postal militaire « N° 20 GRANDE ARMÉE ». Elle est adressée à Monsieur Rabusson Denis A la cloche D'or en face de (?) rue de la Loi* A Paris ».
Rien ne permet de savoir à qui écrit le soldat, son frère ?
Berlin le 8 mai 1807
« (...) je pars après demain pour l'armée ; j'ai fini ici toutes les affaires du régiment et tout ce que j'ai fait confectionner est déjà parti depuis hier, je reste maintenant deux jours pour mon plaisir. J'ai vu ici M. Piboul Barbeneyre, Charel et Jolly, ils sont tous partis hier, j'arriverai longtemps avant eux, comme je ne peux soutenir le cheval, je prendra la poste pour rejoindre ; cela me met en colère. J'ai une bonne grosse figure avec une certaine rotondité et ne pas pouvoir rester deux heures à cheval parce que le sang me sort par la bouche, aux changements de temps, j'ai mille peine à m'aider du bras droit c'est le plus maltraité, deux coups de baïonnette et un coup de fait, on fait cela à la suite, mais tout cela ne sera rien. Les eaux guériront tout, il est possible que je me décide à y aller, je m'y vois pour ainsi dire forcé cependant quand je serai à l'armée, pour peu qu'il y ait une bataille, je serais bien flatté de me trouver à la tête de ma compagnie. La présence de l'ennemi ravivera mes forces pour ce jour, et de suite après l'affaire je partirai pour les Eaux, car je vois à présent qu'il ne faut pas négliger son mal et toujours s'en rapporter à son courage, on finit par être estropié et ne plus rendre de services à son pays tandis que j'ai encore au moins dix bonnes campagnes dans le ventre pour mon pays. Adieu, je ferai le mieux, Embrasse tes enfants. Mijette et bien des choses à ces messieurs. Ne m'oublie pas auprès de M. et Madame Teissier ainsi qu'auprès de ces demoiselles qui ont bien voulu prendre part à mes maux. (...)
J'ai acheté ici un bien beau cheval, je le mettrai en cabriolet à Paris. J'ai maintenant (6 ?) chevaux, 3 ici et 3 à l'armée ».
18,5 x 12,5 cm. 2 pages de texte (dont deux plus étroites).
État moyen, rousseurs et une déchirure en bas de page (mot manquant).
* rue de la Loi à Paris : cette rue prit successivement les noms de :
« rue Royale » à son ouverture en 1633 ;
« rue de Richelieu » peu de temps après ;
« rue de la Loi » à partir de 1793, sous la Révolution qui s'attacha à bannir les odonymes d'Ancien Régime et religieux ;
« rue de Richelieu » à nouveau depuis 1806, au moment de l'abandon du calendrier républicain par Napoléon.
Référence :
18867-26