Armée du Nord. LETTRE DE L'OFFICIER D'INFANTERIE ANTOINE (ou Antonin) PAROT, lors de la campagne de 1806 depuis Röttembach le 17 avril 1806, À SES PARENTS, papetiers.
Avec marque postale militaire « Bau Gal ARM. D'HANOVRE » à l'encre rouge, adressée à « A Monsieur Parot papetier rue de la convention N° 124 A (....?) » (difficulté à lire le nom de la ville).
Belle écriture.
« En réponse à votre lettre du 23 février laquelle j'ai reçu à Donnawerth, je vous aurai répondu plus tôt mais le lendemain nous nous sommes mis en route pour marcher à ce que l'onnous disait contre les prussiens mais à notre arrivée à Eschstatt, nous avons su que les arrangements avec la Prusse étaient terminés. Nous étions cantonnés depuis trois jours lorsque nous avons eu de nouveau l'ordre de partir. Pour le pays d'Anspach où nous sommes maintenant, et encore l'on nous dit que nous allons à bayreuth, et de là marcher contre les russes qui doivent être dans la Pologne. Vous me marquez que vous avez reçu une lettre de M. Turcas qui vous dit que n'ayant plus aucune liaison avec le général Hullin* (depuis sa malheureuse affaire) il ne peut être d'aucune utilité en cette occasion, mais comme je vous l'ai déjà marqué dans ma précédente, je préfère rester dans mon Régiment plutôt que d'entrer dans la garde ; vous me demandez pourquoi je ne suis pas monté. Je vous dirais que c'est le manque de chevaux qui en est la seule cause, je préférerais bien mieux être monté que d'aller à pied, ce qui fait que j'use toutes mes bottes et l'Etat ne nous en donne point malgré qu'il nous en sera bientôt donné deux paires, ainsi que presque tout notre équipement qui est dans le plus mauvais état possible ; dans une de mes précédentes, je vous marquais que j'avais beaucoup besoin de linge, ce n'est pas l'embarras, l'on nous a payé trois mois en papier où nous avons perdu la moitié dessus, avec ma paye je me suis acheté de la toile pour me faire deux chemises et cette maudite toile que j'ai payé bien cher s'est trouvée mauvaise de sorte que j'ai des chemises qui ne sont guère bonnes, je me suis acheté un pantalon de drap, un mouchoir de soie noir, deux mouchoirs de col blanc, deux autres de couleurs et puis du reste j'ai fait remonter deux paires de bottes. si nous rentrons en France il faudrait que j'eusse encore recours à vous pour me remonter dans ce qui me manque mais tant que nous serons en Allemagne je patienterai avec le peu qui me reste. Dans ma précédente, je vous marquais que nous comptions aller à Paris mais je crois que nous seront trompés, mais en cas que nous y allions, je profiterai de votre remontrance et vous promet de m'y bien conduire de manière à vous donner aucune inquiétude, d'ailleurs je devrais commencer à savoir vivre, ayant dans l'espace de dix huit mois reçu de bonnes leçons qui ont été bien payées de ma part, mais ma mauvaise tête, et parfois trop de bon coeur, en ont été la cause, et si j'eus suivi les conseils de quelques anciens bons et vrais camarades, cela ne me serait point arrivé.
Vous me marquez qu'Auguste se porte bien et qu'il voudrait bien m'écrire, moi de même, si au reçu de la présente vous aviez de ses nouvelles, vous voudriez bien avoir la bonté de m'en donner et en même temps son adresse, cela ferait que je lui écrirais. Rien autre pour le présent à vous dire sinon que je souhaite que la présente vous trouve en bonne santé et faire bien des compliments à toute la famille ainsi qu'à Monsieur Daubigny, j'embrasse bien mes frères et soeurs, ainsi que vous, et finis en vous priant me croire votre tout dévoué, Ant. Parot. »
Petite note en fin de lettre pour sa tante Vachot et son frère ainé.
20,5 x 17 cm. 3 pages d'écriture soignée et bel orthographe.
Bon état, petite déchirure au niveau du cachet de cire,
* Pierre-Augustin Hulin, né à Genève le 6 septembre 1758 et mort à Paris le 10 janvier 1841, est un général français de la Révolution et de l’Empire ayant joué un rôle important lors de la prise de la Bastille.
(...)Hulin est promu en l'an XII au grade de commandeur de la Légion d'honneur, envoyé à la Grande Armée en 1805 et chargé du commandement de Vienne. Il fait, en 1806, la campagne de Prusse à l'issue de laquelle il reçoit le commandement de Berlin.
À son retour à Paris en 1807, Hulin est nommé général de division le 9 août, avec le commandement de la 1re division militaire (...)
Référence :
18867-14