LETTRE DU SOLDAT B. MONDEY, 11ème régiment de Dragons détaché à Boulogne sur mer, À SON FRERE ET SA SŒUR, à bord de la canonnière n° 324 dans le port de Boulogne le 4 germinal an 13.
Lettre avec marquage postal militaire à l'encre rouge « .. BOULOGNE SUR MER », adressée à « A Monsieur Combette fils Md de Fer à Lons le Saunier à Lons le Saunier » (on devine la ville Lons le Saunier masquée en partie par une tache d'encre noire).
(Orthographe revue pour une meilleure lecture)
« A bord de la Canonnière N° 324 dans le port de Boulogne le 4 germinal an 13 ».
« Cher frère et chère soeur,
Vous serez sans doute surpris de me trouver dans cette ville c'est-à-dire monté sur une canonnière et non en ville. Depuis fort longtemps je m'attendais à faire cette corvée. Je suis arrivé dans le port le 25 ventose et je suis persuadé de n'y rester que 3 mois. Vous devez bien penser que l'on ne jouit par ici de tous les plaisirs de la vie, on y est au contraire fort mal. J'attends la fin de mes 3 mois avec beaucoup d'impatience. Depuis mon arrivée, j'ai déjà été en pleine mer pendant 24 heures ce que l'on appelle aller en vedette. On y monte sur des péniches qui sont de très faibles bâtiments. Chaque jour à la marée montante, il s'embarque environ 500 hommes montés sur cette espèce de bâtiment, qui vont à 2 ou 3 heures en mer, il ne nous est guère possible d'aller plus loin attendu que Messieurs les Anglais sont là qui forment une ligne forte et assez considérable pour s'opposer à l'invasion. Il arrive fort souvent qu'on se lâche quelques coups de canon, mais sans faire beaucoup d'effets ni de dommage. Ils n'osent plus comme autrefois s'approcher pour bombarder la ville vu qu'il y a des forts terribles qui la défendent.
J'ai vomi sans être bien malade parce que la mer était fort tranquille, j'ai été peu agité dans ma péniche. On est bien malade qu'autant que la mer est fort en courroux et que l'on y demeure quelques jours.
Les livres de bouche et comme tout le reste des marchandises sont d'un prix exorbitant. La ville de Boulogne qui n'est qu'un trou devient brillante, la plupart de ses habitants font des fortunes immenses et rapides. Une armée de terre quelque nombreuse qu'elle soit, quelque dépense qu'elle puisse faire, n'approchera jamais d'une armée navale. Depuis le mousse jusqu'au capitaine ont un tiers de paye en sus des autres militaires. Les camps ici sont nombreux et toutes les troupes font beaucoup de dépenses.
Je vous ai écrit d'Amiens cher frère il y a environ huit à neuf mois, je suis persuadé que vous avez reçu ma lettre et je n'ai pas eu le plaisir de recevoir de réponse. J'ignore qu'elle en serait la cause de votre silence, cela m'a fait infiniment de peine, j'espère être plus heureux pour celle-ci. Vous voudrez bien me dire si je suis encore redevable envers vous des termes passés. Dites-moi où j'en suis. En voici une qui s'approche, je pense que mon frère aimé l'acquittera, vous m'en donnerez des nouvelles, s'il vous plaît.
Je n'ai rien jusqu'à ce jour de plus intéressant à vous faire part, on ne parle non plus de faire la descente, ici, pour l'Angleterre, qu'à Lons-le-Saunier, il n'y a ici aucun vaisseau de Ligne.
Je désire que vous jouissiez, vous et ma chère soeur, d'une parfaite santé et tous mes petits neveux et nièces.
Mes respects à Monsieur Combette père.
Mille choses honnêtes de ma part à mon oncle et Tante Chambard, (et Mr) Vaudry. J'en dis autant à Monsieur Saran, (...)Prost et Gérard. Je leur souhaite une parfaite ...
Signé Votre frère Mondey (Br er) (Bernard ?).
« Mon adresse est à M. (Br er)11ème Régiment de dragons détaché à Boulogne sur mer »
« Il y a ici une nombreuse quantité d'ouvriers charpentiers qui rénovent et construisent encore des bâtiments, tels que péniches, bateaux plats et canonnières, quoique le port en soit déjà couvert ».
23,8 x 18 cm. 3 pages de texte.
Assez bon état, mouillures, déchirure centrale sans manque de mots, une tache d'encre en partie centrale de toutes les pages mais on devine les mots recouverts.
Référence :
18867-12