LETTRE DU SOLDAT MOILHEY, au 7ème de ligne, À SES PARENTS, son père est graveur à Paris, datée de Chambéry le 16 octobre 1806.
Avec tampon dateur rond, encre rouge, « 21 octobre 1806 » et marquage postal « .. CHAMBERY » peu lisible car l'encre est très pâle. La lettre est adressée à « A Monsieur Moilhey graveur rue Danfere n° 23 .. Le Luxembourg à Paris ».
La première partie de l'échange est consacré aux besoins d'argent, mais le soldat Moilhey n'en manque pas semble-t-il. Il réalise des portraits pour ses camarades militaires. C'est une faveur. Pour cela, il demande à son père, qui est graveur à Paris, de lui envoyer des épreuves dessinateur.
« Le 16 octobre 1806 de Chambéry.
Mon père et ma mère,
J'ai reçu votre dernière lettre avec plaisir mais ce qui m'étonne c'est que Mr Bourgeois notaire à Lyon ne nous a pas donné la moindre des choses. Je me suis présenté chez lui plusieurs fois et ses réponses ont été toujours les mêmes, la dernière fois fut que s'il venait quelque chose il me le ferait parvenir par la poste de Turin mais si vous le lui avez rien remis je vous conseille de tout mettre à la poste car les lettres chargées ou non éprouvent aucun retard. Je vous prie de ne point vous inquiéter de moi, je n'ai dépensé que 10 écus, quelques portraits que j'ai faits et d'autres à faire me mettent à même de rien vous demander. Je vous prie donc de ne point m'envoyer de l'argent. J'ai reçu du corps une paire de souliers car les miens sont presque usés, l'on ne me les fera payer qu'au corps où l'on ne retient qu'un sol par jour sur la somme jusqu'à l'acquittement de l'effet, il en est de même pour tous les autres objets que l'on prend au corps.
Palmanova, Padoue et Venise sont une des villes de notre destination, nous n'en sommes pas encore sûr. Turin est la première grande ville où nous séjournons car nous marchons quatre jours et séjournons le 5ème. Vous n'avez rien à craindre pour la lettre, j'ai soin de calculer les jours pour voir que vous fassiez réponse sitôt la présente reçue (...) la poste se charge de la faire joindre le corps pourvu qu'elle soit toujours adressée militairement on me permet d'aller quelques fois devant les autres pour dessiner. Je considère cette faveur qui n'est accordée qu'à fort peu, juste qu'elle me permet de profiter des beautés de la nature (...).
(...) l'effet de la marche, j'ai éprouvé quelques maux de pied et me suis trouvé mal deux fois (...) les étapes de 11 lieues sont passées, nous ne faisons que 5, 6, 7 et 8 heures. Nous nous portons bien maintenant et attendons de vos nouvelles à Turin.
La lettre est signée Moilhey fils.
Son adresse est notée : « A Monsieur Moilhey, Conterit de la 7ème de ligne, poste restante à Turin ».
19,5 x 14 cm. 3 pages d'écriture et des annotations en hauteur sur les bords.
État moyen, mouillures, déchirures avec quelques mots manquants.
Référence :
18867-11