Guerres d'Espagne et Portugal. LONGUE LETTRE DU CAPITAINE A. VERDIER, datée Lisbonne le 20 décembre 1807, À SON BEAU-FRÈRE demeurant à St Calais (Sarthe).
Longue lettre donnant des détails du quotidien et la description des villes étapes pendant la progression vers le Portugal et, comme le capitaine A. Verdier est passionné de botanique, il raconte toutes les herbes et arbustes qu'il trouve tout au long de son chemin.
Datée de Lisbone, 20 décembre 1807, avec marque postale « Bau Gal ARM. D'OBSERV. DE LA GIRONDE », elle est adressée à « Monsieur Cauvin Secrétaire du Sous préfet de St Calais A St Calais Dpt de la Sarthe France ».
Extraits :
(...) pour revenir a mon voyage sur la route de Rodrigo je trouvai beaucoup de chêne verd (quereus il..) et vis avec etonnement que les gens du pays en mangeaient les fruits, je les goutai et trouvai que ces glands imitaient les chataignes et etaient presqu'aussi bons l'orsuq'il avaient été toerefié. de suite je me rappelai l'ancien dire que nos père se nourissaient de gland et ne fus plus étonné que Sanco Pança en en envoyait a sa menagère (...).
(...) Je fus obligé de rester près de huit jours a Rodrigo par un retard que les Equipages de l'armée eprouverent, je fus logé dans une maison ou etait une demoiselle bonne musicienne mais fort laide, je fais cette remarque parceque si elle eut été jolie bien certainement on ne me l'uet pas laissai voir, cette jeune personne me chanta plusieurs chansons italiennes et beaucoup despagnoles qui pour la plupard etaient traduite du français, je fus étonne qu'on emprunte de notre langue pour la msique mais en effet cette Espagnole ne prète aucunement au chant malgré son raport avec l'italien. Sortant de Rodrigo j'entrai dans l'Estramadure et ne m'eloignai jamais de plus de trois lieux du portugal. cette province est toute composee de montagnes plus ou moins elevees, elles sont fort riches en mineraux, on y rencontre plusieurs mines principalement de mercure, la vegetation y est aussi fort belle mais mon voyage a été fait dans une saison trop avancée pour que jaie pu faire une abondante recolte, il eut même été a desirer que je n'eus point été tourmenté du desir de recueillir quelques choses car ayant a se sujet fait faire un carton que je portais sur mon dos la ou javais placé les plantes recoltees en provence et quantite de beaux .. que javais trouvé sur le bord de l'ocean. en outre javais trouve en route le safran et deux charmentes bruyeres, le tout a été perdu par des pluies frequentes qui mont assailli en route et qui malgre le soin que je prenais de changer le papier en arivant aux villes, ont fait pourir mon herbier portatif (...)
(...) A Alcantara je reçus ordre ainsi que ceux qui étaient sur les derrière de l'armée de diriger ma marche sur Badajos capitale de l'Estramadure au lieu dentrer de suite en portugal comme l'avait fait l'armée, cet ordre me contraria dautant plus qu'il me faisait faire vingt lieux de trop, la route que je suivis est fort belle presque toujour le chemin est bordés de ces jolis arbrissaux qui ne perdent jamais leur verdure tel que le lentisque le mirthe l'olivier sauvate et surtout l'arbousier (arbutus medo) dont les fruits fort agréables au gout et à la vue sont toujours accompagnés de fleurs, ces fruits très sucrés éprouvent facilement la fermentation spiritueuse aussi ceux qui en mangent trop sont ils ennivrés. (...)
(...) Lisbone et la malpropreté : dans les rues on ne rencontre que chiens et chats mort depuis plus ou moins de tems, enfin sur la principale place située au centre du beau quartier de cette ville j'ai vu des chiens dévorrer un cheval mort depuis plus de huit jours. je ne doute point qua dans deux mois ses os y soient encore aussi dit on que sans le vent frais de la mer la peste serait tous les ans a Lisbone. Ce vent tempere beaucoup les grandes chaleurs de lété chose que j'ai apris avec beaucoup de plaisir. il existe dans cette ville des choses très belle que je nai point encore eu le tems de voir, cest pourquoi je ne t'ai parlé que des generalites, le climat y est tellement tempere qu'on ny porte le nakin toute l'année et que jy dor sans couverture, les environs peuvent en être agreable mais je les connais encore moins que la ville qui sert d'antrepots a l'europe et qui renferme les richesses du Bresil.
(...) ce qu'il y a de certain cest que le portugal même avec le secours de l'Espagne ne peut pas nourir pendant six mois une armée de quarante mille hommes, cette province ne récolte que de quoi se nourir six mois, le reste lui venant du Brésil ceci me donne a penser que nous aurons une nouvelle destination, chacun la dessus fait des raisonnement a perte de vue ce que je sais c'est qu'en cas d'embarquement je pourais très bien refuser a moins qu'on me fit de grands avantages, je commence a voir s'ecouler les anées et pense qu'un titre dans le militaire n'est point suffisant mais quil en faut dans la Société, a dix-huit ans j'aurais épousé la première venue par étourderie, aujourd'hui j'agirais de même si ne reflechissais pas davantage, oui ma chere soeur cette campagne finie j'irai jouir de ton bonheur et le chercher au sein d'une douce moitié (...).
Les portugais nont fait aucune resistance a notre armee, trois cent mille ames que lisbone renferme on laissé dix huit mille hommes semparer de leur ville, cela après le depart de la famille royale (...)
(...) je croyais t'avoir dit dans mon avant derniere que javais diné chez Mr Balbis la veille de mon départ, ce fut alors qu'il me donna les lettres de recommandation dont je tai parlé et qu'il men promit pour lisbone quand je l'aurais instruit des botanistes du pays ce que je vais faire incessement.
En comparant les portugais avec les espagnols je dois te dire qu'ils sont plus jaloux mais beaucoup plus industrieux, en voyageant dans le Portugal on trouve souvent des maisons de campagne, en Espagne je n'en ai pas vu une, à Lisbonne on a beaucoup de moeurs anglaises, cette ville renferme beaucoup d'italiens et de français établis.
« Votre frère et ami A. Verdier.»
« Le Général en chef vient de nous accorder cent francs de plus par mois pour indemnité de table et de représentation. »
24,5 x 18,2 cm. 5 pages 1/2 d'écriture très serrée (la traduction de tout le texte sera remise à l'acheteur).
4 pages en bon état, mouillures. La page volante a une brûlure (environ 5 x 4 cm), une partie du texte est manquante.
HISTORIQUE : Les grandes invasions napoléoniennes de la péninsule Ibérique, menées dans le cadre de la « Guerre d'Espagne (1807-1813) », donnent lieu à ce que l'on nomme la « Guerre d'indépendance espagnole » en Espagne, et à ce que l'on appelle la « Guerre péninsulaire » au Portugal.
La Grande Armée de Napoléon, commandée par les généraux Junot, Dupont et Moncey, entre dans Lisbonne avec 25 000 hommes le 30 novembre 1807. Ils trouvent la capitale abandonnée. La veille, la famille régente (Maison de Bragance) et la Cour ont fui vers le Brésil. Le régent, méfiant, a fait préalablement encloué toutes les batteries dominant l'estuaire. Impossible pour les Français de les arrêter dans leur fuite. Ce départ est un véritable échec pour Junot.
Le Brésil, la plus importante des colonies du Portugal, offre alors, avec ses mines d'or et de diamants, un refuge de choix à la famille royale portugaise qui s'installe à Rio de Janeiro.
Référence :
18867-7