LETTRE DU SOLDAT LAVERNEDE, À SON FRÈRE DEMEURANT À MALBOSC (Ardèche), le 19 décembre 1805.
« Aux lendemains d'Austerlitz »
Lettre avec marquage postal en rouge « 67 SAVERNE » adressée « A Monsieur Lavernede propriétaire foncier a Malbos* par Les Vans, aux Vans Dépt d'Ardèche ».
Le soldat Lavernède est probablement officier au 3ème de ligne. Il décrit l'arrivée à Strasbourg, sa vision de la ville et le désolement des populations. C'est une lettre pleine d'émotion.
« Saverne le 28 frimaire.
Je suis arrivé le 25 à Strsbourg où j'avais été conduire un détachement de conscrits, le dépôt du 3è auquel nous les conduisons n'ayant point été, nous avons été obligés d'aller jusqu'à Saverne où nous avons eu le bonheur de le recontrer un jour plus tard. Nous aurions té obligés de les conduire à la forêt noire 50 lieues au-delà du Rhin.
Nous sommes restés un jour à Strasbourg où j'ai eu le temps de visiter à peu près les environs de cette belle ville. J'ai commencé par la cathédrale qui un des plus beaux morceaux que l'architecture ait pu faire, celle de Paris ne l'égale pas à beaucoup près, ensuite j'ai été dans l'église St Pierre qui renferme le superbe tombeau du maréchal de Saxe, j'ai visité le palais impérial occupé par l'impératrice. Les habitants de cette ville ont formé une garde d'honneur qui est superbement habillée et qui offre le plus beau coup d'oeil. Nous avons vu en cette ville les premières victimes de la maison d'Autriche. Il a été pris 5.000 hommes, l'humanité gémissait de voir ces pauvres malheureux souffrir. Tout ce que la misère et la nudité la plus cruelle font apercevoir. Parmi eux, plusieurs femmes qui excitaient la pitié de tous les coeurs sensibles. Il faut croire que l'empereur d'Allemagne a bien peu soin de ses troupes pour être aussi misérables au commencement de la campagne surtout ayant été prise par capitulation et par conséquent dépouillé de rien.
Le bruit court bien à Strasbourg que les français avaient fait leur entrée le 25 à Vienne et que l'empereur y devait établir son quartier général le 28 pour y séjourner très peu, de là il devait se rendre à Munich où doivent se rendre tous ces empereurs pour traiter la paix. Dieu nous la donne car la guerre est un bien grand fléau et entraîne avec elle bien des victimes, et m'ont assuré que la garde impériale avait été bien abîmée. Je crains bien que ces jours de mon pauvre frère ayant été menacés malgré les vives recommandations que je lui avais fait de m'écrire il n'en a rien fait depuis Strasbourg où je lui ai fait passer l'argent que tu m'avais fait passer. Si tu avais reçu de ses nouvelles, je te prie de m'en donner par courrier à Paris pour me tirer de l'inquiétude où je suis à son égard.
(...) ton ... frère Lavernède ».
Puis il sollicite 100 francs pour se faire le frac militaireEn fin de lettre, il donne l'adresse à laquelle lui écrire : « Caserne Lavémaria rue des Barréz St Paul a Paris »
18,5 cm x 24 cm. 3 pages.
Bon état, une déchirure au niveau du cachet de cire, un mot tronqué.
* Malbosc
Référence :
18867-3