Armée d'Allemagne, Bataille de Wagram. LETTRE DU SOLDAT KAUFFER, officier au 5ème de Hussards, à sa soeur Adèle, datée de Lembach le 29 novembre 1809.
Lettre avec marque postale militaire, en bleu-vert « N° 26 ARM. D'ALLEMAGNE » adressée à sa soeur « Madame Kauffer Rue des Clers vis-à-vis la poste aux lettres à METZ, Dt de la mozelle France ».
Le soldat Kauffer est officier au 5ème de Hussards Division du général Monbrun*, Armée d'Allemagne.
Lembach le 29 9bre 1809 (novembre 1809)
« J'ai reçu ta lettre du 14 octobre ma cher Adèle qui ma fait le plus sensible plaisir. Je te remercie infiniment du beau ruban que tu m'as envoyé, mais pour cette belle leçon je t'avou qu'elle ma un peu piqué tu me crois sendoute entiérement dénué de bon sens. Crois-tu perce que j'étois parmi le soldat que j'avois oublié qui j'étois, non ma bonne amie, détrompe toi et croix moi plus de carater.
j'ai reçu ta lettre en même temps que deux de Victor il m'envoye une Croix qui est très jolie et qui ma fait le plus grand plaisir, il se plaint qu'il a plus d'un mois qu'il n'a reçu de tes nouvelles.
Nous venons de faire un mouvement, nous nous sommes retiré entre vienne et St Polten, il y a déjà dans cette capital 5 Régt de l'empereur d'autriche dont 2 de cavalerie et 3 d'infenterie. On n'est plus en sureté aprèsent dans cette ville il y a eu avant-hier 4 de nos fantasins d'égorgés. Moi aussi j'ai bien failly de l'être : pendant notre séjour à Vienne un soir en revenant du Grand opéra j'ai été attaqué par dix de ces bandis qui jouaient amerveille du baton, mais par bonheur que javais mon sabre et en un clein doeuil je les ai dispersé et jespere qu'il y a en parmis eux qui regretteront bien de m'avoir attaqué. La veille de partir toute la division (division du général Monbrun) a été obligé de monter à cheval et de buivaquer sur les hauteurs qui dominent la ville parce que l'on avoit peur que la populace ne se révolte, le bruit couroit qu'il devoit égorger les derniers françois qui y passeroient.
Je ne suis pas encore .. le colonel ma dit d'attendre jusquau 1° décembre pour savoir si je resterois au Corps ou si j'irois dans un autre Régt car je suis toujous à la Suitte mais le premier à passer en pied.
Je suis par exemple très bien monté. J'ai trois chevaux dont deux exellens et un passable et qui sont passablement bien équipé. Je suis aussi bien j'ai tout à l'exception de l'habillement et tout cela me coute 67 Louis y compris mon linge que j'ai été obligé de me procurer ayant tout perdu et déciré en Campagne, de ces 67 Louis vous avez payé au Capitaine Tirlement 40-27 que j'avois amassé par mes épargnes ma fait la somme désirée, mes appointements pour(voiront) à me faire habiller.
Je suis logé avec le Capitaine Kister (et) un autre jeune homme sortant des pages (c'est un) homme remplie d'esprit et de probité enfin je suis parfaitement tombé en tombant dans cette Comp(agnie) notre seule occupation est la lecture et n'ayant rien de mieux à faire nous lisons du matin au soir.
Adieu ma cher adel présente mes respects à notre bonne mère et rapelle au Souvenir d'un bon fils qui l'aime de tout son coeur.
Pour la Vie ton frère et ami KAUFFER ».
23,5x19 cm. 3 pages d'écriture.
État moyen, encre pâle, déchirures avec quelques manques de mots (devinés entre parenthèses dans le texte ci-dessus).
* Louis-Pierre de Montbrun, né le 1ᵉʳ mars 1770 à Florensac dans l'Hérault et mort le 7 septembre 1812 au cours de la bataille de la Moskova, est un général français de la Révolution et de l’Empire. Louis-Pierre de Montbrun fait partie des grands cavaliers de l'époque napoléonienne, au même titre que Lasalle, Lefebvre-Desnouettes, Pajol ou Chamorin. Comme eux, il est passé à la postérité pour avoir chargé avec fougue et panache à la tête de ses hommes. Il fut célèbre non seulement pour son courage et son physique d'athlète mais aussi pour sa moustache noire.
Référence :
18866-18