LETTRE DU SOLDAT ALLIEZ, qui vient d'être nommé Directeur général des Postes de l'armée française en Batavie, À SES PARENTS demeurant à Briançon, 22 mai 1799.
Lettre adressée « A Monsieur Alliez, ancien Juge en Briançon, Hautes Alpes, France Dépt Dauphiné » avec marque postale « HOLLANDE TROUPES Faises ».
Le début du courrier est consacré aux nouvelles de la santé de ses parents et de la sienne.
Puis il les informe de son changement d'affectation : il vient d'être nommé directeur général des postes de l'armée française en Batavie.
Au Quartier Général de Loewerden, 3 prairial an 7 (22 mai 1799).
« La date de ma lettre vous apprendra d'abord mon changement de séjour et il ne me reste donc qu'à vous annoncer qu'à la suite de quelques mesures que le succès a au moins justifié jusqu'ici. Je me trouve appelé à la place de Directeur général des Postes de l'armée française actuellement en Batavie et que c'est à ce titre que j'ai rejoins hier soir dans cette ville le Quartier Général sur l'avis portant nomination de l'ordonnateur en chef de l'armée. Depuis cinq ou six jours et autant de nuits, je courre la poste ou je voyage en réquisition avec quelques-uns de mes employés. Je vous laisse en juger de l'énormité de mes fatigues et de tous mes embarras de plus d'un genre. Le repos dont nous avons jouis cette nuit nous a un peu remis. J'en profite pour vous instruire de suite de ces événements dans la crainte que par déménagement auquel je vais être assujetti et la grande activité du service, je vais être accablé (...).
Le désir que j'aurai de ne vous jamais laisser trop d'inquiétude par un silence trop prolongé. Si malheureusement la reprise des hostilités a lieu comme tout le fait croire, les changements qui s'effectuent à mon égard pourront d'autant plus n'être favorables qu'aux chances heureuses que présentent sans doute la gestion d'une très belle place (...) Cette armée paraît destinée pour le pays hanovrien. Nous pourrons peut-être bien ainsi aller ailleurs, mais dans tous les cas notre corps d'armée ne tardera pas à se mettre de nouveau en marche. Nous sommes très avancés en Hollande, fort près de la mer, et touchons à la Prusse.
Écrivez-moi souvent à ma nouvelle adresse toujours au Quartier Général. Vous savez combien je suis peiné quand je tarde un peu à recevoir de vos nouvelles (...).
Je compte donner une place à un nommé Pelloux d'Embrun bien que nous soyons obligés de faire une nouvelle campagne. Je regretterai fort qu'aucun individu de la famille ne soit dans le cas de m'y accompagner (...).
J'espère que le nouveau message de Julie jouit toujours du bonheur, mes voeux les plus ardents tendent vers cet objet aussi qu'à votre conservation et celle de mes bien aimés frères et soeurs que je vous prie d'embrasser mille fois pour moi (...) ».
33 x 19,5 cm. 3 pages d'écriture. Lettre avec adresse et marque postale.
État moyen, rousseurs, déchirures aux pliures, pas de manque de mots.
1799.
Référence :
18859-15