LETTRE DU SOLDAT DETRICHET, du 1er régiment de Dragons Cisalpins 4ème compagnie en garnison à Milan, À SON PARRAIN ET SA MARRAINE, 26 messidor an 6 (14 juillet 1798).
La lettre est adressée au parrain et à la marraine de Détriché « Département de l'Isle de France Au citoyen le .. Md Épicière rue du faubourt St Jacques n° 171 section de l'Observatoire A Paris ».
Le soldat Detrichet est incorporé au régiment cisalpin 1er Dragons à Milan, 1798. Il déplore à grands cris sa situation en Italie et désire revenir en France. Il dit n'avoir contracté aucun engagement. Il clame son attachement à sa Patrie et sa fierté d'être un vrai soldat français.
« Cher Parrain et marraine, (...) je vois aussi que vous prenez part à ma peine qui je crois n'est pas encore finie car elle ne fait qu'augmenter. Vous pouvez croire qu'il est bien dur pour moi de me voir sans pouvoir me donner aucun soulagement. Depuis que je suis hors de ma patrie, je n'ai pas encore eu un jour de bonne santé et si vous me voyez actuellement je serais capable de vous faire peur par ma mine, il semble que tout se soit entendu pour faire mon malheur. J'ai demandé dernièrement la permission de sortir du corps où je suis, n'ayant besoin que d'une permission du commandant du corps (...) Voyant que vous me demandez si mon sentiment est de rentrer en France, j'ai cru que me vous croyiez assez lâche pour abandonner ma Patrie, qui m'est aussi chère par tant de raisons, la 1ère parce que je suis français, de plus ayant des parents dont je ne serais jamais capable de leur témoigner la reconnaissance des bienfaits dont je leur suis redevable, et vous chère Parrain et marraine, que mon sang n'est pas capable de payer toutes les bontés que vous n'avez cessé d'avoir pour ceux qui m'ont donné le jour. Sans compter pour moi, et vous me croiriez assez bon de sentiment pour abandonner ma patrie de qui le nom seul (...) Oui chers parrain et marraine, père et mère, faites un effort pour ramener dans sa patrie un vrai soldat français qui a toujours donné des preuves de sa bravoure et de son patriotisme, et dites à ceux à qui vous vous adresserez pour ce sujet que quoique je sois porteur de vraies blessures je ferai tous mes efforts pour être aussi utile à ma Patrie que j'ai toujours été, pourvu que ce ne soit pas en Italie car le pays m'est trop malsain (...)
Signé : votre filleul Detriché vrai soldat français ».
Référence :
18859-2