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LETTRE SIGNÉE VILLER, depuis le camp de Philippsbourg le 8 juin 1734, à M. PETIT au parlement de Bordeaux, Guerre de succession de Pologne 1734.

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LETTRE SIGNÉE VILLER, depuis le camp de Philippsbourg le 8 juin 1734, à M. PETIT au parlement de Bordeaux, Guerre de succession de Pologne 1734.

Le signataire Viller donne des nouvelles du siège de Philippsbourg à un ami, avec des détails du quotidien intéressants.
« A Monsieur PETIT ... au parlement de Bordeaux rue du grand Cancera A Bordeaux ».
(orthographe rétablie) :
Au camp de Philippsbourg, 8 juin 1734.
« Je vous fait part des nouvelles cessantes mon cher ami. Jusqu'à présent elles n'ont pas été fort intéressante. L'investiture de cette ville a été faite les derniers jours du mois passé et le 1er de celui-ci les suisses ont attaqué une redoute *.Du côté de chez nous, les ennemis l'ont abandonnée le 3è jour, nous avons de ce côté ci trois tranchées dont deux sont fausses et tous les côtés on trouve les marais affreux, je ne sais pas comment on peut traverser. Jusqu'ici tout va fort bien et nous n'avons perdu que très peu de monde encore par accident hier soir cinquante allemands s'étaient logés dans cette redoute à portée de nos travailleurs de tranchées et firent feu sur nous sans tuer personne. Deux compagnies de grenadiers furent sur eux, en tuèrent quelques-uns et prirent treize prisonniers et deux officiers, il en eut en tout de tués ou noyés dans le marais vingt. Nous avons quatre batteries de canons qui font un feu continuel depuis deux jours et incommodent fort les ennemis. On a démonté deux de leurs batteries. Le prince de ... frère du prince ... a été tué d'une affaire particulière par le duc de Richelieu et l'on dit qu'il a été tué à la tranchée. Jusqu'à présent les ennemis se défendent mal, l'armée du prince Eugène sise qu'à deux ou trois lieues d'ici que l'on dit mauvaise. Nous ne savons pas ce qu'il doit faire. Voilà mon cher tout ce que je peux vous mander de positif. Notre armée est très fatiguée, elle est cependant de plus de 80 000 hommes.
Adieu mon cher je vous embrasse de tout mon coeur et suis plus que personne votre très humble et très obéissant serviteur.
Je n'ai pas eu des nouvelles si on a payé le billet, dès que cela sera fait on aura soin de remettre le montant à la personne que vous m'avez marquée ».
22 x 16,8 cm. Une page et demie de texte. Lettre avec adresse, cachet de cire et marquage postal.
Assez bon état, déchirure en coin sans manque de texte, quelques petits trous (brûlures).

* une redoute est une infrastructure militaire : ouvrage de fortification, complètement fermé et ne présentant pas d'angles rentrants. Si l'ouvrage présente des angles rentrants, c'est un fort.

HISTORIQUE : Guerre de Succession de Pologne (1733-1738).
Le siège de Philippsbourg, entrepris par les Français contre la place-forte rhénane de Philippsbourg, se déroula du 2 juin au 18 juillet 1734, pendant la guerre de Succession de Pologne. Le duc de Berwick avait remonté la vallée du Rhin à la tête d’une armée forte de 100 000 hommes pour reprendre la place aux forces autrichiennes, quelque 60 000 hommes détachés depuis le 1er juin pour investir la forteresse. Une armée de relève de 35 000 hommes, menée par un prince Eugène déjà âgé (accompagné par le prince-héritier Frédéric de Prusse) ne parvint pas à desserrer l'étau français. Le 12 juin, le maréchal de Berwick fut tué par un boulet de canon alors qu'il inspectait la tranchée. La direction des opérations passa aux généraux Bidal d'Asfeld et Noailles, et un mois plus tard, la ville rendit les armes. Aux termes de la reddition, la garnison autrichienne put se replier à Mayence avec les honneurs de la guerre.

Le siège :
Vers la fin du mois de mai 1734, les Français commencèrent à encercler la place de Philippsburg. Ils déployèrent ainsi 46 bataillons, dont 14 en position sur chaque berge du Rhin, pour couper la forteresse des routes voisines. Parmi les forces rassemblées sur la rive droite, la moitié était affectée au siège, l'autre moitié étant chargée de défendre le dispositif d'une agression extérieure. Le 26 mai, un corps de sapeurs de 12 000 hommes commença à creuser le fossé extérieur.
Les préparatifs de siège progressaient sans encombre lorsque le 12 juin, le maréchal de Berwick, qui inspectait la tranchée à un poste avancé, fut tué d'un coup de canon. Le commandement des opérations de siège fut confié au général d'Asfeld, homme rompu à la poliorcétique. Alors le 19 juin, Eugène de Savoie, sur ordre de l'empereur, mit en branle l'armée de secours, dont l'effectif atteignait à présent 70 000 hommes. Le 27 juin, son armée atteignait Bruchsal. Le général d'Asfeld ordonna la construction de pontons supplémentaires pour permettre à sa cavalerie de se tourner promptement vers l'armée de secours en franchissant le Rhin ; il affecta en outre une partie des assiégeants à l'appui de la cavalerie. Les positions des Français se détériorèrent avec les pluies drues qui s'abattirent le 5 juillet, rendant les tranchées et mines impraticables. Mais malgré l'adversité s'abattant sur son ennemi, le prince Eugène ne parvint pas à saisir l'occasion. Après quelques combats sans lendemain, il entreprit un repli momentané.
Le 17 juillet, les Français ouvrirent une brèche et investirent la place jusqu'aux remparts de la citadelle. Wuttgenau, désespérant de rétablir la jonction avec le prince Eugène, offrit sa capitulation au général d'Asfeld au matin du 18 juillet.
Référence : 18865-12
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