DETAILLE Édouard (1848-1912) : OFFICIER DE CARABINIERS AVANT LA BATAILLE DE LA MOSKOWA, CAMPAGNE DE RUSSIE 1812.
Huile sur toile, 55,5 cm x 42 cm, signée et datée en bas à gauche « Édouard Detaille, 1890 ».
Présenté dans un cadre en bois doré, 74 cm x 60 cm, moderne.
Parfait état.
France.
Troisième République (1890).
NOTE
Le dessin de ce tableau est conservé dans les collections du Musée de l'armée Hôtel des Invalides à Paris, cote K17255.
BIOGRAPHIE
Édouard Detaille, né à Paris le 5 octobre 1848 et mort dans la même ville le 23 décembre 1912, est un peintre français renommé pour ses scènes militaires.
Il vécut à Ville-d'Avray. Le fond d'atelier de l'artiste est conservé au musée de l'Armée à Paris depuis.
Peintre de scènes militaires
Issu d'une famille proche des milieux militaires – son grand-père était intendant de la Grande Armée, sa grand-tante avait épousé l'amiral Villeneuve – Édouard Detaille voulait être peintre et étudier avec Alexandre Cabanel. En définitive, il fut formé dans l'atelier de Meissonier1, qui lui fournit le sujet de la première toile qu'il exposa en 1867. Mais dès l'année suivante, il exposait un tableau militaire de son temps, La halte des tambours. Cette œuvre marqua le début d'une longue et brillante carrière de peintre d'histoire, avec une prédilection pour les scènes militaires. Il exposa vingt-six fois au Salon des artistes français de 1867 à 1912 ; il y obtint la médaille d'honneur en 1888.
La peinture de Detaille se rattache au réalisme et au naturalisme. Detaille peignait lentement et de manière méthodique, de façon à produire des œuvres aussi réalistes et précises que possible.
Artiste-soldat durant la guerre de 1870-1871
Lorsqu'éclata la guerre de 1870, Detaille s'engagea au 8e bataillon d'infanterie mobile et, en novembre 1870, se trouva attaché à l'état-major du général Ducrot et participa aux combats aux environs de Paris. Il put observer les régiments dans le feu de l'action sur la Marne. Cette expérience devait le marquer profondément et inspirer certaines de ses meilleures toiles comme Salut aux Blessés (1877), La défense de Champigny (1879), Le soir de Rezonville. Avec Alphonse de Neuville, il produisit deux grands panoramas de batailles: La Bataille de Champigny et de celle de Rezonville. En 1872, il dut retirer du Salon deux scènes de batailles qui auraient pu offenser l'Allemagne.
Artiste engagé et œuvres censurées
Le Salut aux Blessés (1877), musée d'Art de São Paulo.
Les Vainqueurs et Un coup de mitrailleuse dont le thème est la guerre franco-prussienne de 1870-1871 ont été exclus du Salon de 1872 par mesure diplomatique envers l'Allemagne2. Le second tableau représente « des tas de cadavres allemands hachés par la mitraille », et est fondé sur le souvenir d'un champ de bataille situé entre Villiers et Petit-Bry.
De même en 1877 et à la demande du directeur des Beaux-Arts, Charles Blanc, l'œuvre Le Salut aux blessés! qui dépeint le salut d'officiers allemands à une colonne de prisonniers français blessés « avait dû subir quelques modifications toujours à cause des susceptibilités diplomatiques ».
Voyages en Europe
Désormais célèbre, il voyagea en Europe entre 1879 et 1884, visitant également la Tunisie avec les troupes expéditionnaires françaises. En Angleterre, il peignit une revue des troupes britanniques par le Prince de Galles et une scène montrant les Scotts Guards à Hyde Park, mais il approfondit surtout sa connaissance de l'armée française et exécuta les 390 dessins et aquarelles de Types et uniformes de l'Armée française de Jules Richard.
Scènes de bataille du Premier Empire
Dans les années 1890, Detaille peignit de plus en plus de toiles inspirées de l'épopée napoléonienne, en particulier des scènes de bataille et des charges de cavalerie. Il utilisait des uniformes et des accessoires d'époque pour parfaire l'exactitude de ses tableaux.
Édouard VII demanda à la comtesse Greffulhe de l'inviter à dîner en 1910 chez elle dans son hôtel de la rue d'Astorg pour faire la connaissance du peintre que ses experts qualifiaient de « plus grand peintre français vivant. ».
Membre de l'institut et président de salon
Il fut élu membre de l'Académie des beaux-Arts en 1892 (année où il créa la cape noire que portent les membres de l'Institut), président de la Société des artistes français en 1895 et contribua à la création du musée de l'armée à Paris. il meurt en 1912. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (66e division).
Salons
1872, deux toiles exclues : Les Vainqueurs et Un Coup de mitrailleuse.
Décorations
Édouard Detaille est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1872, promu officier en 1881 et commandeur en 1897.
HISTORIQUE
La bataille de la Moskova ou bataille de Borodino (en russe : Бородинское сражение, Borodinskoïé srajénié) est une bataille opposant la Grande Armée commandée par Napoléon Ier à l’armée impériale russe menée par le feld-maréchal Mikhaïl Koutouzov. Elle a lieu le 7 septembre 1812 à proximité du village de Borodino, à 125 kilomètres de Moscou. Le nom de Moskova, plus évocateur que celui de Borodino, est choisi par Napoléon pour désigner cette bataille, et fait référence à la rivière qui coule à plusieurs kilomètres du champ de bataille et non au lieu où se déroulèrent les combats.
Qualifiée de « bataille des géants », elle est la plus importante et la plus sanglante bataille de la campagne de Russie, impliquant plus de 250 000 hommes pour des pertes estimées à 70 000 hommes.
Depuis son entrée sur le territoire russe, Napoléon souhaite engager une bataille décisive face à un ennemi qui ne cesse de se dérober. Cette campagne qu'il entreprend comme une guerre purement politique, nécessite une victoire éclatante afin d’obliger le tsar Alexandre Ier à demander la paix et à conclure un nouveau traité d'alliance favorable à la France et à sa stratégie de blocus continental. Côté russe, le tsar, faisant face à des dissensions entre ses généraux quant à la stratégie à adopter, nomme Koutouzov commandant en chef de ses armées le 18 août. Ce dernier, après avoir laissé la Grande Armée s'approcher de Moscou sous les harcèlements incessants des cosaques, se décide enfin, aux portes de celle-ci, à fortifier ses positions et à livrer bataille.
Au cours de cette confrontation, les Français réussissent à s’emparer des principales fortifications russes, dont la redoute Raïevski et les « flèches » défendues par le général Piotr Bagration, qui est blessé mortellement lors de l’assaut (il décèdera le 24 septembre 1812). La victoire est française dans la mesure où Napoléon contraint les forces russes à battre en retraite et s’ouvre la voie vers Moscou. Cependant, cette victoire est une victoire à la Pyrrhus : les pertes de chaque côté sont immenses (environ 30 000 soldats français tués ou blessés pour 45 000 côté russe) et bien que fortement réduite, l’armée russe qui dispose de réserves peut encore représenter une menace. Ainsi, Koutouzov, de manière controversée (il n'a pas réussi à bloquer la route de Moscou et a perdu plus d'hommes que Napoléon en évitant cependant l'enveloppement de son armée), affirme qu'il a triomphé de l'ennemi à Borodino, le nom russe de la bataille.
Les Français font leur entrée dans Moscou une semaine plus tard, le 14 septembre, et y resteront jusqu'au 19 octobre, jour où commence le retour, bientôt désastreux, de la Grande Armée.
Référence :
16845