COFFRET DE LUXE DE REVOLVERS PAR LE PAGE MOUTIER, MODÈLE 1858 SECOND TYPE, AYANT APPARTENU AU GÉNÉRAL ANATOLE DE MONTESQUIOU-FEZENSAC, SECOND EMPIRE.
Revolvers finition grand luxe, entièrement gravés à l'acide de rinceaux et d'un décor floral. Exemplaires conformes au brevet du 24 janvier 1857, suivi d'un additif déposé le 11 septembre. De part son imposant gabarit, l'arme se classe sans ambiguïté dans la catégorie des modèles à vocation militaire.
Coffret en bois.
De forme rectangulaire, 28 cm x 48 cm, H 8 cm. Coffret en chêne verni avec le couvercle portant sur un écu de laiton les armoiries d'Anatole de Montesquiou-Fezensac gravées : armoiries d'or aux deux tourteaux de gueules, l'un sur l'autre, avec deux griffons ailés sous couronne de grand d'Espagne.
Garniture intérieure en velours prune, à trois compartiments destinés à recevoir l'origine 2 revolvers gros modèle et 1 revolver moyen modèle. Il est en grande partie complet de ses instruments : sertisseurs, 2 moules à balle, 2 tournevis, 2 baguettes de nettoyage.
Bon état, mécanisme de la serrure changé (enture au bois au niveau de la serrure intérieure), velours légèrement insolé.
Revolver gros modèle, calibre 10,9 mm.
Revolver à 6 coups, calibre 10,9 mm. Canon à 8 pans, longueur 15,5 cm, gravé à l'acide sur le pan supérieur, « LEPAGE MOUTIER Bte À PARIS », canon à 8 rayures. Détente sous pontet. Sur le pourtour du barillet, présence de six petits plots destinés à positionner les chambres du cylindre exactement en face de l'extracteur lorsque l'on actionne ce dernier. Extracteur à genouillère, genre levier bourroir d'Adams, aménagé sur le côté droit du canon. Calotte ovale avec anneau de suspension, plaquette de crosse en noyer lisse. Sous-garde gravée des armoiries d'Anatole de Montesquiou-Fezensac.
Longueur de l'arme 27 cm.
Parfait état, proche du neuf.
Revolver moyen modèle, calibre 9,4 mm.
Revolver à 6 coups, calibre 9,4 mm. Canon à 8 pans, longueur 12 cm, gravé à l'acide sur le pan supérieur, « LEPAGE MOUTIER Bte À PARIS », canon à 8 rayures. Détente sous pontet en anneau. Sur le pourtour du barillet, présence de six petits plots destinés à positionner les chambres du cylindre exactement en face de l'extracteur lorsque l'on actionne ce dernier. Extracteur à genouillère, genre levier bourroir d'Adams, aménagé sur le côté droit du canon. Calotte ovale avec anneau de suspension, plaquette de crosse en noyer lisse. Armoiries d'Anatole de Montesquiou-Fezensac gravées sous le coffre.
Longueur de l'arme 22 cm.
Parfait état, proche du neuf.
Cet ensemble comprenait à l'origine une paire de revolvers gros modèle, dont l'un a été séparé, et un exemplaire moyen modèle.
France.
Second Empire.
BIOGRAPHIE :
La Maison de Montesquiou est une des plus anciennes familles de la noblesse française actuellement subsistante, originaire de Montesquiou, avec une filiation prouvée qui remonte à 1190, mais reconnue par Chérin en 1774 comme étant issue vers 1070 des anciens comtes de Fezensac. Elle a donné trois maréchaux de France , un amiral, un cardinal, deux évêques, plusieurs officiers généraux, un ministre, des députés et sénateurs et deux membres de l'Académie française.
La devise de cette maison est « Deo duce, ferro comite. » (Dieu pour guide et l'épée pour compagne). Son blason figure dans la salle des croisades du château de Versailles : D'or aux deux tourteaux de gueules, l'un sur l'autre.
Ambroise Anatole Augustin DE MONTESQUIOU-FEZENSAC. Né le 8 août 1788 à Paris, décédé le 22 janvier 1878 à l’âge de 89 ans à Bessé. Baron de l'Empire (20 avril 1810), Aide de Camp du Duc d'Orléans (vers 1830), Général de Brigade (1851), Pair de France (vers 1841), Grand d'Espagne (vers 1850).
Il a effectué la campagne de Russie en tant qu'officier d'ordonnance de Napoléon. Il s'était engagé comme simple soldat en 1806, à l'âge de 18 ans, dans l'armée impériale. Il était également musicien, écrivain, poète et, à l'instar de ses parents, il a fait vivre le château de Courtanvaux.
Il appartient à la famille de (Montesquiou-Fézensac) et est le fils de Pierre de Montesquiou-Fezensac.
Anatole de Montesquiou entre dans les rangs de l'armée comme simple soldat à l'époque la plus brillante de l'Empire français, en 1806, deux ans avant d'être appelé par la conscription ; les grandes campagnes qui suivent lui fournissent bientôt l'occasion de se signaler ; c'est sur les champs de bataille qu'il conquiert ses grades. Décoré à la bataille d'Essling, il combat à Wagram auprès de l'Empereur qui l'a déjà attaché à sa personne comme officier d'ordonnance ; il prend part aux campagnes de Russie en 1812, et d'Allemagne en 1813. Dans ses mémoires, il décrit comment Napoléon prit appuis sur son épaule pour observer Moscou qui brûlait. Sa conduite à la bataille de Hanau lui mérite le grade de colonel ; il est bientôt nommé aide-de-camp de l'Empereur. Dans la campagne de 1814, il se trouve aux combats les plus importants et a l'honneur de s'emparer d'un drapeau ennemi.
Napoléon Ier a confié à sa mère, la comtesse de Montesquiou, l'éducation du roi de Rome.
Après l'abdication de l'Empereur, Montesquiou, resté fidèle à la fortune de son souverain, sollicite la faveur de le suivre à l'île d'Elbe ; n'ayant pu l'obtenir, il se retire à Vienne. Ce dévouement le fait porter sur la liste des proscrits ; son parent, l'abbé de Montesquiou, qui a été ministre de Louis XVIII pendant la première Restauration, parvint, par ses démarches, à obtenir sa radiation.
Montesquiou peut alors rentrer en France et se livre à l'étude des arts et des belles-lettres. Nommé, aide de camp du duc d'Orléans en 1816, puis chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans en 1823, il est constamment honoré de la confiance de cette famille. Le roi Louis-Philippe Ier, lors de son avènement au trône en 1830, le choisit pour aller faire reconnaître le nouveau gouvernement auprès des cours de Rome et de Naples ; cette mission, remplie avec beaucoup de zèle et d'habileté, est suivie du plus heureux succès. Le 2 avril 1831, il est promu au grade de maréchal de camp.
Anatole de Montesquiou est bientôt appelé par la confiance de ses concitoyens à la Chambre élective ; élu député de la Sarthe en 1834, 1837, 1839, il se place au nombre des défenseurs les plus zélés de la monarchie fondée en 1830 ; lorsque le roi l'élève à la pairie en 1841, son fils, le comte Napoléon de Montesquiou-Fézensac, a l'honneur de le remplacer à la Chambre des députés.
Anatole de Montesquiou consacre les loisirs que lui laissent les affaires publiques aux beaux-arts, à la poésie. Il publie, en 1845, une traduction en vers de toutes les poésies italiennes et de beaucoup de poésies latines de Pétrarque ; cette œuvre, fruit de longues années de persévérance, est accueillie à l'époque par le plus légitime succès.
Il est mis d'office à la retraite, comme général de brigade, le 8 juin 1848 et suit Louis-Philippe en exil et ne rentre en France qu'après la mort de ce dernier.
Il publie également deux volumes de poésies intitulés Chants divers. Dans le cadre le plus varié il réunit tous les genres : des odes, des morceaux épiques, des contes, des élégies, des chansons ; il y célèbre les magnificences de l'Empire, les gigantesques combats auxquels il prit part, il raconte dans un langage vraiment inspiré les effroyables désastres de la Russie, les scènes de douleur et d'angoisse dont il fut témoin.
De 1864 à 1869, il dirigea la Société de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.), devenue depuis 1940 la Croix-Rouge française.
En 1858 et 1870, il est candidat à l'Académie française.
Anatole de Montesquiou-Fézensac a été décoré de l'ordre du Mérite militaire de Bavière en 1809, de l'ordre impérial de Léopold en 1810, créé baron de l'Empire en 1810 et grand officier de la Légion d'honneur en 1831. La reine d Espagne le nomma en 1847 grand d’Espagne et lui conféra le titre de marquis.
Ses parents.
Pierre DE MONTESQUIOU-FEZENSAC, Comte de l'Empire 1764-1834
Louise Charlotte Françoise LE TELLIER DE LOUVOIS-COURTANVAUX DE MONTMIRAIL DE CREUZY, Gouvernante des Enfants de France 1765-1835, gouvernante de Napoléon II, Roi de Rome.
Père nourricier : Louis Philippe Ier D'ORLÉANS, Roi des Français 1773-1850
LE REVOLVER LEPAGE MOUTIER DU SECOND EMPIRE : Article d'Henri Vuillemein , Gazette des Armes N° 443.
Au cours de la seconde moitié des années 1850, on assiste à l'éclosion d'une nouvelle génération de revolvers utilisant pour le première fois une cartouche métallique à percussion centrale.
Largement devancés dans le domaine des armes à barillet à capsule dont le marché était largement dominé par les grands manufacturiers américains et anglais (Colt, Adams et autres Tranter), les armuriers français vont réagir, faire preuve d'initiative, et cette fois se retrouver à la pointe du progrès.
Sous le Second Empire, Gastinne Renette, Perrin, Devisme, Gauthier-Jeune, Pidault & Cordier, Lefaucheux rivaliseront d'ingéniosité et d'audace pour proposer au public, et surtout aux autorités militaires de ces nouveaux types de «six coups» qui finiront par définitivement s'imposer moins de vingt années plus tard.
Au sein de cette fine fleur de l'armurerie française, figure en place de choix une signature de prestige : celle de Lepage Moutier.
Les Lepage forment une grande famille d'arquebusiers français d'origine normande qui produisirent durant près de deux siècles les armes de la plus haute qualité pour les plus hauts personnages de leur époque.
La saga débute avec Pierre Lepage qui, en 1730, à l'issue de son apprentissage épouse la nièce de Pigny, un arquebusier «privilégié du Roi» à Paris. Le page transporte en 1759 ses ateliers au 11 rue de Richelieu. Il va se distinguer comme arquebusier de la maison d'Orléans et rentrera au service du maréchal de Saxe.
À sa mort en 1779, son neveu Jean (1746-1834), lui succède et passe maître en 1780. Poursuivant magistralement la voie tracée par son oncle, il devient successivement arquebusier du roi Louis XVI, du Premier Consul, puis de l'Empereur. Tout en demeurant le fournisseur privilégié de la maison d'Orléans.
Jean Lepage eut six enfants; l'aînée épousa Louis Perrin, une future gloire dans le domaine du révolver. Son quatrième enfant, Jean Prosper Henry, né en 1792, lui succédera en 1822.
Arquebusier de Louis XVIII, de Charles X, des ducs d'Orléans, il est nommé en 1835 arquebusier ordinaire du roi, du duc d'Orléans et du duc de Nemours, il sera nommé en 1825, membre du Conseil des Manufactures Royales, il décède en 1854.
C'est son gendre Gilles Michel Louis Moutier qui va lui succéder au 11 rue de Richelieu en 1842. En 1865, il s'associe avec son neveu Émile Henry fauté Lepage. Celui-ci, trois ans plus tard, reste le seul propriétaire de la Maison, qu'il dirige avec brio jusqu'en 1913. Il cumulera luis aussi les distinction et récompenses. Dans l'Europe entière il s'attachera la clientèle des rois et des princes et bénéficiera du titre fort convoité de fournisseur brève de la Cour de Russie.
Lorsque le 24 janvier 1857 Louis Moutier dépose le brevet d'invention de son revolver, il fait incontestablement figure de pionnier. Seul le célèbre Gastinne Renhette peut se targuer de l'avoir devancé dans le domaine une année plus tôt.
Pour bien mesurer l'importance de cette avancée, il convient de se prolonger dans le contexte du temps :
À cette date, le «révolutionnaire» six coups à broche d'Eugène Lefaucheux commercialise depuis à peine 3 ans, n'a pas encore fait l'objet d'une adoption par la marine impériale, qui utilise toujours ses pistolets à un coup modèles 1837 et 1849.
Les revolvers "cap & ball", le plus souvent d'origine anglaise ou américaine connaissent leur âge d'or et seulement quelques novateurs comme Louis Perrin, Pidault et Cordier, Loron ou Devisme commencent à s'intéresser à la cartouche à percussion centrale qui à l'époque donnent plus de soucis que de satisfaction. Car, si les armes sont mécaniquement au point il ne va pas de même pour cette munition, délicate, coûteuse,capricieuse et d'une puissance anémique à souhait.
au sein de la famille Lepage, L Moutier va ouvrir la voie à son beau-frère Louis Perrin qui signe encore sa production : Perrin-Lepage. Dans le cadre de sa profession il précède d'une année Pidault & Cordier, et de pratiquement deux, Gauthier-Jeune et Javelle.
Le maître brevet du 24 janvier 1857, qui sera suivi d'un additif déposé le 11 septembre de cette même année, nous révèle un somptueux révolver dont l'élégance aristocratique le dispute à l'originalité.
De part son imposant cabaret, (environ 30 cm de long et près d'un kg), l'arme se classe sans ambiguïté dans la catégorie des modèles à vocation militaire.
Pour assurer la promotion de son invention, susciter l'intérêt du public et surtout celui d'éventuelles commissions, Lepage Moutier a fait imprimer chez Boisseau & Augros un descriptif dont voici quelques extraits :
• « Le revolver est à six coups et à balle forcée. Il exige l'emploi d'une cartouche culot et d'un projectile spécial. L'arme jouit d'un double mouvement de rotation ; en d'autres termes elle est également propre au tir continu, par la simple pression de l'index sur la détente, et au tir intermittent, ou ordinaire, lorsqu'on s'astreint à relever le chien.
• Comme nous nous sommes attachés avec un soin particulier à éviter les réparations, le mécanisme de l'arme est à la fois d'une grande simplicité et d'une solidité parfaite… Il ne nous convient pas d'entrer dans les détails techniques ; bornons nous donc à dire que le maniement de ce revolver est tellement facile que nous pourrions, au besoin, nous dispenser de fournir toute explication à ce sujet. »
Qu'en termes élégants ces choses là sont dites ! Notre maître arquebusier ne tarit pas d'éloges sur son invention, dans le plus pur style de ses confrères du moment, Lefaucheux et futurs autres Galand. Mais il faut admettre que même s'il force un peu le trait sur les qualités intrinsèques de son arme, notamment en ce qui concerne la simplicité de sa platine, on ne peut lui dénier nombre de mérites, dont les plus probants sont :
• Une excellente prise en main,
• Une munition d'avant-garde, aisément rechargeable,
• Un système d'ouverture latérale original,
• La possibilité de faire feu en simple et double action,
• Une faculté de chargement rapide et sûre,
• Un barillet aisément démontable,
• Une plaque de recouvrement amovible,
• Des instruments de visée simples et pratiques.
Les « projectiles-cartouches »
Lepage-Moutier nous décrit sa munition « maison » dans ces termes :
• « Le projectile cartouche n° 1 ou de gros calibre, présente quelques légères différences avec celui du projectile cartouche n° 2 ou de petit calibre.
• N° 1 - Balle cylindrique cylindro-conique, c'est-à-dire oblongue, du poids de 15,85 gr ; soit 63 au kg - Intersection plane à sa partie antérieure. - À l'arrière du projectile, évidement creux servant à contenir la poudre. Petite tige de cuivre placée en saillie dans le vide du projectile et faisant corps avec ce dernier par suite du coulage, à l'effet de supporter la capsule. - Culot en cuivre recuit et écroui, du poids de 1,50 gr ; s'adaptant avec précision au collet du projectile et muni à l'intérieur, d'une petite rondelle, aussi en cuivre, assez mince pour permettre le bris de la capsule par la percussion du chien et s'opposer, cependant, à la déperdition des gaz au moment de la détonation. - Poudres, 4 grains et demi soit 25 centig. - Poids total du projectile - cartouche :17,60 gr.
• N° 2 - Balle de 5,75 gr, soit 173 au kilo - Poudre, 2 grains et demi soit 15 centig. Poids total : 7,40 gr.
• On amorce les cartouches au moyen de capsules ordinaires.
• Avec 1 kilo de poudre, on obtiendra 4 000 charges pour revolver N° 1, ou bien 7 000 du revolver N° 2.
• Le nombre de cent charges étant suffisant comme approvisionnement, on ne sera donc pas embarrassé du poids ou du volume des charges.
• Au moyen d'un moule à balle, d'une petite mesure et d'une matrice, qui seront livrés à l'acheteur, chacun pourra confectionner lui-même les projectiles-cartouches. Il suffira pour cela, de se pourvoir d'un certain nombre de culots. Ces culots peuvent servir plusieurs fois. ».
Les différentes versions
Sur la représentation annexée au descriptif, on peut observer un revolver qui, s'il a réellement existé ne semble pas avoir été commercialisé. Celui-ci se caractérise par l'absence de redan sur la poignée, et d'une crosse en forme de poire arrondie à son extrémité. Autre élément intéressant, la position du ressort arrêtoir de tige axe de barillet, se trouve disposé verticalement le long de la carcasse, un peu à la manière des Adams britanniques.
Si, à l'époque, Lepage Moutier se bornait à désigner ses gros modèles en 11,5 mm : N° 1 et ses moyens modèles 9 mm : N° 2, sur le plan de la collection une nomenclature plus précise s'impose.
En ce qui concerne les N° 1, on distingue trois versions :
• Les modèles 1er type sans extracteur à genouillère.
• Les modèles 2e type avec extracteur à genouillère.
• Les modèles 3e type chambrant les cartouches réglementaires 11 mm/73 ou assimilées.
Les N° 1 - 1er type se caractérisent par la présence d'une baguette disposée à l'intérieur de la crosse, comme se plait à le signaler l'inventeur :
• « La crosse du revolver est munie, en guise de bouton de tête de calotte, d'un anneau mobile auquel s'adapte une baguette logée dans le bois. Cette baguette sert non seulement à extraire les culots après l'explosion, mais encore à décharger l'arme quand on ne sent pas le besoin de la tenir chargée. L'opération a lieu sans aucun danger. »
Plus loin il ajoute une remarque qui ne laisse subsister aucun doute sur la vocation de cette arme particulièrement destinée à la cavalerie :
• « Enfin l'anneau mobile dont il vient d'être parlé a la propriété de se refermer d'autant plus, que l'on opère sur lui une traction plus forte : disposition favorable au tir du revolver dans une mêlée, soit à pied, soit à cheval, car on peut, ainsi attacher le pistolet avec une lanière et le manier sans crainte de le laisser tomber. »
Dans le cadre de cet article nous présentons deux rarissimes spécimens de N° 1 premier type. L'exemplaire bronzé et conditionné en coffret porte le numéro de série : 2 -et a été réalisé par Auguste Francotte comme l'atteste le fameux poinçon -A.F.- couronné propre à ce fabricant d'excellente renommée. Pour la petite histoire, c'est Auguste Francotte qui a déposé à Liège le 16 mars 1858 le brevet de Louis Lepage Moutier. L'autre exemplaire porte le numéro 44.
On peut relever certaines différences entre ces deux armes particulièrement au niveau de l'agencement de la platine et de l'armature de crosse qui sur le N° 2 ne comporte qu'un seul ardillon. Le ressort arrêtoir de tige-axe de barillet occupe de manière définitive sa place au dessous du canon.
Sur les exemplaires N° 1 deuxième type, on constate l'apparition de l'extracteur à genouillère, genre levier bourroir d'Adams, aménagé sur le côté droit du canon. Une disposition qui intervient tôt dans la carrière de l'arme, puisque déjà présente sur l'exemplaire Prix de Tir portant le N° de série 112. On relève également sur le pourtour du barillet la présence de six petits plots destinés à positionner les chambres du cylindre exactement en face de l'extracteur lorsque l'on actionne ce dernier.
Les N° 1 troisième type perdent leur dénomination -Lepage Moutier- au profit de Faure Lepage. La munition d'origine est abandonnée au profit dans un premier temps de la 12 mm Gévelot, puis de la 11 mm/73 réglementaire. On constate quelques légères modifications au niveau des appareils de visée, du percuteur, l'abandon des 7 rayures profondes du canon au profit de 4 rayures à plat, ainsi qu'un renforcement significatif du verrou de canon sur la console.
Les variantes
Elles sont peu nombreuses et se résument en fait aux revolvers calibre 9 mm désignés par Moutier sous le vocable de : N° 2.
Ces exemplaires de moyenne dimension, pratiquement identiques aux grands modèles, ne s'en différencient essentiellement que par leur détente anneau. En dehors des différentes versions et variantes, les Lepage Moutier ont connu plusieurs type de finition : poli blanc, bronzées, gravées, plaquettes de crosse lisses ou quadrillées, présentations en coffret, etc…
On dénombre également des exemplaires offerts comme prix de tir, agrémentés d'une plaque d'argent sur la crosse, tel ce spécimen n° 112 présenté ici et marqué. « Ecole Spéciale Militaire, Tir à la cible - 1er Prix de Concours - 1864 ». Un autre spécimen observé chambré en 11 mm/73, portait le marquage « Ecole Spéciale Militaire 1874-1875 -M. Coz - 1ère Division - Prix d 'Ensemble ».
Un succès d'estime
Armes très coûteuses et par trop sophistiquées, les superbes Lepage Moutier n'ont connu durant leur quelques 20 années d'existence qu'une diffusion relativement limitée. Dès l'apparition des Chamelot & Delvigne type 1873, ils étaient largement dépassés. De ce fait leur production toutes versions confondues a dû se limiter à quelques centaines d'exemplaires.
REMERCIEMENT :
Je remercie Monsieur Henri Vuillemin et Laurent Berrafato.
Référence :
13481