CASQUE TROUPE DE DRAGONS DE LA GARDE IMPERIALE, DIT « DRAGONS DE L'IMPÉRATRICE », MODÈLE 1806 , PREMIER EMPIRE.
Toutes les parties métalliques de ce modèle sont en laiton estampé.
Bombe estampée en une seule pièce, sa profondeur est d’environ 10 cm. Elle est rejetée en arrière pour lui donner une forme dite « à la Minerve ». Dans le bas est soudée une gouttière saillante sur 5 mm ; à l’avant elle forme une pointe dirigée vers le haut. Cette gouttière est destinée à empêcher l’eau de puits de couler sur le turban.
Turban en cuir fort, agrafé à la bombe par cinq fils d’acier, sa hauteur à l’avant est de 9 cm, sur chaque côté il est échancré au niveau de oreilles, 8 cm. A l’arrière, est cousu un sanglon de cuir qui se règle à l’aide d’une boucle en laiton, afin d’adapter la coiffure à la tête du cavalier. Le turban est recouvert d’une peau teinte pour imiter la panthère.
Visière en cuir fort recouverte de peau (restauration) ; elle forme une pointe et mesure 9 cm de large. Le casque de l’ancienne collection de Maître André Thélot ayant reçu un coup de sabre, sa visière a été réparée à l’époque, et est de forme ronde. Cette visière est cousue au bas du turban. Le bord extérieur est cerclé d’un jonc en laiton remplacé, plié à cheval et serti (il peut également être riveté en quatre points). L’intérieur est doublé d’une basane brun foncé. Certains casques sont équipés d’une visière amovible qui se fixe au turban à l’aide de deux petits crochets d’acier.
Jugulaires. Elles sont formées de deux parties chacune : une mentonnière et une rosace. La rosace est ronde, elle mesure 6,5 cm de diamètre. Elle est frappée d’une étoile à 5 branches. Fixée au turban par deux pattes en laiton soudées à l’arrière. La mentonnière est en basane brun foncé. Elle est recouverte de 15 écailles découpées, la plus large mesure 5,8 cm, la moins large 1,7 cm. Les écailles sont agrafées à la basane. La longueur totale est de 16,1 cm. Lacet changé postérieurement.
Porte-plumet. Il se fixe devant la rosace gauche, sur le turban. Le tube de forme ronde (1,3 cm de diamètre, 5,2 cm de hauteur) est décroissant vers le bas, le haut reçoit une vis permettant de bloquer le plumet. En haut et en bas le tube est découpé pour être attaché au turban par un fil de laiton.
Cimier. Il est composé de deux ailerons, d’un masque et d’une plaque de recouvrement. Chaque aileron affecte la forme d’un caisson, sa hauteur maximale est de 12,2 cm. Le centre est estampé d’une suite décroissante de 9 godrons. Le bas est replié sur la bombe et forme quatre festons. Chaque aileron est fixé à la bombe par quatre rivets. Le masque mesure 5,8 cm de large. Il est frappé d’un aigle dont la tête est tournée vers la gauche et qui tient dans ses serres un foudre avec des éclairs. Au dessus est estampée une couronne impériale. Dans le haut, le masque est replié et découpé d’un rond pour placer le porte-aigrette. Le bas s’élargit et forme une pointe arrondie à l’avant, il est décoré de deux palmes, il reçoit un rivet. Signalons que les casques des dragons du Royaume d’Italie sont semblables, excepté le masque dont l’aigle à la tête tournée à droite, et est surmonté de la couronne de fer. La plaque de recouvrement couvre le dessus du cimier, sa longueur est d’environ 35 cm. A l’avant il est découpé d’un rond pour recevoir le porte-aigrette, à l’arrière il est attaché à la bombe par un fil de laiton. Le cimier peut être placé plus ou moins en arrière de la bombe, le bas du masque est placé à 2,2 cm du bas de la bombe.
Porte-aigrette. Il se décompose en trois parties : la lentille (ou olive), la douille et la houpette (encore nommée pinceau ou aigrette). La lentille. Elle est en laiton composée de 10 lamelles, chacune décorée alternativement : d’un fond strié horizontalement, ou d’un motif à perles et losanges. Elle fait 6,7 cm de diamètre et 3,5 cm de haut, réparation d'époque à deux rivets. La douille. En 8 lamelles décorées de palmes, dont le haut est découpé en festons. Hauteur totale 3,3 cm. L’aigrette. En crin noir d’environ 6 cm de haut en partie regarnie. Le porte-aigrette est fixé à la bombe par une longue tige d’acier soudée à une vis qui vient se visser au bas de la douille.
Crinière. En crin noir, montée sur une semelle en cuir. Elle est placée à l’intérieur du cimier et retombe vers l’arrière en une queue flottante, sa longueur est de 30 cm. En 1806 cette crinière ressort au niveau du porte-aigrette et retombe de chaque côté, son évolution l’amènera à sortir de plus en plus à l’arrière du cimier.
Coiffe intérieure manquante.
Hauteur totale du casque : environ 42 cm.
Très bon état de conservation, accident et réparation à l'un des côtés de la bombe.
France.
Premier Empire.
HISTORIQUE :
Ordre du 10 mai 1804 : « La Garde est prévenue que le Sénat a proclamé aujourd’hui Napoléon Bonaparte Empereur des Français, et a fixé l’hérédité du pouvoir dans sa famille. Vive l’Empereur ! Dévouement sans borne et fidélité à toute épreuve à Napoléon 1er, Empereur des Français. Aujourd’hui la Garde prend le titre de Garde Impériale. »
De tous les régiments de cavalerie de la Garde Impériale, un seul a été doté d’un casque, celui des Dragons. Cette superbe coiffure, élément de prestige du régiment est le sujet de notre étude.
L’origine des Dragons de la Garde
C’est au XVI° siècle que le maréchal de Brissac donna le nom de dragons à ses arquebusiers à cheval, en souvenir de l’animal fabuleux que la chevalerie avait pris comme symbole de courage. Les véritables ancêtres de la cavalerie de la Garde Impériale sont, en réalité, les “Sergents à masse” de la Maison Militaire des Rois de France. Plus directement, la Garde des Consuls est la première troupe attachée à la personne de Bonaparte (sous la Révolution); elle devient Garde Impériale le 10 mai 1804. A la tête de sa Garde, l’Empereur place un officier qui lui est proche, le maréchal Bessières; il commandera avec le grade de colonel-général, à partir du 20 juillet 1804.
Les Dragons rentrent dans la Garde
Il faut attendre 1806, l’une des plus belles années de l’Empire, pour qu’un régiment de Dragons appartienne à la Garde Impériale. La campagne de 1805 vient de prouver la valeur des régiments de Dragons de la ligne; pour les récompenser, Napoléon proclame, le 15 avril 1806 : « La Garde Impériale sera composée de (...) 1 régiment de Dragons de 4 escadrons. » Ce nouveau corps comprend : 1 Etat-Major, 4 escadrons de 2 compagnies chacun, 1 escadron de Vélites. Le régiment de la Garde est formé par prélèvement de 12 Dragons, ayant au moins dix ans de service, dans chacun des 30 régiments de la ligne.
Composé de soldats d’élite, les officiers sont choisis par Napoléon lui même, après vérification de leurs états de service. Pour commander le régiment, l’Empereur nomme un officier couvert de gloire : le colonel Arrighi de Casanova, qui a désormais le rang de major-colonel. Arrighi de Casanova, colonel du 1er régiment de Dragons, est un cousin par alliance de l’Empereur.
Les Dragons de l’Impératrice
Une fois les escadrons organisés, sa Majesté les place sous la protection de l’impératrice Joséphine, ce qui leur vaut le surnom de « Dragons de l’Impératrice ». Ledit surnom, bien que d’époque, ne fut cependant jamais porté officiellement ni régulièrement, mais il les opposa symboliquement aux Dragons de la Reine de Prusse.
En 1807, le régiment comprend 560 hommes, les guerres impériales vont bientôt fortement décimer ses rangs.
Le 6 juin 1809, le colonel Arrighi de Casanova est remplacé par le comte de Saint-Sulpice, alors général de division. Le 21 janvier 1813, un nouveau colonel est nommé : le général de division d’Ornano, il commandera le régiment jusqu’en 1815, y compris pendant la Première Restauration, lorsque le régiment deviendra Corps Royal des Dragons de France.
Service de guerre
Le régiment des Dragons de la Garde Impériale, participera à toutes les campagnes de l’Empire : la Prusse (1807), la Pologne (1807), l’Espagne (1808), l’Autriche 1809), la Russie (1812) d’où reviendra seulement la moitié du corps ! la France (1814). Présent aux batailles tels que : Friedland (1807), Eylau (1808), Somo-Sierra (1808), Wagram (1809), Malojaroslawetz (1812) où il empêchent les cosaques d’enlever l’Empereur, Lutzen (1813), Kuln (1813), Wachau (1813)...
Quand les Dragons de la Garde se fond traiter de “Muscadins” !
En 1806, le choix de l’uniforme du régiment des Dragons de la garde est laissé à l’initiative d’Arrighi de Casanova. Désireux de commander une troupe moderne, le major-colonel supprime en premier lieu tous les “accessoires” qu’il juge inutiles : queues, culottes, bas... L’uniforme arrêté est proche de celui des Grenadiers à cheval de la Garde, mais l’habit est vert et la coiffure adoptée est un casque en laiton. Le maréchal Bessières, peu ouvert à ce nouvel esprit, les traita de “Muscadins” (nom donné sous le Directoire aux élégants royalistes qui faisaient grand usage de parfum et de rubans). Un matin, l’uniforme du régiment, arboré par deux sous-officiers, est présenté à l’Empereur au palais de Saint-Cloud et il est accepté.
Le casque de 1806 : les pièces existantes
L’étude du casque modèle 1806 se heurte à l’absence d’archives et seul un document de von Breitenbach en donne la description suivante « Casque en métal jaune, peau de panthère, crinière et houpette noires, plumet écarlate ». Nous devons donc baser notre étude sur l’iconographie d’époque et, de manière empirique, examiner soigneusement les casques authentiques parvenus jusqu’à nous. Pour notre part, nous ne connaissons que huit casques de troupe, 1806, authentiques :
• Le premier fait partie de l’ancienne collection Raoul et Jean Brunon devenue collection du Musée de l’Armée; il est conservé au château de l’Empéri, à Salon-de-Provence.
• Le deuxième vient de l’ex-collection Edouard Detaille; il est actuellement conservé dans les réserves du Musée de l’Armée à Paris.
• Le troisième après avoir appartenu à la collection du grand-duc de Hesse, puis à celle de monsieur Hollitzer à vienne, à été vendu à l’hôtel Drouot (Paris) en 1932 où il fut acheté par un collectionneur français.
• Le quatrième après avoir appartenu à la collection du grand-duc de Hesse, puis à celle de monsieur Hollitzer à vienne, à été vendu à l’hôtel Drouot (Paris) en 1932 où il fut acheté par un collectionneur français dont la collection est aujourd’hui exposée au château du Fort de joux, à Pontarlier.
• Le cinquième exemplaire, présenté dans les collections du prince de la Moskova, doit se trouver actuellement dans une collection privée; il est percé d’une balle.
• Le sixième appartenait à monsieur Thélot (collectionneur français), aujourd’hui il est conservé dans une collection française.
• Les septième exemplaire est dans une collection privée.
• L’exemplaire que je présente ici est le huitième exemplaire de troupe que j’ai pu répertorier.
Référence :
12478