SOUVENIRS DU GÉNÉRAL DE DIVISION, PUIS MARÉCHAL DE FRANCE JOSEPH JOFFRE « VAINQUEUR DE LA MARNE »,
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE. : KÉPI DE GÉNÉRAL ET DOLMAN.
(Vendus en un seul lot composé des références 12773-7, et 12773-3)
ATTENTION CE DOLMAN EST VENDU UNIQUEMENT AVEC LE KÉPI DE GÉNÉRAL DE DIVISION
DOLMAN-PELISSE DE GÉNÉRAL DE DIVISION JOSEPH JOFFRE, modèle 1871, PORTÉ LORS DE LA MISSION FRANÇAISE AUX États-Unis (1er avril 15 mai 1917), TROISIÈME RÉPUBLIQUE (1913-1918).
Confectionné en drap satin bleu foncé. Le corsage est doublé en satin de Chine noir, les manches de satin crème rayé argent et noir. Il se ferme droit sur la poitrine, le côté gauche s'engageant sous le droit de 50 mm environ, dont 40 mm sont fournis par une bande rapportée qui descend jusqu'à la ceinture, où elle est arrondie. À partir de ce point, le devant suit sa première largeur de coupe jusqu'au bas, où il est arrondi sur un rayon de 40 mm environ. Le collet, confectionné en drap du fond (hauteur 35 mm), est droit, encadré par deux galons en poil de chèvre noir, de 16 mm de largeur. La fermeture s'effectue au moyen de cinq brandebourgs de tresse carrée en poil de chèvre noir de 6 mm de grosseur ; ils forment sur chaque devant cinq rangées faites de quatre brins de ganse réunis. Le brandebourg du haut est posé à 30 mm environ au-dessous de l'encolure, et celui du bas à hauteur de la taille. Ils sont également espacés entre eux et décrivent sur la poitrine des lignes parallèles et légèrement cintrées. Les brandebourgs sont cousus en plein sur la poitrine, les extrémités des brandebourgs opposés à la fermeture se terminent par un trèfle. Des olives guipées, à point de Milan, sont fixées à la naissance des trèfles pour former l'encadrement ; chaque extrémité antérieure des brandebourgs du côté gauche présente un œil formant boutonnière, destiné à recevoir l'olive placée à l'extrémité antérieure des brandebourgs correspondant du côté droit. Les devants et les extrémités inférieures du dolman sont encadrés d'un galon dit « à la soubise-hussard », en poil de chèvre de 20 mm de largeur. Trois galons semblables dessinent les deux coutures verticales du dos jusqu'au bas ; sur ces galons, à 150 mm au-dessus du bas, est formée une rosace du même galon ; l'une de ses branches, celle externe, va se perdre à 50 mm sous l'encadrement (mesuré en dedans du triangle) ; l'autre va rejoindre, à la même distance, celle du côté correspondant, pour y former avec elle la pointe d'un V. Sur chaque côté des devants, le dolman-pelisse est pourvu de trois poches, dont une dissimulée par le deuxième brandebourg du haut ; son ouverture, qui est de 150 mm, suit exactement le contour supérieur de ce brandebourg. Les deux autres, sont placées entre la pique dessinée sur les côtés et les extrémités des brandebourgs du bas ; leur ouverture de 160 mm de longueur, est garnie d'un double galon à la soubise. À l'intérieur, à droite et à gauche du vêtement, deux poches dites à portefeuille, d'une profondeur de 180 mm, sont également pratiquées dans la doublure. Dans la poche intérieure de droite est cousue une étiquette du tailleur « RIEU - PARIS » avec inscription à la plume « Mr Le général Joffre le 8 juin 1913/Chenu n° 1048 ». Les manches, coupées d'un seul morceau, sont terminées par un parement en pointe, en drap du fond, bordé d'un galon à la soubise-hussard de 20 mm de largeur. La hauteur du parement est de 25 mm, et la hauteur à la pointe de 53 mm. Chaque manche porte un trèfle formé de six brins de poil de chèvre noir, quel que soit le grade de l'officier général ; la plus grande largeur de ce trèfle est de 223 mm ; le sommet s'élève à 510 mm au-dessus du bas de la manche. Sur ce trèfle sont appliquées les sept étoiles en argent massif pour les maréchaux. Ce dolman ne comprend pas de pattes d'épaules.
Parfait état proche du neuf.
France.
Première Guerre Mondiale.
LA MISSION DU MARÉCHAL JOFFRE AUX États-Unis (avril - mai 1917).
Lors de la Première Guerre mondiale, l'intervention américaine en avril 1917 a été considérée par la plupart des historiens comme le facteur décisif de la victoire alliée.
En réalité, ce ne fut pas la participation aux combats des troupes américaines qui fut déterminante mais plutôt la nécessité pour les Allemands de vaincre avant l'arrivée massive des Américains.
Ludendorff épuisa ses meilleures troupes dans cette course de vitesse alors que les Franco-Britanniques, certains désormais de disposer à bref délai de réserves d'hommes inépuisables, surent, non sans d'extrêmes difficultés, entre mars et juillet 1918, gagner le temps nécessaire au renversement de la supériorité militaire qui s'ébauchait également sur le plan des matériels.
Le 6 avril 1917, lorsque les États-Unis déclarèrent la guerre à l'Allemagne, l'armée de Terre américaine était quantité négligeable eu égard à l'ampleur du conflit. Elle était composée d'une centaine de milliers d'hommes d'active sans compter le Garde Nationale, peu instruite ; pas de troupes ni de cadres de réserve, aucun matériel moderne en fabrication ni même en projet. Or, dès novembre 1917, 42 divisions américaines, chacune d'un effectif de 27 000 hommes (soit le double de celui des divisions allemandes ou alliées) étaient à l'instruction, en France pour la plupart.
En septembre 1918, 14 divisions américaines menaient victorieusement l'offensive de Saint-Mihiel. Le 1er novembre, soit 19 mois après l'entrée en guerre, 2 millions d'Américains étaient présents en France, dont 3 armées en première ligne, totalisant 800 000 hommes.
La rapidité quasi miraculeuse de cette mise sur pied opérationnel d'une armée nationale aussi importante est naturellement due d'abord au dynamisme et à l'efficacité du peuple américain dès qu'il fut engagé dans le conflit. Mais elle n'a pu réussir qu'avec le concours des Alliés, en particulier des Français, tant sur le plan du matériel que sur celui de l'instruction des recrues.
La prise de conscience de cette opération nécessaire fut à mon sens grandement favorisée par l'action personnelle du maréchal Joffre. Disponible depuis sa mise à l'écart à la fin de 1916, il fut désigné par le gouvernement, le 1er avril 1917 comme conseiller militaire d'une mission extraordinaire aux États-Unis dirigée par André Viviani. Cet épisode de la carrière du maréchal est peu connu en France. Sur le moment même, la censure interdit à la presse française d'en parler. Plus tard, quand vint aux hommes éminents le souhait d'écrire leurs mémoires, l'oubli ou le désir de s'attribuer à soi-même un rôle plus important, produisirent deux types très différents d'opinions sur l'influence de la mission.
Les unes la passèrent presque sous silence : tels Paul Painlevé, qui pourtant envoya la mission et la félicita des grands résultats obtenus, André Tardieu qui a cru, lui aussi, à l'armée américaine, le président Poincaré et même Viviani qui relate la mission sans citer le nom de Joffre.
D'autres, biographes souvent trop zélés, Hanotaux, Varillon, le colonel Fabry, décrivent Joffre comme le seul inventeur de l'armée américaine.
On peut constater que tous les membres de la mission, sauf Viviani, rendent hommage à l'importance du rôle de Joffre. C'est le cas d'Hovelacque, inspecteur général de l'instruction publique et du colonel Requin, proche de Pétain et connaissant très peu Joffre avant le départ de la mission.
Les mémoires des Américains lui rendent presque toujours justice : Baker, secrétaire d'État à la Guerre, Lansing, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Gérard, ancien ambassadeur des États-Unis à Berlin et surtout, le général Pershing, chef du corps expéditionnaire.
Quant à Joffre lui-même, il en parle peu, sans insister sur son rôle propre. C'est donc à partir des documents d'archives détenus au Service historique de l'armée de Terre qu'un avis objectif pourra être fondé.
D'après les documents d'archives, l'importance du rôle de Joffre n'est pas douteuse. Il a eu en effet le mérite d'analyser exactement et très vite l'ensemble de la situation et de proposer aux Américains la solution qu'ils attendaient. Il est probable que la désignation de Joffre répondit au désir de présenter aux futurs alliés la caution du vainqueur de la Marne et de Verdun. Sur ce plan, la réussite de la mission fut totale. Peut-être songeait-on aussi à éloigner Joffre juste avant l'offensive Nivelle. Il venait d'être écarté du commandement en chef, fin décembre 1916, en obtenant le bâton de maréchal et le titre, sans responsabilités, de conseiller militaire du gouvernement. Désigné pour la mission aux États-Unis, le 1er avril, il embarque le 15 sur le cuirassé Lorraine pour arriver le 24 aux États-Unis où il séjourna jusqu'au 15 mai. Il se trouvait être l'homme de la situation. Encore très au fait des affaires de l'Entente, des difficultés à prévoir, à court et moyen terme, habitué à prendre seul des responsabilités et des initiatives au plus haut niveau, en forçant parfois l'accord de son gouvernement, il venait de diriger une coalition, ce qui, selon le mot de Foch, exige plus de savoir persuader que commander.
Nivelle, qui avait servi sous ses ordres, l'avait tenu au courant dans une certaine mesure, des préparatifs et des objectifs de son offensive. L'échec rapide lui fut communiqué par la radio du Lorraine avant même son arrivée aux États-Unis. Qui mieux que lui pouvait en mesurer les conséquences ? Il n'ignorait pas non plus la crise d'effectifs qui affaiblissait l'armée française en 1918. À compter de juillet 1917, ainsi que le rappelait une note du GQG qu'il avait reçue, le nombre de divisions opérationnelles devait être diminué. La classe 1918 avait été appelée le 27 mars mais ses effectifs n'étaient que de 170 000 hommes contre 400 000 en Allemagne. Joffre ne se faisait aucune illusion, en outre, sur la disparition plus ou moins rapide des forces russes combattantes. À bord du Lorraine, il déclarait aux officiers qui l'accompagnaient : Pour 1917, la partie est jouée ; les événements de Russie et le repli des armées allemandes en France sauveront encore les Puissances centrales. Nous aurions pu finir la guerre sans le secours des États-Unis mais désormais l'arrivée des contingents américains est devenue indispensable.
À son départ, Joffre avait reçu pour mission de déterminer sans retard et dans leurs grandes lignes, les directives de la coopération des forces américaines avec les armées alliées. Cette formule vague avait, dira Joffre plus tard, au moins l'avantage de pouvoir être interprétée comme une carte blanche. Habitué aux interventions sur le sol français (Belges, Anglais, Russes, Serbes, etc.), il ne retint pas un seul instant la solution de l'amalgame. Jamais un grand peuple ayant conscience de sa dignité et l'Amérique moins qu'un autre, ne puisse admettre qu'on incorporât ses citoyens, en parents pauvres, dans les rangs d'une autre armée que la leur, sous un drapeau étranger.
Avant son départ, Joffre avait pris soin de réunir le maximum d'informations sur les récents développements de la coopération envisagée, en particulier les dernières études officieuses faites en commun par l'état-major français et le chef de la mission militaire américaine à Paris, le major Logan, à l'initiative de ce dernier. Entre le 10 et le 15 avril, l'état-major français avait déjà commencé à modifier sa position antérieure sur l'amalgame de volontaires pour envisager la formation de grandes unités américaines. À bord du Lorraine, Joffre et les officiers de la mission française mettent au point un programme précis des grandes lignes de l'intervention américaine. Il présente ce document à l'état-major américain dès les 27 et 28 avril et rencontre le président Wilson le 2 mai. Celui-ci avait tenu à le recevoir personnellement, après Viviani. L'état-major américain parut soulagé et satisfait à l'exposé des propositions et Wilson donna son accord de principe sur les grandes lignes du programme. Dès lors, tout alla très vite. Les officiers de la mission et l'état-major américain mettent au point le programme et règlent les détails entre le 3 et le 13 mai tandis que Viviani et Joffre entreprennent une tournée triomphale des principales villes des États-Unis. La décision finale est prise le 14 mai par l'accord signé du secrétaire d'État à la Guerre américain Baker sur un texte qui diffère très peu du programme initial.
Le jour même de l'accord du 14 mai, l'état-major américain présenta au maréchal Joffre le futur commandant du corps expéditionnaire, le général Pershing qui venait d'être désigné par Wilson. Les deux hommes sympathisèrent et ce sentiment persista après la guerre. Peu avant l'arrivée de la mission française, une mission britannique avait séjourné aux États-Unis et proposé l'amalgame de volontaires américains dans l'armée britannique, en raison de la langue. Mais les propositions de Joffre correspondaient mieux aux désirs américains. Comment expliquer autrement que, malgré la différence de langue, les Américains préférèrent avoir des instructeurs français plutôt que d'adopter l'amalgame britannique sinon que d'emblée, ils étaient décidés à refuser l'amalgame.
Il faut ajouter que Joffre plut beaucoup aux Américains, aux militaires et aux politiques, car il avait choisi de ne pas leur dissimuler les difficultés de la France. Cette franchise est rapportée par tous les témoignages américains de l'époque. Il fit aussi la conquête du peuple américain auprès duquel son prestige de général républicain, vainqueur de l'autoritarisme allemand, était déjà éclatant.
Sa haute taille, sa bonhomie, sa simplicité et même son absence d'éloquence telle que la conçoivent les politiciens firent merveille. L'accueil fait à la mission fut en vérité un vrai triomphe… à l'américaine, ce que Joffre avait craint lors de sa désignation, lorsqu'il croyait n'avoir à jouer qu'un rôle de représentation. L'essentiel atteint, il s'y prêta de bonne grâce. Des foules immenses vinrent contempler Joffre et écouter Viviani dont l'éloquence naturelle était comprise même si on ignorait le français. Mais le moindre geste, la moindre parole obtenaient encore plus de succès. Un seul exemple, le plus pittoresque lorsque la mission fut reçue par le Sénat, le 1er mai. Malgré le protocole qui lui interdit de prendre la parole dans cette enceinte, Joffre est obligé de céder à l'insistance des sénateurs qui veulent l'entendre prononcer ne fût-ce qu'un seul mot : just a word. Joffre, alors, se dresse, agite son képi et dit I dont speak English, vivent les États-Unis. Cette trouvaille est saluée par des acclamations sans fin et fait même la une du New York Times. En province, l'accueil est tout aussi chaleureux.
Certains auteurs ont mis au crédit de la mission française la facilité du vote de la conscription le 28 avril par 81 voix contre 8 au Sénat. Et 397 contre 27 à la Chambre des Représentants, alors que les sondages les plus récents doutaient que le vote soit favorable au Sénat. Les manchettes des journaux américains de cette époque sembleraient en effet conforter cette thèse. Citons par exemple : Qui a sauvé le monde ? La démocratie française grâce à la conscription ou encore. Et la victoire de la Marne, que signifie-t-elle ? Que la démocratie doit être armée et que tous les citoyens doivent la servir.
Rentré à Paris à la fin du mois, Joffre rend compte de sa mission. L'accueil est froid malgré les résultats obtenus. Les préoccupations du moment après l'échec de Nivelle, déjà remplacé par Pétain, les mutineries peuvent être une explication. Pourtant, malgré la censure, l'opinion publique a bien compris l'importance de l'intervention américaine.
Lorsque Pershing débarque avec la 1ère DIUS, c'est la cérémonie bien connue du cimetière Picpus (La Fayette, nous voici) et l'accueil délirant des Parisiens. Pershing avait reçu des instructions officielles sur le rôle que devait jouer la future armée américaine. Elles mettaient l'accent sur une coopération étroite avec les armées françaises… Mais l'idée essentielle doit être gardée que les forces US sont une partie distincte des forces combinées et que leur identité doit être conservée. L'auteur américain Palmer a montré l'analogie frappante de cet ordre avec celui que Rochambeau reçut de Louis XVI lors de la guerre d'indépendance : Sa Majesté désire et ordonne au comte de Rochambeau de tenir, autant que les circonstances le permettront, le corps de troupe français assemblé en un seul corps et, à l'occasion, de dire au général Washington que les désirs du roi sont que les troupes françaises ne soient pas dispersées, qu'elles serviront toujours en corps constitués sous les ordres des généraux français.
À son retour, le maréchal Joffre a reçu le titre honorifique d'inspecteur général des troupes américaines en France. À deux reprises, il interviendra pour défendre l'accord du 14 mai 1917. La première intervention date du 10 juin 1917 à la suite d'une démarche d'André Tardieu inquiet des lenteurs éventuelles de l'exécution de cet accord faute de tonnage. Tout en maintenant la constitution de grandes unités, il propose de créer un second courant de volontaires en vue d'un amalgame. Tardieu demande l'avis de Foch et de Pétain sans faire allusion à Joffre. Mais ce dernier provoque une réunion entre Foch, Pétain, Weygand et lui-même.
Malgré quelques réticences de Pétain, l'unanimité se rallie à l'avis de Joffre qui a souligné que le problème du tonnage se résoudrait en son temps, qu'il ne fallait pas compromettre le crédit privilégié de la France auprès des Américains que l'amalgame risquait de rapprocher des Anglais du fait de la communauté de langage. D'ailleurs la solution de Tardieu ne serait pas acceptée par les États-Unis qui veulent leur armée avant même d'avoir des troupes en France. Pétain se déclara convaincu et confirma par écrit, le 14 juin, son accord complet sur la manière de voir du maréchal Joffre en ce qui concerne le principe de l'autonomie de l'armée américaine en France, ce qui fut transmis à Tardieu par le gouvernement.
Au début de décembre 1917, sous le gouvernement Clemenceau, Pétain revint à la charge après la défection russe. Devant la menace du retour imminent vers l'Ouest des forces allemandes, Pétain préconisait parmi d'autres mesures, l'amalgame des Américains ; ce sera difficile mais c'est indispensable. Pershing, suivant les directives de son gouvernement, porta le différend au niveau des chefs de gouvernement. Joffre intervint pour le soutenir vigoureusement malgré la colère de Clemenceau qui lui interdit à l'avenir de s'immiscer dans les relations franco-américaines. Pourtant l'accord se fit dans le sens souhaité par Pershing et Joffre. Peu rancunier, Pershing, aux heures graves de 1918, se montra favorable à l'unité de commandement et à la désignation de Foch comme chef unique interallié. Dans les moments les plus critiques, il mit sans tarder des troupes américaines, même peu instruites à la disposition des Alliés, parfois à un échelon inférieur à la division.
Dans la rapidité de la mise sur pied de l'armée américaine et sa présence en temps utile en France, il n'est pas douteux que Joffre a joué un rôle prépondérant encore méconnu en France. Il n'a certes pas inventé l'armée américaine comme l'ont avancé quelques biographes trop zélés, mais il a pu et su, par sa personnalité et son expérience, user de son influence au bon moment pour faciliter sa naissance et sa formation dans les meilleures conditions. Il a su défendre avec tout son prestige l'autonomie d'une grande armée américaine, sentant bien que son option venait au-devant des désirs américains et qu'elle était suffisamment efficace pour être utile à la France.
Parlant de Joffre à Gondrecourt, le 16 octobre 1917, Pershing déclara publiquement qu'il avait rendu un immense service aux deux nations. Les États-Unis lui sont redevables de l'esprit résolu et de l'union avec lesquels ils ont abordé le problème de leur intervention dans la guerre.
Mais si, selon Churchill, l'issue du conflit ne faisait plus de doute à partir de l'intervention américaine, il n'en reste pas moins que la présence d'effectifs frais et sans cesse croissants fut décisive au moment où Paris était à nouveau menacé, d'avril à juillet 1918.
Ce fut la chance de la France d'avoir eu, au moment de l'intervention américaine, un homme disponible, expérimenté et bien informé, dont l'action efficace fit gagner un temps providentiel.
Extrait de l'article du général de brigade Pierre LESOUEF.
Référence :
12773-7