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CARABINE TREUILLE DE BEAULIEU, TROISIÈME TYPE (armement inférieur), SECOND EMPIRE.

Vendu
CARABINE TREUILLE DE BEAULIEU, TROISIÈME TYPE (armement inférieur), SECOND EMPIRE.

Canon : rayé de quatre rayures profondes de 0.4 mm, tournant de droite à gauche au pas de 0.75 m. Il est dépourvu de génératrice de sabre à l'embase du guidon. Hausse graduée de 10 à 40 à curseur (le curseur est manquant), fixée sur le tonnerre et la hausse se rabattant sur l'arrière car montée à l'envers comme c'est parfois le cas. Culasse : la boîte de culasse est percée verticalement, de part en part, d'un tunnel de section carrée dans lequel sont ménagés, à droite et à gauche, deux saillies guides et, en avant une rainure pour le taquet percutant. La culasse proprement dite, de section carrée, coulisse dans le tunnel, elle assure à la fois les fonctions de chien et d'obturateur, sa partie antérieure courbée et quadrillée fait office de crête de chien et reçoit par une rainure l'action du ressort-pontet, un taquet plat ou saillant selon la cartouche utilisée (broche saillante ou amorçage noyé) est goupillé sur la face avant. La face arrière est entaillée de deux crans de sûreté et d'armé. Sur la carabine elle est plus longue que sur le fusil-lance. Monture : également d'une seule pièce, mais avec une crosse de forme réglementaire classique, marqué à chaud du chiffre « 84 ». Garniture : embouchoir-capuche à une seule bande, portant le battant supérieur, et plaque de couche de forme réglementaire classique, toujours en laiton. Sous-garde en fer portant à l'avant le battant inférieur dans un crochet ouvert qui protège la courbure d'armement de la culasse et permet également de soutenir l'arme du pouce sans lâcher les rênes. Le pontet est formé par le ressort. La plaque de couche en laiton. Pour cette carabine, il n'a pas été prévu d'arme blanche adaptable, manifestement contemporaine du « fusil-lance », et d'apparence extérieure plus classique, est certainement celle qui fut mise en essai dans certains corps de cavalerie. Longueur de l'arme : 1.140 m. Longueur du canon : 0.710 (au ras de la boîte de culasse). Calibre : 9 mm. Poids : 2.8 kg.

Très bon état, légère oxydation des parties en acier, entures d'époque à la crosse et à la monture (celle de la crosse a été parquée à chaud « M » ce qui est certainement les résultats des multiples essais de l'époque.

France.

Second Empire.

OBJET DE COLLECTION :
Cette carabine est en tous points identique à l'exemplaire conservé Musée de Saint-Etienne.

HISTORIQUE : L'escadron des Cent-gardes occupe une place particulière et très proche dans l'entourage de l'Empereur, il se singularise, dans tous les domaines, par rapport aux autres corps de la ligne et même par rapport à la Garde Impériale. Les décisions concernant les tenues, l'armement, les services étaient prises bien souvent directement entre l'Empereur et le Colonel Verly, Commandant l'Escadron, et ne furent pas l'objet de publications au Journal Officiel Militaire. L'Armée Française n'envisagea véritablement de se doter d'un fusil se chargeant par la culasse que vers 1850, véritable révolution qui allait profondément modifier l'art de la guerre. C'est la Commission de Vincennes qui fut chargée des essais des différents types d'armes qui furent proposés (système Lepage, Aarcelin, Manceaux-Vieillard, Gastine-Renette, Clerville, fusil d'essai à aiguille). Parallèlement à ces systèmes, un armement d'essai fut pourtant mis en service à l'Escadron des Cent-gardes, ce fut le fameux système Treuille de Beaulieu. Treuille de Beaulieu, capitaine adjoint au Directeur de l'Atelier de Précision, au Dépôt Central de Paris, réalise, avec des pièces réglementaires d'armes en service et des canons de calibre 9 mm de rayures diverses fournies par la Manufacture de Châtellerault, un mousqueton de Dragon à Chargement par la culasse qui sera présenté à Napoléon III, le 20 mai 1853. Le 24 janvier 1854, Napoléon III ayant décidé la création des Cent-gardes, n'attend pas les essais de tir demandés le 3 janvier 1854 par le Comité de l'Artillerie sur 10 Mousquetons construits au Dépôt Central sur le modèle présenté par Treuille de Beaulieu. Il ordonne la mise en fabrication immédiate de 150 Fusils-lances. Il envoie le Capitaine Treuille de Beaulieu à Châtellerault pour suivre cette fabrication et le nomme Chef d'Escadron le 14 février 1854. Un des aspects méconnu de Napoléon III est l'intérêt qu'il portait au développement de l'artillerie de son époque, de balistique et d'armes à chargement par la culasse. Les qualités de Treuille de Beaulieu seront rapidement reconnues par le Prince Président, puis Empereur, il se lie d'amitié avec l'ingénieur et ne tarde pas à lui faire part de ses vues sur l'élaboration d'une arme de conception entièrement nouvelle destinée à la cavalerie. Dans ce domaine il fut l'instigateur de nombreuses innovations, aidé en cela par la présence à l'Atelier de précision du Dépôt Central de l'Artillerie, Baron de Beaulieu, qui fut sans conteste l'un des Génies les plus inventifs et les plus féconds de cette période. Séduit par la sobriété de la carabine Flobert, Louis Napoléon demande à Treuille de Beaulieu dont il reconnaît les qualités et qu'il sait être compétent, novateur, avec un remarquable esprit de synthèse et qu'il pense aussi indépendant vis-à-vis de l'état-Major, d'étudier une arme qui s'inspire le plus possible de cette dernière. Cette transformation d'une arme de salon en arme de guerre, semble aisée en théorie, mais c'est en vérité une véritable gageure. En 1851 l'Empereur fixe le cahier des charges d'une arme portative destinée à la cavalerie, il impose : le chargement par la culasse ; une cartouche portant son amorce ; ouverture de la culasse et armement par le même mouvement (Il faut pouvoir tirer immédiatement la cartouche en place) ; être rigide pour pouvoir recevoir un sabre-baïonnette de la longueur du sabre de cavalerie (Pour pouvoir faire une charge à la lance en cas exceptionnel). Ainsi débuta l'Histoire du système Treuille de Beaulieu, qui trouva son aboutissement avec la réalisation du « Fusil Lance Modèle 1854 » dit des Cent-Gardes, présenté le 18 Mai 1853 à l'Empereur, c'est un fusil conforme au cahier des charges de 1851… : Napoléon III, sans attendre les essais complémentaires, se fiant à son jugement et aux premiers rapports et voulant innover en équipant d'une arme de prestige sa garde personnelle qu'il était en train de créer, décide le 24 Janvier 1854 de faire réaliser par la Manufacture Impériale de Châtellerault « 150 Fusils Lance de Dragon conformes au modèle Treuille de Beaulieu » (l'Escadron des Cent-gardes fut créé le 24 mars 1854 et la dénomination exacte fut « Fusil-lance modèle 1854 » dit plus tard des Cent-gardes. Il tirait son nom d'une longue latte s'y adaptant comme une baïonnette pour en faire une lance d'un maniement fort malaisé). Le 24 Juin 1854, la première livraison de 30 fusils-lance est mise à la disposition de l'Empereur qui souhaite les avoir au commencement de Juillet. Ils seront vraisemblablement mis en service aux Cent-gardes à cette période. Le reste de la commande suivra jusqu'au 24 Décembre 1855. À cette date ils sont tous pris en charge par l'Escadron des Cent-gardes. Le 14 Février 1855, un ordre ministériel est donné à Châtellerault suivant les instructions données personnellement par sa Majesté à Mr Treuille de Beaulieu, relatif aux fusils-lance qui y restent « Les faire modifier au Dépôt Central et marche à suivre pour leur paiement par le Ministère de la Maison de l'Empereur ». En effet, Parallèlement à cette fabrication voulue par l'Empereur, les expériences se poursuivent conformément aux recommandations du Comité de l'Artillerie. Les 10 Mousquetons sont prêts le 30 Mai et le 12 Décembre l'Ecole de Tir de Vincennes remet un rapport détaillé sur les expériences. Ces armes du « 2° Modèle » seront prêtes le 16 Décembre 1856, mais en Mai 1857 l'Instruction de les mettre à l'Essai n'est toujours pas prête. Le rapport sur la fabrication et le prix de revient des 50 mousquetons et de 10 pistolets de cavalerie à chargement par la culasse du système Treuille de Beaulieu nous donne les informations suivantes pour le mousqueton : « Le CANON, en fer, est forgé sur une broche ordinaire et subit un premier usinage pour en approprier l'âme. Puis il est resserré à chaud sur toute la longueur, usiné une 2e fois, resserré de nouveau à chaud et usiné une 3e fois. La CULASSE, en acier fondu, est forgée pleine. Elle n'est pas soudée directement au canon, mais à un morceau de Fer plein. Ainsi allongée, elle est forée, et seulement ensuite soudée au canon. C'est la première de ces soudures qui a présenté le plus de difficultés, en raison de la grande épaisseur de métal, pas assez chaud au centre, trop en surface et qui, après usinage et garnissage, entraînait parfois l'apparition de défauts de soudure mis à découvert. Cette technique a nécessité de nombreux essais, sur la qualité de l'acier et le procédé à suivre et a entraîné de nombreux rebuts, d'où ralentissements et dépenses. Les platines et les garnitures n'ont guère présenté de difficultés. La monture a présenté des problèmes de mise en place très exacte de la sous-garde. Par ailleurs, l'écusson en laiton semble n'avoir pas la raideur nécessaire ». Les fusils fabriqués sont progressivement livrés à l'Escadron : une Note du Dépôt Central de l'Artillerie en date du 17 avril 1855 précise qu'il « porte en sortie dans ses comptes 75 Fusils-Lances et 150 Garnitures en cuivre de Gibernes » sur un Ordre du Ministre du 16 janvier 1855 (Dépenses arriérées de 1854)…
Une autre Note de la Maison Militaire de l'Empereur du 1° Juillet 1855 précise que l'Escadron des Cent-gardes à reçu « dans le courant de l'année 1854 ».75 Fusils-Lances et 150 garnitures en cuivres pour Gibernes » (il s'agit là des tubes métalliques pour l'intérieur des Gibernes permettant de garder, en sécurité, les cartouches à broches apparentes). Le 4 septembre 1855, le Président du Comité présentait le dossier et le 15 Septembre, le Ministre passait avis des ordres donnés pour la fabrication de 50 Mousquetons et 10 Pistolets (ainsi que 5.000 amorces et 1.000 cartouches). Il envoyait Treuille de Beaulieu à Châtellerault pour installer cette fabrication. Le 18 décembre 1855, sur ordre ministériel, un fusil-lance est remis à Mr le Chef d'Escadron d'Artillerie FAVE pour le Cabinet d'Armes de sa Majesté. Le 25 décembre 1855, les fusils-lance, commandés directement par l'Empereur, étaient tous pris en charge par l'Escadron des Cent-gardes, mais restaient au Dépôt Central jusqu'au 9 Juillet 1856 où on les faisait tenir à la disposition de l'Escadron. Le 16 décembre 1856, Le Ministre avisait le Comité que les 60 armes étaient prêtes et réclamaient l'instruction promise : celle-ci en mai 1857 n'était toujours pas prête, car le Comité avait besoin des armes et les demandait au Dépôt Central, où le Ministre les faisait envoyer, le 2 juin, suivies du Rapport de fabrication et de prix de revient de la Manufacture. Le 4 mars 1862 (selon l'auteur Christian Ariès), un Ordre Ministériel commanda de faire expédier sur Châtellerault « Un fusil-Lance des Cent-gardes présentant le type de ce modèle, avec les modifications qui y ont été apportées par les soins de Mr le Colonel Treuille de Beaulieu. Le Directeur de la Manufacture en a besoin pour en faire établir un pareil pour la Collection de la Manufacture et comme modèle pour les pièces de rechange demandées par l'Escadron des Cent-Gardes ». Leur usage limité et leur robustesse assurant une bonne conservation, on ne trouve pas trace, de demande de fabrication supplémentaire ni de demande de pièces détachées.
Référence : 12027
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