HABIT DE GRANDE TENUE DE COMMISSAIRE DES GUERRES POUR L'ARMÉE D'ITALIE (1796-1797), MODÈLE DU 31 JANVIER AN IV, DIRECTOIRE.
Habit réversible en drap écarlate d'un côté et « vert herbe claire » de l'autre.
Face écarlate pour la grande tenue :
Habit à la française dont les deux pans avant sont brodés de 8 boutonnières en fils d'argent doré agrémentées de branches de laurier et de fleurs. Les 2ème et 3ème boutonnières sont ouvertes pour la fermeture au moyen d'un double bouton. Collet décoré à l'avant de chaque côté d'une boutonnière pareillement aux pans avant, tout comme les parements brodés de deux boutonnières chacun. Poches arrières placées horizontales avec rabat brodé de trois boutonnières pareillement aux autres. Noeud de corps garni de deux boutons en passementerie d'argent doré et brodé de branches de laurier et de fleurs. Les deux pans arrières sont chacun garnis de deux boutons en passementerie d'argent doré. Les bords de l'habit, du collet, des parements et des pans arrières sont soulignés d'une baguette stylisée de feuilles de laurier.
Largeur des boutonnières brodées : 6 cm x 0,4 cm.
Largeur des boutonnières y compris la broderie de feuillages : 9,5 cm x 5,5 cm.
Hauteur du collet : 9,8 cm.
Hauteur des parements : 10 cm.
Bouton en passementerie de l'arrière : diamètre 2,2 cm monté sur bois.
Fausses-poches arrières : rabat 22,5 de large, H 7 cm.
Côté écarlate en parfait état, non insolé, une auréole en partie basse d'environ 12 cm de diamètre, un trou de mite en partie arrière de 3 mm de diamètre.
Face « vert herbe claire » pour la petite tenue :
Habit à la française dont les deux pans avant sont brodés de 8 boutonnières en fils d'argent doré agrémentées de branches de laurier et de fleurs. Les 2ème et 3ème boutonnières sont ouvertes pour la fermeture au moyen d'un double bouton. Collet décoré à l'avant de chaque côté d'une boutonnière pareillement aux pans avant, tout comme les parements brodés de deux boutonnières chacun. Poches arrières placées horizontales sans rabat dont la partie supérieure est simplement brodée d'une baguette d'encadrement représentant une branche de laurier stylisée elle-même soulignée par des branches de laurier ; les poches ferment en leur centre au moyen d'un bouton en passementerie d'argent doré(manque un bouton à l'une des poches). Noeud de corps (manque les boutons) en passementerie d'argent doré et brodé de branches de laurier et de fleurs. Les bords de l'habit, du collet, des parements et des pans arrières sont soulignés d'une baguette stylisée de feuilles de laurier.
Même dimensions que l'habit rouge à l'exception des poches arrières qui n'ont pas de rabat et dont la partie brodée mesure 22,2 cm de large x 6 cm de haut.
Côté vert « herbe claire » en parfait état, non insolé, six trous de mites d'environ 4 mm de diamètre chacun et environ cinq autres trous de mites plus petits (2 mm de diamètre), à l'arrière à la base du collet quelques reprises à la couture mais sans manque de drap.
France.
Campagne d'Italie (1796-1797).
NOTE :
Cet habit est de la plus grande rareté, il nous est parvenu dans un état de conservation exceptionnelle. Il date de la 1ère campagne d'Italie lorsque le général Bonaparte administre les territoires conquis. Il est sur le modèle français et, dans le règlement du 31 janvier an IV, il est indiqué que l'habit écarlate est réservé à la grande tenue, et qu'il est prévu un habit de petite tenue de couleur « vert herbe claire ».
L'habit que nous présentons ici est le seul connu dans ces couleurs écarlate et vert herbe claire.
Deux autres habits du même modèle (même coupe, même décors, même boutons, même fabrication) existent : l'un appartenant aux anciennes collections Raoul et Jean Brunon, actuellement exposés au Château de l'Empéri (collection du musée de l'armée) présente de légères variantes au niveau des broderies, les boutonnières sont en forme de S et les branches de laurier ont un dessin légèrement différent ; le second habit étant aujourd'hui conservé dans une collection privée française, lui aussi présentant quelques variantes dans les dessins des broderies. Ces deux habits sont eux-aussi réversibles avec le second côté bleu national foncé pour le service en France. Il est identifié par M. Jean Brunon comme « habit de commissaire des guerres Directoire » (inventaire de la section Histoire par l'objet des armes françaises depuis 1700 des archives et collections Raoul et Jean Brunon, Marseille 1966). Un quatrième habit est conservé dans les réserve du Musée de l'Armée, un peu plus précoce et non réversible (entièrement écarlate).
Les commissaires des guerres et les magistrats militaires changent d'uniforme à la fin de l'Ancienne Monarchie par décret du 20 septembre 1791, promulgué le 14 octobre 1791. La couleur de l'uniforme précédent ne sembla pas assez éclatante aux commis de la guerre. Les commissaires des guerres porteront désormais l'habit de couleur écarlate, le collet bleu renversé, la doublure bleue, la veste et la culotte blanches, les boutons de cuivre doré, les brandebourgs or sur l'habit avec houppes ou franges.
La convention nationale voulant rapprocher le plus possible l'uniforme des commissaires des guerres de la simplicité de celui des troupes de la République, décida qu'un mois après la décision de la présente loi (16 avril 1793), les commissaires des guerres seront tenus de porter l'habit bleu national sans revers, doublé de même, boutonné sur l'estomac, parement écarlate et en bottes avec 4 boutons sur chaque parement, collet rouge rabattu ; habit, parements, collet, retroussis et poches liserés en blanc, poches en travers avec 3 boutons sur chaque poche ; veste et culotte blanche, boutons jaunes. La loi du 28 Nivôse an III (17 janvier 1795) modifie à nouveau l'uniforme. En exercice aux armées et dans le lieu de leur résidence, les commissaires des guerres seront revêtus de l'habit de drap bleu national, doublé de même couleur, sans revers, et boutonné sur la poitrine, collet renversé de couleur écarlate, parements et pattes de même couleur que le collet, avec 3 petits boutons d'uniforme, pattes de poches en travers de l'habit. Liseré écarlate sur les poches, 3 boutons à chacune. Veste et culotte blanches, grands et petits boutons dorés pour l'habit.
Le réglement du 20 Thermidor An VI (7 août 1798) conserva dans sa forme et dans son ensemble l'uniforme précédent en y apportant les modifications dans les broderies et les distinctives. L'habit des commissaires des guerres est bleu national, doublé de même, agrafé sur la poitrine. Collet bleu renversé monté sur un collet droit. Revers écarlates, parements bleus, pattes de parements blanches à 3 petits boutons d'uniforme, poches en travers ...
Distinction des grades :
1 - Les commissaires ordonnateurs en chef : 2 boutonnières dites brandebourgs sur le collet et 9 sur le revers ; la baguette ondée qui borde le collet et le revers règne le long de l'habit, à l'arrière et dans les plis.
2 - Les ordonnateurs de division : 7 brandebourgs au revers, baguette lisse.
3 - Les commissaires ordinaires des guerres : 7 boutonnières lisses, 3 sur la patte de poche, baguette lisse.
Les descriptions d'uniformes écarlates et verts sont donc très réduites ; il est à noter que dans l'armée française, pour les commissaires des guerres et ordonnateurs, il exista à deux autres reprises des uniformes mentionnés de couleur verte :
1 - Pour les intendants d'armée et les commissaires des guerres des corps de l'immigration française (1791-1800), Monsieur de Ballainvilliers, intendant de l'Armée des Princes, demande le 16 juin 1792 quel uniforme il doit porter. Les princes ayant donné leur accord, l'intendant arbore l'uniforme des commissaires ordonnateurs avec pour distinction spéciale les parements et la doublure bleu de roi piquée de blanc avec broderies. Mais ne pouvant se procurer ce drap, il le remplaça par du drap bleu de roi. Les commissaires attachés à l'armée ont le même uniforme que ceux de l'armée de Condé. À l'origine ils portent l'uniforme réglementé en 1786-1788. Vers 1794-1797, il est probable que le commissaires des guerres prirent l'uniforme général de l'armée avec collet et poches avec broderies des commissaires. Lors de l'adoption de l'uniforme russe en avril 1798, les commissaires des guerres et les employés de l'administration générale, prennent l'uniforme du commissariat : uniforme vert foncé avec collet rabattu de même couleurs, parements fendus à 2 boutons argentés, doublure rouge en estamet non glacé, pattes de poches en travers à 3 boutons, l'habit est garni par devant de deux rangées de 6 boutons avec 2 de plus en dessous à droite.
2 - Pour les inspecteurs aux revues du Royaume d'Italie à partir de 1805, l'habit était vert avec collet de même, parements et doublures rouges, boutons argentés.
Référence :
9254