SABRE D'OFFICIER GÉNÉRAL AYANT APPARTENU AU GÉNÉRAL ÉTIENNE GUDIN.
Garde en bronze doré gravée de feuillages, à une branche perlée, calotte à longue queue se terminant par un casque empanaché, fusée en ébène sculptée de godrons obliques; forte lame dorée et bleuie sur la moitié, gravée de trophées, d'un bras armé, d'une tête de Turc et de lunes; fourreau de bois recouvert de cuir, à deux grandes garnitures en cuivre doré repoussées à décor de frises feuillagées et de fleurs, crevés à deux attelles; il est équipé de son ceinturon en velours vert brodé de branches de lauriers et bordé de deux baguettes dentelées en passementerie et fils dor, agrafe ronde dorée, ornée d'une scène avec un autel et deux angelots rallumant la flamme, attaches de bélières en laiton doré; la branche de garde porte sa dragonne en passementerie d'or à grosses torsades, gland à trois étoiles en cannetille d'argent; longueur 99 cm (le velours vert a viré au bleu par endroits).
Très bon état.
Époque fin de la Monarchie Constitutionnelle, Directoire.
BIOGRAPHIE :
GUDIN Étienne (1734/1820), général, d'une famille originaire du Nivernais qui avait été anoblie en 1542, il est né dans cette province à Ouroux le 15octobre 1734. Il embrassa de bonne heure la carrière des armes et en 1752 il fut admis en qualité de volontaire ou de cadet dans le régiment d'Artois ; il yétait breveté en qualité de lieutenant, le 6 mars 1757. Il assista aux campagnes de Portugal, en 1762 et 1763. Le 1er février 1765, il exerçait les fonctions desous aide major, ce qui était alors un emploi, non un grade.
Il fut promu capitaine, le 20 avril 1768 et chargé du commandement du dépôt des recrues, en1776. La compagnie colonelle lui fut donnée, le 29 mai 1778 et, le 1er mai 1780, il se vit décoré de la croix de Saint-Louis. Il commanda une compagnie dechasseurs, le 20 août 1780, et en cette qualité il s'embarqua pour l'Amérique, le 13 décembre 1782, avec le 3e bataillon, et rentra en France, le 25 mai 1783.Le 14 juin 1786, il commandait une compagnie de grenadiers de son régiment qu'il quitta le 3 février 1788, étant passé major au régiment des grenadiersroyaux de Normandie ; ce grade lui donnait le rang de lieutenant-colonel.
Ce régiment fut réformé, le 4 août 1789 et il devint commandant de la gardenationale de Montargis, en août 1789 ; réformé par décret de l'assemblée constituante, avec pension de 2 240 livres, en attendant d'être replacé. GUDINs'établit dans sa propriété de Montargis. Suite à la Révolution, les premiers bataillons de volontaires se formèrent ; ils se composaient de compagnies levéesdans chaque département, arrondissement ou district. La compagnie montargoise, prête à partir pour le chef-lieu, appela à sa tête le chevalier de Saint-LouisGUDIN. Ses bons et anciens services lui valurent à Orléans l'honneur d'être nommé à l'unanimité, le 9 octobre 1790, lieutenant-colonel en premier par lesvolontaires du 1er bataillon du Loiret, le 9 octobre 1791.
Ce titre de lieutenant-colonel en premier, qui cessa d'exister lors de l'embrigadement, répondait autitre de chef de bataillon commandant. Le grade de général de brigade lui fut décerné, le 27 mai 1793, quoiqu'il n'eût point passé par celui de chef de brigade.En cette même année, il montait au rang de général de division, le 22 juillet 1793 et, avant le blocus de Maubeuge, il était promu général en chef de l'arméede la Vendée, en vertu d'un décret spécial de la Convention. GUDIN refusa ce commandement qui, peut-être, lui eût coûté la vie. Il n'évita pas, cependant,les honneurs de la persécution. Le représentant DROUET le fit arrêter et incarcérer à Arras, après le blocus de Maubeuge, dont il avait été nommécommandant, le 20 septembre 1793. Il y fut détenu jusqu'au 9 thermidor et libéré le 16 novembre 1794 ; et, ce qui offre une effrayante peinture des horreursde l'époque, c'est que sorti de prison, il fallut en quelque sorte qu'un acte d'état-civil réhabilitât GUDIN à la vie, car il était officiellement censé guillotiné ;mais par une étonnante circonstance qu'il a raconté maintes fois, sans pouvoir l'expliquer, il avait reçu, le lendemain du jour où son supplice était censé avoireut lieu, une note écrite d'une main inconnue, lui annonçant qu'il figurait comme le 13e mort sur une liste de 36 suppliciés. Il ne lui a jamais été possible dedécouvrir si, par une substitution à la fois heureuse et cruelle, une autre victime avait été immolée à sa place.
Cet événement est resté d'autant plusinexplicable aux yeux de GUDIN, qu'il n'avait pas entendu prononcer de jugement contre lui ou contre d'autres prévenus ; il avait subi seulement deuxinterrogatoires. Sorti de cette épreuve et réintégré dans son grade, le 4 mars 1795, le général GUDIN eut, en 1795, un commandement dans l'armée des côtesde Cherbourg. Son âge avancé, ses cinquante ans de service effectif, le forcèrent alors de quitter la carrière des armes ; il se retira dans une propriété peuéloignée de Montargis, le 30 septembre 1795. En 1800, il fut désigné par le département du Loiret en qualité de candidat au Sénat conservateur et, en 1805,il fut nommé membre de la Légion d'Honneur, le 29 mars. Il est mort le 23 septembre 1820, jouissant de la retraite de lieutenant-général. Il a laissé poursuccesseurs deux neveux qui ont dignement marché sur ses traces et qui ont donné cet exemple presque unique de trois militaires de même nom, arrivés enmoins d'un demi siècle au rang de généraux de division ou de lieutenants-généraux.
Référence :
145